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3 - 31.08.2013
Iran : La semaine en images 288
Débuts contrariés et déstabilisants des marchandages avec Washigton


En 1979, les Américains ont entrepris de renverser le Shah car ses politiques régionales et ses projets pour l’Iran étaient contraires à leurs intérêts pétroliers. Ils entendaient mettre au pouvoir des activistes islamistes non cléricaux qu’ils finançaient depuis la création de l’OPEP par le Shah. Ces islamistes liés à Washington étaient hostiles à l’OPEP et partisans d’un régime révolutionnaire et interventionniste. Ils devaient lui permettre de dénationaliser l’industrie pétrolière iranienne, d’agiter et de déstabiliser l’Asie Centrale soviétique et chinoise, mais aussi de renverser le pétro-monarchies créées par les Britanniques, et ainsi de prendre possession de plus de 80% des réserves d’hydrocarbures du monde.

Les Britanniques présents en Iran au travers le clergé chiite, les Qadjars, les Francs-maçons, les féodaux, les Bazaris et la direction du parti communiste Toudeh ont participé à ce projet en faisant la promotion de leur ultra-islamiste en chef Khomeiny. Il s’est imposé au Conseil de la révolution. Washington a perdu le contrôle de la situation. Londres a éliminé les pions américains par des attentats organisés par Rafsandjani, le demi-frère de Khomeiny. Londres a aussi donné une identité anti-américaine à cette révolution voulue par Washington par la prise en otage des diplomates américains et a bloqué le retour des pions islamistes de Washington, par l’adoption de la doctrine de tutelle d’un grand ayatollah (du clergé) sur la république islamique de Washington.

Washington a alors commencé une véritable guerre d’usure économique contre les mollahs, pour les mettre face à un risque de pénuries et de soulèvement afin de les amener à transférer les pouvoirs vers ses pions.

Rafsandjani, le patron effectif du régime pour le compte des Britanniques depuis 1980, a tout tenté sous leurs direction pour neutraliser cette guerre économique. Sa première tentative a été une politique de crises régionales et de terreur qui a entraîné la rupture du peuple et de ses propres jeunes partisans. Rafsandjani a alors opté pour une fausse modération pour calmer ces ruptures et Calmer Washington. Mais il ne réussi sur aucun des deux plans. Il a enfin tenté une (fausse) révolution de couleur (le Mouvement Vert) pour améliorer l’image du régime et amener Washington à abandonner ses sanctions, mais l’opération lui a échappé et a seulement mis en valeur la rupture du peuple et des Pasdaran de base (aussi bien les vétérans que les plus jeunes recrues). Rafsandjani a alors tenté une nouvelle (fausse) révolution de couleur avec les pions de Washington pour la création d’un régime hybride, mais le projet n’eut aucun succès auprès du peuple et des Pasdaran rebelles.

Rafsandjani a alors lâché les Britanniques pour marchander avec Washington, s’attirant leur foudre. Mais il n’a rien obtenu. Les pics britanniques ont cessé et il a retrouvé le soutien des médias britanniques pour un autre projet : une déviation du régime en direction du peuple afin d’obtenir son pardon et au passage, dans l’intérêt de Londres, saboter le régime islamique avant un deal avec Washington. Mais le peuple et les jeunes Pasdaran ont refusé ce projet opportuniste. Le projet ne pouvait pas être continué

Mais Rafsandjani qui n’a rien obtenu de Washington, s’est entêté à poursuivre le projet. Les grands ayatollahs du clergé ont, dans leur intérêt, rompu avec Londres en invalidant sa candidature pour continuer la politique du bras de fer via le négociateur intégriste Jalili.

Mais au même moment, le régime a à nouveau été confronté à une forte contestation presque généralisée, les dirigeants de la nouvelle caste sont revenus au Mouvement Vert, le seul joker du régime. Jalili ne convenait plus, Rohani le faux modéré est devenu leur candidat pour mener à la fois un bras de fer mou et un transfert de pouvoirs vers Washington via une révolution de couleur pro-US. Mais ce choix de retour aux solutions ratées du passé n’a pas plu aux nantis du régime et aux Chefs Pasdaran : ils ont aussi boycotté les élections. 

