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Iran-Argentine-Amia : le tango obscène
29.03.2011

L’Argentine a reconnu qu’elle serait prête à renoncer à ses charges et ses mandats d’arrêts contre les mollahs dans l’attentat anti-sémite d’Amia en échange de meilleures relations commerciales avec eux. C’est là un motif de rupture des relations pour les Etats-Unis qui qualifient l’Argentine de leur « plus important partenaire hors Otan ». Mais Washington n’a pas protesté. De fait, ce n’est pas une offensive commerciale argentine, mais un cadeau américain aux mollahs pour parvenir à une entente.



Washington a besoin d’un allié islamiste pour agiter et remodeler l’Asie Centrale chinoise. Il sanctionne depuis des années les mollahs pour les obliger à devenir ses alliés, mais ces derniers ont toujours refusé car cette alliance passe par une normalisation des relations qui les forcerait à autoriser le retour en Iran des pions islamistes de Washington formatés pour prendre le pouvoir de l’intérieur. Autrement dit, peu après la réconciliation, les mollahs perdraient le pouvoir et seraient alors exposés à toutes sortes de poursuites pour leur rôle dans des assassinats d’opposants et divers actes terroristes qu’ils ont organisés à travers le monde comme les attentats à la voiture piégée contre le quartier général des forces américaines à Beyrouth, l’attentat contre le dortoir des militaires américains à Khobar en Arabie Saoudite, l’attaque contre USS-Cole, l’attentat contre le centre juif Amia en Argentine, l’attentat de Lockerbie et enfin l’assassinat de Rafik Hariri.

Dans cet ensemble macabre, leur participation n’a été clairement reconnue que dans deux cas : l’attentat contre le quartier général des forces américaines à Beyrouth et l’attentat à la voiture piégée contre le centre juif d’Amia à Buenos-Aires. La première affaire a déjà été jugée par un tribunal américain. La seconde inculpation a valu une condamnation pour crime contre l’humanité aux principaux dirigeants du régime dont Rafsandjani qui préside aussi le véritable centre de décision du régime, le Conseil de Discernement de l’Intérêt du Régime.

Interpol a émis des mandats d’arrêt internationaux à l’encontre des accusés pour qu’ils soient extradés vers l’Argentine pour y être incarcérés. Via Interpol, Washington a souvent allégé ou renforcé ces mandats d’arrêt contre les dirigeants haut placés du régime pour les intimider ou les amadouer afin qu’ils acceptent de coopérer. Cette fois l’Argentine est entrée dans la danse en proposant de supprimer les charges liées à Amia, ce qui revient à éliminer les seuls mandats existants contre les dirigeants du régime des mollahs.

C’est évidemment énorme, mais cela ne signifie pas que les mollahs seront à 100% à l’abri de nouvelles condamnations et de nouveaux mandats d’arrêts car ils ont organisé beaucoup d’attentats à travers le monde. Par ailleurs, les actes de terrorisme sont des crimes imprescriptibles : le dossier d’Amia abandonné par l’Etat argentin pourrait être relancé par la suite par les victimes au niveau d’une cour internationale. C’est pourquoi les Israéliens sont restés très calmes et aussi pourquoi ce geste d’apaisement n’a pas incité les mollahs à accepter une normalisation des relations avec les Etats-Unis.

Si Washington veut la normalisation, qui lui donnerait la clef de la forteresse des mollahs pour y introduire ses pions, il devra fermer d’autres dossiers terroristes des mollahs, ce qui est impossible du moins pour les dossiers américains : l’opinion ne l’accepterait pas. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, la presse argentine a soi-disant vendu la mèche à propos des négociations secrètes qui ont eu lieu en janvier dernier peu avant l’anniversaire de la révolution islamique entre les mollahs et les Argentins pour le compte des Etats-Unis. En d’autres termes, ce n’est pas une annonce pour préparer l’opinion à un marché, mais l’oraison funèbre pour ce genre d’arrangement.

Ce marché a d’ailleurs été proposé aux mollahs à un moment où ils avaient du mal à mobiliser leurs miliciens et Washington craignait la chute du système islamique qu’il veut transférer à ses pions.

Mais depuis cette époque, la situation a changé : profitant de la rupture des miliciens, le peuple conteste ouvertement le système islamique. De fait, à présent, Washington ne cherche plus à piéger les mollahs, mais à les sauver pour préserver le modèle islamique d’une révolution laïque. C’est pourquoi il met en avant l’envie de ses divers alliés de ne pas appliquer ses sanctions. Washington veut aider le régime à payer ses miliciens ! Ainsi il y a trois semaines, il avait envoyé les Italiens à Téhéran avec une offre de 30 milliards de dollars d’investissement, le régime avait refusé l’offre qui lui semblait hypothétique. Cette semaine, l’Inde, un autre allié des Américains, parle d’un paiement rapide de 9 milliards de dollars aux mollahs sans que Washington ne proteste ou ne s’y oppose. Avec cette somme, le régime peut tenir trois mois !

Ainsi Washington aide le régime, mais il le tient aussi en joue (comme dans le cas de la levée des charges liées à l’Amia). Les relations entre les Américains et les mollahs (qui ne peuvent pas accepter leurs offres) resteront désespérément un flirt inachevé.

Bien que cela ne puisse pas sauver le régime, ce tango obscène est une catastrophe pour les Iraniens qui sont réprimés par les mollahs. Mais dans cette histoire, ce qui est très navrant n’est pas uniquement l’insistance de Washington (que l’on connaît), mais le rôle joué par ses alliés démocrates comme la Suisse, l’Italie, l’Allemagne, l’Inde, l’Argentine ou encore Israël, car sans eux, les Iraniens auraient déjà renversé des mollahs.


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| Mots Clefs | Terrorismes : Attentats attribués aux mollahs |
| Mots Clefs | Pays : Argentine |

| Mots Clefs | Enjeux : Apaisement (américain) |
| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |