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Iran : Le rêve brisé de l’Accord d’Alger
27.12.2007

C’est en 1973 que l’OPEP créée par le Chah d’Iran en 1960 est devenue un acteur influent du marché pétrolier. Dès lors, tous ceux qui ont contribué à renforcer cette organisation sont devenus des hommes à abattre. Le Roi Fayçal d’Arabie a été tué à bout portant dans son bureau en 1975 et le Chah a été victime d’une révolution conçue à Washington. On lui reprochait entre autres d’avoir rénové l’Iran et cherché à faire de l’Iran un îlot de stabilité : les acquis du Chah d’Iran disparaissent les uns après les autres.



L’un de ces acquis a été l’Accord d’Alger conclu le 6 mars 1975 entre le Chah et le Vice-président irakien, Saddam Hussein sur le règlement de leurs différents frontaliers tant terrestres que fluviaux. Il prévoit la libre navigation sur Arvand Roud (Chatt-el Arab pour les irakiens) marquant une frontière naturelle entre l’Irak et l’Iran. L’accord avait été dénoncé en septembre 1980 par Saddam au moment de la guerre Iran-Irak. Mais cet accord avait été réhabilité après la guerre car Saddam avait officiellement renoncé en 1990 à ses prétentions territoriales de 1980.

Mais l’accord conçu par le Chah avait une portée géopolitique très importante : il prévoyait également que la région devrait rester à l’abri de toute ingérence étrangère. Cela signifiait que l’Iran devait prendre un peu plus ses distances à l’égard des Etats-Unis et l’Irak vis-à-vis de l’Union Soviétique.

Dans une certaine mesure, le Chah avait commencé à prendre ses distances avec les Etats-Unis car il s’était tourné vers l’Europe pour trouver des fournisseurs susceptibles de lui fournir les équipements industriels que lui refusaient les Etats-Unis.

À titre d’exemple, si les américains lui fournissaient volontiers des armes (250 F-4D, à 5 millions $ pièce en 1971, 80 F-14 à 30 millions $ pièce en 1974 et 160 F-16 pour un montant global de 3.8 milliards de dollars en 1976), ils refusaient de lui vendre une aciérie. Ils espéraient une guerre avec l’Irak et non une puissante armée qui agirait comme une force de dissuasion conventionnelle pour contraindre le fauve irakien à accepter une paix durable entre les deux pays.

En tous les cas, nos amis américains ne voulaient certainement pas l’industrialisation d’un pays qui devait à leurs yeux rester comme ses voisins arabes, un simple fournisseur de matières premières à bas prix. Après ce refus américain, l’Iran avait acheté sa première aciérie à la Russie Soviétique et s’apprêtait à construire une plus grande unité avec l’aide des italiens à Bandar Abbas. En 1975, le Premier Ministre Hoveyda avait annoncé les prévisions iraniennes pour 1985 : il prévoyait que l’Iran produirait 20 millions de tonnes d’acier, mais aussi 1 million de tonnes d’aluminium, un million de tonnes de papier, un million d’automobiles, 3 millions de téléviseurs…

Aujourd’hui il ne reste rien des usines achetées par le Chah : 5 centrales nucléaires françaises, 2 centrales nucléaires allemandes, la deuxième plus grande raffinerie de cuivre du monde pour Sar-tcheshmeh (fournie par la Belgique) ou encore la plus grande usine chimique du monde qui devait être construite par les japonais à Bandar Chahpour. La guerre avec l’Irak et 30 ans de mollacratie ont tout fait disparaître. L’Iran est à nouveau un pays qui dépend uniquement de son pétrole et l’Irak, l’autre fondateur de l’OPEP a été ratatiné et il a pratiquement quitté l’OPEP car les pantins kurdes de Washington vendent allégrement des concessions pétrolières aux divers amis de Washington. Avec l’abolition de l’Accord d’Alger, un dernier vestige d’une époque glorieuse pour l’Iran et son voisin disparaît.

Évidemment, les mollahs protestent et s’attribuent la gloire de cet accord, mais ils sont à l’origine du problème : 33 ans après la signature de cet accord historique, si l’Irak n’a pas choisi d’être occupé par les américains, l’Iran glisse volontairement chaque jour un peu plus dans les bras des russes.

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Pour en savoir + sur le Chah :
- Iran : Il était une fois un homme
- (28 OCTOBRE 2006)

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