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L’Iran regrette cette révolution
29.01.2007

Le vendredi 26 janvier a marqué le 44ème anniversaire des réformes entreprises par le Shah d’Iran en 1963. Ces réformes avaient été évoquées par le Shah dès son accession au trône, mais alors le jeune monarque manquait d’appui au sein du Parlement pour les entreprendre. Le Parlement était alors dominé par les propriétaires terriens et le clergé. Les réformes mettaient en péril cette domination… Dans les années 50, sous Mossadegh, le Shah avait tenté de les faire aboutir mais Mossadegh, lui-même un très grand propriétaire terrien, s’y était opposé et il a même évoqué cette opposition à la page 283 de ses mémoires.



En 1963, ces réformes ont suscité la haine du clergé car elles arrachaient l’Iran à la société patriarcale pour l’orienter vers encore plus d’émancipation féminine et plus de laïcité. En cette année 1963, elles ont même suscité la 1ère révolte d’un mollah nommé Khomeiny. Cette révolte donna lieu à des scènes de vitriolage des femmes non voilées et de viols punitifs de la part des partisans de l’Islam. Malgré ces exactions et ainsi malgré le contenu ultra-réactionnaire des enseignements des mollahs, en 1979 les héritiers des féodaux, les descendants des Qajars, les fidèles de Mossadegh et les gauchistes iraniens ont épaulé Khomeiny avec la bénédiction de l’administration Carter pour renverser cette monarchie atypique auteur de réformes que l’on pourrait qualifier de républicaines.

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La Révolution du Roi et du Peuple ou la Révolution Blanche

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1. Réforme Agraire | La révolution agraire fut élaborée dans le but d’abolir le féodalisme. L’état iranien racheta des terres aux grands propriétaires terriens (rachat financé par la vente des actions des compagnies publiques). Puis l’état les revendit aux paysans, à 30% de leurs valeurs, à crédit sur 25 ans à un taux d’intérêt dérisoire. Quelque 1 million et demi de villageois (à une époque ou l’Iran avait moins de 25 millions d’habitants ) accédèrent à la propriété alors qu’auparavant ils n’étaient rien de moins que des esclaves (et leurs femmes étaient soumises au droit de cuissage du propriétaire à la veille de leur mariage). Selon les statisticiens, en considérant que chaque paysan avait une famille de 5 membres, c’est 9 millions de personnes qui accédèrent ainsi à une sorte d’affranchissement, un chiffre représentant près de 40% de la population.

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[Complément d’info : Les conséquences électorales de la féodalité ! -Iran-élections : de Mossadegh à Ahmadinejad -(18 DÉCEMBRE 2006)->http://www.iran-resist.org/article2917]
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2. Nationalisation des eaux et forêts | La nationalisation des eaux et forêts et de mesures d’accompagnement fut entreprise pour préserver les ressources nationales, mettre un frein à la déforestation, mais aussi pour développer et replanter les zones désertifiées laissées à l’abandon par les féodaux. Au milieu des années 60, l’écologie n’est pas à l’ordre du jour, la sauvegarde de la planète encore moins : Le Shah visionnaire ?

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Dans la foulée, des centaines de centres de vente de pétrole, d’essence et de kérosène furent installés pour remplacer rapidement l’utilisation du charbon de bois (qui causait la déforestation rapide d’un pays composé de grandes zones désertiques et disposant de peu de forêts). C’est 9 millions d’arbres qui furent plantés, créant des ceintures vertes autour des principales villes du royaume. Un programme de plantation de végétaux pour stopper l’avancée du désert fut aussi lancé ainsi que la création de parcs nationaux pour sauvegarder la faune.

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3. Vente des établissements industriels de l’État | La privatisation d’entreprises d’État et la vente des actions aux anciens féodaux mais aussi aux employés des dites entreprises. Le but était la création d’une nouvelle classe moyenne de propriétaires et ce afin d’encourager le développement et l’industrialisation du pays pour que l’Iran ne soit pas seulement un pays agricole et exportateur de pétrole.

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4. Participation au bénéfice | La mise en place du partage des bénéfices avec les travailleurs des entreprises privées fut aussi instauré au cours de la Révolution Blanche. 20% des bénéfices des sociétés privées devaient être redistribués aux employés. Entre 1963 et 1975, la somme payée aux ouvriers a été multipliée par 128. En 1976 on estime que 1/2 millions d’ouvriers ont touché ainsi un treizième et même un quatorzième mois de salaire.

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5. Modification de la loi électorale | Les femmes ont eu le droit de vote mais aussi le droit d’éligibilité. C’est à compter de cette date qu’elles commencèrent réellement à prendre de plus en plus d’importance dans la vie politique du pays. Il y avait en 1976 plus de députés femme en Iran qu’en Europe occidentale.

