C’est fort possible. Bien que le charmant sénateur d’Illinois ait toujours exprimé son souhait de négocier avec Téhéran, les mollahs voient dans son ombre le visage de Brzezinski, le théoricien de l’actuelle diplomatie américaine pour qui l’Amérique doit prendre le contrôle des réserves pétrolières du monde en s’appuyant sur des gouvernements musulmans amis qui par solidarité avec les musulmans chinois déclareraient l’embargo contre la Chine, principal adversaire économique des Etats-Unis. Les mollahs veulent bien d’une entente commerciale avec les Américains et leurs compagnies pétrolières, mais ne veulent en aucun cas de cet arrangement très politisé avec le coriace Brzezinski qui a aussi un vieux compte à régler avec les mollahs.

contentieux | En fait, dès l’élection de Carter, Brzezinski a commencé à mettre en application sa théorie en renversant Bhutto au Pakistan, pour le remplacer par un islamiste qui a aidé les Etats-Unis à mettre en place des actions des premiers Talibans dans l’Afghanistan voisin. En Iran, faute de militaires islamistes qui auraient pu renverser le Shah, il a formé une coalition des forces islamiques dans laquelle il a inclus les mollahs qui seuls avaient une base populaire et un réseau organisé (des mosquées). Son objectif était d’utiliser les mollahs pour amener au pouvoir des islamistes laïcs (non mollahs) comme BaniSadr (renforcés par les Moudjahiddines), mais les mollahs ont gardé le pouvoir et surtout coupé la présence américaine en prenant en otages les diplomates américains en poste à Téhéran et en confisquant leurs dossiers.

Cette prise d’otages est devenue un des enjeux des élections de novembre 1980. Au départ, les démocrates ont fait de nombreuses offres commerciales aux mollahs comme des livraisons d’armes ou restitutions des avoirs iraniens confisqués aux Etats-Unis. Mais l’intention des mollahs étant de rompre avec ces alliés tricheurs qui voulaient les utiliser, ces offres ont échoué. Le régime des mollahs demandait que le Shah lui soit livré officiellement par les Américains et surtout dans un avion américain. L’administration Carter ne pouvait pas accepter car cela aurait nui à ses relations avec des alliés arabes dont chacun aurait conclu qu’il serait à son tour livré en cas d’une révolution islamique fomentée par Washington.

Pour rester aux commandes et continuer à superviser l’application de sa théorie, Brzezinski devait faire réélire Carter. Il a donc trouvé le moyen de livrer le Shah et l’impératrice dans un avion américain, mais sans mouiller l’administration Carter. Cette dernière a accordé au Shah le droit de quitter les Etats-Unis pour se rendre au Caire, mais elle a immobilisé son avion pendant 4 heures aux Açores pour laisser agir un commando des Pasdaran. L’opération a miraculeusement avorté en raison des conditions météorologiques et une mauvaise coordination avec Ghotbzadeh, l’ancien proxénète à Paris devenu ministre des affaires étrangères de BaniSadr !

Téhéran refusant tous les cadeaux militaires ou diplomatiques, les démocrates ont même tenté une opération arrangée de sauvetage qui a aussi échoué en raison des conditions météorologiques. BaniSadr (le choix de Washington pour le destin de l’Iran) qui était alors président du régime, a fait bombarder le site pour éliminer tous les indices sur cette opération très ambiguë. Les mollahs ont finalement passé un deal (négocié par BaniSadr) avec les républicains en octobre 1980 et les otages ont été libérés moins d’un quart d’heure après le discours d’investiture de Reagan le 20 janvier 1981 ! C’est ainsi que les mollahs ont fait le choix de la raison pour éliminer de leur horizon les démocrates dont le retors Brzezinski.

stratégie | Donc malgré les messages très conciliants qu’ils reçoivent de Brzezinski et des démocrates, les mollahs craignent une vendetta. Ils ont donc intérêt à empêcher l’élection d’Obama et ils ont fait cette déclaration à un moment où le sénateur d’Illinois est presque à égalité avec son concurrent avantagé par la crise. Dans le même temps, l’élimination politique d’Obama après le 4 novembre donnera un autre délai de 80 jours aux mollahs et aux républicains pour trouver un arrangement. C’est un double cadeau des mollahs aux républicains, mais un cadeau sans risque puisqu’ils l’utiliseront comme un message amical si Obama passe.

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annexe | Le message a été transmis aux médias par Larijani, l’ex-golden boy du régime aujourd’hui en disgrâce, qui cherche à « revenir » en montrant sa fidélité à la survie du régime, fidélité remise en cause son coup d’Etat raté et des liens qu’il avait noués avec les républicains en 2006 via son homme de confiance, l’irano-américain Mohammad Nahavandian, l’actuel président de la Chambre iranienne de commerce et d’industrie (CCI). En se portant volontaire comme messager, Larijani cherche également à s’impliquer pour rester informé. Le régime ne manquera pas de le remettre à sa place.

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