Washington a alors renouvelé son offre de dialogue, mais n’a rien obtenu de Rohani : il a alors appliqué des sanctions très forte le pétrole et son transport maritime. Le régime s’est économiquement essoufflé, la contestation interne aussi notamment avec l’entrée en action des Pasdaran rebelles. Le régime a vite réalisé qu’il n’avait pas de temps pour un long marchandage La priorité absolue pour tous les dirigeants devint l’obtention de postes clefs au sein du Gouvernement à venir de Rohani pour être au plus près des marchandages express avec Washington ou près des accès de fuite.

Sous une avalanche de pénuries, de problèmes et de boycott, une lutte s’est engagé entre les les clans. Les chefs Pasdaran ont aligné des provocations pour perturber le dialogue à venir pour forcer le clergé à leur accorder des places. Larijani a mis en avant sa capacité de rejeter les choix de Rohani par le Parlement et pu obtenir des postes clefs de surveillance du système. Le clergé a aussi dû renoncer au ministère des affaires étrangères et l’accordant à un élément que l’on peut qualifier de neutre.


© WWW.IRAN-RESIST.ORG
La semaine dernière, des nombreuses intempéries ont plongé une grande partie du pays dans la désolation aggravant la situation interne. Les chefs Pasdaran, mais aussi certains députés des partis minoritaires ont remis en cause les ministres du Gouvernement ainsi formé de Rowhani. Rafsandjani a encore changé de bord, recommandant le dialogue avec Washington, pour obtenir aussi une place dans le jeu. Rowhani n’a rien fait contre les attaquants et a seulement tenté de relancer le Mouvement Vert pour prendre le main la contestation montante. Il a paru comme dépassé.

Larijani est passé à l’action en ouvrant de vieux dossiers de corruption contre le Clergé, se montrant prêt à renverser l’ordre et prendre le vrai pouvoir. Rohani a profité du processus d’examen des dossiers des ministres pour moucher Rafsandjani et les chefs Pasdaran par des pions évoquant leur corruption. Rafsandjani et les Pasdaran ont protesté indirectement, les Pasdaran ont démenti, sans demander des mesures punitives contre les intervenants confirmant leur déclin.

Dans cette opération, Rohani a montré les dents contre ces adversaires en déclin, mais aussi contre Larijani. Ce dernier a clos les débats et voté la confiance à 12 des 15 ministres de Rohani, recalant seulement 3 qui étaient très critiqués, mais n’avaient aucun rôle décisif, permettant au régime de commencer le processus désormais urgent des marchandages avec Washington.


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Cette semaine, on appris qu’après le vote de confiance aux principaux ministres de Rohani, les Pasdaran, encore une fois exclus du jeu, avaient arraisonné un petit cargo pétrolier Indien dans l’étroite zone de transit entre Iran et Irak, perturbant toute ouverture vis-à-vis de Washington. Le régime et Washington avaient gardé » l’info secrète pour éviter cela, mais on pouvait s’attendre donc à des nouvelles nuisances du côté des Chefs Pasdaran...

Par ailleurs, le premier jour de la semaine, il y avait l’anniversaire du retour en Iran des pilotes fait prisonniers par l’Irak pendant la guerre avec ce pays. Le régime qui avait été boycotté à cette occasion avait tout simplement supprimé la journée et l’avait remplacée par l’exécution de 3 terroristes islamistes qui avait eu lieu à une autre date (image plus bas). Les Pasdaran rebelles pouvaient réagir à ce manque de respect pour leurs camarades en frappant le régime de manière symbolique. La situation pouvait basculer avec une nouvelle crise de panique.

Puis au 3e jour de la semaine (iranienne), le lundi Août 2013 (28 Mordad 1392), il y avait l’anniversaire du renversement de Mossadegh en 1954 (non par les Américains car ils étaient ses alliés, mais par les partisans du clergé et les partisans du Shah). Du fait, des nouveaux livres très documents parus depuis une dizaine d’années sur cette chute et l’établissement des efforts du Shah pour éviter une confrontation nationale, le régime avait été sans cesse confronté à un boycott de ses rassemblements anti-Shah. Nous avons remarqué que la commémoration ne figurait plus sur le calendrier du régime (image ci-dessous).

