Accueil > Articles > Iran et Pakistan : Des amis américains qui nous veulent du bien (...)



Iran et Pakistan : Des amis américains qui nous veulent du bien !
10.11.2007

Ces derniers jours, tous ceux pour qui le régime des mollahs est une nécessité régionale, un facteur utile pour la suprématie des Etats-Unis au Moyen-Orient et en Asie Centrale ont pris la parole pour affirmer l’absolue nécessité de poursuivre le dialogue avec Téhéran. Les deux interventions les plus significatives ont été celle de Bush, l’actuel décideur n°1 des Etats-Unis, mais aussi celle de Brzezinski, le concepteur de cette politique de ré-islamisation de ces régions au prétexte de leur démocratisation.



Le Topo Général | Brzezinski est membre du Council on Foreign Relations, le saint des saints des Think Tanks et des fondations politiques américaines. Les membres des plus importantes fondations politiques, liées aux industries américaines et les Banques, s’y retrouvent pour proposer des plans pour l’avenir de la planète. Le projet de CFR pour le Moyen-Orient et l’Asie Centrale consiste à une balkanisation de la région sous la double poussée conjuguée des groupes ethniques et religieux.

L’objectif de ce projet est d’affaiblir la puissance chinoise par une prise de contrôle de ses accès aux ressources pétrolières du Moyen-Orient et de l’Asie Centrale. Il s’agit aussi d’exposer le flanc ouest de la Chine à l’activisme musulman pour semer la zizanie ethnico-religieuse dans les provinces occidentales de ce pays et de l’engager dans une coûteuse guerre civile à l’exemple de ce que fut la guerre d’Afghanistan pour les russes. Cette dernière a également été conçue et provoquée par Brzezinski qui le reconnaît et se dit très fier d’avoir su exploiter le fanatisme des afghans.

La balkanisation de la région est un élément indispensable de ce projet car elle permet in fine de détruire l’OPEP et de restituer le pétrole aux compagnies pétrolières américaines ou britanniques. Le Kurdistan indépendant au sein de l’Irak éventré par l’intervention américaine en 2003 est un exemple de cette balkanisation réussie. Les Kurdes au pouvoir qui se disent très nationalistes n’ont pas nationalisé le pétrole et n’ont pas montré de velléité à intégrer l’OPEP, ils se sont empressés de vendre des concessions aux compagnies étrangères en échange d’un blanc seing qui atteste que le Kurdistan irakien était un exemple de démocratie. D’ailleurs le Council on Foreign Relations est très actif pour rappeler la nécessité de couper l’Irak en trois entités séparées.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Le Pakistan | Un autre pan de ce projet de balkanisation régionale concerne le Pakistan où Bush et son entourage ainsi que les membres importants du Council on Foreign Relations (dont l’iranien Vali Nasr) insistent pour que le Général Musharraf, le président pakistanais, organise des « élections libres » et laisse le pouvoir à un civil.

George Friedman a écrit un article conséquent sur l’importance de l’armée comme garante de la cohésion nationale du Pakistan et de sa résistance aux islamistes. Friedman rappelle que Musharraf contrôle les dérives islamistes de certains officiers et précise que son rôle de commandant est essentiel. Par l’élimination de Musharraf, les américains cherchent à affaiblir l’armée qui s’oppose à l’anarchie et à la division du Pakistan en 5 mini-Etats dont 4 seront islamistes.

Mais malgré l’évidence que des élections dites libres propulseront vers le pouvoir les forces islamistes, les américains et leur pantin Benazir Bhutto insistent sur la nécessité du processus démocratique. On se souvient que ce sont encore les américains qui ont soutenu la tenue d’élections démocratique en Palestine pour voir la victoire du Hamas et la dislocation démocratique du processus de paix. Malheureusement conseillé par des éléments français proches du Council, Sarkozy soutient également cette option suicidaire qui se traduira par une importante instabilité dans le proche voisinage de la Chine et de l’Inde.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

L’Iran | En 1979, un projet identique a éliminé les deux facteurs de cohésion nationale iranienne : la monarchie et l’armée. Un Iran monarchique ne pouvait être divisé, il fallait donc permuter sur une république [1].

Cette république devait propulser au pouvoir les islamo-gauchistes fédéralistes de la bande à Bazargan et l’OMPI, mais puisqu’ils étaient dépourvus de bases populaires, les américains ont axé la révolution sur l’Islam pour mobiliser les masses de croyants. L’objectif était que ces islamo-gauchistes adoptent des lois fédéralistes et explosent l’Iran en plusieurs républiques éthinoco-religieuses. Mais ce projet échoua car les mollahs qui avaient également un meilleur réseau ont gardé tout le pouvoir. Les islamo-gauchistes ont depuis cette époque l’habitude de dire que les mollahs leur ont volé « leur révolution ».

