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3 - 21.11.2012
Iran : La semaine en images n°248

intro de base pour comprendre la situation,
mise à jour chaque semaine :
avec une nouvelle analyse inédite des événements de la semaine précédente.
En rouge : les éléments qui, cette semaine, ont été d’actualité.

Origines de la crise. Il y a 33 ans, en 1979, les mollahs, alliés historiques de Britanniques et exclus du jeu par la dynastie progressiste des Pahlavi, ont pu revenir dans l’arène politique quand les Américains ont décidé de renverser le Shah (coupable entre autre d’avoir modernise le pays, stabiliser la région et aussi d’avoir créer l’OPEP) avec l’intention d’installer à sa place leurs islamistes (dont l’OMPI) pour déstabiliser la région et la remodeler selon leurs intérêts pétroliers. Le projet appelé Arc de Crise devait faire de l’Iran un foyer d’agitation islamiste pour soulever l’Asie Centrale contre la Russie et la faire basculer dans le camps américain permettant à Washington de devenir la première puissance pétrolière au monde. Cela allait mettre fin à 100 ans de domination du marché pétrolier par les Britanniques : les mollahs pro-britanniques ont participé au projet pour évincer les pions de Washington, dévoyer le projet et aussi accaparer le pouvoir. Ce coup d’état interne a été réalisé par Rafsandjani, le demi-frère et fondé de pouvoir de Khomeiny, en assassinant les pions religieux de Washington et surtout en coupant le cordon ombilical entre Washington et la révolution islamique par l’attaque des "étudiants islamiques" contre l’ambassade américaine et la prise en otage des diplomates américains. En échange, de ces services et cette Seconde révolution islamique, Rafsandjani a été autorisé à écarter des mollahs plus hauts placés comme Mottahari (le protecteur des Larijani) et d’accéder à tous les postes clefs comme le ministère de l’intérieur, les services secrets des Pasdaran ou encore le ministère de guerre qui ont fait de lui le patron non officiel du régime et de tous les bons business (pétrole, automobile, le secteur alimentaire). Avec quelques autres mollahs ambitieux et le soutien tacite des Britanniques, Rafsandjani a aussi verrouillé le système en diabolisant les Etats-Unis et en attaquant ses intérêts et ses alliés régionaux pour ne laisser aucune chance de retour aux pions américains.

L’Etat américain a alors commencé à sanctionner les mollahs pour provoquer des pénuries et un risque de soulèvement pour forcer Rafsandjani et ses complices à cesser leur diabolisation, d’accepter un apaisement, puis la normalisation des relations pour qu’il puisse revenir en Iran avec ses pions et reprendre le pouvoir via une révolution de couleur.

Rafsandjani et ses complices ont alors accentué les actions terroristes contre les intérêts américains et ont décidé de sacrifier la production nationale pour importer tout d’Europe afin d’acheter la protection diplomatique des Européens. Cela et la guerre contre Saddam ont rapidement ruiné le pays et sa force de production : les ouvriers ont perdu leurs emplois, les Bazaris qui vivaient de la vente des produits nationaux ont été ruinés. Le pays était aussi en guerre. Beaucoup de jeunes Pasdaran contactaient Reza Pahlavi pour exprimer leurs regrets de tout ce qui avait été perdu par leur faute. La révolution islamique a très vite perdu ses enfants et très vite, le régime s’est retrouvé en danger. Mais il n’est pas tombé car Washington n’a jamais aidé les opposants, le peuple et les dissidents de peur que le modèle islamique nécessaire à ses projets régionaux ne disparaisse.

Par ailleurs non seulement Washington n’a jamais aidé les opposants, mais encore, il a souvent laissé un grand nombre de ses partenaires stratégiques contourner ses sanctions pour adoucir leur effet. quand il estimait qu’elles pouvaient dépasser leur objectif et entraîner la chute du régime islamique qu’il veut récupérer.

Mais en agissant ainsi, Washington a rallongé l’agonie du régime et a amplifié l’opposition et la dissidence, ce qui a affaibli la position de Rafsandjani, le patron de facto du régime, parmi ses adversaires internes. Pour se maintenir, Rafsandjani a toujours cherché à étendre son pouvoir. En 1989, à la mort de Khomeiny, il a trafiqué le testament de ce dernier pour officialiser sa propre mainmise sur le régime et a obtenu les pleins pouvoir pour le Conseil de Discernement qu’il présidait et préside encore). Mais la poursuite des sanctions visant personnellement Rafsandjani (comme avec le mandat d’arrêt pour l’attentat de l’Amia) et son incapacité à les neutraliser l’ont amené à partager le pouvoir avec des adversaires (comme les frères Larijani) pour acheter leur loyauté et des délais supplémentaires pour restaurer son hégémonie.

Rafsandjani a alors tenté un faux apaisement via Khatami, un ex-responsable d’assassinats des opposants exilés, mais il n’a pas pu amadouer Washington. Il l’a alors remplacé par un autre ex-responsable des services secrets nommé Ahmadinejad et l’a entouré des pires racailles des services secrets (comme Mottaki, Najjar, Vahidi) pour tenter de faire reculer Washington avec toute sorte de menaces. Mais Washington a utilisé ces menaces pour renforcer ses sanctions !

Mais en 2007 quand Washington a impliqué le Conseil de Sécurité de l’ONU pour généraliser les sanctions et s’est mis à évoquer très régulièrement la possibilité de frappes militaires, la dissidence interne s’est amplifiée : on a assisté à d’importants boycotts des manifestations officielles par les de Pasdaran de base, les Bazaris ou des mollahs de base.

En 2008, Washington a adopté ses premières sanctions bancaires, limitant sérieusement les revenues en devises du régime. Rafsandjani et ses complices au sein du Conseil de Discernement ont décidé de limiter le pouvoir d’achat des Iraniens pour brider la consommation afin de survivre malgré la diminution de leurs revenus. Le plan prévoyait la suppression de tous les prix subventionnés, mais par peur d’une émeute générale, le régime a d’abord gelé les salaires de ses propres employés les mieux payés, les agents sécuritaires, qui ont été très déçus et ont aussi pris leur distance bien qu’ils ne puissent pas aller vers la dissidence en raison de leurs passés criminels.

Cette nouvelle rupture était terrible. Le régime était menacé en cas d’un soulèvement. Rafsandjani devait songer à une éventuelle négociation avec Washington pour pouvoir quitter le pays avant la chute du régime : il a alors exclu Ali Larijani du poste clef de négociateur nucléaire lui donnant accès au dialogue avec les Américains pour prendre en main ce poste. Larijani ne s’écartait pas : Rafsandjani devait lui donner un poste clef. Via a les élections factices du régime, il lui a offert la direction de la majorité législative (la chefferie du Parlement) : un titre et une tribune plus qu’un vrai pouvoir car le Parlement n’a aucun rôle décisionnaire dans le système actuel. Ali Larijani a alors révélé par l’intermédiaire de l’un de ses pions la corruption de Rafsandjani et de ses alliés afin de les éliminer du jeu et devenir celui qui négocie la fin du régime pour bénéficier des mêmes garanties.

Rafsandjani s’est vu menacé par les sanctions, le risque de pénuries et d’émeutes, la dissidence interne ou encore les dossiers d’Ali Larijani : en juin 2009, il a tenté de sauver le régime et surtout sa situation avec le Mouvement Vert, une fausse révolution de couleur, partisane de la ligne (anti-américaine) de Khomeiny, menée par ses ex-amis (les étudiants islamiques preneurs d’otages de l’ambassade américaine pour donner une nouvelle légitimité à son clan.

Mais le peuple a profité de l’occasion pour crier sa haine du régime et les Pasdaran ne sont guère intervenus pour réprimer cette contre-révolution. Rafsandjani a dû offrir le Pouvoir Judiciaire à Sadegh Larijani, le frère cadet d’Ali Larijani, pour acheter leur loyauté afin de poursuivre ses plans.

Rafsandjani offrait plus de pouvoirs à ses ennemis (les Larijani), mais avec un risque limité car le maître des accusations, procureur Ejéi (un ex-patron des services secrets) était un de ses pions et par ailleurs, le tribunal spécifique au clergé ou encore l’inspection générale interne étairnt dirigés par ses pions : les mollahs Razini et Pour-Mohammadi. Rafsandjani devait cependant faire vite avant que les Larijani nomment leurs pions. Il a alors tenté de duper le peuple avec de nouveaux slogans moins mièvres et en faisant passer d’ex-agents secrets enrôlés dans le ministères des affaires étrangères, mais aussi ses enfants Mehdi et Faezeh pour des opposants.

Mais après un an d’échecs, il a dû s’éclipser laissant officieusement ses pouvoirs à Ali Larijani.

On peut dire que Rafsandjani a perdu le soutien de ses pairs et qu’il a été débarqué du pouvoir par eux et Larijani qui avait des dossiers contre tout le monde a pu obtenir sa place. Mais ses gens n’ont pas osé officialiser la passation du pouvoir car il avait peur de Larijani et de ses dossiers compromettants. De fait, il n’y a pas eu d’épuration interne, Rafsandjani est resté influant car il gardait des pions au pouvoir en particulier Ahmadinejad et ses ministres, tous issus des services secrets des Pasdaran qu’il avait jadis dirigés. Ainsi, en juin 2010, le pouvoir est devenu bicéphale, complètement divisé.

Larijani a alors commencé à mettre en place des procès contre les enfants de Rafsandjani pour l’atteindre moralement et des procès contre Ahmadinejad et ses ministres chargés des négociations pour démanteler son équipe afin de permettre à son propre équipe de prendre la place. Cette entreprise de sape a reçu le soutien tacite de tous ceux qui avaient été exclus depuis toujours du pouvoir et des bons business par Rafsandjani.

Fin 2010, Ce nouveau pouvoir très divisé a enfin mis en place son plan impopulaire de suppression de tous les prix subventionnés confirmant par la même occasion que sa situation économique était très grave. En seulement un mois, la hausse des prix de produits énergétiques a entraîné la faillite de 60% des entreprises et une terrible récession

Trois mois plus tard, en mars 2011, la fête du Feu, une grande fête persane interdite par le régime depuis toujours, coïncidait avec l’anniversaire de Reza Shah, le fondateur d’Iran laïque. Le régime a menacé le peuple des pires répressions s’il bougeait. Le peuple a passé outre ces menaces montrant son rejet de l’Islam et son souhait d’une contre-révolution. Les Pasdaran ont laissé faire, affichant ainsi leur soutien à la contre-révolution. Cette action exemplaire a réduit le régime à ses 200 dirigeants, près de 15,000 responsables régionaux, 800 hommes d’affaires et 6000 nervis.

Le Régime a tenté de rétablir l’ordre en cessant de payer les Pasdaran, en assassinant des meneurs d’hommes ou en incendiant le Bazar à plusieurs reprises sans parvenir à soumettre les dissidents qui étaient à l’origine de ses malheurs.

Ruptures internes & crise du dollar.

Le Régime était fragilisé, il pouvait chuter dans le sang et ses dirigeants devaient songer à accepter l’offre de Washington pour céder le pouvoir afin d’échapper à une fin terrible. Les cadres et les hommes d’affaires du régime qui allaient être sacrifiés dans le deal ont paniqué : les cadres du régime ont commencé à rompre et les hommes d’affaires du régime ont commencé à brader leurs biens pour acheter de l’or et des dollars afin de quitter le pays avant la débandade de leur dirigeants. La demande du dollar a fait augmenter le prix de la devise américaine sur le marché libre. Le taux du dollar est devenu l’indicateur de la chute de la confiance des derniers compagnons du Régime en leur avenir.

Ces ruptures et ces retraits de devises ont affaibli davantage le Régime (déjà très en difficulté). Larijani a alors accentué ses efforts pour écarter au plus vite Rafsandjani afin de contrôler le jeu des marchandages avec Washington. Il a ainsi admis la vulnérabilité du Régime, ce qui a créé une nouvelle source d’agitation interne.

En juillet 2012, Washington a imposé aux Européens de cesser leurs relations protectrices pour amener Larijani à accélérer sa guerre contre Rafsandjani afin de provoquer de nouvelles fracture au sein du régime.. il y a de nouvelles ruptures (les députés, puis les juges). Les Chinois ont estimé que le régime était fichu : prudemment, ils ont annoncé la diminution leurs investissements, puis ont suspendu leurs achats pétroliers. La peur de la banqueroute économique et de pénuries a envahi tout le monde provoquant une nouvelle grande ruée vers le dollar, mais aussi une ruée vers les produits alimentaires. Le pays tout entier a basculé dans la révolte avec une grande manifestation contre le Régime à Neyshabur, puis des appels à la grève générale au Bazar et plusieurs attaques contre la police des moeurs, dernière milice encore fidèle au Régime… Les Pasdaran ne sont pas intervenus, confirmant ainsi leur adhésion à la contre-révolution.

Le Régime a fait appel à ses 6000 nervis de base pour rassurer ses derniers compagnons. Mais il n’a pu mobiliser que 250 individus qui au fil du temps n’osent même plus sortir dans la rue et soutiennent le régime en se réunissant uniquement sur des sites sécurisés.

Rafsandjani a aussi paniqué : il a donné des signes de vouloir négocier rapidement avec Washington pour vendre le régime en échange de quelques garanties de sécurité pour lui-même qui avait été la grand manitou dut terrorisme international.

Larijani a renforcé les accusations contre ses plus proches lieutenants. Mais il n’a pas réussi à le calmer. Les commandants des Pasdaran (qui sont en place grâce à lui mais pourraient être sacrifiés dans le deal à venir) ont rejoint le concert des accusations.

Rafsandjani a senti qu’il devait saisir toutes les occasions. Le voyage d’Ahmadinejad à NY pour l’Assemblée Générale de l’ONU était une occasion en or. Larijani a fait mine de vouloir l’arrêter. Les Pasdaran ont formulé d’autres accusations de corruption pour le dissuader de sceller une entente en échange de quelques garanties pour lui-même. Afin de les rassurer sur sa loyauté et les laisser partir son pion à N-Y, Rafsandjani a rapatrié ses enfants Mehdi et Faezeh, laissant les Larijani les arrêter : il les a mis en gage. Mais contre toute attente, dès son arrivée à NY, son pion Ahmdinejad s’est montré très charmant avec les Américains en leur proposant lors d’une interview télévisée la possibilité d’une normalisation des relations bilatérales ! Rafsandjani avait sacrifié ses enfants. Il devait estimer que le régime était fichu. La panique a de nouveau gagné tous les derniers compagnons du Régime : on a assisté à une folle ruée vers le dollar : en quelques heures, le dollar est remonté de 70% dépassant les 4000 Tomans.

Les Larijani ont placé Mehdi en isolement. Mais Rafsandjani a continué et il a ainsi déçu de nombreux proches par son cynisme. Ses amis ex-preneurs d’otages ou terroristes ont constaté qu’il pourrait facilement les sacrifier. Les Britanniques, alliés trahis, ont aussi demandé des sanctions supplémentaires pour intimider le Régime. Rafsandjani a dû reculer en faisant désavouer indirectement l’ouverture proposée par Ahmadinejad. Mais la panique a persisté car elle n’est pas seulement due à l’envie de fuite des dirigeants, mais à ce qui provoque cette envie, c’est-à-dire, la vulnérabilité du régime. Le régime était de facto condamné. Rafsandjani devait continuer ses efforts pour assurer ses intérêts au-delà du régime. Pour cela, il avait besoin de tous alliés disponibles. Il a décidé de sauver son fils pour rassurer ses fils spirituels. Il a alors a chargé Ahmadinejad de visiter la prison Evine de Téhéran au prétexte d’un rapport sur l’état des prisons. Les Larijani ont refusé la demande et ont même utilisé ce refus pour malmener le clan Rafsandjani et mettre en valeur son déclin.

Dans la foulée, le Régime devait organiser de nouveaux manoeuvres et défilés avec les Pasdaran. S’attendant à de nouveaux boycotts, le Régime redoutait une nouvelle panique ou un début d’exode de ses associés avec leurs fortunes reconverties en dollar. Ses dirigeants des deux clans ont cru judicieux de bloquer tous les comptes en devises. Cette mesure a encouragé ses compagnons à acheter davantage de devises, mais aussi de revenir à l’achat de pièces d’or. Le dollar et l’or ont atteint des sommets. Le régime a proféré des menaces à l’encontre des acheteurs qualifiés d’agitateurs financiers, mais en l’absence de troupes fidèles à ses côtés, il n’a pas pu les intimider. Il a alors incendié le Bazar pour forcer les revendeurs Bazaris d’arrêter les ventes. Les Bazaris, malmenés et ruinés par le régime depuis des années, ont baissé les grilles pour commencer une grève paralysante.