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Le régime avait battu en retrait face au Shah par peur de provoquer le peuple en lui manquant de respect... Le régime se montrait très prudent car ce même jour, il y avait un autre anniversaire glorifiant le Shah : le triste anniversaire de l’incendie criminel du Cinéma Rex de la ville pétrolière d’Abadan par Khamenei (alors simple disciple de Khomeiny) pour incriminer le Shah et entraîner la grève du secteur pétrolier contre lui. L’anniversaire de l’incendie de Rex est le symbole de la tricherie et sauvagerie des mollahs et leurs commanditaires occidentaux. Le régime devait éviter tout faux pas en évitant de s’attaquer au Shah durant cette journée. Le régime avait donc une semaine semée d’embuches, mais où il devait nécessairement commencer les marchandages d’une manière forte pour aller au plus vite avant que la sommes des problèmes ne le reverse.

Au 1er jour, les Pasdaran rebelles ont frappé. Rohani a mis le turbo pour avancer les marchandages. Washington n’a pas aimé la stratégie très offensive de Rohani et a pris des dispositions pour affirmer qu’il était le chef ! La panique interne a refait surface à tous les niveaux. Les divisions internes ont également refait surface... Voici le récit en images d’une nouvelle semaine de divisions (pour les chefs) et de déprimes ou de doutes (pour leurs subalternes). Donc une bonne semaine pour nous !


3 - 17.04.2011
Iran : L’éternel retour de Mossadegh

Paris vient de sortir un film sur Mossadegh, le démocrate qui a tenu tête au Shah ! Le film est l’œuvre de Shirin Neshat, une artiste liée au régime des mollahs chargée d’esthétiser et banaliser le port du voile. Le film évoque le coup d’état du Shah contre son Premier Ministre démocratiquement élu. Le propos est anti-constitutionnel car dans la constitution iranienne, le roi nomme ou destitue le Premier Ministre sans avoir à expliquer ses choix. Le film dénature les faits historiques pour noircir l’image de la dynastie Pahlavi à un moment où cette dynastie et la monarchie enregistrent un soutien massif de la part des Iraniens. C’est évidemment une commande du régime pour que l’opinion occidentale ne puisse admettre l’existence de ce soutien et comprendre les raisons de ce soutien. Il est navrant que Paris puisse aider cette propagande pour maintenir un régime agonisant et impopulaire qui lui a accordé des contrats pétroliers à bas prix. Il nous est paru nécessaire de rappeler des faits historiques.


3 - 31.10.2012
Iran : La semaine en images n°245

intro de base pour comprendre la situation,
mise à jour chaque semaine :
avec une nouvelle analyse inédite des événements de la semaine précédente.
En rouge : les éléments qui, cette semaine, ont été d’actualité.

Origines de la crise. Il y a 33 ans, en 1979, les mollahs, alliés historiques de Britanniques et exclus du jeu par la dynastie progressiste des Pahlavi, ont pu revenir dans l’arène politique quand les Américains ont décidé de renverser le Shah (coupable entre autre d’avoir modernise le pays, stabiliser la région et aussi d’avoir créer l’OPEP) avec l’intention d’installer à sa place leurs islamistes (dont l’OMPI) pour déstabiliser la région et la remodeler selon leurs intérêts pétroliers. Le projet appelé Arc de Crise devait faire de l’Iran un foyer d’agitation islamiste pour soulever l’Asie Centrale contre la Russie et la faire basculer dans le camps américain permettant à Washington de devenir la première puissance pétrolière au monde. Cela allait mettre fin à 100 ans de domination du marché pétrolier par les Britanniques : les mollahs pro-britanniques ont participé au projet pour évincer les pions de Washington, dévoyer le projet et aussi accaparer le pouvoir. Ce coup a été réalisé grâce à Rafsandjani, le demi-frère et fondé de pouvoir de Khomeiny. En échange, il a pu écarter des mollahs plus hauts placés comme Mottahari (le protecteur des Larijani) pour accéder à tous les postes clefs comme le ministère de l’intérieur, les services secrets (des Pasdaran) ou encore le ministère de guerre qui ont fait de lui le patron non officiel du régime et de tous les bons business (pétrole, automobile, le secteur alimentaire). Avec quelques autres mollahs ambitieux et le soutien tacite des Britanniques, Rafsandjani a rapidement verrouillé le système en diabolisant les Etats-Unis et en attaquant à ses intérêts pour ne laisser aucune chance de retour aux pions américains.