Cependant, le projet des islamo-gauchistes au pouvoir peut être réactivé si les mollahs acceptent d’organiser des élections libres afin de prouver leur engouement pour la démocratie. En cas d’un renversement du régime, ces islamo-gauchistes (même s’ils se sont mués en activistes libéraux musulmans mais pro-américains, des Chalabis) n’auront toujours aucune chance puisqu’ils restent sans aucune base populaire. C’est pourquoi, les américains préservent les mollahs qui sont les seuls qui pourraient organiser ces élections batardes.

Le schéma américain est simple : ils proposent l’organisation d’élections réputées démocratiques car surveillées par des américains. A l’issue de ces élections, des éléments agitateurs accèdent au pouvoir et prennent des décisions qui vont toujours dans le sens d’un morcellement des entités Etatiques existantes ! On le constate en Irak, on l’a vu en Palestine et ce n’est qu’un début. Le Pakistan est le prochain sur la liste…

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Le cas particulier de la crise nucléaire iranienne | Après l’intervention remarquée de Brzezinski qui a insisté sur la nécessité d’une amitié entre l’Iran (c’est-à-dire le régime des mollahs) et les Etats-Unis, cette semaine nous avons eu droit à 3 interventions, toutes issues du Council on Foreign Relations.

La première a été celle d’Henry Kissinger qui pendant son séjour à Moscou à l’occasion du dialogue public « Russie - Etats-Unis », a déclaré qu’il ne fallait en aucun cas envisager de règlement militaire pour le problème du programme nucléaire iranien, mais qu’il fallait suivre l’exemple de l’entente avec la Corée du Nord. Bush lui-même avait parlé de cette approche, qui n’a évidemment aucun contenu géopolitique, mais il s’agit de justifier par une formule politiquement correcte le projet d’une indispensable entente ponctuelle avec les mollahs (en attendant le retour des islamo-gauchistes fédéralistes).

En dehors de Kissinger, deux autres membres du Council on Foreign Relations se sont exprimés cette semaine en faveur d’une entente ponctuelle avec Téhéran. Il s’agit de John J. Mearsheimer et Stephen M. Walt, les auteurs du livre « Le Lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine » qui ont écrit un article très pro-mollahs publié par le Figaro !

Dans « Iran  : vers une nouvelle guerre inutile  ? », ces deux éminents analystes ont évoqué le cas de l’Iran pour rassurer sur les intentions des mollahs. Pour eux, l’ingérence des mollahs en Irak est nulle, le Hezbollah et le Hamas ne sont en aucun cas un danger pour la stabilité du Moyen Orient et enfin le discours d’Ahmadinejad sur l’éradication d’Israël a été mal traduit. Cependant les curriculum vitae des deux chercheurs ne mentionnent pas d’études de la langue iranienne, on ne sait donc pas d’où ils tirent cette conclusion sémantique.

Au-delà des plaisanteries, on constate que les américains sont tentés de sacrifier leurs amis israéliens pour réussir leur projet de balkanisation du Moyen-Orient et de l’Asie Centrale. Israël qui a toujours suivi les directives américaines et a même fait sienne l’idée démente qu’il fallait diviser ses voisins pour avoir la paix, risque de se réveiller tardivement avec le constat douloureux que l’enjeu de la balkanisation du Moyen-Orient, de la Turquie et de l’Asie Centrale dépasse le degré de l’amitié israélo américaine. Comme nous l’écrivons souvent, il est temps que les pays de cette région (et surtout Israël) soient solidaires entre eux, s’ils ne veulent pas disparaître un jour.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

| Mots Clefs | Enjeux : Remodelage du Moyen-Orient et de l’Asie Centrale |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA |

| Mots Clefs | Histoire : Brzezinski et Carter |

| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Textes essentiels d’IRAN-RESIST |

[1La balkanisation de l’Iran | En 1979, les « révolutionnaires islamo-gauchistes » de l’époque qui avaient les faveurs des médias américains et européens ne critiquaient que ces deux obstacles : l’armée et le roi. Ils étaient contre le roi, refusaient ses offres d’élections libres et ne juraient que par son départ ; et ils critiquaient l’armée et demandaient sa neutralisation. Ils appliquaient le schéma dicté par Washington. Aujourd’hui ces mêmes islamo-gauchistes ont changé diamétralement et ne demandent en aucun cas le renversement du régime. Ils ne demandent qu’une légère démocratisation du pays. Parmi ces « révolutionnaires islamo-gauchistes devenus musulmans libéraux pro-américains », on peut citer Ladan Boroumand, ex-partisane maoïste de Bani-Sadr qui, dans une émission du "Voice of America", a clairement exprimé son hostilité à un renversement et sa demande pour une libéralisation du régime des mollahs.