Les ministres européens des Affaires étrangères devraient en principe approuver ce retrait. Cette décision rentre dans les mesures d’intimidation adoptées par l’UE comme une pression sur le régime des mollahs afin de l’encourager à renoncer à ses activités nucléaires. Pour donner des délais de réflexion aux mollahs, les Européens ont étalé le processus sur plusieurs mois, mais Téhéran n’a saisi aucune des perches tendues incitant l’UE à prendre cette mesure radicale.

Cette décision est aussi réversible car le texte qui doit être adopté lundi précise que plusieurs pays parmi les 27 « ne sont pas convaincus que les Moudjahiddines se soient éloignés du terrorisme », mais ils ne disposent pas à l’heure actuelle de preuves nécessaires pour les garder sur cette liste. On se souvient qu’en plein processus de retrait, les Suisses et les Français avaient lancé de nouvelles accusations contre les Moudj, ce qui laisse supposer que des preuves pourraient surgir si les mollahs se montraient plus coopératifs. La France a d’ailleurs annoncé vendredi qu’elle avait fait appel d’une décision intermédiaire datant 4 décembre et en cas de gain de cause les Moudj se retrouveront à nouveau sur la nouvelle liste vers la fin juillet. C’est donc un avertissement, mais on laisse ainsi un nouveau délai à Téhéran afin qu’il se ressaisisse.

Si l’Europe joue la carte des pressions en utilisant les Moudj comme un levier contre Téhéran, ceux du mouvement qui vivent retranchés dans le camp Achraf situé près de Bagdad vivent une situation inversée car ils sont au centre d’un marchandage entre Téhéran et Washington. Pour inciter les mollahs à accepter une entente stratégique irano-américaine, Washington propose de chasser les Moudjahiddines basés en Irak. Jusque-là, les propositions étaient assez floues, mais les termes sont devenus de plus en plus précis avec l’arrivée d’Obama qui entend finaliser cette entente in-dis-pen-sable pour l’avenir de l’hégémonie mondiale des Etats-Unis.

Au début de la semaine, à la veille de l’investiture d’Obama, Movafagh Al-Rabiï, le conseiller en sécurité nationale du gouvernement Irakien est arrivé en Iran en évoquant leur expulsion. 4 jours après cette investiture, l’affaire se précise puisque l’Irakien propose de traduire en justice en Irak, les Moudjahiddines qui ont aidé Saddam à tuer des Irakiens, à expédier en Iran les Moudjahiddines reconnus d’assassinat d’Iraniens (attentats, attaques…) et d’expulser les autres vers des pays tiers. Il a ajouté que, dès son retour à Bagdad, il allait rencontrer les ambassadeurs des Etats-Unis et d’une dizaine de pays européens pour voir s’ils accepteraient d’accueillir des membres du groupe. Il a finalement conclut que « dans quelques mois, le camp d’Achraf appartiendra aux poubelles de l’histoire ».

Ce sera sans doute le cas pour les Irakiens, mais pas pour les Iraniens car les membres de ce groupe restent des pions sans cesse manipulés dans le sens des intérêts géopolitiques des grandes puissances. Les Moudjahiddines du peuple ne sont pas vraiment une menace pour Téhéran, car ils sont haïs par la majorité des Iraniens aussi bien en Iran qu’en exil. En revanche, ils disposent de moyens médiatiques importants. On les présente également comme des experts en espionnage nucléaire. Quand la poubelle explosera, ses déchets éparpillés auront un accès accru aux plateaux Télé d’où ils pourront accuser Téhéran de mener des activités nucléaires militaires. Ce sera synonyme d’un renforcement des sanctions économiques contre les mollahs, sanctions les privant d’accès à des services bancaires indispensables pour relancer l’investissement en Iran.

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Pour en savoir plus
  Iran-Europe : La décision de relaxer les Moudjahiddines de l’OMPI
 (9 JANVIER 2009)