L’Etat américain a alors commencé à sanctionner les mollahs pour provoquer des pénuries et un risque de soulèvement pour forcer Rafsandjani et ses complices à cesser leur diabolisation, d’accepter un apaisement, puis la normalisation des relations pour qu’il puisse revenir en Iran avec ses pions et reprendre le pouvoir via une révolution de couleur.

Rafsandjani et ses complices ont alors accentué les actions terroristes contre les intérêts américains et ont décidé de sacrifier la production nationale pour importer tout d’Europe afin d’acheter la protection diplomatique des Européens. Cela et la guerre contre Saddam ont rapidement ruiné le pays et sa force de production : les ouvriers ont perdu leurs emplois, les Bazaris qui vivaient de la vente des produits nationaux ont été ruinés. Le pays était aussi en guerre. Beaucoup de jeunes Pasdaran contactaient Reza Pahlavi pour exprimer leurs regrets de tout ce qui avait été perdu par leur faute. La révolution islamique a très vite perdu ses enfants et très vite, le régime s’est retrouvé en danger. Mais il n’est pas tombé car Washington n’a jamais aidé les opposants, le peuple et les dissidents de peur que le modèle islamique nécessaire à ses projets régionaux ne disparaisse.

Par ailleurs non seulement Washington n’a jamais aidé les opposants, mais encore, il a souvent laissé un grand nombre de ses partenaires stratégiques contourner ses sanctions pour adoucir leur effet quand il estimait qu’elles pouvaient dépasser leur objectif et entraîner la chute du régime islamique qu’il veut récupérer.

Mais en agissant ainsi, Washington a rallongé l’agonie du régime et a amplifié l’opposition et la dissidence, ce qui a affaibli la position de Rafsandjani, le patron de facto du régime, parmi ses adversaires internes. Pour se maintenir, Rafsandjani a toujours cherché à étendre son pouvoir. Il a pu officialiser sa mainmise sur le régime en s’arrangeant pour obtenir les pleins pouvoirs en 1989, via le Conseil de Discernement, mais la poursuite des sanctions et son incapacité à les neutraliser l’ont amené à partager le pouvoir avec des adversaires comme les frères Larijani pour acheter leur loyauté.

En 2007 quand Washington a impliqué le Conseil de Sécurité pour généraliser les sanctions et s’est mis à évoquer très régulièrement la possibilité de frappes militaires, la dissidence interne s’est amplifiée. On a assisté à une forte de baisse de participation aux manifestations officielles. Rafsandjani a compris que le régime était lâché par ses serviteurs. Il a alors exclu Ali Larijani du poste clef de négociateur nucléaire lui donnant accès au dialogue avec les Américains pour être le seul à négocier la fin du régime afin d’être celui qui obtient les meilleures garanties de sécurité assurant sa vie et sa fortune au-delà du régime. Ali Larijani a alors révélé par l’intermédiaire de l’un de ses pions la corruption de Rafsandjani et de ses alliés afin de les éliminer du jeu et devenir celui qui négocie la fin du régime pour bénéficier des mêmes garanties.

Rafsandjani s’est vu menacé par les sanctions, les menaces américaines, la dissidence interne et les dossiers d’Ali Larijani : en juin 2009, il a tenté de sauver sa situation avec le Mouvement Vert, une fausse révolution de couleur, partisane de la ligne de Khomeiny, pour donner une nouvelle légitimité à son clan. Mais le peuple a profité de l’occasion pour crier sa haine du régime et les Pasdaran ne sont guère intervenus pour réprimer cette contre-révolution. Rafsandjani a dû offrir le Pouvoir Judiciaire à Sadegh Larijani (un des frères d’Ali Larijani) pour acheter leur loyauté afin de poursuivre des plans. Il a alors tenté de duper le peuple en faisant passer ses enfants Mehdi et Faezeh pour des dissidents. Mais après un an d’échecs, il a dû s’éclipser laissant officieusement ses pouvoirs à Ali Larijani. On peut dire que Rafsandjani a perdu le soutien de ses pairs et qu’il a été débarqué du pouvoir par eux et Larijani qui avait des dossiers contre tout le monde a pu obtenir sa place de Premier-ministre occulte. Mais ses gens n’ont pas osé officialiser la passation du pouvoir car il avait peur de Larijani et de ses dossiers compromettants. De fait, il n’y a pas eu d’épuration interne, Rafsandjani est resté influant car il gardait des pions au pouvoir en particulier Ahmadinejad et ses ministres, tous issus des services secrets des Pasdaran qu’il avait jadis dirigés. Ainsi, en juin 2010, le pouvoir est devenu bi-céphale, complètement divisé.

