Iran Resist - Iran : La semaine en images n°50

Iran : La semaine en images n°50
01.02.2009

Semaine de toutes les émotions en Iran : alors que le régime s’apprêtait à fêter le retour de Khomeiny en Iran à bord d’un avion d’Air France, l’Europe a radié les Moudjahiddines du Peuple de sa liste des groupes terroristes, provoquant une grosse colère à Téhéran. La semaine a été partagée entre évènements pro-Khomeiny et manifs anti Moudj.

La semaine a commencé rudement pour le régime avec l’annonce du retrait des Moudjahiddines par l’Europe. Téhéran devait en principe s’en plaindre à la république Tchèque qui préside actuellement l’UE, mais les mollahs ont envoyé leurs troupes de manifestants devant l’ambassade de la France, ex-présidente de l’Europe, mais poids lourd de l’UE et grand partenaire financier de l’Iran. Les manifestants sont censés être des membres des familles des victimes des Moudjahiddines, mais la joie affichée des ados dépêchés sur place contredit cette hypothèse. Certaines pancartes disent « Mort à la France » !

Après ce chahut du début de la semaine, sur un fond d’ouverture opérée par Obama, le régime a démarré sa semaine de célébration du retour de Khomeiny en Iran dans un avion loué par un homme d’affaire proche de Bakhtiar que l’on voit en fond du couloir sur cette photo de l’époque.

Peu avant que cet avion n’atterrisse en Iran avec sa cargaison de monstres, un journaliste s’approche de Khomeiny, et via son interprète Ghotbzadeh, il lui demande ce qu’il ressent en cet instant solennel ? Sa réponse qui reste gravée dans la tête des Iraniens est : Hitchi (Rien) ! Ghotbzadeh n’en revient pas et demande : Hitchi (rien) ? Imperturbable et rieur, Khomeiny répète sa première réponse. Ghotbzadeh essaie de limiter la casse en traduisant que l’Imam ne veut pas faire de commentaire.

Le ratage est tel que Keyhan, le principal quotidien de l’époque du Chah qui a vite retourné sa veste, affiche à sa une : L’Imam pleurait à son arrivée !

Cette référence aux larmes est un écho au départ du Shah qui a quitté l’Iran les yeux en larmes car on ne peut quitter ou retrouver ce pays qu’ainsi. Ce que le patron opportuniste de Keyhan avait deviné le jour de l’arrivée de Khomeiny, les Iraniens l’ont su que trop tardivement. Aujourd’hui, le seul souvenir marquant de la journée est cette réponse : Hitchi ! Aujourd’hui, le régime a du mal à mobiliser les foules pour cet homme qui ne ressentait rien pour l’Iran et l’a bien montré par la suite, en envoyant leurs enfants se faire charcuter sur des mines alors que l’Iran avait connu sa seule période historique de 50 ans sans guerre sous les Pahlavi.

La célébration du retour de Khomeiny a commencé et fini en catimini : des visites des notables au mausolée de Khomeiny, un petit concert et des défilées de motards ou de quelques miliciennes en tchador.

Rafsandjani, le demi-frère de Khomeiny, a aussi fait un discours sur les réussites de la révolution islamique. Pour évoquer ces réussites, le régime a annoncé la fabrication 100% iranienne d’un système de DCA qui rendrait l’Iran autonome pour sa défense (à un moment où Moscou tarde la livraison des S-300).

Pour les plus jeunes, mêmes ceux qui travaillent pour le régime, cela ne suffit pas. Ces réussites dont parlent les dirigeants n’existent pas : le chômage est omniprésent, comme la pauvreté et la toxicomanie. Toutes les familles iraniennes sont concernées. Si ces jeunes journalistes partageaient la vision triomphale du régime, ils n’auraient pas consacré un reportage en couleur aux rues sud du Bazar qui jadis (sous le Shah) était un quartier plein de vie.

Retrait des moudjahiddines, déception chez Obama qui annonce un tour de vis dans la diplomatie iranienne, célébration bâclée pour le retour de Khomeiny, l’absence de mobilisation populaire pour cette date fondamentale du régime, les mollahs ont été sauvés par Erdogan !

Ahmadinejad a salué ce geste qui a fait pleurer de joie Rafsandjani pendant son sermon de vendredi ! Ces épanchements sont censés faire oublier l’étrange profil bas du ministre iranien des affaires étrangères, Mottaki, à Davos où il n’a pas seulement évité tout coup d’éclat avec ses interlocuteurs, mais il s’est aussi roulé de joie par terre à l’idée d’une entente avec Obama.

Pour clore cet épisode peu glorieux, et une semaine morose, le régime a tout misé sur Erdogan et son « geste très valeureux » selon Ahmadinejad. Tous les grands quotidiens du régime ont consacré leur « une » à son coup de sang contre Pérès et des manifestants (ceux du début de la semaine) ont été dépêchés devant l’ambassade de la Turquie pour remercier le 1er ministre Turc : « Merci, Merci Erdogan ! »

Vive Rajab Tayeb Erdogan !

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