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6. Création de l’armée du savoir | Les bacheliers et diplômés de l’enseignement supérieur qui devaient faire leur service militaire (deux ans en Iran et ce pour les garçons comme pour les filles) étaient envoyés dans les villages pour y créer des écoles (mixtes) et enseigner aussi aux adultes. Le Shah désirait éradiquer l’illettrisme qui touchait les 2/3 de certaines populations.

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7. Création de l’armée de l’hygiène | Sur le même exemple que l’armée du savoir, les conscrits issus des filières de la santé devaient développer l’hygiène jusque dans les points les plus reculés. En trois ans, il y eut la création de 4500 dispensaires ruraux, près de 6 millions de personnes furent vaccinées, les gens virent des dentistes pour la première fois de leur vie et 2 millions de personnes reçurent des cours d’hygiène collectif.

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8. Création d’un corps du développement et de la reconstruction | Sur le même exemple que des armées du savoir et de l’hygiène, avec la participation des conscrits issus des filières d’ingénierie. Ce corps fit le tour des villages pour donner des conseils dans les méthodes d’agriculture et de reconstruction. Le résultat le plus parlant est qu’entre 1964 et 1970, la production agricole s’accrut de 80% en tonnage et de 67% en valeur mais aussi que l’Iran était complètement auto-suffisant pour nourrir son peuple.

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Le corps du développement et de la reconstruction fut également mis à contribution pour la modernisation des villages, des routes furent rendues carrossables, des bains publics et des bibliothèques furent bâtis dans les villages, des pompes à eau ou des générateurs électriques installés et la poste, le téléphone et le télégraphe étendirent leur toile.

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9. Création des maisons de l’équité | Pour que les justiciables n’aient pas à se rendre dans des cours de justice lointaines pour des petits problèmes, 5 personnes par village étaient élues pour une durée de trois ans. La première année, les juges de proximité rendirent 18 000 arbitrages, et en 1970 ils rendaient 3 millions de jugements /an. En 1966 les conseils d’arbitrage sur le même modèle furent instaurés dans les villes aussi.

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10. Nationalisation de l’eau et des ressources aquifères | L’eau étant une denrée rare en Iran, nul ne pouvait se l’approprier au détriment des autres : la construction des barrages, la mise en place de canaux d’irrigation, l’installation de stations de pompage, de distribution d’eau et de traitement des eaux usées se développa. La création des barrages permit la production accrue d’électricité, celle-ci fut multipliée par 20 entre 1963 et 1977.

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11. Protection Familiale | L’instauration d’un système de sécurité sociale mais aussi de distribution gratuite de nourriture aux mères (non salariées) et à leurs enfants de moins de deux ans. La sécurité sociale existait avant cette mesure, mais elle concernait la fonction publique (le fonctionnaire, son époux ou épouse et leurs enfants étaient couverts) Les fonctionnaires iraniens avaient également droit à des transports (trains/avions vers toute destination) à 40% du tarif.

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12. Système de retraite | L’instauration d’un système de retraite qui devait pouvoir payer 100% des salaires à la retraite grâce aux bénéfices du pétrole.

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Toutes ces mesures ont été sans exception abrogées par les révolutionnaires au lendemain de l’avènement de la république islamique...

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La révolution ne nous a pas ramenés en 1946 mais avant 1925, quand le père du Shah avait entrepris les premières réformes qui ont cassé la suprématie du clergé sur la société iranienne et a permis l’entrée des femmes dans la société civile et le monde du travail. Ce n’est donc pas sans raison que les Iraniens ont aujourd’hui de la rancoeur contre les intellectuels de la gauche qui ont entraîné le peuple vers cette révolution et c’est en mémoire de ce paradis social perdu que les iraniens regrettent le Shah.

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Ce regret est si important que 28 ans après la révolution, le régime ne cesse d’attaquer le Shah avec l’aide des mêmes gauchistes iraniens, ces derniers sont toujours incapables de reconnaître leur défaut de jugement, ne serait-ce qu’en le qualifiant d’erreur de jeunesse. Ces ex-compagnons de Khomeiny entraîneraient les Iraniens vers le fond du gouffre plutôt que de s’excuser. Et même s’ils le faisaient, ce serait trop peu et trop tard. Dans ces 28 ans, la révolution a ruiné l’Iran par 8 ans d’une guerre inutile, tari les sources, détruit l’écosystème, détruit l’héritage historique et détruit la jeunesse

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Il est de ce fait fort choquant de lire les pires inepties sur ce pays de la part des experts autoproclamés qui écrivent des analyses pour justifier leurs propres théories, les relations diplomatiques entretenues avec les mollahs ou encore le maintien au pouvoir de ce régime impopulaire mais utile à certaines firmes (d’armements ou de pétrole) désireuses de profiter de l’instabilité régionale créée par les mollahs.

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| Mots Clefs | Histoire : Mohammad-Reza Shah (le shah) |