Larijani a alors commencé à mettre en place des procès contre les enfants de Rafsandjani pour l’atteindre moralement et des procès contre Ahmadinejad et ses ministres chargés des négociations pour démanteler son équipe afin de permettre à son propre équipe de prendre la place. Cette entreprise de sape a reçu le soutien tacite de tous ceux qui étaient exclus du pouvoir et des bons business par Rafsandjani.

En mars 2011, la fête du Feu, une grande fête persane interdite par le régime depuis toujours coïncidait avec l’anniversaire de Reza Shah, le fondateur d’Iran laïque. Le régime a menacé le peuple des pires répression s’il bougeait. Le peuple a passé outre ces menaces montrant son rejet de l’Islam et son souhait d’une contre-révolution. Les Pasdaran ont laissé faire affichant ainsi leur soutien à la contre-révolution. Cette action exemplaire a réduit le régime à ses 200 dirigeants, près de 15,000 responsables régionaux, 800 hommes d’affaires et 6000 nervis.

Le Régime a tenté de rétablir l’ordre en cessant de payer les Pasdaran, en assassinant des meneurs d’hommes ou en incendiant le Bazar à plusieurs reprises sans parvenir à soumettre les dissidents qui étaient à l’origine de ses malheurs.

Le Régime était fragilisé, il pouvait chuter dans le sang et ses dirigeants devaient songer à accepter l’offre de Washington pour céder le pouvoir afin d’échapper à une fin terrible. Les cadres et les hommes d’affaires du régime qui allaient être sacrifiés dans le deal ont paniqué : les cadres du régime ont commencé à rompre et les hommes d’affaires du régime ont commencé à brader leurs biens pour acheter de l’or et des dollars afin de quitter le pays avant la débandade de leur dirigeants. La demande du dollar a fait augmenter le prix de la devise américaine sur le marché libre. Le taux du dollar est devenu l’indicateur de la chute de la confiance des derniers compagnons du Régime en leur avenir.

Ces ruptures et ces retraits de devises ont affaibli davantage le Régime. Larijani a alors accentué ses efforts pour écarter au plus vite Rafsandjani afin de contrôler le jeu des marchandages avec Washington. Il a ainsi admis la vulnérabilité du Régime, ce qui a créé une nouvelle source d’agitation interne.

En juillet 2012, Washington a imposé aux Européens de cesser leurs relations protectrices pour amener Larijani à accélérer sa guerre contre Rafsandjani afin de provoquer de nouvelles fracture au sein du régime.. il y a de nouvelles ruptures (les députés, puis les juges). Les Chinois ont estimé que le régime était fichu : prudemment, ils ont annoncé la diminution leurs investissements, puis ont suspendu leurs achats pétroliers. La peur de la banqueroute économique et de pénuries a envahi tout le monde provoquant une nouvelle grande ruée vers le dollar, mais aussi une ruée vers les produits alimentaires. Le pays tout entier a basculé dans la révolte avec une grande manifestation contre le Régime à Neyshabur, puis des appels à la grève générale au Bazar et plusieurs attaques contre la police des moeurs, dernière milice encore fidèle au Régime… Les Pasdaran ne sont pas intervenus, confirmant ainsi leur adhésion à la contre-révolution.

Le Régime a fait appel à ses 6000 nervis de base pour rassurer ses derniers compagnons. Mais il n’a pu mobiliser que 250 individus qui au fil du temps n’osent même plus sortir dans la rue et soutiennent le régime en se réunissant uniquement sur des sites sécurisés. De nouveaux boycotts internes de grands événements politiques, militaires et religieux ont alors confirmé la rupture des millions de Pasdaran, mais aussi des Bazaris ou encore les 80,000 mollahs de base ! Les associés du régime ont alors repris leurs achats de dollars pour quitter le pays au plus vite.