Sur les images de manifestations des Bazaris, on ne voyait aucun policier ou milicien fidèle au régime. Chacun a vu que le régime (et ses dirigeants) étaient dépassés et seuls. Ses compagnons ont aussi rompu les amarres et ont attaqué les banques pour libérer les devises bloqués sur leur compte. Le régime s’est ainsi retrouvé avec deux actions explosives susceptibles de précipiter sa chute. Il a tenté de contenir ces menaces en annonçant de grands rassemblements militaires autour du Guide dans la région de Khorâssân du Nord, mais les Pasdaran de cette région ont boudé le Guide.

Il y a un mois, dans ce contexte particulièrement défavorable, l’Europe a annoncé de nouvelles sanctions contre le régime. Le dollar a augmenté encore de 30% malgré les menaces d’arrestation et de pendaison proférées par le Régime. Humilié, le Régime, a alors annoncé la tenue de trois jours de manœuvres époustouflantes au cœur même de Téhéran avec 15,000 combattants de sa nouvelle milice anti-émeute. Les images ont montré une soixantaine de miliciens à ses côtés.

Par la suite, le Régime devait alors organiser des grandes prières publiques à l’échelle nationale pour la fête de Sacrifice, puis célébrer la Semaine de l’Engagement Sacrificiel des Jeunes volontaires (Bassidjis) pour la révolution, anniversaire de la seconde révolution, et enfin célébrer la fête chiite de Ghadir Khom (la naissance du chiisme) ! Tous ces événements avaient été sévèrement boycottés par le peuple et par les Pasdaran en 2011. Pour s’épargner de nouveaux boycotts révélant son total isolement, le Régime a évoqué la possibilité d’établissement de coupons de rationnement pour ses partisans démunis. Pour obtenir le soutien de ses affairistes paniqués, il leur a proposé d’investir leurs dollars dans l’économie du pays en reprenant des grandes industries publiques. Les évocations de rationnement et de demande d’investissement ont convaincu out le monde que le régime était au bord de la faillite et de la pénurie : il y a une ruée vers le stockage des principaux produits de grandes consommations et en conséquence, le pays a été confronté à de grosses pénuries notamment d’essence (produit rationné depuis 2005).

Les frères Larijani devaient vite prendre le contrôle du régime et des négociations finales avec Washington pour pouvoir fuir en toute sécurité et avec leur fortune. Ils ont reparlé de la demande d’Ahmadinejad de visiter les prisons, la qualifiant de manœuvres médiatiques pour cacher la responsabilité d’Ahmadinejad dans la crise économique actuelle avant d’évoquer le retrait du vote de confiance du Parlement à son cabinet. Les autres mollahs qui se sont toujours accommodés de Rafsandjani et ont obtenu en échange un siège à l’l’Assemblée des Experts (le Sénat du régime) et des parts dans divers secteurs économiques du pays ont désapprouvé cette révolution du palais et ont exprimé leur hostilité via leur président Mahdavi-Kani (qui est également chef de la loge maçonnique du clergé). Le clan Rafsandjani s’est senti protégé et s’est lancé dans des attaques contre ses adversaires. Par ce comportement, il a confirmé qu’il n’avait rien à faire de l’intérêt général, il oeuvrait pour ses intérêts car il considérait que la chute du régime était proche. C’est pourquoi les 200 à 300 nervis de base ont aussi boycotté la prière publique de la fête de Sacrifice.

Washington a été alarmé par ce déclin évident de l’islamisme et même l’islam en Iran. Il a demandé aux Argentins à trouver un compromis sur l’affaire Amia avec Rafsandjani (le principal accusé) pour obtenir un transfert pacifique de pouvoir vers ses pions avant la chute du régime islamique. Ce marchandage avec Rafsandjani a été vu comme une menace par les Larijani et aussi par Les commandants des Pasdaran, qui seront les grandes victimes d’un transfert des pouvoirs vers Washington.

Il y a eu deux réactions. Les Larijani ont confirmé la convocation de son pion Ahmadinejad mettant Rafsandjani et ses pions en situation de ne plus avoir le droit de négocier quoi que ce soit. Les commandants des Pasdaran ont aussi fait feu sur un drone américain pour bloquer le marchandage. Washington a esquivé ce tir contraire à ses intérêts et n’en a soufflé mot. Mais les diplomates du clan Rafsandjani ont dû alors se retirer de ces négociations incroyables. Le clan Rafsandjani a aussi lâché Ahmadinejad en pour ne pas couler avec lui. Il a enfin désigné comme son candidat pour les élections à venir : Rahim-Mashai, un islamiste qui se dit non hostile à Israël (pour jouer une nouvelle version d’apaisement avec Washington). Les Larijani ont torpillé ce candidat susceptible de relancer Rafsandjani en inculpant un de ses proches de détournement de fonds publics. Le régime était plus divisé que jamais allait à sa perte avec ses nouvelles divisions.

La base devait paniquer en se ruant vers l’achat de l’or, du dollar... Mais le régime a alors suspendu les licences de 99,7% des agents de change, puis a interdit l’exportation de la moindre gramme d’or du pays, confirmant ainsi sa faillite ! Le régime a également annoncé le rationnement de 50 produits de base, y compris des produits industriels comme l’acier, confirmant l’existence d’une grande pénurie générale. Dans la foulée, la compagnie iranienne de roulements à billes a déposé le bilan entraînant dans sa chute 1000 emplois et menaçant tout le secteur automobile (500,000 emplois). La base privée d’une porte de sortie et sans cesse méprisée par des dirigeants (qui sont uniquement soucieux de leurs intérêts) les a sanctionnés par le boycott massif des rassemblements pour l’anniversaire de la seconde révolution et pour la fête de Ghadir qui doit célébrer la naissance du chiisme !

Après ces deux boycotts symboliquement forts, les deux clans devaient rétablir la confiance avec les gens de la base pour arrêter leur envie de fuir. Les Larijani ont seulement cessé leurs pressions sur Mehdi Rafsandjani. Les gens de la base n’ont pas aimé ce faux apaisement sans effet sur la politique générale du régime. Dans le même temps, les Pasdaran ont craint une alliance dans leur dos. Pour casser toute possibilité de deal avec Washington, ils ont tiré sur un drone américain et ont annoncé la création d’une base de missiles à proximité du détroit d’Ormuz. Le régime est ainsi passé de 2 à 3 clans en guerre ! Cette nouvelle querelle a davantage démoralisé les compagnons économiques du régime. Ces gens pouvaient aller plus loin en se ralliant à l’opposition notamment à Reza Pahlavi qui prône une amnistie globale.

Il y avait les ingrédients nécessaires pour un soulèvement. Le régime a paniqué : il a tenté de donner une actualité à ses faux opposants internes comme Sotoudeh pour islamiser toute agitation à venir. Mais il n’y est pas parvenu. Il a alors annoncé la mort sous torture de Sattar Beheshti, un militant très musulman, très respectueux de la révolution et membre de sa fausse opposition, partisan du maintien du régime et par hasard, très hostile à Reza Pahlavi et ses initiatives anti-régime !

Le régime utilisait le Mouvement Vert qui n’avait pas pu canaliser les mécontentements. C’est pourquoi les gens de la base ont continué à boycotter les rassemblements officiels.


Cette semaine, le Régime avait un programme officiel chargé : le régime devait organiser des manœuvres aériennes qu’il avait promises la semaine dernière dans le but de rassurer ses partenaires déprimés. Mais étant donné que l’on ne voit plus les avions du régime depuis plusieurs années (en fait par mesure d’économie de carburants) et que par ailleurs le régime a souvent promis des missiles extraordinaires et des renforts sans les montrer, cette fois, il devait évidemment compenser tous ses mensonges passés en montrant des images époustouflantes à l’occasion de ces manoeuvres (programmées dans une région inhabitée pour être invisible).

Par ailleurs, au 2nd jour de la semaine (le dimanche 11 novembre), il y avait la première anniversaire de la mort de 36 commandants des Pasdaran (dont le brigadier général Tehrani-Moghadam). Le régime avait alors parlé d’un accident, mais tout indiquait un assassinant groupé orchestré par le régime pour éliminer un éventuel coup d’Etat contre-révolutionnaire. Le régime avait alors organisé des funérailles officielles pour ses propres victimes en faisant d’eux des martyrs de la révolution pour nier leur rupture, mais les officiers des Pasdaran avaient boycotté ces funérailles et avaient même vengé la mort de leurs camarades par un attentat contre une grande mosquée. Cette année, le régime devait organiser un rassemblement d’hommage à ces gens puisqu’il les avait qualifiés de fidèles au système, mais il nous a semblé qu’il voulait se dérober à ce devoir car il n’avait pas décrété une journée en hommage à ces martyrs et il n’avait annoncé aucun rassemblements en leur honneur.

Cette semaine, allait aussi débuter le mois de Moharram dont les 10 premiers jours sont consacrés au mort en martyr de Hossein, le grand héros du chiisme. La période est aussi le début de la semaine de Bassidj (engagement volontaire). Etant donné que ces deux événements religieux et politique ont été sévèrement boycottés par le peuple, mais aussi, les Pasdaran, les Bassidjis, les Bazaris et les mollahs de base ; le régime devait les débuter en toute discrétion mais sans donner l’impression de battre en retraite.

Cette semaine, le régime était face à un programme irréalisable et de nombreux événements boycottables. Pour pouvoir dissimuler les boycotts attendus, le Régime a sans casse tenté de détourner l’attention du peuple par des buzz sur des sujets de grandes préoccupations comme la pénurie notamment de médicaments. Redoutant une agitation du côté des ses associés déçus, encore du côté des Pasdaran ou encore du côté du peuple, le régime a aussi sans cesse cherché à relancer le buzz autour du martyr de Sattar Beheshti pour l’ériger en modèle afin d’engager le peuple à adopter ses critiques et ses propos hostiles à la contre-révolution.

Mais le peuple ou encore les compagnons du régime n’ont rien fait pour plébisciter ce faux héros, les uns parce qu’ils n’y croient pas et les autres car ils ont marre des fausses solutions ! Les dirigeants des deux clans et aussi les commandants en chefs des Pasdaran ont été convaincus que les prochaines manifestations officielles (Muharram & semaine de Bassidji) allaient être boycottées. La perspective de la confirmation de leur isolement les a amenés à reprendre leurs luttes internes pour dominer le régime et être les seules à bénéficier d’un deal : le clan Rafsandjani a accusé Sadegh Larijani, le chef du pouvoir judiciaire, d’avoir tué Sattar Beheshti ! Le chef du Pouvoir Judiciaire a accusé les Pasdaran ! Les pasdaran ont accusé les Larijani (qui étaient leurs alliés, il y a encore 7 jours) ! Le régime est parti en tête à queue !

Les gens de la base qui étaient déçus par cette guerre civile ont été tentés par la fuite. Voici le récit et les images d’une semaine de chaos et d’effondrement…


3 - 29.11.2011
Iran : La semaine en images n°197

Indispensable rappel des faits et événements des semaines précédentes pour comprendre une semaine très palpitante | Au cours des derniers mois, les jeunes Pasdaran ont sans cesse boycotté les manifestations officielles politiques ou religieuses, mais aussi la participation à des actions répressives et intimidantes. Le régime est devenu de facto vulnérable face au peuple. Les associés économiques, membres des clans au pouvoir, qui selon une récente information serait 810 individus, ont estimé que les jours du régime étaient comptés. Ils se sont mis à vendre leurs actions pour acheter de l’or et des dollars. Cela vidait les réserves bancaires du régime. Cette frénésie est par ailleurs devenue l’indicateur du manque de confiance en l’avenir du régime et a commencé à provoquer la rupture d’autres collaborateurs. Le régime devait mettre fin à cette crise polymorphe.

Dans un réflexe pavlovien, le régime a d’abord annoncé des pendaisons collectives pour mettre en scène sa force afin de rassurer ses associés qu’il a le moyen de rester au pouvoir. Mais chaque nouveau boycott des Pasdaran contredisait cette soi-disant puissance. Les achats d’or et de dollars se sont accélérés. Le régime a alors inventé un scénario de Coup d’Etat des Pasdaran-Trafiquants pour insinuer qu’il pouvait arrêter et pendre les miliciens boycotteurs. Mais le risque d’un clash ouvert précipitant sa chute a amplifié la panique de ses associés. Le régime a dû arrêter ce scénario. Il a alors inventé une histoire de fraude bancaire de ses 810 associés économiques et a parlé de pendaisons pour atteinte à la sécurité nationale afin de les intimider.

Cette solution à l’emporte-pièce a démontré la détresse du régime : ses associés économiques ont été convaincus qu’il était dépassé et ont accéléré leurs achats. Les nervis du régime qui seront seuls au premier rang en cas de soulèvement ont réalisé qu’ils défendaient un régime condamné : ils ont commencé à prendre leur distance avec le régime. Le boycott du Ramadan par le peuple et le boycott la journée de Qods par les Pasdaran a convaincu chacun des collaborateurs du régime que le système était fichu. Puis le régime a été confronté au boycott de la Semaine de la Défense de la Révolution. C’était, il y deux mois.

Selon des informations parues cette semaine, les Américains, qui ne cherchent pas la fin du régime islamique, mais l’arrivée de leurs pions à la tête de ce régime auraient écrit aux mollahs deux lettres signées par Obama pour proposer la reprise du dialogue. C’est dans la foulée de cette correspondance qu’un émissaire du régime, Ahmad Rezaï, le fils d’un des plus haut personnages du régime, a quitté le pays pour se rendre à Dubaï. En 1998, il avait été au centre d’autres tractations irano-américaines pour un rapprochement basé sur un soi-disant coup d’Etat des Pasdaran et la mise à l’écart des personnes sanctionnées par Washington. Il semble que les mollahs cherchaient un rapprochement avec les pions islamiques de Washington dans le sens de leur intérêt commun avant que les jeunes Pasdaran devenus laïques parviennent à déstabiliser le régime avec un boycott massif de la semaine du Bassidj comme en 2010 et 2009.

Il est important de rappeler que ce boycott massif de la semaine du Bassidj n’était pas une supposition car le boycott des Pasdaran a commencé au sein des Bassidjis au point que le régime a démantelé leurs brigades et désarmé les jeunes en 2009. Le régime a gardé la semaine du Bassidj car le mot signifie l’engagement volontaire et populaire dans la résistance contre les ennemis de la révolution islamique et il ne voulait pas paraître plus seul qu’il n’est. Le régime et les Américains devaient se dépêcher !

Selon des informations officielles du régime, Ahmad Rezaï faisait sans cesse des allées et venues en Iran ou discutait tous les jours avec les gens de « sa famille ». Il travaillait donc durement pour parvenir à un résultat.

Mais il y a dix jours, Ahmad Rezaï a été trouvé mort dans sa chambre dans des conditions qui laissent supposer un meurtre. Il nous est paru évident que les seuls bénéficiaires étaient les Pasdaran en rupture avec le régime. Peut-être, ont-ils été aidés par les Britanniques qui ne peuvent pas accepter que les mollahs passent dans le camp américain. Ils ont déjà agi de manière très hostile envers le régime quand ce dernier a commencé à dialoguer avec Washington.

Deux jours après l’élimination de son intermédiaire Ahmad Rezaï, le régime a reçu un nouveau coup avec l’absence de près de 93% des jeunes officiers au défilé annuel de leur fin d’étude devant le Guide et l’Etat major des Pasdaran. Le régime allait recevoir le coup de grâce avec le boycott massif de la semaine du Bassidj. Une bombe a explosé décimant de nombreux officiers des Pasdaran. Les circonstances douteuses de l’explosion portent à croire qu’il s’agissait d’un coup monté pour éliminer des éléments actifs du groupe des Pasdaran en rupture avec le régime islamique. Cette bombe a aussi focalisé les attentions et détourné les regards du boycott de la semaine du Bassidj.