Rafsandjani a aussi paniqué : il a donné des signes de vouloir négocier rapidement avec Washington. Larijani a renforcé les accusations contre ses plus proches lieutenants (nommés à des postes clefs pour le protéger contre toute action judiciaire). Mais il n’a pas réussi à le calmer. Les commandants des Pasdaran (qui sont en place grâce à lui mais pourraient être sacrifiés dans le deal à venir, ont rejoint le concert des accusations. Rafsandjani a senti qu’il devait saisir toutes les occasions. Le voyage d’Ahmadinejad à NY pour l’Assemblée Générale de l’ONU était une occasion en or. Larijani a fait mine de vouloir l’arrêter. Les Pasdaran ont formulé d’autres accusations de corruption pour le dissuader de sceller une entente en échange de quelques garanties pour lui-même. Afin de les rassurer sur sa loyauté et laisser son pion partir à N-Y, Rafsandjani a rapatrié ses enfants Mehdi et Faezeh, laissant les Larijani les arrêter : il les a mis en gage. Mais contre toute attente, dès son arrivée à NY, son pion Ahmdinejad s’est montré très charmant avec les Américains en leur proposant lors d’une interview télévisée la possibilité d’une normalisation des relations bilatérales ! Rafsandjani avait sacrifié ses enfants. Il devait estimer que le régime était fichu. La panique a de nouveau gagné tous les derniers compagnons du Régime : on a assisté à une folle ruée vers le dollar : en quelques heures, le dollar est remonté de 70% dépassant les 4000 Tomans.

Les Larijani ont placé Mehdi Rafsandjani en isolement. Les Britanniques, alliés trahis, ont demandé des sanctions supplémentaires pour intimider le Régime. Rafsandjani a dû reculer en faisant désavouer indirectement l’ouverture proposée par Ahmadinejad. Mais la panique a persisté car elle n’est pas seulement due à l’envie de fuite des dirigeants, mais à ce qui provoque cette envie, c’est-à-dire, la vulnérabilité du régime..

Dans la foulée (il y a trois semaines), le Régime devait organiser de nombreux manoeuvres et défilés pour la « Semaine des Forces de l’Ordre ». Craignant un nouveau boycott des Pasdaran, il redoutait une nouvelle panique ou un début d’exode de ses associés avec leurs fortunes reconverties en dollar. Il a cru judicieux de bloquer tous les comptes en devises. Cette mesure a encouragé ses compagnons à acheter davantage de devises, mais aussi de revenir à l’achat de pièces d’or. Le dollar et l’or ont atteint des sommets. Le régime a proféré des menaces à l’encontre des acheteurs qualifiés d’agitateurs financiers, mais en l’absence de troupes fidèles à ses côtés, il n’a pas pu les intimider. Il a alors incendié le Bazar pour forcer les revendeurs Bazaris d’arrêter les ventes. Bazar ! Les Bazaris, malmenés et ruinés par le régime depuis des années, ont baissé les grilles pour commencer une grève paralysante.

Sur les images de manifestations des Bazaris, on ne voyait aucun policier ou milicien fidèle au régime. Chacun a vu que le régime était dépassé et seul. Ses compagnons ont aussi rompu les amarres et ont attaqué les banques pour libérer les devises bloqués sur leur compte. Le régime s’est ainsi retrouvé avec deux actions explosives susceptibles de précipiter sa chute. Il a tenté de contenir ces menaces en annonçant de grands rassemblements autour du Guide dans la région de Khorâssân du Nord, mais les images été fausses. Personne n’a cru à ses annonces. La crise de l’or et du dollar a persisté.

Il y a une semaine, dans ce contexte particulièrement défavorable, l’Europe devait annoncer de nouvelles sanctions contre le régime. Le procureur général du régime a menacé de pendre les agitateurs du marché du dollar. Mais malgré cette menace et la fermeture du Bazar, le dollar a augmenté encore de 30% malgré. Le régime, encore une fois dépassé, a alors annoncé la tenue de trois jours de manœuvres époustouflantes au cœur même de Téhéran avec 15,000 combattants de sa nouvelle milice anti-émeute. Mais on n’a rien vu d’époustouflante, mais des images d’archives et une soixantaine de miliciens sous-équipés s’agitant à l’intérieur des casernes.