Deux jours plus tard après des funérailles bâclées, le régime organisait des fêtes, on distribuait des gâteaux ! La réponse ne s’est pas faite entendre : une des plus grandes mosquées du nord de l’Iran a brûlé sans qu’interviennent les pompiers qui font partie des Pasdaran. La police est également restée passive ainsi que la population. Le groupe des Pasdaran dissidents a démontré qu’il avait les moyens de partir en guerre contre les centres d’intérêts du régime avec le concours de la population en dehors du calendrier des manifestations. Le régime a seulement nié les faits malgré la publication de photos sur ses propres sites !

La semaine dernière, nous avons donc assistés aux premiers actes de guerre entre les mollahs et les jeunes Pasdaran. Par le passé, chaque boycott de la part des jeunes Pasdaran avait été suivi d’une panique chez les associés du régime, le déclenchement des hostilités aurait dû provoquer un vrai tsunami de panique. Les Pasdaran qui ont agi misaient peut-être sur cette panique, mais cela n’a pas eu lieu car au lendemain de l’attentat qui a décimés leurs figures charismatiques, le régime avait confisqué près de 3 millions de comptes bancaires utilisés par ses 810 associés économiques pour leurs achats de dollars. En l’absence de cash, le régime espérait aussi en finir avec la hausse des prix de l’or et du dollar qui est devenue l’indicateur de son affaiblissement. Mais ses associés spoliés ont commencé à vendre massivement des actions pour compenser la perte : la bourse a enregistré une baisse de son index par la chute des actions, en revanche, les 810 associés en rupture ont pu trouver des ressources pour continuer leurs achats. L’or et le dollar, malgré la baisse des ressources, ont vu leur prix rester à leur haut niveau.

Cette semaine, le régime devait neutraliser cette résistance de ses associés en rupture, mais aussi s’occuper des Pasdaran qui avaient détruit une mosquée, symbole du système en place. Leur capacité de destruction étant prouvée, le régime devait éviter de les énerver, mais il devait montrer sa propre puissance de résistance.

Etant donné que conformément au programme officiel, on était en pleine Semaine du Bassidj et de résistance aux ennemis, le régime devait neutraliser ses adversaires en mettant en avant le soutien des jeunes Bassidjis qui incarnent sa résistance. Le régime ne pouvait pas y couper et était de facto face à un défi impossible.

Après de vains échecs pour convaincre l’opinion que tout se déroulait bien, comme la semaine dernière, le régime a choisi la diversion médiatique. Mais cette fois, il n’a pas fait exploser une bombe (peut-être qu’il redoute la riposte des Pasdaran). Il a mis en scène une fausse crise politique basée sur l’interdiction du journal Etémad pour faire oublier son incapacité à organiser les événements programmés et aussi pour faire oublier les faits graves de la semaine dernière.

Le journal Etémad appartient à Karroubi, le faux opposant interne, membre du 1er cercle du pouvoir : le régime espérait également le relancer à un moment où un soulèvement devient possible. Mais la mayonnaise n’a pas pris, il a été obligé de lancer une autre fausse crise politique basée sur l’interdiction d’un autre journal ! Par ailleurs, pour des raisons électorales, Obama a été obligé d’adopter de nouvelles sanctions bancaires contre le régime. Cela a déplu aux associés du régime qui ont besoin de sortir le dollar du pays, on a assisté à une nouvelle vente massive d’actions et une reprise forte des achats. Le régime a été surpris, il devait réagir : il espérait diffuser des images d’archives de Bassidjis paradant dans les rues, mais il s’est mis à neiger et il n’a pas d’images de Bassidjis sous la neige. Il a dû composer avec ce qu’il avait sous la main. Voici les images d’une semaine bien mouvementée et pleine de rebondissements et d’échecs pour le régime agonisant des mollahs.


3 - 11.03.2012
Iran : La semaine en images n°212

En 2010, nous avons remarqué que les Pasdaran, les bassidjis, mais aussi les Bazaris, les mollahs de base et autres fonctionnaires du régime boycottaient les manifestations officielles de soutien au régime.

Il y a près d’un an, le 15 mars 2011, alors que le régime avait promis une répression exemplaire pour la Fête du Feu qui coïncidait avec l’anniversaire du très populaire Reza Shah, les Pasdaran et les bassidjis ont laissé le peuple se rassembler librement. Avec ce geste de désobéissance, il est devenu clair que les Pasdaran et les Bassidjis penchaient en faveur d’un changement de régime.

Les associés économiques du régime avaient alors conclu que le régime était fini : ils s’étaient mis à brader leurs biens et à acheter de l’or et des dollars pour quitter le régime afin de ne pas couler avec lui. Leur agitation avait démoralisé les autres collaborateurs du régime : le nombre de participants aux manifestations avait encore chuté.

Le régime avait tenté de d’arrêter cet effondrement en affirmant qu’il avait des partisans en province, il n’y est pas arrivé. Il a inventé une fausse affaire de fraude bancaire pour évoquer des condamnations très lourdes à l’encontre de ses associés dissidents, il a ainsi aggravé la situation. Dernièrement, il a encore tenté d’incruster son opposition officielle, le Mouvement Vert, dans la contestation pour la détourner de ses objectifs. Il a alors enregistré sa plus lourde défaite car personne n’a répondu à l’appel à manifester de cette entité pro-régime. L’absence de toute manifestation en sa faveur a même démontré que le régime finissant n’avait plus de partisans prêts à s’engager ouvertement en sa faveur.

La semaine dernière, le régime a reçu une autre gifle monumentale de la part de ces mêmes derniers collaborateurs car ils ne sont pas allés voter aux élections législatives. Sur la base de ses propres photos, nous avons constaté une participation de moins de 1500 personnes dans tout l’Iran. Le régime s’est senti bien isolé. À une semaine de la prochaine Fête du Feu qui sera aussi le 1er anniversaire de la désobéissance des forces de l’ordre, le régime était confronté à son extrême vulnérabilité.

Cette semaine, le régime devait évoquer une forte participation de ses partisans aux élections de la semaine dernière pour montrer qu’il était soutenu, mais à l’occasion de ses divers programmes, il a sans cesse été délaissé par ses derniers collaborateurs. Il a connu de grands moments de solitude, d’isolement et de vulnérabilité. Contrarié par ces revers : il a multiplié des gestes et des propos intimidants pour donner l’illusion du soutien. Voici le récit en images d’une semaine d’isolement et de propagandes.


3 - 07.08.2012
Iran : La semaine en images n°233

Résumé de la situation (+ un inventaire des diverses réponses du régime aux sanctions et leurs effets) | Il y a une semaine, les habitants de la ville de Neyshabur ont manifesté aux cris de « Mort à la république Islamique », les habitants de Téhéran ont attaqué et molesté des miliciens chargés de faire respecter le port du foulard. Mais aucun Pasdaran ou Bassidjis n’est intervenu. Les Pasdaran et les Bassidjis ont laissé faire, apportant implicitement leur soutien à un changement de régime. Les dirigeants sont restés bouches bées et ont convaincus leurs derniers compagnons qu’ils n’étaient pas à la hauteur des problèmes...

En fait, cela fait 3 ans que des centaines de milliers de Pasdaran, de Bassidjis, de militaires, des dizaines de milliers de Bazaris et de mollahs de base boycottent toutes les manifestations officielles du régime. Ces actifs d’origine populaire du régime lui ont tourné le dos car ils n’ont pas les mêmes intérêts vitaux que leurs dirigeants.

Ces Pasdaran, Bassidjis... entrés dans la vie active près de dix ans après la révolution, ont hérité de la révolution sans l’avoir voulue. Ils sont arrivés à un moment où la révolution avait ruiné toute la prospérité acquise grâce aux Pahlavi et détruit des millions vie dans une guerre idéologique. Ils ont rejoint le régime par intérêt économique : pour échapper à la misère dans une économie dominée de façon mafieuse par les mollahs et leurs familles.
Les mollahs (historiquement pro-britanniques) ont accédé au pouvoir en 1979 en aidant les pions islamistes de Washington à renverser le Shah, puis en éliminant ces derniers du jeu via des assassinats puis par la diabolisation des Etats-unis et enfin par la rupture des relations diplomatiques avec ce pays.

Les Etats-Unis ont très peu apprécié car ils cherchaient certes à renverser le Shah qui avait porté préjudice à leur puissance pétrolière en créant l’OPEP et se positionnant comme un non alignés et cherchant à créer de nouvelles alliances régionales indépendantes, mais plus encore, les Américains cherchaient depuis les années 50 à installer une république islamique remuante en Iran pour constituer avec la Turquie, l’Afghanistan et le Pakistan (à re-islamiser par leurs soins), une Ceinture Verte (islamiste) au sud de l’Asie Centrale pour agiter cette région musulmane et la conquérir avec ses islamistes afin de démanteler l’Union Soviétique et la Chine, mais aussi happer ses réserves pétrolières en tant que bon sauveur et ainsi dépasser les Britanniques et leur ravir après 80 ans de lutte le leadership du marché pétrolier [1] pour devenir maître du prix du baril, maître du destin d’autres grands consommateurs qui cherchent à dépasser sa puissance économique.

Les mollahs ont contrecarré ce vaste plan pour empêcher les Américains de menacer la suprématie centenaire de leurs protecteurs britanniques sur le marché mondial du pétrole. Washington a immédiatement commencé une guerre d’usure économique contre les mollahs pour les affaiblir graduellement et provoquer des pénuries alimentaires afin que le risque d’un soulèvement populaire les force à revenir en arrière en acceptant le rétablissement des relations diplomatiques, puis le retour de ses pions dans le jeu et enfin un transfert des pouvoirs en leurs mains via une révolution de couleur (de préférence Verte en référence à l’islam et au projet de la Ceinture Verte).

Les « mollahs » ont été épaulés par les Britanniques et les autres adversaires économiques de Washington pour tenir bon et ont refusé de céder car ils avaient beaucoup à perdre à savoir leurs fortunes et sans doute la vie. Mais les Etats-Unis ont été plus forts, la Grande-Bretagne ainsi que les partenaires européens du régime en étant officiellement ses alliés ne pouvaient pas le contrer ouvertement et les autres amis du régime ne faisaient pas le poids devant les Etats-Unis, le régime devait trouver une réplique ou une politique pour neutraliser les sanctions par ses propres moyens. Dans les années 80, Rafsandjani, demi-frère de Khomeiny, patron des services secrets des Pasdaran et maître d’oeuvre des opérations pour chasser les pions de Washington a utilisé le terrorisme anti-américain au Liban pour négocier une paix avec Washington, mais sans y parvenir.

Par la suite, dans les années 90, Rafsandjani a obtenu la présidence du régime, la présidence de l’Assemblée des Experts (chargée de choisir le guide) et s’est octroyé les pleins pouvoirs en modifiant la constitution pour transférer les principaux pouvoirs du Guide au Conseil de Discernement qu’il venait de créer. Il a alors eu les mains totalement libres pour tenter de nouvelles négociations avec les Américains. Mais n’offrant rien à ses interlocuteurs et utilisant sans cesse le terrorisme, il a été soupçonné de vouloir les épuiser dans des négociations sans fin : il a fini par agacer Washington qui a encouragé l’Allemagne à le sanctionner directement par un mandat d’arrêt international pour son rôle dans la tuerie de Mykonos.

Rafsandjani ne pouvait plus voyager : il a dû renoncer à son mandat présidentiel. Il a confié la présidence à Khatami, un de ses anciens collaborateurs chargé d’éliminer les opposants, pour simuler un apaisement afin d’amadouer Washington. Dans ce jeu, Khatami a accepté de jouer la carte des négociations sans fin avant de faire quelques concessions contraires aux intérêts du régime sous la menace des sanctions. Rafsandjani, le maître plénipotentiaire du régime, a alors sorti Ahmadinejad (un autre de ses collaborateurs des services secrets) pour remettre en cause les concessions de Khatami et recommencer de nouvelles négociations sans fin tout en évoquant la menace d’une grande guerre régionale et la menace de la fermeture d’Ormuz pour faire reculer Washington par la possibilité d’une longue pénurie pétrolière mondiale. Cette nouvelle mouture de la guerre d’usure diplomatique de Rafsandjani n’a pas réussi à éliminer les sanctions, mais encore a permis à Washington de prendre comme prétexte la dangerosité du régime pour adopter de nouvelles sanctions et menacer l’Iran de frappes lourdes contre tous ses centres industriels. Rafsandjani n’a cessé de jouer le dialogue stérile et il a ainsi convaincu tous les serviteurs du régime comme les Pasdaran (les jeunes engagés par intérêt ou les anciens qui ont connu la guerre) qu’il n’était pas l’homme de la situation et qu’en plus il allait les mener vers une nouvelle guerre et le néant. Ils devaient sortir de ce régime pour leurs propres intérêts ou sortir le régime d’Iran.Mais l’armée des Pasdaran (Sepâh Pasdaran) a une structure cloisonnée comme des services secrets, les gens ne se connaissent pas pour former des complots, il a été plus simple de prendre ses distances que d’agir contre le régime. L’adoption en 2007 de nouvelles sanctions bancaires privant le pays de ses dernières ressources en devises a été un déclic. Dès 2008, des Pasdaran, des Bassidjis, mais aussi des Bazaris et des membres du clergé ont diminué leur participation aux manifestations officielles symboliquement importantes comme la Journée de Qods, ou la commémoration de la prise de l’ambassade américaine.

Le régime était alors de facto réduit à ses 130 hauts dirigeants du Conseil de Discernement ou de l’Assemblée des Experts, quelques milliers de hauts responsables administratifs, ses 300 députés, une centaine de hauts commandants de Pasdaran qui jouissent de revenus commerciaux, quelques milliers d’hommes d’affaires issus des clans au pouvoir et enfin ses hommes de main, soit en tout environ 20,000 personnes.Le régime était fragilisé, mais pas immédiatement menacé en raison de la structure cloisonnée du Sepâh. La seule menace possible pouvait venir des anciens combattants de la guerre Iran-Irak capables de former des groupes d’action. Avant qu’il puisse y parvenir, la caste dirigeante en particulier Rafsandjani devait agir.

En juin 2009, Rafsandjani a pris l’idée d’une révolution de couleur souhaitée par Washington pour un simulacre nommé Mouvement Vert sous la direction de son ami ultra Khomeyniste Moussavi, membre du Conseil de Discernement, hostile à tout dialogue, pour donner une légitimité démocratique absolue au régime et son incapacité fondamentale de compromis avec Washington. Mais le peuple autorisé à manifester a dévié de la ligne souhaitée par Rafsandjani : il est massivement descendu dans les rues avec des slogans hostiles au régime… On parlait alors d’un ralliement des Pasdaran à cette contre-révolution, mais cela n’a pas eu lieu car Washington, hostile à l’action résolument anti islamique de cette action et l’Europe (partenaire du régime) n’ont pas soutenu le peuple iranien. Ils ont plutôt laissé le régime rétablir l’ordre avec ses hommes de main et des rumeurs anxiogènes de répression sanglantes. Par la suite, Washington a inventé ses propres verts pour infiltrer le projet mal ficelé de Rafsandjani et aussi pour ne laisser aucune chance à une autre contre-révolution.

Rafsandjani qui avait failli renverser le régime était sur la sellette, il a dû céder la précieuse direction du pouvoir judiciaire à la famille Larijani qui le considère comme un ennemi car il a supprimé leur protecteur, l’ayatollah Mottahari, au motif qu’il était plus qualifié que lui pour diriger le pays. En cédant le pouvoir judiciaire à Sadegh Larijani, Rafsandjani a préservé la direction du régime. Il a alors mis en place une paupérisation forcée des ménages pour limiter la consommation et habituer les Iraniens à vivre en pénurie afin de neutraliser le principal effet des sanctions, puis il a repris avec plus vigueur les provocations d’Ahmadinejad et des tentatives pour relancer le Mouvement Vert n’hésitant pas à flirter avec des slogans de plus en plus politiquement incorrects. Enfin de compte, il n’a pas réussi à provoquer une escalade ni à attirer le peuple dans la rue, mais sa paupérisation a provoqué la rupture des Pasdaran haut gradés touchés par le mesure.