Cette semaine encore, la situation pouvait s’aggraver d’une part en raison de l’échec de ces manoeuvres qui étaient censées sauver le régime, mais encore, en raison du boycott prévisible et humiliant des rituels et de la grande prière publique pour la fête de Sacrifice (Aïd al-Adha ou Aīd al-Kabīr pour les Arabes). Ali Larijani, le patron de facto des affaires intérieures, a agi en patron de médias : il a décidé de détourner l’attention de l’opinion en oubliant de parler de tout ce qui se rapporte à la fête de Sacrifice, en réduisant les sorties officielles et en multipliant des affaires bruyantes autour du sulfureux Ahmadinejad.

Larijani affaiblissait au passage le clan Rafsandjani, ce qui a relancé la guerre interne entre les deux clans. La base n’a pas aimée et a manifesté sa panique d’une manière fort inattendue. Les dirigeants n’ont pas su s’entendre pour rassurer leurs compagnons. Leur manque de discernement leur a valu de nouvelles ruptures et le boycott absolu des rituels et de la grande prière de la fête de Sacrifice. Voici les images d’une nouvelle semaine très remplie, intense et chaotique qui a confirmé les problèmes internes du régime, mais aussi son très grand isolement et son immense impopularité.


3 - 26.04.2013
Iran : La semaine en images n°270

intro de base pour comprendre la situation.
mise à jour chaque semaine en rapport avec l’actualité
mais aussi avec de nouveaux éléments sur le passé.
Le tout en gardant une longueur raisonnable
(afin de limiter les fautes dues au manque de temps pour tout relire).

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Origines de la crise : une guerre de 100 ans | La politique iranienne est passée sous domination britannique dès 1850 grâce à un réseau de princes Qadjar et de princes féodaux ambitieux recrutés par les loges maçonniques et aussi grâce à la prise en charge des mollahs alors socialement très influents dans un pays arriéré et rongé par l’obscurantisme. Les Britanniques ont renforcé leur influence en finançant la création d’un clergé hiérarchisé pour veiller à cet obscurantisme. Puis les Britanniques ont organisé une révolution constitutionnaliste menée par ce clergé organisé et plaçant le pouvoir politique sous sa tutelle. Les mollahs, mais aussi les féodaux ont aussi été affectés à jouer les députés. Leur premier acte d’allégeance a été d’accorder aux Britanniques l’exclusivité du pétrole iranien pour 100 ans. Mais ce système corrompu formé d’affairistes a vite sombré dans le désordre. L’Iran avait besoin d’un homme fort pour ne pas se disloquer. Londres s’est intéressé à un militaire issu du peuple connu pour la qualité de son commandement : Reza Khan. Il s’est avéré un génie politique car il a pu berner tous les étrangers et pu instaurer sous le nom de Reza Shah Pahlavi une monarchie axée sur l’identité iranienne, la modernité et la laïcité pour émanciper le pays et le libérer des mollahs et des Britanniques.

Reza Shah a remis en cause le contrat britannique sur le pétrole et pu améliorer les droits de l’Iran, puis il s’est tourné vers d’autres pays pour réduire la présence britannique en Iran. Les Américains qui étaient déjà en quête de pétrole à travers le monde n’ont pas alors aidé Reza Shah car ils ne voulaient pas être des partenaires mais des maîtres absolus du pétrole iranien. Ils ont commencé à monter leur propre réseau d’influence avec des gens négligés par les Britanniques, des intégristes non cléricaux. Puis ils se sont associés aux Britanniques pour envahir le pays, renverser le Roi dans l’espoir que l’accession au pouvoir de son fils inexpérimenté leur offrirait une opportunité pour imposer leurs pions.

Au début des années 50, sous la direction du jeune roi, le pays cherchait à faire réviser encore le contrat avec Londres pour obtenir un partage à 50-50 et utiliser cette manne pour former les ingénieurs pour pouvoir envisager une nationalisation ultérieure les industries pétrolières appartenant aux Britanniques. Les Américains n’ont alors pas soutenu le Shah pour ce projet, mais le prince Qadjar Mossadegh, ex-agent britannique, 1er propriétaire foncier en Iran, avec un projet irréaliste de nationalisation immédiate qui plaçait l’Iran qui n’avait aucun ingénieur en position de signer avec leurs compagnies pétrolières. Washington a également laissé Mossadegh pactiser avec le Parti communiste Toudeh partisans d’une invasion soviétique pour déstabiliser la monarchie patriote des Pahlavi et aussi créer les conditions afin d’intervenir au nom de la lutte contre le soviétisme, annexant de facto le pays pour placer au pouvoir ses propres pions et créer une base arrière pour agiter et annexer le Caucase et l’Asie Centrale, deux régions musulmanes qui sont aussi dotées d’importants ressources pétrolières.