Au bout d’un an, en juin 2010, les autres hauts dirigeants ont estimé qu’il piétinait, n’avait aucune solution pour contrer les sanctions et avait même intensifié le mécontentement interne. Rafsandjani est alors disparu de la scène politique et Ali Larijani a pris le relais de ses devoirs officiels dans le cadre de la présidence du Conseil de Discernement. Mais Rafsandjani a gardé ce titre afin que le désarroi du régime ne soit pas révélé au grand jour. Par la suite en 2011, il a aussi perdu le contrôle de l’Assemblée des Experts. Il a cependant continué à intriguer dans l’ombre grâce à son pion Ahmadinejad et ses ministres, issu également de son clan.

Les Larijani, nouveaux patrons du régime, devaient trouver des solutions pour sauver le régime, mais ont continué les solutions utilisées par Rafsandjani dont notamment la paupérisation forcée imaginée en dernier lieu pour habituer les Iraniens à la pénurie ! Ils n’avaient aucune idée originale. De plus, ils ont surtout utilisé le pouvoir judiciaire pour régler des comptes avec Rafsandjani ou pour éliminer ses pions du jeu, notamment les ministres et les responsables administratifs chargés des négociations avec Washington à un moment où il est devenu évident qu’il n’y avait aucune autre solution que de marchander des garanties de sécurité en échange d’un transfert rapide des pouvoirs vers les pions islamistes de Washington.

Dans ce contexte difficile, le peuple a pu exprimer son hostilité au régime grâce à la passivité complice des Pasdaran en célébrant le 15 mars 2011 l’anniversaire de Reza Shah Pahlavi (père du Shah), vénéré pour sa laïcisation et la modernisation des structures du pays qui ont arraché le pays à sa torpeur. Pour les dirigeants et les derniers compagnons, les Pasdaran avaient choisi la contre-révolution et le retour à l’ère Pahlavi. Les hommes d’affaires du régime ont paniqué car le peuple pouvait désormais renverser le régime et s’en prendre à eux. Les dirigeants fragilisés pouvaient négocier une fuite sécurisée avec les Américains et les laisser seuls face au peuple. Ils ont commencé à brader leurs actions et leurs biens immobiliers pour acheter de l’or et des dollars afin de quitter le pays au plus vite.

Larijani a ouvert un procès pour fraude visant les hommes d’affaires agités et a promis des peines de mort, mais il n’a jamais pu les appliquer de peur de provoquer un plus grand désordre. Il a ainsi montré son incapacité à gérer la crise. Pire encore, il a inclus les pions politiques de Rafsandjani dans le procès pour fraude pour les éliminer et nommer ses pions à leur place pour avoir un accès prioritaire aux marchandage admettant de facto qu’il jugeait la fin proche. Son effort pour privilégier son clan au lieu du régime tout entier a montré qu’il n’avait rien d’un sauveur et il était comme les autres dirigeants du régime. Les sans grades restés aux côtés du régime ont compris qu’ils seraient finalement sacrifiés. Ils devaient rompre aussi avant la chute du régime. On a remarqué une nouvelle baisse du nombre des participants aux événements officiels et la disparition de plus de 260 des 290 députés du régime. La nervosité de Larijani pour prendre le contrôle des négociations et les nouvelles ruptures provoquées par ce comportement indélicat ont convaincu Washington qu’il devait durcir ses sanctions et donner l’impression de vouloir en finir avec le régime pour semer la zizanie entre les chefs et au sein de leurs derniers compagnons.

Washington a utilisé la menace de remaniement des notations AAA pour pousser les Européens à annoncer un embargo sur l’achat du pétrole iranien à partir du 1er juillet 2012. Ces derniers ont accepté car ils ont surtout des contrats d’exploitation et possèdent de facto 100 % et rétrocèdent à l’Iran 1/3 de la production pour sa consommation interne, tiers que le régime vend à ses clients asiatiques et à de rares occasions à ses mêmes exploitants pour arrondir ses fins de mois. Il n’y avait que très peu de barils vendus par l’Iran. Leur embargo n’allait pas bouleverser la situation du régime ou leurs propres avoirs pétroliers en Iran. L’annonce a cependant dérangé le régime car l’Europe pouvait arrêter l’exploitation des puits, provoquant une vague de chômage dans le secteur pétrolier. L’Europe était par ailleurs le plus prestigieux fournisseur du régime et surtout un excellent partenaire pour bloquer mollement mais efficacement les sanctions américaines en se disant attachée à une action onusienne commune avec les Chinois et les Russes. Le régime allait perdre une alliée politiquement correcte et pouvait même entrer en conflit avec elle. Il pouvait se retrouver engagé dans une escalade susceptible de forcer les Européens à annoncer de nouvelles sanctions ou à appliquer les sanctions qu’ils n’appliquent jamais. Le régime était face à une possible déferlante de contrariétés qui pouvait démoraliser tous ses derniers compagnons, provoquer leur fuite et accélérer son effondrement. Le régime a accepté le dialogue pour permettre aux Européens de geler leur embargo dérangeant.

La première rencontre programmée en juin dernier à Bagdad, a eu lieu au moment d’une nouvelle crise apparue après deux boycotts consécutifs, l’un confirmant la rupture des Pasdaran et l’autre confirmant l’inexistence d’une opposition interne capable de contrôler un soulèvement. Pour les derniers compagnons du régime, la situation était désespérée, lors de la rencontre, leurs dirigeants pouvaient céder en échangeant des garanties de sécurité (la vie sauve) contre un rapprochement permettant le transfert des pouvoirs vers les pions de Washington. Ceux de la base pouvaient être sacrifiés : il y a eu une rupture massive des cadres administratifs : presque personne n’a assisté aux nombreuses manifestations qui devaient alors avoir lieu en mémoire de Khomeiny.

Pour amplifier le malaise, Washington a évoqué la possibilité d’un embargo maritime et aérien de l’Iran. Le régime était condamné, insolvable et désavoué. La Chine qui lui achète 35% de ses barils a trouvé un prétexte administratif pour annoncer l’arrêt de ses achats pétroliers après le 1er juillet 2012 ! Après cette date, les Indiens (alliés de Washington) qui achètent près de 20% des barils iraniens ont dit la même chose. Le régime n’allait pas perdre un peu de ses revenus avec le retrait des Européens, mais au moins 55% de ses revenus !

Le régime a connu une importante panique financière. Larijani a tiré des missiles pour faire reculer les Américains avec la menace d’une fermeture d’Ormuz, mais Washington a esquivé avant d’annoncer encore de nouvelles sanctions amplifiant le sentiment d’inefficacité du régime. Ses derniers compagnons ont encore paniqué. Leur ruée vers le dollar a fait monter le billet vert en flèche de plus de 150 % . En peu de temps, on n’en trouvait plus. Le régime qui n’a plus de réserves n’a pas réinjecté plus de dollar sur le marché pour calmer la panique, il a préféré étouffer la flambée par manque de carburants. Mais en agissant ainsi il a laissé supposer qu’il était en faillite et ne pourrait plus assurer l’approvisionnement du marché intérieur iranien. Ses derniers compagnons ont pris d’assaut les magasins de distribution des produits alimentaires pour faire des réserves. En quelques heures, on ne trouvait plus de poulet, produit importé et cher réservé aux 5% de la population qui échappe à la pauvreté. Mais la crise a aussi affecté la masse imposante des démunis qui se nourrissent des abats de poulet. Pour calmer la panique des acheteurs nantis, le régime a augmenté la distribution de poulet, pour calmer la demande plus imposante d’abats nécessitant beaucoup plus de poulets, le régime a parlé d’une maladie touchant les abats de poulet. Larijani à l’origine de ce désordre s’est caché ! Rafsandjani a profité de son absence pour parler par l’intermédiaire du ministre la défense qui est un de ses pions les plus dévoués de la préparation du pays pour fermer le détroit d’Ormuz. Les Britanniques ont tenté d’aider l’escalade souhaitée par le régime en affirmant que ce dernier avait aussi acquis le savoir faire nucléaire militaire depuis 2008. Washington a esquivé, mais il a puni le régime et son allié britannique en sanctionnant 22 de ses 85 cargos pétroliers évoluant sous un pavillon britannique, diminuant les derniers revenus en devises du régime de 50% (car les 85 cargos ne sont tous en livraison en même temps).

Rafsandjani qui était à l’origine de cette nouvelle mauvaise évolution a eu peur d’être encore plus déchu et perdre aussi quelques parcelles de son empire financier où le monopole sur le pistache lui apporte annuellement 700 millions dollars. Rafsandjani a vite diffusé via ses pions verts la rumeur qu’il négociait avec les Américains et il était presque parvenu à un accord éliminant tout soutien américain aux opposants en particulier à Reza Pahlavi, vu par les Iraniens comme le seul recours pour débarrasser le pays de cette fausse révolution qui lui a été imposée par les grandes puissances pétrolières.

La rumeur rassurante de Rafsandjani qui le posait aussi en sauveur du régime n’a pas vraiment convaincu ses compères et les derniers compagnons du régime. Cette rumeur était également contraire à l’actuelle tactique américaine de démoralisation des troupes du régime, Washington a prouvé l’absence de négociations et d’accord en rétablissant ses menaces en publiant la liste de tous les cargos du régime pour montrer qu’il pouvait les arraisonner d’un seul coup et assécher toutes les sources de devises du régime pour le plonger dans une pénurie immédiate. La ruée vers le poulet s’est accentuée. La demande d’abats a aussi montée chez les démunis. Le début du Ramadan et l’absence de prière collective derrière le Guide a rappelé la rupture des Pasdaran et la possibilité d’une action. Une semaine après le début de cette 1ère pénurie provoquée par la panique des amis du régime, les gens d’en bas et les gens d’en haut ont défilé ensemble dans les rues d’une ville iranienne en scandant « Mort à la république I... » et aucun Pasdaran ou Bassidjis n’est intervenu. Le pays sans timonier avait basculé dans la pénurie et la contestation. Les dirigeants ont préféré faire le sourd face à l’union improbable du peuple et de ses serviteurs !

Ali Larijani qui était resté caché au moment de la manifestation hostile au régime a profité du silence des autres et surtout du silence de Rafsandjani pour annoncer la création du QG pour contenir la colère du peuple et pour demander à demi mot les pleins pouvoirs pour diriger et permettre à ce QG de sauver le régime. Pour sonder l’accueil à sa proposition, il a organisé une commémoration pour le 20e anniversaire de la mort de son père alors que ce dernier a disparu en hiver et non en été. Aucun des gros bonnets du régime n’est venu à la commémoration, il a été désavoué pour obtenir les pleins pouvoirs au vu de son bilan désastreux et sans doute en raison des erreurs commises par Rafsandjani quand il avait les pleins pouvoirs. La peur de l’échec du régime a amplifié la peur de la pénurie alimentaire, la demande de poulets a augmenté.

Le régime a tenté de rassurer les siens en annonçant des rassemblements officiels pour le Ramadan, une diffusant des discours forts de soutien à la résistance anti-américaine et enfin en annonçant de gigantesques manifestations de jeunes étudiants intégristes partout en Iran pour insinuer qu’il avait des réserves pour se défendre. Mais il n’y a eu qu’une centaine individus souvent âgés à Téhéran et une trentaine de manifestants très âgés à Ispahan. Le peuple a constaté que le régime mentait. La crise ne pouvait que devenir plus forte après ces mensonges.

Cette semaine, Ali Larijani, le patron du régime, devait revoir sa copie. Il s’est montré hésitant. Il a manqué d’audace ou d’idée neuve pour marquer son autorité. Tous les gens qui avaient des reproches à lui faire se sont manifestés. Il s’est retrouvé face à une situation inédite de crise très aiguë. Il a mis en orbite de vielles fausses querelles internes pour détourner les attentions de la vraie crise en cours. Il a aussi rempli ses médias d’annonces de rassemblements réunissant des courants ou des personnalités opposés pour insinuer l’existence d’une direction unie. Il y avait de la contradiction entre toutes ses vieilles recettes de propagande utilisées en même temps. La variété des solutions évoquait l’insuccès des efforts. Les choix étaient inadaptés et la direction imprécise. Rafsandjani a profité du manque de perspicacité de son adversaire pour tenter un come-back qui a déclenché une riposte violente de Larijani. Voici le récit très intéressant d’une semaine hors norme marquée par des efforts contradictoires, incessants et infructueux d’un régime divisé, à bout de souffle, à bout d’idées ne sachant par quel moyen dissimuler ses malaises et les signes avant-coureurs de son effondrement.


3 - 31.07.2012
Iran : Semaines en images n°231 & 232

Résumé de la situation | Depuis 3 ans, des centaines de milliers de Pasdaran, de Bassidjis, de militaires, des dizaines de milliers de Bazaris, près de 80,000 mollahs de base boycottent aussi bien les manifestations officielles politiques que religieuses : ces actifs d’origine populaire du régime l’ont lâché. Il y a plusieurs raisons à cette rupture : le pays a reculé dans tous les domaines depuis la révolution surtout en économie et en industrie, on est passé des succès et du plein emploi à 60% de chômage, 96% de la population sous le seuil de pauvreté. Les études et les soins jadis gratuits et de bonne qualité sont devenus payants voire chers et de mauvaise qualité. Par ailleurs, les ayatollahs, alliés historiques de la Grande-Bretagne, ont permis à ce pays de retrouver sa mainmise sur le sous-sol iranien (or, cuivre, pétrole) en lui accordant des contrats d’exploitation de longue durée (qui hypothèquent les chances d’indépendance économique du pays pour longtemps).

De plus, tous les Iraniens savent que les ayatollahs (pro-britanniques) ont accédé au pouvoir en 1979 en aidant les pions islamistes de Washington (notamment l’OMPI) à renverser le Shah, puis en éliminant ces derniers.

Washington cherchait à islamiser l’Iran pour en faire une base pour conquérir l’Asie Centrale avec l’Islam. Il pouvait ainsi dépasser la Grande-Bretagne, leader mondial d’exportation pétrolière depuis 1906. En prenant le pouvoir au détriment de ses pions, les mollahs ont agi pour leur propre compte, mais ont aussi aidé leurs protecteurs britanniques à garder le contrôle du marché pétrolier mondial.

Depuis, Washington tente d’affaiblir graduellement l’économie iranienne pour provoquer des pénuries et générer un risque de soulèvement afin d’amener les mollahs à demander grâce en acceptant un rapprochement, le retour des pions islamistes de Washington dans le jeu et un transfert des pouvoirs à ses pions via une révolution de couleur. Mais en parallèle, Washington a toujours permis à ses partenaires stratégiques comme la Turquie de signer des contrats avec les mollahs pour éviter la chute de l’islamisme. Les mollahs ont toujours accepté ces contrats, mais ont toujours refusé tout apaisement avec Washington quels que soient les cadeaux, les sanctions ou les menaces. Ils ont aussi sans cesse parlé d’une guerre régionale et de fermeture du détroit pétrolier d’Ormuz pour forcer Washington à reculer ou d’accepter un arrangement.

L’intérêt britannique est de préserver ce régime dans une ligne hostile aux Américains pour contrecarrer leurs projets régionaux. Les Britanniques aident d’ailleurs économiquement les mollahs à contrer les Américains. Mais ils doivent aussi surveiller les mollahs et les empêcher de chercher un arrangement avec Washington. C’est ainsi qu’on les voit souvent fustiger les menaces terroristes, nucléaire ou balistique des mollahs, mais il n’y a jamais eu une rupture des contrats pétroliers ou miniers en représailles car le but n’est pas de nuire aux intérêts britanniques, mais remonter l’opinion américaine contre l’apaisement avec les mollahs. De nombreux pays qui ont besoin d’un Iran anti-américain aident aussi les mollahs. Ainsi comme au début du XXe siècle, l’Iran est devenu la scène d’une guerre froide entre les grandes puissances qui ont des visées pétrolières et colonialistes. En somme, il n’y a rien qui puisse être profitable au peuple avec ce régime au pouvoir d’où la rupture des subalternes issus du peuple comme les Pasdaran.

Dès les premiers signes de cette rupture, le régime (réduit à ses hauts dirigeants –réunis au sein du Conseil de Discernement de l’intérêt du régime-, ses hauts responsables, ses hommes d’affaires et ses hommes de main) était fragilisé, mais il n’était pas immédiatement menacé car les Pasdaran ont une structure cloisonnée comme un service secret, en dehors des vétérans de la guerre Iran-Irak, principalement impliqué dans la direction et fidèles au régime, ses membres plus jeunes ne se connaissent pas et se méfient les uns des autres. Le régime était à l’abri donc d’un coup d’Etat immédiat, mais la caste dirigeante devait agir vite.

Rafsandjani, le directeur et fondateur du Conseil de Discernement de l’intérêt du régime (CDIR), a d’abord misé sur la propagande pour nier la rupture des Pasdaran. Ce manipulateur qui avait jadis mis en place le faux réformateur Khatami (issus des services secrets) pour amadouer Washington, puis mis en place Ahmadinejad pour jouer la menace après l’échec du faux apaisement de Khatami, a eu une nouvelle idée compliquée en 2009 : une révolution de couleur, Mouvement Vert (en référence à l’Islam) et dirigé par son ami Moussavi, un Khomeyniste pur et dur pour donner une légitimité démocratique absolue au régime afin de contraindre moralement Washington à cesser ses sanctions.

Tout était très bien pensé : les journalistes européens étaient invités pour raconter l’affaire. La BBC donnait le tempo... Mais le peuple autorisé à manifester a dévié de la ligne pour scander des slogans hostiles au régime… Le régime était déstabilisé. On parlait alors d’un ralliement des Pasdaran à cette contre-révolution, mais cela n’a pas eu lieu car Washington, hostile à la laïcité iranienne, et l’Europe (partenaire du régime) n’ont pas soutenu le peuple iranien. Les Occidentaux ont plutôt laissé le régime rétablir l’ordre avec ses hommes de main et des rumeurs anxiogènes de répression sanglantes rediffusées par la BBC ou la Voice of America. Par la suite, Washington a aussi inventé ses propres verts pour ne laisser aucune chance à une autre contre-révolution. On a voulu enfermer les Iraniens à double tour, mais grâce à la passivité complice des Pasdaran, ils ont pu exprimer leur rejet du régime en célébrant l’anniversaire du Reza Shah Pahlavi (père du dernier Shah), vénéré en Iran pour son patriotisme et sa laïcisation des structures de l’Etat qui a propulsé l’Iran dans l’ère moderne. Il
est alors devenu clair que le peuple et les Pasdaran regardaient dans la même direction et envisageaient une contre-révolution laïque.

Les hommes d’affaires du régime ont paniqué car le peuple pouvait renverser le régime et les lyncher ou encore les dirigeants fragilisés pouvaient négocier une fuite sécurisée avec les Américains et les laisser seuls face au peuple. Ils ont commencé à brader leurs avoirs pour acheter de l’or et des dollars afin de quitter le pays au plus vite. Cette nouvelle vague de rupture a déstabilisé Rafsandjani au sein de la caste dirigeante. Il a dû céder la direction générale et la justice à ses adversaires et ennemis, les frères Larijani, mais il a gardé quand même un partie du pouvoir grâce à son réseau et des pions comme Ahmadinejad et ses ministres. Les Larijani devaient trouver des solutions pour les ruptures, mais ils ont surtout utilisé le pouvoir judiciaire pour attaquer le Clan Rafsandjani et éliminer ses pions du jeu, notamment les ministres chargés du contrôle des négociations avec Washington à un moment où il était devenu évident que la seule option restante était de marchander des garanties de sécurité en échange d’un transfert rapide des pouvoirs vers les pions de Washington.

Pour Washington, cette guerre interne était une bénédiction. Il a utilisé la menace de remaniement des notations AAA pour pousser les Européens qui possèdent (via des contrats d’exploitation) 60% de la production iranienne à renoncer à leurs achats de la part iranienne de la production à partir du 1er juillet 2012. Sans toucher l’économie, ce retrait pouvait démoraliser les derniers collaborateurs du régime et accélérer les ruptures, les mollahs ont tenté de relancer le Mouvement Vert ou de provoquer une escalade dissuasive. ils ont échoué dans les deux cas. Un mois avant cette date limite du 1er juillet, ils ont accepté de négocier pour geler l’embargo. Cet accord était le signe de la faiblesse du régime et a de facto amplifié la panique interne. Tous les hauts responsables politiques ont rompu d’un coup avec le régime. Pour les dirigeants, le régime était condamné : la guerre entre Larijani et Rafsandjani pour le contrôle des négociations finales est devenue plus rude. Les deux chefs ont sacrifié des pions importants. D’autres ont quitté le régime déçus par la rapacité de leurs chefs.

Washington a évoqué la possibilité d’un embargo aérien et maritime, synonyme de pénuries lourdes et forts risques d’émeutes ! Le régime était condamné. La Chine qui lui achète 35% de ses barils a annoncé l’arrêt de ses achats pétroliers dès le 1er juillet au prétexte que les Européens ne pouvaient plus assurer ses cargos pétroliers. Les Indiens (alliés de Washington) qui achètent près de 20% des barils iraniens ont dit la même chose. Le régime n’allait pas perdre un peu de ses revenus, mais au moins 50% de ses revenus ! Le régime devait plier ou allait vers une pénurie immédiate suivie d’une explosion sociale. Larijani a tenté de relancer la fausse opposition interne pour contrôler le soulèvement à venir, il n’y est pas parvenu.

Larijani a également offert le secteur bancaire du pays aux officiers supérieurs des Pasdaran qui ont rompu avec le régime, mais ils ont ignoré son invitation. Larijani aux abois a alors affirmé qu’il serait prêt à reprendre la rémunération des Pasdaran, suspendue depuis plusieurs mois ! Il a ainsi révélé la rupture assumée des Pasdaran. Cela a libéré les hésitants : le régime n’a pas rassemblé ses 7400 mollahs-juges pour la Semaine du Pouvoir Judiciaire, au même moment, les habitants de la ville religieuse de Qom ont attaqué et sévèrement molesté une patrouille de la milice d’Ershad (la bonne conduite islamique) alors qu’elle avait arrêté une « jeune femme mal voilée ». Le régime esseulé et menacé se fissurait de toute part.

L’entrée en vigueur des sanctions pétrolières européennes le 1er juillet 2012 a fait entrer le régime dans l’ère de la pénurie. Avant même les premiers effets de ces sanctions, la bourse a chuté et le dollar et l’or sont montés en flèche ! Les associés du régime avaient donc commencé à vendre encore des actions pour acheter des dollars ou de l’or afin d’être prêts à fuir. Larijani a alors parlé de tirs de missiles et de fermeture du détroit d’Ormuz pour intimider l’Occident. Pour ses derniers collaborateurs, ils persistaient dans une mauvaise voie : la panique s’est amplifiée. Mais ses menaces n’ont rien donné, il était dans une impasse, il devait aller plus loin (en coulant par exemple un cargo européen). La panique interne a encore augmenté. Les Britanniques ont rassuré les derniers associés du régime en faisant état d’un sondage évoquant l’hostilité de 82% des serviteurs du régime à la fermeture du détroit d’Ormuz.

Les Européens ont esquivé les menaces de fermeture d’Ormuz pour ne pas être obligés d’augmenter leurs sanctions. Les Américains ont puni les mollahs en demandant au Kenya de rompre ses achats pétroliers en Iran et ils ont aussi envoyé Kofi Annan en Iran pour inviter les mollahs à jouer un rôle de modérateur en Syrie afin de neutraliser durablement de nouvelles tentatives d’escalades tactiques et aussi pour les engager dans leur apaisement tactique (nécessaire pour revenir en Iran avec leurs pions).

En début de la semaine dernière, Larijani qui ne parvenait pas à trouver la solution s’est éclipsé. Rafsandjani a profité du vide pour parler ouvertement de la fermeture d’Ormuz et d’attaques contre les pétroliers en exhibant des répliques iraniennes du missile russe Cornet. Mais il n’est pas parvenu à intimider Washington et à changer la donne. Il est alors devenu clair que le régime n’avait aucun moyen d’échapper aux sanctions et à la capitulation quel que soit son timonier. Les associés du régime allaient donc tout perdre et peut-être sacrifier par leurs dirigeants. Ils se sont précipités vers les échoppes des cambistes pour acheter de l’or et des dollars au point que le dollar a rapidement manqué. Le régime n’a pas réinjecté plus de dollars sur le marché pour calmer la panique, il a préféré étouffer la flambée par manque de carburants. Mais en agissant ainsi il a laissé supposer qu’il manquait de dollars (ce qui est d’ailleurs vrai). Cela a renforcé les doutes sur sa capacité d’approvisionner le marché intérieur. Ses derniers compagnons ont pris d’assaut les magasins de distribution des produits alimentaires pour faire des réserves. Peu après l’ouverture des magasins, on ne trouvait plus de poulet en Iran. Les gens stockaient vraisemblablement en supposant que le pays allait vers des pénuries.

Il faut cependant préciser que depuis des années, près de 85% des Iraniens vivent sous le seuil de pauvreté et du fait de leurs revenus trop bas et d’absence d’économies, ils vivent au jour le jour et ne consomment pratiquement plus de viandes rouges ni du poulet, mais ses abats notamment le foie et les rognons. Depuis l’abaissement forcé du pouvoir d’achat (pour habituer le peuple à vivre en pénurie), on est passé à 96% de pauvres.

De fait, on peut dire que la pénurie du poulet n’a pas été provoquée par tous les Iraniens, mais le petit nombre encore à l’aise grâce à sa proximité avec le régime. En fait, la peur de la pénurie chez les riches, les a poussés à stocker, ce qui a provoqué une pénurie immédiate pour tout le monde y compris les consommateurs d’abats ! Le prix du poulet est alors monté en flèche atteignant les 7000 tomans le kilo (près de 21000 tomans le poulet ou 10% du salaire d’un Iranien moyen).

Le régime a promis du "poulet bon marché" à 4700 tomans (près de 13000 tomans le poulet ou 7% du salaire d’un Iranien moyen). Il ne visait certainement pas les Iraniens moyens, mais ses derniers compagnons. Il a aussi parlé d’une maladie mortelle touchant les abats pour garder les Iraniens moyens loin de points de vente. Cela n’a pas empêché tout le monde de suivre les variations du prix de poulet. Comme jadis le prix de l’or et du dollar, le prix du poulet est devenu un indicateur des difficultés du régime et de la panique de ses derniers compagnons.

Vers la fin de la semaine dernière, pour éviter un rapprochement avec Washington, les ministres liés à Rafsandjani ont demandé à Kofi Annan d’agir conformément à sa fonction onusienne en s’opposant à l’ingérence des Etats-Unis en Syrie. Annan ne pouvait pas contredire les mollahs. Il a dû battre en retraite. Téhéran avait battu Washington à son propre jeu. Washington a regretté l’envoi de Kofi Annan en Iran et pour nier son propre échec, il a critiqué Kofi Annan et a aussi décidé de punir le régime en incitant la Turquie à ne plus payer ses factures en dollar. Washington a aussi annoncé des sanctions à l’encontre de l’Etat insulaire de Tuvalu (ancienne Ellice Island), faisant partie de la couronne britannique, pour avoir permis à 22 des 85 pétroliers iraniens d’appareiller sous son drapeau. Washington a montré qu’il surveillait bien les mollahs et qu’il avait encore des moyens pour alourdir sa pression. La panique a augmenté en Iran. Le queue pour acheter du poulet se sont rallongés. Pour calmer la crise, Rafsandjani a alors répandu la rumeur qu’il était parvenu à un accord avec Washington sur la base d’un compromis accepté par le Guide. Les Larijani ont y vu une tentative contre leur pouvoir. Ils ont critiqué l’illégalité de son initiative. Le Guide devait rejeter ce compromis dans une grande déclaration face à des responsables, il n’a pas pu réunir cette assemblée, le cafouillage et le manque de troupes ont amplifié la panique interne. La demande de poulets a continué. Le régime n’est pas parvenu à approvisionner le marché. La pénurie subsistait.

Washington pouvait exploiter cette crise : il a publié la liste de tous les cargos pétroliers du régime pour montrer qu’il avait encore la possibilité de durcir le ton, mais qu’il lui laissait l’opportunité de capituler. Il a aussi évoqué de nouvelles sanctions directes avant de réaffirmer sa foi dans sa politique de sanctions et de dialogue. Le régime allait subir une guerre d’usure économique plus dure. Les Britanniques ont alors mis l’accent sur le savoir faire nucléaire militaire acquis par les mollahs en 2008, leur fournissant un moyen de provoquer une escalade pour obtenir une capitulation américaine. Washington a ignoré l’annonce britannique. Mais il a aussi décidé de le contrer durablement en faisant annoncer par un de ses experts, David Albright, que l’on pouvait « saboter les usines nucléaires du régime à distance avec des virus informatiques » : Washington insinua qu’il pouvait casser toutes les tentatives d’escalade en annonçant une attaque de virus. Il a ainsi montré qu’il avait trouvé toutes les excuses pour continuer sa guerre d’usure économique.

Cette semaine, le régime devait parvenir à calmer la pénurie ou parvenir à rassurer les siens (en montrant des policiers ou en parvenant à mettre en avant sa capacité à fermer Ormuz. Il n’y est pas parvenu. De plus, Washington a aussi joué la carte de l’intimidation en évoquant une frappe punitive. L’insuccès du régime et sa vulnérabilité à une attaque ont paniqué ses derniers compagnons. Il y a eu une nouvelle ruée vers l’or et la frénésie du stockage a gagné d’autres aliments de base comme le riz ! Le régime a tenté de rassurer ou d’intimider ses compagnons agités en parlant des ses exploits policiers, en évoquant de nombreuses pendaisons, en évoquant la poursuite des procès contre les hommes d’affaires pour les calmer et enfin, signe de rupture avec ses compagnons en instance de fuite, il a annoncé que bientôt les voyageurs n’auraient plus le droit d’emporter des devises avec eux-mêmes ce qui revient à interdire tout voyage... Il est ainsi entré en conflit avec ses derniers compagnons, il a amplifié la panique et la frénésie du stockage du poulet. Washington a accentué ses pressions pour malmener les mollahs et les amener à plier.

Par ailleurs, le dernier jour de la semaine, le vendredi 20 juillet, débutait le Ramadan. L’année dernière, les mosquées étaient restées plutôt vides et par ailleurs, le régime n’était pas parvenu à rassembler ses hauts responsables autour du Guide. Avec les ruptures subies cette année, il redoutait des boycotts plus importants révélant davantage son isolement, encourageant de nouvelles ruptures... Washington a encore augmenté sa pression.

Cette semaine, le régime n’est ainsi pas parvenu à régler ses problèmes et la situation lui échappait complètement, les crises ont perduré donnant un aspect crépusculaire à la situation. Les images de la semaine le montrent parfaitement.

On sait que par la suite, les Iraniens ont manifesté dans les rues aux cris de « Mort à la république Islamique » et l’on n’a vu aucun Pasdaran ou Bassidjis donner l’assaut.

En raison de cette actualité ultra importante et censurée en Occident (notamment par France 24), nous avons décidé de rallonger le format habituel et présenter un numéro double de 2 semaines. Cela permettra aussi de combler le retard d’une semaine provoquée par la difficulté d’analyser les crises internes apparues en juin dernier au moment de la reprise du dialogue sous l’effet de la peur des présentes sanctions. En conséquence, voici donc les images de deux semaines de crises graves et de convulsions pour le régime agonisant des mollahs.

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3 - 24.01.2013
Iran : La semaine en images n°257

intro de base pour comprendre la situation,
mise à jour chaque semaine avec de nouveaux éléments après ce module [+].
Cette semaine, une nouvelle analyse inédite des événements de la semaine précédente.
En rouge : les éléments qui, cette semaine, ont été d’actualité.

Le signe § donne droit à des tiroirs d’infos.

Origines de la crise. En 1979, les mollahs, alliés historiques de Britanniques et exclus du jeu par la dynastie progressiste des Pahlavi, ont pu revenir dans l’arène politique quand les Américains ont décidé de renverser le Shah (coupable d’avoir créé l’OPEP) pour installer à sa place leurs pions « islamo-fédéralistes » de NEHZAT AZADI (Mouvement pour la Liberté) et sa branche armée, l’OMPI (pions tous issus du parti islamo-nationaliste de JEBHEH MELLI d’obédience britannique).

Ce projet appelé Ceinture Verte (en réf. à l’Islam) devait provoquer une vague islamiste déstabilisatrice en Asie Centrale, au Moyen-Orient et en Afrique, afin d’éliminer les zones d’influence des Soviétiques, mais aussi des Britanniques et permettre l’implantation des compagnies pétrolières américaines.

Les Britanniques se sont empressés de s’associer aux Américains pour inclure dans le jeu leurs pions iraniens à savoir les mollahs influents, les clans féodaux, les Bazaris et leurs nervis, les cadres du TOUDEH et de JEBHEH MELLI avec la ferme intention de les utiliser pour évincer les pions de Washington.

Ce coup d’Etat interne a été réalisé par Rafsandjani, le demi-frère et fondé de pouvoir de Khomeiny, par assassinat les pions de Washington, mais aussi par l’attaque contre l’ambassade américaine.

En échange de ce service inestimable, Rafsandjani a été autorisé d’écarter des mollahs plus hauts placés comme Montazeri ou encore Morteza Mottahari, (le beau-père et protecteur d’Ali Larijani), l’idéologue de la doctrine de la Tutelle du clergé sur le pouvoir.

En écartant tous les rivaux, Rafsandjani a pu pour accéder à tous les postes clefs notamment le ministère de l’intérieur, les services secrets des Pasdaran ou encore le ministère de guerre. Il est devenu le patron non officiel du régime et de tous les bons business (pétrole, automobile, alimentation).

En réponse au coup anti-américain des mollahs, Washington a alors commencé à sanctionner leur régime pour provoquer des pénuries et un risque de soulèvement pour forcer ses dirigeants (Rafsandjani et ses complices) à accepter un apaisement, puis la normalisation des relations pour qu’il puisse revenir en Iran avec ses pions et reprendre le pouvoir via des élections libres (ou une révolution de couleur).

Rafsandjani et ses complices se sont alors lancés dans des actions terroristes anti-américaines et ont aussi tissé des liens économiques forts avec les Etats Européens pour acheter leur protection diplomatique.

Ce choix diplomatiquement clientéliste, mais aussi les larcins des mollahs et la guerre contre Saddam ont rapidement ruiné le pays. Les ouvriers ont perdu leurs emplois, les Bazaris qui vivaient de la vente des produits nationaux ont été ruinés. La devise iranienne qui est proche du Franc a commencé à chuter vertigineusement. Beaucoup de jeunes Pasdaran contactaient Reza Pahlavi pour exprimer leurs regrets de tout ce qui avait été perdu par leur faute. La révolution islamique a très vite perdu ses enfants et très vite, le régime s’est retrouvé en danger.

Mais ce régime (divisé au sommet, ruiné et contesté à la base) n’est pas tombé car Washington n’a jamais aidé les opposants, le peuple et les dissidents de peur que le système islamique nécessaire à ses projets régionaux ne disparaisse. Depuis Washington a souvent laissé ses partenaires stratégiques contourner ses sanctions quand il estimait que ces sanctions pouvaient entraîner la chute du régime islamique.

En agissant ainsi, Washington a rallongé l’agonie du régime et a amplifié la dissidence ou encore les querelles internes entre Rafsandjani et tous ceux (comme les frères Larijani) qu’il avait écarté du pouvoir.

En 1989, Rafsandjani s’est senti en danger car son demi-frère et protecteur Khomeiny était mourant. Il a alors trafiqué le testament de Khomeiny, doublant les 86 ayatollahs du Conseil des Experts de la Tutelle, chargés du choix du successeur, afin de désigner son ami Khamenei comme le grand Tuteur islamique du régime. Khamenei a été un parfait pion car dès son arrivée au pouvoir suprême, il a modifié la constitution pour donner ses pleins pouvoirs politiques au Conseil de Discernement de l’Intérêt du Régime (CDIR), créé par Rafsandjani. Cet organe est ainsi devenu un gouvernement plénipotentiaire et permanent du régime et son patron Rafsandjani est devenu officiellement le patron politique du régime.

Ce véritable coup d’Etat a été possible grâce à la complicité du président du Conseil constitutionnel, Jannati, et le 1er ministre de l’époque, Moussavi (cousin de Khamenei). Ces deux là ont été récompensés chacun par un siège permanent au sein du Conseil de Discernement, gouvernement plénipotentiaire et permanent du régime. Ce système a toujours eu un point faible : un changement du Guide sous l’instigation du Conseil (collégial) des Experts de la Tutelle. Rafsandjani s’est empressé de prendre la direction de ce Conseil pour contrôler ses 86 membres privés par lui d’accès à toutes les bonnes business du régime.

Mais l’incapacité de Rafsandjani à mettre fin aux sanctions et surtout l’adoption des premières sanctions pétrolières pour des attentats qu’il avait ordonnés pouvaient pousser ses adversaires à l’éliminer pour avoir la paix. Pour ne pas sauter, Rafsandjani a agi sur deux plans : il a divisé ses rivaux en achetant la loyauté des Larijani (qui avait le plus grand réseau après lui) en leur offrant des postes clefs et un siège au Conseil de Discernement. Rafsandjani a aussi mis en scène un simulacre d’ouverture animé Khatami et de (faux) opposants issus de la milice islamiste des universités et de vieux militants bon teints du parti pro-britannique de JEBHEH MELLI pour engager Washington dans la coopération afin de l’éloigner des sanctions.

Washington s’est fâché et a évoqué la "menace nucléaire et balistique des mollahs" pour durcir ses sanctions.

Le régime aurait pu mettre fin au risque de nouvelles sanctions car il n’a jamais eu le moindre missile capable de menacer ses voisins, ni même le savoir faire pour finir la centrale nucléaire civile de Bouchehr, laissée inachevée après la révolution. Mais le régime et Rafsandjani en personne n’ont cessé de lancer des slogans anxiogènes sur sa capacité de devenir une puissance nucléaire en très peu de temps. Il espérait faire peur à Washington et le contraindre à capituler sur toute la ligne.

Mais cette attitude a seulement permis à Washington d’annoncer plus de sanctions et même éventuellement des frappes militaires. Rafsandjani a paniqué, il a repris les négociations en oubliant ses interminables manoeuvres dilatoires pour accepter l’Accord de Paris sur le gel des activités nucléaires : engageant de facto le régime sur la voie de l’apaisement tant attendu par Washington.

Critiqué pour avoir renoncé à l’arme des menaces, garante de l’intégrité du régime, il devait faire marche arrière pour ne pas sauter. Il a remis en cause l’Accord de Paris en remplaçant l’« officiellement modéré Khatami » par l’officiellement non modéré Ahmadinejad pour tenter de faire reculer Washington avec toutes sortes de menaces. Il a aussi offert la direction des négociations nucléaires à Ali Larijani, adepte d’une politique de fermeture. Il calmait ainsi un rival en l’intégrant dans son jeu.

Mais Washington a utilisé la fermeture de Larijani et les menaces d’Ahmadinejad pour renforcer ses pressions. En 2007, il a réussi à impliquer le Conseil de Sécurité de l’ONU pour faire cautionner ses futures sanctions. En 2008, il a ainsi adopté les premières sanctions bancaires réduisant les revenus en devises du régime. On a assisté à d’importants boycotts des manifestations officielles par les de Pasdaran de base, les Bazaris ou des mollahs de base. Les dissidents prenaient leur distance. Pour la première fois, le régime et ses dirigeants étaient en danger. Pour limiter le risque d’une pénurie déstabilisatrice comme le souhaite Washington, la caste dirigeante du Conseil de Discernement a décidé de supprimer les Prix subventionnés pour brider la consommation pour ménager les stocks du régime et aussi pour habituer les Iraniens à vivre de très peu et diminuer ainsi le risque de soulèvement provoqué par la faim. Mais par peur d’une émeute générale, le régime a d’abord gelé les salaires de ses employés les mieux payés, les agents sécuritaires, ces derniers ont été très déçus et ont aussi pris leur distance avec le régime.

Avec cette rupture, le régime était menacé en cas d’un soulèvement. Rafsandjani a songé à la nécessité d’une éventuelle négociation avec Washington pour pouvoir quitter le pays avant la chute du régime : il a alors exclu son rival Ali Larijani du poste clef de négociateur nucléaire lui donnant accès au dialogue direct avec les Américains !

Mais pour ne pas l’avoir contre lui, il lui a attribué une victoire électorale pour lui donner la direction de la majorité législative : un titre et une tribune plus qu’un vrai pouvoir car le Parlement n’a aucun rôle décisionnaire, il suit les directives du Conseil de Discernement.

Ali Larijani a alors révélé via la presse la corruption du clan Rafsandjani, de ses alliés, mais aussi de certains membres du Conseil de Experts afin de les éliminer tous et devenir celui qui négocie la fin du régime pour bénéficier des mêmes garanties. Rafsandjani et ses alliés se sont ligués pour éliminer son principal lieutenant Ali Kordan afin de le discréditer et limiter son action. Larijani a dû battre en retraite pour ne pas tomber en même temps.

En juin 2009, Rafsandjani qui restait menacé par les sanctions, par le risque de pénuries et d’émeutes, par la dissidence interne ou encore par les dossiers d’Ali Larijani, a tenté de sauver le régime et surtout sa peau avec une fausse révolution de couleur nommée le Mouvement VERT sous la direction du très anti-américain Moussavi ! Mais le peuple a agi avec bon sens, il n’est pas tombé dans le panneau et a profité de l’occasion pour crier sa haine du régime. Les Pasdaran ne sont guère intervenus pour réprimer cette contre-révolution. Le régime a failli tomber, mais il a été sauvé grâce à Obama et les alliés de Washington qui ont refusé toute aide à cette contre-révolution.

Rafsandjani, affaibli par l’échec monumental de son plan, pouvait enfin être démis de ses fonctions : il a cédé la direction du pouvoir judiciaire à Sadegh Larijani, le frère cadet d’Ali Larijani pour diviser ses rivaux et avant que les Larijani puissent virer ses pions comme le procureur Ejéi, il a tenté de relancer sa nouvelle fausse opposition avec de nouveaux slogans plus patriotiques et de nouveaux animateurs dont ses propres enfants Mehdi et Faezeh (initialement connus pour leurs corruption) !. Mais le peuple n’a jamais été trompé, il a sans cesse boycotté le Mouvement Vert.

In fine, en juin 2010, au bout d’un an d’insuccès, Rafsandjani a été désavoué par les gros bonnets du régime (écartés du pouvoir) : Rafsandjani a tout d’un coup disparu et Larijani a commencé à s’occuper des activités qu’il menait au sein du Conseil de Discernement. Mais les gros bonnets du régime n’ont pas osé officialiser Larijani par peur qu’il ne les élimine facilement avec ses dossiers compromettants. Larijani n’a donc pas pu virer les pions de Rafsandjani pour nommer les siens et devenir le patron afin de bénéficier des meilleures garanties de sécurité en cas de la chute du régime. Rafsandjani a gardé son influence grâce au gouvernement formé par ses pions. De fait, en juin 2010, le régime est devenu bicéphale.

Ali Larijani devait écarter les ministres issus du clan Rafsandjani : il a commencé à parler de leur corruption et à multiplier les procès à leur encontre pour les renverser afin de s’asseoir à la table des négociations et obtenir sa part de garanties de sécurité. Rafsandjani a alors accéléré ses démarches pour parvenir à un accord avec Washington. En agissant ainsi, Rafsandjani et Larijani ont démontré qu’ils ne songeaient qu’à leurs intérêts personnels : ils ont déçu leurs derniers collaborateurs et ont encouragé les ruptures.

En mars 2011, le peuple a de nouveau manifesté à l’occasion de l’anniversaire de naissance Reza Shah Pahlavi, le fondateur de l’Iran moderne et laïque ; et encore une fois, les officiers des Pasdaran n’ont pas chargé. Ils se sont même montrés très amicaux avec les manifestants. Ils ont ainsi montré qu’ils souhaitaient aussi une contre-révolution.

Les derniers collaborateurs du régime, déçus par leurs chefs et paniqués par la rupture des Pasdaran, se sont mis à convertir leurs avoirs en OR ou en dollar pour pouvoir quitter le pays avant qu’ils soient sacrifiés par leurs chefs puis tués par le peuple. Le dollar n’a cessé d’augmenter malgré des baisses de prix imposées arbitrairement par la Banque Centrale Iranienne (BCI). Ces achats de dollars ont ruiné le régime et réduit ses chances de survie. Ali Larijani a accentué sa guerre pour le contrôle du siège éjectable, Rafsandjani a mis les bouchées doubles pour parvenir à un accord avec Washington. Les Chefs Pasdaran, largués par les jeunes officiers susceptibles de souffrir par ce marché ont lâché leur mentor historique Rafsandjani et se sont implicitement alignés sur Larijani.

En Juillet 2012, Washington est parvenu à forcer l’Europe à rompre ses relations protectrices avec le régime pour agiter Rafsandjani, Larijani et les candidats à la fuite.. Le régime a menacé de fermer le détroit d’Ormuz, mais n’a pu tenir cette promesse : ses partenaires ont été convaincus qu’il avait toujours bluffé : ils se sont précipités pour acheter des dollars. Le régime, en manque de divises, n’a pas approvisionné le marché. Les gens du régime ont conclu à une faillite de la BCI. Ils se sont mis à stocker des aliments. Le pays a été confronté à une importante pénurie alimentaire. Le peuple excédé a manifesté contre le régime avec le slogan de Mort à la république islamique.

Les deux dirigeants se sont réunis pour combattre la ruée vers l’or et le dollar qui vidait leurs réserves de capitaux. Ils ont à plusieurs reprises incendié le Bazar pour vider le marché. Ils ont aussi ponctionné les comptes bancaires des gens pour compenser leurs pertes. Ils ont également accusé les acheteurs de blanchiment d’argent pour les menacer d’expropriation et de pendaison. Puis ils ont bloqué les comptes en devises. Enfin, ils ont fermé tous les agents de change privés, le réseau de transfert interbancaire et enfin ils ont multiplié par 3 le prix de billets d’avion pour limiter les voyages à l’étranger. Mais ils n’ont pas pu contraindre leur partenaires paniqués à renoncer à leur envie de fuir, ils ont au contraire encouragé les ruptures et la fuite.

Les deux dirigeants ont également sans cesse promis des actions de répression et des manoeuvres militaires ou paramilitaires pour rassurer leurs collaborateurs sur leurs capacités ou pour les intimider, mais ils n’ont jamais pu montrer les renforts promis : il est devenu de plus en plus évident qu’ils n’avaient plus aucun appui au sein des forces armées et du peuple.

En seulement 3 mois (Juillet-Août-Septembre), il est devenu clair que le régime était fichu. Rafsandjani a alors multiplié les efforts pour contacter Washington. Larijani a alors accusé Rafsandjani de corruptions. Les Chefs Pasdaran ont surenchéri pour le contraindre à abandonné la partie. Rafsandjani a fait revenir ses enfants (Mehdi et Faezeh) et les a laissés comme gages entre les mains du pouvoir judiciaire des Larijani pour les rassurer que son pion Ahmadinejad attendu à NY à l’occasion de l’AG de l’ONU ne négocierait pas avec les Américains. Mais il a sacrifié ses enfants en proposant via Ahmadinejad une ouverture à Washington. Une forte panique interne et une forte réaction négative de Londres ont contraint Rafsandjani à renoncer.

Fin octobre, Washington a tenté un deal avec Rafsandjani en demandant à l’Argentine de suspendre les accusations contre Rafsandjani dans l’attentat d’Amia. Larijani était pris par surprise. Les Chefs Pasdaran, qui peuvent hériter de la responsabilité de l’attentat d’Amia, ont alors enchaîné les menaces contre Washington pour bloquer le deal et les marchandages à venir. Le régime est passé de 2 clans à 3 clans.

Les Chefs Pasdaran ont d’abord tenté de former un clan à part entière avec le ayatollahs écartés par Rafsandjani avant de s’approcher de Larijani. Washington n’a pas daigné dialoguer avec Larijani après cette coalition, il a préféré garder Rafsandjani comme interlocuteur. Washington a ainsi prouvé qu’il ne visait pas une entente, mais entendait utiliser les faiblesses de Rafsandjani pour le forcer à céder à ses attentes. Vue la vulnérabilité de Rafsandjani, il ne pouvait que céder à Washington, c’est-à-dire ouvrir les portes de la forteresse en échange de quelques garanties de sécurité pour lui même. La panique a gagné les subalternes qui redoutent la vengeance des pions de Washington.

Cette situation pouvait engendrer une rupture massive et une adhésion soudaine et massive à la contre-révolution. Larijani et Rafsandjani, en phase d’être éliminés se sont rapprochés et ils ont uni leur force pour inventer la figure de Sattar Beheshti, (faux) opposant interne "mort sous la torture" afin de pouvoir infiltrer les autres faux opposants dans la contestation et contenir tout risque de débordement contre-révolutionnaire.

Mais le peuple n’a pas donné de crédit à cette option pro-régime et les collaborateurs de base ont jugé très risqué de miser sur la recette ratée du Mouvement Vert. Sans ce joker, le régime était perdu. Rafsandjani a accusé les Pasdaran et les frères Larijani du meurtre de l’opposant factice Sattar Beheshti pour entraîner leur chute et éliminer leurs menaces !

Larijani a alors accentué ses accusations contre les ministres (issus du clan Rafsandjani) pour retirer le vote de confiance du Parlement au gouvernement et entraîner sa chute. Rafsandjani a neutralisé ce projet par une intervention de son super pion, le Guide. Puis, il a pris une décision incroyable : il a demandé à ses faux opposants de crier "Mort à la Révolution Islamique" pour s’approcher de l’opposition avec une solution de réconciliation nationale de type Khmers rouges pour avoir la vie sauve (en se disant qu’avec ce choix il pouvait garantir les intérêts pétroliers de nombreux pays comme la Grande-Bretagne et ainsi protéger ses avoirs financiers dans ces pays.

Ce revirement pragmatique n’a provoqué aucune agitation : les derniers collaborateurs du régime y trouvaient leur compte, mais pas Ali Larijani car ses frères ont piloté les répressions du grand soulèvement de l’été 2009. Ali Larijani a encore reparlé de la révocation du président. Les Pasdaran qui avaient d’abord bien accueilli la proposition pragmatique d’une réconciliation nationale ont aussi renouvelé leurs menaces anti-américaines pour s’approcher de Larijani au cas où il emporterait la partie. Par ailleurs, le commandant en chef des Pasdaran et les Chefs Pasdaran des forces de l’ordre (Police, Bassidj...) dont les noms sont associés à la répression se sont carrément alignés dans une opposition farouche à ce changement de régime qui pourraient les conduire à la potence.

Les motivations différentes à l’intérieur des Pasdaran ont divisé ce nouveau clan apparu sur la scène politique. Le régime est devenu un archipel de mini-clans divisés, aux intérêts opposées. Tous ces mini-clans étant tous dépourvus de militants actifs, aucun n’a pu s’imposer aux deux autres. Tous ont quand même essayé de mobiliser les membres de leurs clans ou des subalternes pour avoir le dessus. Dans ce jeu, Rafsandjani qui a le plus grand réseau, a gagné la première manche en étalant ses pions des services secrets. Larijani a alors menacé Rafsandjani de traîner son fils Mehdi devant la justice pour corruption et trahison (ce qui revient à l’accuser indirectement). Les Chefs Pasdaran ont annoncé des manœuvres dans le détroit d’Ormuz pour montrer qu’ils pouvaient bloquer tous les dialogues à venir afin que l’on ne les oublient pas dans les marchandages qui paraissent imminents au vue de la situation désastreuse du régime.

Cette agitation des dirigeants pour la préservation de leurs intérêts a de nouveaux paniqué leurs collaborateurs de base, ils ont repris leur achats du dollar, avant de s’orienter vers l’or quand le dollar a manqué ! Le régime a seulement censuré les infos économiques pour cacher la panique de sa base puis il a relâché Tabarzadi, le faux opposant vétéran de l’ère Khatami pour qu’il puisse s’incruster dans le soulèvement qu’il redoute.

Au cours de deux dernières semaines, le régime devait célébrer la journée de soutien à sa doctrine et organiser des prières collectives en mémoire des grandes figures d’Islam et du Chiisme. Tous ses évènements ont été boycottés à 100% par le peuple et les derniers serviteurs du régime. La panique et l’envie de fuite des subalternes a refait surface. Les Larijani en charge du pouvoir judiciaire ont évoqué des arrestations de revendeurs d’or et de dollars au lieu de s’en prendre aux acheteurs. Ils ont ainsi admis qu’ils avaient peur de pousser à bout les collaborateurs paniqués et provoquer une rupture massive susceptible d’entraîner la chute de leur régime. Le pouvoir a aussi parlé d’une pollution mortelle pour fermer les lieux publics afin de vider tout lieux propices à l’émergence d’une agitation ! Ces choix laissaient entrevoir que le régime ne pouvait pas résorber la crise : il était condamné à perdre ses forces et à s’effondrer.

Enfin de la semaine dernière, la persistance de la crise de confiance et de panique des responsables subalternes a poussé tous les adversaires de Rafsandjani à oublier leurs réserves et d’attaquer sur les plans. Les Larijani et les Chefs Pasdaran ont accusé Ahmadinejad de vouloir provoqué une agitation par l’adoption de la seconde phase du plan de rigueur anti-sanctions afin de permettre l’émergence d’une agitation contre-révolutionnaire. Les Larijani ont accusé Rafsandjani de promouvoir un changement de régime en se prononçant en faveur d’élections libres. Ali Rezaï ex-patron des Pasdaran, longtemps allié de Rafsandjani, mais qui a récemment rompu avec lui a publié un article l’accusant implicitement d’avoir détourné des fonds pour les sortir du pays puis les Larijani et le Chef des forces de l’ordre ont aussi annoncé la création d’un nouvel organe de répression de corruption pour court-circuiter ses réseaux de protection interne. Ils ont aussi accusé ses amis, les responsables des services secrets, d’être les agents actifs de la corruption.

Washington avait fait libérer des otages du régime détenus par des forces soi-disant libres de la Syrie et avait offert un dialogue directe à Salehi, le ministre des affaires étrangères du régime (issu du clan Rafsandjani). Ce dernier n’avait pas donné de suite, mais avait utilisé le contact pour se présenter comme incontournable. Un grand centre commercial de Rafsandjani avait alors brûlé et les Larijani avaient alors annoncé la mise en accusation de son fils Mehdi ouvrant la voie à un procès qui pourrait l’accuser et le couler. Rafsandjani était resté sans voix ! Il était paru comme fini. Son ex-allié Asgar-Owladi avait tenté de lui voler certains de ses pions comme Moussavi, Karroubi et Hassan Khomeiny, Rafsandjani avait aussi constaté la fuite d’Ahmadinejad et aussi la rupture de son grand allié historique, Mesbah Yazdi !

Ainsi, en fin de la semaine dernière, Rafsandjani a été déstabilisé par une coalition formée des Larijani, des Chefs Pasdaran, ainsi que la partie Motalefeh, jadis représentant le Bazar. Mais les Chefs Pasdaran, les maillons forts de cette chaîne, n’avait pas pu organiser un grand rassemblement en leur faveur pour légitimer leur pouvoir. Ils avaient alors tenté de redresser leur image en annonçant un grand rassemblement pour rendre hommage à Mahomet et à Hassan, le 2nd Emam chiite dont on devait pleurer la mort à ce moment. Après un nouvel échec, Jannati chargé ce jour de la prière de vendredi avait injurié Rafsandjani avant d’annoncer une grande manifestation pour convaincre les Chefs Pasdaran de le considérer comme un ami utile ! Cette demande avait également échoué.

Cette semaine, le régime devait débuter par des prières collectives en mémoire d’Emam Reza mort (empoisonné) en martyr (en fait, mort d’une indigestion de raisin). La mobilisation a été nulle. Ce boycott a rappelé l’isolement et la vulnérabilité du régime. Ses médias ont sans cesse diffusé de images d’archives pour nier cet l’isolement et vulnérabilité. Par ailleurs, Rafsandjani a enfin riposté. Larijani a répliqué par l’annonce du démarrage prochain du procès de Mehdi !

Washington qui ne veut la chute du régime islamique s’est empressé d’envoyer des négociateurs en Iran en espérant que la perspective du chute entraînerait les mollahs à négocier voire même à accepter un apaisement, mais Rafsandjani qui contrôle les organes de négociations n’a pas donné de suite car il n’y croit plus et ses adversaires qui ne contrôlent rien et ne gagnent rien n’ont également montré aucun intérêt à ces négociations. Mais se doutant tous que Washington accentuerait ses sanctions, ils ont multiplié les diversions pour occuper l’opinion et retarder une nouvelle panique. Ils ont aussi multiplié les mensonges et les slogans pour minimiser ou nier leur vulnérabilité sur tous les plans. L’archipel des mini-clans divisés des mollahs a vécu une semaine difficile. Voici la chronique d’une semaine de peur et de ruses pour éviter une nouvelle crise sans nul doute fatale.


3 - 05.11.2012
Iran : La semaine en images n°246

intro de base pour comprendre la situation,
mise à jour chaque semaine :
avec une nouvelle analyse inédite des événements de la semaine précédente.
En rouge : les éléments qui, cette semaine, ont été d’actualité.

Origines de la crise. Il y a 33 ans, en 1979, les mollahs, alliés historiques de Britanniques et exclus du jeu par la dynastie progressiste des Pahlavi, ont pu revenir dans l’arène politique quand les Américains ont décidé de renverser le Shah (coupable entre autre d’avoir modernise le pays, stabiliser la région et aussi d’avoir créer l’OPEP) avec l’intention d’installer à sa place leurs islamistes (dont l’OMPI) pour déstabiliser la région et la remodeler selon leurs intérêts pétroliers. Le projet appelé Arc de Crise devait faire de l’Iran un foyer d’agitation islamiste pour soulever l’Asie Centrale contre la Russie et la faire basculer dans le camps américain permettant à Washington de devenir la première puissance pétrolière au monde. Cela allait mettre fin à 100 ans de domination du marché pétrolier par les Britanniques : les mollahs pro-britanniques ont participé au projet pour évincer les pions de Washington, dévoyer le projet et aussi accaparer le pouvoir. Ce coup d’état interne a été réalisé par Rafsandjani, le demi-frère et fondé de pouvoir de Khomeiny en assassinant les pions religieux de Washington et surtout en coupant le cordon ombilical entre Washington et la révolution islamique par l’attaque des étudiants islamiques contre l’ambassade américaine et la prise en otage des diplomates américains . En échange, de ces services et cette Seconde révolution islamique, Rafsandjani a été autorisé à écarter des mollahs plus hauts placés comme Mottahari (le protecteur des Larijani) pour accéder à tous les postes clefs comme le ministère de l’intérieur, les services secrets des Pasdaran ou encore le ministère de guerre qui ont fait de lui le patron non officiel du régime et de tous les bons business (pétrole, automobile, le secteur alimentaire). Avec quelques autres mollahs ambitieux et le soutien tacite des Britanniques, Rafsandjani a aussi verrouillé le système en diabolisant les Etats-Unis et en attaquant ses intérêts et ses alliés régionaux pour ne laisser aucune chance de retour aux pions américains.

L’Etat américain a alors commencé à sanctionner les mollahs pour provoquer des pénuries et un risque de soulèvement pour forcer Rafsandjani et ses complices à cesser leur diabolisation, d’accepter un apaisement, puis la normalisation des relations pour qu’il puisse revenir en Iran avec ses pions et reprendre le pouvoir via une révolution de couleur.

Rafsandjani et ses complices ont alors accentué les actions terroristes contre les intérêts américains et ont décidé de sacrifier la production nationale pour importer tout d’Europe afin d’acheter la protection diplomatique des Européens. Cela et la guerre contre Saddam ont rapidement ruiné le pays et sa force de production : les ouvriers ont perdu leurs emplois, les Bazaris qui vivaient de la vente des produits nationaux ont été ruinés. Le pays était aussi en guerre. Beaucoup de jeunes Pasdaran contactaient Reza Pahlavi pour exprimer leurs regrets de tout ce qui avait été perdu par leur faute. La révolution islamique a très vite perdu ses enfants et très vite, le régime s’est retrouvé en danger. Mais il n’est pas tombé car Washington n’a jamais aidé les opposants, le peuple et les dissidents de peur que le modèle islamique nécessaire à ses projets régionaux ne disparaisse.

Par ailleurs non seulement Washington n’a jamais aidé les opposants, mais encore, il a souvent laissé un grand nombre de ses partenaires stratégiques contourner ses sanctions pour adoucir leur effet quand il estimait qu’elles pouvaient dépasser leur objectif et entraîner la chute du régime islamique qu’il veut récupérer.

Mais en agissant ainsi, Washington a rallongé l’agonie du régime et a amplifié l’opposition et la dissidence, ce qui a affaibli la position de Rafsandjani, le patron de facto du régime, parmi ses adversaires internes. Pour se maintenir, Rafsandjani a toujours cherché à étendre son pouvoir. En, 1989, à la mort de Khomeiny, il a trafiqué son testament pour officialiser sa mainmise sur le régime et a obtenu les pleins pouvoir à la tête d’un organe nommé le Conseil de Discernement, mais la poursuite des sanctions, le visant personnellement (comme le mandat d’arrêt pour l’attentat de l’Amia) et son incapacité à les neutraliser l’ont amené à partager le pouvoir avec des adversaires (comme les frères Larijani) pour acheter leur loyauté.

Rafsandjani a alors tenté un faux apaisement via Khatami, un ex-responsable d’assassinats des opposants exilés, mais il n’a pas pu amadouer Washington. Il l’a alors remplacé par un autre ex-responsable des services secrets nommé Ahmadinejad et l’a entouré des pires racailles des services secrets (comme Mottaki, Najjar, Vahidi) pour tenter de faire reculer Washington avec toute sorte de menaces. Mais Washington a utilisé ces menaces pour renforcer ses sanctions !

Mais en 2007 quand Washington a impliqué le Conseil de Sécurité de l’ONU pour généraliser les sanctions et s’est mis à évoquer très régulièrement la possibilité de frappes militaires, la dissidence interne s’est amplifiée : on a assisté à d’importants boycotts des manifestations officielles par les de Pasdaran de base, les Bazaris ou des mollahs de base. Rafsandjani a compris que le régime était lâché par ses serviteurs. Le régime était menacé d’effondrement. Rafsandjani devait songer à une éventuelle négociation avec Washington pour pouvoir quitter le pays avant la chute du régime : il a alors exclu Ali Larijani du poste clef de négociateur nucléaire lui donnant accès au dialogue avec les Américains pour prendre en main ce poste. Larijani ne s’écartait pas : Rafsandjani devait lui donner un poste clef. Via a les élections factices du régime, il lui a offert la direction de la majorité législative (la chefferie du Parlement) : un titre et une tribune plus qu’un vrai pouvoir car le Parlement n’a aucun rôle décisionnaire dans le système actuel. Ali Larijani a alors révélé par l’intermédiaire de l’un de ses pions la corruption de Rafsandjani et de ses alliés afin de les éliminer du jeu et devenir celui qui négocie la fin du régime pour bénéficier des mêmes garanties.

Rafsandjani s’est vu menacé par les sanctions, les menaces américaines, la dissidence interne et les dossiers d’Ali Larijani : en juin 2009, il a tenté de sauver sa situation avec le Mouvement Vert, une fausse révolution de couleur, partisane de la ligne de Khomeiny, menée par ses ex-amis (les étudiants islamiques preneurs d’otages de l’ambassade américaine pour donner une nouvelle légitimité à son clan. Mais le peuple a profité de l’occasion pour crier sa haine du régime et les Pasdaran ne sont guère intervenus pour réprimer cette contre-révolution. Rafsandjani a dû offrir le Pouvoir Judiciaire à Sadegh Larijani, le frère cadet d’Ali Larijani, pour acheter leur loyauté afin de poursuivre ses plans. Rafsandjani offrait plus de pouvoir à ses ennemis, mais avec un risque limité car le procureur Ejéi, maître des accusations, était un de ses pions et par ailleurs, l’inspection générale interne était dirigée par son pion Pour-Mohammadi. Il devait cependant faire vite avant que les Larijani nomment leurs pions. Rafsandjani a alors tenté de duper le peuple avec de nouveaux slogans moins mièvres et en faisant passer d’ex-agents secrets enrôlés dans le ministères des affaires étrangères, mais aussi ses enfants Mehdi et Faezeh pour des opposants. Mais après un an d’échecs, il a dû s’éclipser laissant officieusement ses pouvoirs à Ali Larijani. On peut dire que Rafsandjani a perdu le soutien de ses pairs et qu’il a été débarqué du pouvoir par eux et Larijani qui avait des dossiers contre tout le monde a pu obtenir sa place du chef occulte du régime. Mais ses gens n’ont pas osé officialiser la passation du pouvoir car il avait peur de Larijani et de ses dossiers compromettants. De fait, il n’y a pas eu d’épuration interne, Rafsandjani est resté influant car il gardait des pions au pouvoir en particulier Ahmadinejad et ses ministres, tous issus des services secrets des Pasdaran qu’il avait jadis dirigés. Ainsi, en juin 2010, le pouvoir est devenu bicéphale, complètement divisé.

Larijani a alors commencé à mettre en place des procès contre les enfants de Rafsandjani pour l’atteindre moralement et des procès contre Ahmadinejad et ses ministres chargés des négociations pour démanteler son équipe afin de permettre à son propre équipe de prendre la place. Cette entreprise de sape a reçu le soutien tacite de tous ceux qui étaient exclus du pouvoir et des bons business par Rafsandjani.

En mars 2011, la fête du Feu, une grande fête persane interdite par le régime depuis toujours, coïncidait avec l’anniversaire de Reza Shah, le fondateur d’Iran laïque. Le régime a menacé le peuple des pires répressions s’il bougeait. Le peuple a passé outre ces menaces montrant son rejet de l’Islam et son souhait d’une contre-révolution. Les Pasdaran ont laissé faire, affichant ainsi leur soutien à la contre-révolution. Cette action exemplaire a réduit le régime à ses 200 dirigeants, près de 15,000 responsables régionaux, 800 hommes d’affaires et 6000 nervis.

Le Régime a tenté de rétablir l’ordre en cessant de payer les Pasdaran, en assassinant des meneurs d’hommes ou en incendiant le Bazar à plusieurs reprises sans parvenir à soumettre les dissidents qui étaient à l’origine de ses malheurs.

Le Régime était fragilisé, il pouvait chuter dans le sang et ses dirigeants devaient songer à accepter l’offre de Washington pour céder le pouvoir afin d’échapper à une fin terrible. Les cadres et les hommes d’affaires du régime qui allaient être sacrifiés dans le deal ont paniqué : les cadres du régime ont commencé à rompre et les hommes d’affaires du régime ont commencé à brader leurs biens pour acheter de l’or et des dollars afin de quitter le pays avant la débandade de leur dirigeants. La demande du dollar a fait augmenter le prix de la devise américaine sur le marché libre. Le taux du dollar est devenu l’indicateur de la chute de la confiance des derniers compagnons du Régime en leur avenir.

Ces ruptures et ces retraits de devises ont affaibli davantage le Régime. Larijani a alors accentué ses efforts pour écarter au plus vite Rafsandjani afin de contrôler le jeu des marchandages avec Washington. Il a ainsi admis la vulnérabilité du Régime, ce qui a créé une nouvelle source d’agitation interne.

En juillet 2012, Washington a imposé aux Européens de cesser leurs relations protectrices pour amener Larijani à accélérer sa guerre contre Rafsandjani afin de provoquer de nouvelles fracture au sein du régime.. il y a de nouvelles ruptures (les députés, puis les juges). Les Chinois ont estimé que le régime était fichu : prudemment, ils ont annoncé la diminution leurs investissements, puis ont suspendu leurs achats pétroliers. La peur de la banqueroute économique et de pénuries a envahi tout le monde provoquant une nouvelle grande ruée vers le dollar, mais aussi une ruée vers les produits alimentaires. Le pays tout entier a basculé dans la révolte avec une grande manifestation contre le Régime à Neyshabur, puis des appels à la grève générale au Bazar et plusieurs attaques contre la police des moeurs, dernière milice encore fidèle au Régime… Les Pasdaran ne sont pas intervenus, confirmant ainsi leur adhésion à la contre-révolution.

Le Régime a fait appel à ses 6000 nervis de base pour rassurer ses derniers compagnons. Mais il n’a pu mobiliser que 250 individus qui au fil du temps n’osent même plus sortir dans la rue et soutiennent le régime en se réunissant uniquement sur des sites sécurisés. De nouveaux boycotts internes de grands événements politiques, militaires et religieux ont alors confirmé la rupture des millions de Pasdaran, mais aussi des Bazaris ou encore les 80,000 mollahs de base ! Les associés du régime ont alors repris leurs achats de dollars pour quitter le pays au plus vite.

Rafsandjani a aussi paniqué : il a donné des signes de vouloir négocier rapidement avec Washington. Larijani a renforcé les accusations contre ses plus proches lieutenants (nommés à des postes clefs pour le protéger contre toute action judiciaire). Mais il n’a pas réussi à le calmer. Les commandants des Pasdaran (qui sont en place grâce à lui mais pourraient être sacrifiés dans le deal à venir) ont rejoint le concert des accusations. Rafsandjani a senti qu’il devait saisir toutes les occasions. Le voyage d’Ahmadinejad à NY pour l’Assemblée Générale de l’ONU était une occasion en or. Larijani a fait mine de vouloir l’arrêter. Les Pasdaran ont formulé d’autres accusations de corruption pour le dissuader de sceller une entente en échange de quelques garanties pour lui-même. Afin de les rassurer sur sa loyauté et laisser son pion partir à N-Y, Rafsandjani a rapatrié ses enfants Mehdi et Faezeh, laissant les Larijani les arrêter : il les a mis en gage. Mais contre toute attente, dès son arrivée à NY, son pion Ahmdinejad s’est montré très charmant avec les Américains en leur proposant lors d’une interview télévisée la possibilité d’une normalisation des relations bilatérales ! Rafsandjani avait sacrifié ses enfants. Il devait estimer que le régime était fichu. La panique a de nouveau gagné tous les derniers compagnons du Régime : on a assisté à une folle ruée vers le dollar : en quelques heures, le dollar est remonté de 70% dépassant les 4000 Tomans.

Les Larijani ont placé Mehdi en isolement pour faire pression sur Rafsandjani. Rafsandjani a continué et il a ainsi déçu de nombreux proches par son cynisme. Ses amis ex-preneurs d’otages ou terroristes ont constaté qu’il pourrait facilement les sacrifier. Les Britanniques, alliés trahis, ont aussi demandé des sanctions supplémentaires pour intimider le Régime. Rafsandjani a dû reculer en faisant désavouer indirectement l’ouverture proposée par Ahmadinejad. Mais la panique a persisté car elle n’est pas seulement due à l’envie de fuite des dirigeants, mais à ce qui provoque cette envie, c’est-à-dire, la vulnérabilité du régime.. Le régime était de facto condamné. Rafsandjani devait continuer ses efforts pour assurer ses intérêts au-delà du régime. Pour cela, il avait besoin de tous alliés disponibles. Il a décidé de sauver son fils pour rassurer ses fils spirituels. Il a alors a chargé Ahmadinejad de visiter la prison Evine de Téhéran au prétexte d’un rapport sur l’état des prisons. Les Larijani ont refusé la demande et ont même utilisé ce refus pour malmener le clan Rafsandjani et mettre en valeur son déclin. Rafsandjani a lâché prise, mais il a vu qu’il devait conclure rapidement une entente avec Washington avant que les Larijani trouvent le moyen de le mettre hors service.

Dans la foulée (il y a un mois), le Régime devait organiser de nombreux manoeuvres et défilés pour la « Semaine des Forces de l’Ordre ». Craignant un nouveau boycott des Pasdaran, il redoutait une nouvelle panique ou un début d’exode de ses associés avec leurs fortunes reconverties en dollar. Ses dirigeants (des deux clans) ont cru judicieux de bloquer tous les comptes en devises. Cette mesure a encouragé ses compagnons à acheter davantage de devises, mais aussi de revenir à l’achat de pièces d’or. Le dollar et l’or ont atteint des sommets. Le régime a proféré des menaces à l’encontre des acheteurs qualifiés d’agitateurs financiers, mais en l’absence de troupes fidèles à ses côtés, il n’a pas pu les intimider. Il a alors incendié le Bazar pour forcer les revendeurs Bazaris d’arrêter les ventes. Bazar ! Les Bazaris, malmenés et ruinés par le régime depuis des années, ont baissé les grilles pour commencer une grève paralysante.

Sur les images de manifestations des Bazaris, on ne voyait aucun policier ou milicien fidèle au régime. Chacun a vu que le régime (et ses dirigeants) étaient dépassés et seuls. Ses compagnons ont aussi rompu les amarres et ont attaqué les banques pour libérer les devises bloqués sur leur compte. Le régime s’est ainsi retrouvé avec deux actions explosives susceptibles de précipiter sa chute. Il a tenté de contenir ces menaces en annonçant de grands rassemblements autour du Guide dans la région de Khorâssân du Nord, mais les Pasdaran de cette région ont boudé le Guide. Le régime a diffusé des images de foules, mais il y avait de nombreuses déformations visuelles et en plus, on n’y voyait aucun bain de foule. Il s’agissait d’images d’archives trafiquées. Personne n’a cru aux annonces de la popularité du régime. La crise de l’or et du dollar a persisté.

Il y a deux semaines, dans ce contexte particulièrement défavorable, l’Europe devait annoncer de nouvelles sanctions contre le régime. Le régime a menacé de pendre les agitateurs du marché du dollar. Mais malgré cette menace et la fermeture du Bazar, le dollar a augmenté encore de 30%. Le régime, encore une fois dépassé, a alors annoncé la tenue de trois jours de manœuvres époustouflantes au cœur même de Téhéran avec 15,000 combattants de sa nouvelle milice anti-émeute. Mais on n’a rien vu d’époustouflante, juste des images d’archives et une soixantaine de miliciens sous-équipés s’agitant à l’intérieur des casernes.

La tension interne est monté d’un cran car dans la foulée, le régime craignait le boycott de la fête de Sacrifice. Il a alors eu un malheur supplémentaire : 26 écolières, issues des familles fidèles au régime sont mort au retour d’une opération de propagande mettant en scène la popularité du régime. Le régime a eu peur de perdre le soutien de sa base des derniers fidèles. Il a cru bon de leur promettre un système de rationnement en cas de pénurie et il a aussi demandé à ses riches d’être plus solidaire : tout le monde a conclu qu’il était au bord de la faillite et de pénurie : il y a une ruée vers le stockage des principaux produits de grandes consommations en particulier d’essence que le pays a déjà rationné, les pompes ont été mis à sec et le pays a été confronté à une grosse pénurie d’essence. Le pays pouvait basculer dans l’agitation. Les Larijani devaient vite prendre le contrôle du régime et des négociations finales avec Washington pour pouvoir fuir en toute sécurité et avec leur fortune.

C’est pourquoi les frères Larijani et leurs pions ont reparlé de la demande de visiter les prisons, la qualifiant de manœuvres médiatiques pour cacher la responsabilité d’Ahmadinejad dans la crise économique actuelle avant d’évoquer le retrait du vote de confiance du Parlement. Cette guerre interne commencée par les Larijani pouvait encourager les ruptures internes à des échelons plus bas au moment du boycott très significatif de la fête de Sacrifice : les 200 autres petits clans représentés par le Conseil des Experts ont condamné l’initiative des Parlementaires. Puis, pour rassurer la base paniquée, la direction esseulée des Pasdaran a annoncé la tenue des plus grandes manœuvres de tous les temps dans les jours à venir à l’ouest du pays…

Après le mouchage sans chichi du clan Larijani, le clan Rafsandjani s’est senti protégé et s’est lancé dans des attaques contre ses adversaires. Par ce comportement, il a confirmé que la chute du régime était proche. Ce qui a découragé la base : même les 200 à 300 nervis de base ont boycotté la prière publique de la fête de Sacrifice. Par ailleurs, le nombre de responsables participant à la prière officielle est passé de 150 à 25 personnes.

Après ce boycott, les Larijani ont repris leurs efforts pour renverser Ahmadinejad. Les anciens et les Britanniques n’ont pas pu calmer la crise !

Mais cette semaine, le régime ultra affaibli, ultra divisé et ultra boycotté de toute part était face à une avalanche de défis insurmontables. Selon son programme officiel, il devait organiser une semaine de manifestations et rassemblements politiques, artistiques et paramilitaires pour rappeler l’engagement des jeunes écoliers en sa faveur de la milice Bassidj pour célébrer en début de la semaine suivante l’anniversaire de la prise d’ambassade américaine par les inspirateurs de cette milice, les étudiants islamiques. Par ailleurs, le régime devait montrer des belles images de la grande manoeuvre promise la semaine dernière. Enfin, en raison de concordance du calendrier islamique, le régime devait multiplier manifestations et rassemblements politiques, artistiques et paramilitaires pour en fin de cette semaine la fête chiite de Ghadir, la petite sœur de la fête de Sacrifice ! Tout pouvait dérailler.

Les dirigeants devaient trouver des compromis et être présents au premier rang pour éviter l’explosion de leurs dernières troupes. Or, ils ont peur de s’exposer ! Il y a un an, dans la même situation, le régime avait remplacé la « Semaine de Bassidj des Ecoliers » et ses manifestations à risques par une Exposition internationale d’agences de presse et des dizaines de conférences de presse très polémiques et offensives de ses divers responsables pour mettre en scène un régime solide et offensif.

Cette semaine, les dirigeants du régime devaient rejouer la même comédie pour limiter le nombre des manifestations et donc les risques d’être dévalorisé ou même sérieusement bousculé lors d’une confrontation avec une foule remuante. Cependant, il y avait des manifestations rituelles et incontournables dont l’hommage du 8 Abân (29 octobre) au Shahid (Martyr) Fahmideh, un jeune volontaire tué sur le front et montré en exemple de dévotion. La cérémonie doit donner le départ de la Semaine de Bassidj des Ecoliers. A cette occasion et d’autres rassemblements improvisés, on a constaté qu’ils étaient de plus en plus seuls. Ils ont alors oublié leurs fameuses manoeuvres. Washington a été alarmé. Pour montrer sa disponibilité à leur accorder des garanties de sécurité, il a demandé aux Argentins à trouver un compromis sur l’affaire Amia qui exposent les principaux dirigeants du régime à une poursuite pour le crime non prescriptible de terrorisme. Israël n’a rien critiqué car il n’est qu’un pion dans le jeu américain, mais par chance, ce dialogue indisposait les compagnons du régime et les mollahs eux-mêmes ont dû y mettre fin.

Dès lors, les dirigeants du régime ont jugé qu’il était préférable de changer de programme officiel pour dissimuler leur faiblesse afin de calmer les inquiétudes de leurs compagnons pour éviter de se retrouver en position de rater une incroyable garantie de sécurité ! Ghadir n’a pas eu lieu et à sa place, le régime a organisé avec 24 heures d’avance l’anniversaire de la prise de l’ambassade ! Aucun des grands ayatollahs n’a protesté ces manipulations utiles. Voici le récit et les images d’une semaine de manipulations, de boycotts et de frayeurs pour les mollahs et leurs derniers serviteurs désenchantés.


3 - 22.09.2005
22 Septembre 1980 : Début de la Guerre Iran-Irak

Aujourd’hui de nombreux soi-disant observateurs politiques insistent encore sur une haine presque raciale entre Iraniens (qu’ils nomment perses) et les Arabes. En 1975, l’Iran du Shah et l’Irak ont signé l’Accord d’Alger. Cet accord très ambitieux était le résultat de la suprématie militaire iranienne et inaugura une ère nouvelle entre les deux pays.


3 - 01.02.2009
Iran : La semaine en images n°50

Semaine de toutes les émotions en Iran : alors que le régime s’apprêtait à fêter le retour de Khomeiny en Iran à bord d’un avion d’Air France, l’Europe a radié les Moudjahiddines du Peuple de sa liste des groupes terroristes, provoquant une grosse colère à Téhéran. La semaine a été partagée entre évènements pro-Khomeiny et manifs anti Moudj.


3 - 14.10.2005
Le Pouvoir d’achat des Seniors !

En 1996, l’ex-patron d’Humanité, musulman converti, ami de Khamenei, Roger Garaudy publiait « Les mythes fondateurs de la politique israélienne » contenant des thèses négationnistes selon lesquelles la Shoah était un mythe créé pour permettre le financement et la construction de l’Etat d’Israël.




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