Mais ce plan très logique a échoué car le clergé inféodé à Londres a encouragé ses gros bras à renverser Mossadegh et la direction de Toudeh était entre les mains de princes Qajars inféodés à Londres n’a pas demandé l’intervention soviétique. Cependant à l’issue de la crise, le contrat d’exclusivité des Britanniques a cédé sa place en août 1954 à un nouveau contrat de 25 ans obligeant l’Iran à vendre son pétrole en exclusivité à la hauteur de 40% aux Américains, 54% aux Britanniques et 6% aux Français selon un prix constant fixé par ce consortium.

Très rapidement, le Shah a tenté d’émanciper le pays de ce contrat en signant d’abord des contrats de Mattei, puis en créant l’OPEP pour faire fixer le prix non par les compagnies mais par les producteurs. Washington a alors décidé de reprendre ses complots pour l’annexion de l’Iran et de la région. Pour y parvenir, sans être gêné par le clergé et les faux communistes de Toudeh, il a financé la création d’un parti révolutionnaire islamo-fédéralisto-gauchiste nommé Nehzat Azadi (mouvement pour la Liberté) dont le programme stipulait un soutien actif à tous les pays musulmans opprimés ! Cela désignait les républiques soviétiques du Caucase et de l’Asie Centrale, mais aussi les pétromonarchies arabes créées par les Britanniques.

En 1973, quand le Shah a annoncé qu’il ne reconduirait plus le contrat du consortium, les Britanniques ont lancé une campagne internationale et falsifiée sur la torture en Iran. Le Shah a ouvert les prisons iraniennes à la Croix-Rouge qui a librement interviewé les sans découvrir le moindre cas de torture. Mais aucun des médias occidentaux n’a répercuté cette info. Les Américains ont en plus enchaîné sur une seconde campagne de droits de l’homme avec leurs pions de Nehzat Azadi utilisant la campagne d’Amnesty pour achever leur projet de révolution islamique en Iran. Les Britanniques dont les intérêts étaient menacés ont participé à ce projet pour intégrer dans le jeu leurs nombreux pins dont Khomeiny, son demi-frère Rafsandjani, son gendre Montazéri et son neveu Kianouri (dernier patron du Toudeh). Cette véritable petite dynastie secrète a renversé le jeu en provoquant un conflit avec Washington par des slogans anti-américains et surtout grâce à la prise en otage de l’ambassade américaine. Les composants religieux de la clique de Londres ont complété leur coup d’Etat anti-américain en adoptant la doctrine de la Tutelle d’un Grand Ayatollah, plaçant la République Islamique (de Washington) sous la tutelle de leur clergé afin de bloquer le retour des islamistes non cléricaux de l’Amérique ! Khomeiny devint le mentor spirituel et politique du régime, son demi-frère Rafsandjani obtint les postes clefs notamment les services secrets pour le protéger et diriger le régime, Montazéri devint le dauphin, un Guide en réserve pour éviter la vacance de pouvoir. Le système était irréprochablement verrouillé.

Washington a alors commencé une véritable guerre d’usure économique contre les mollahs dirigeants pour les affaiblir économiquement, les mettre devant un risque de soulèvement populaire afin de les amener à rétablir les relations bilatérales et permettre à ses pions de participer aux joutes politiques pour reprendre le pouvoir via des élections du régime (une révolution de couleur).

Mais 1 an après cette révolution doublement manipulé, les jeunes engagés dans la révolution ont compris qu’ils avaient été dupés. Ils ont pris leur distance avec le régime. Ceux qui s’étaient engagés dans les Pasdaran ont aussi montré leur mécontentement en prenant contact avec Reza Pahlavi, le fils du Shah. Henry Precht, responsable du bureau iranien du Département d’Etat et proche collaborateur de Brzezinski, a alors émis une directive interdisant à la dynastie Pahlavi toute activité hostile au régime islamique sous peine d’expulsion des Etats-Unis, anéantissant ainsi toute possibilité pour les Iraniens de se défaire de ce régime infernal. Washington a aussi décidé d’alléger et moduler ses accusations pour éviter de balayer le régime. C’est pourquoi il a souvent laissé ses partenaires critiquer ses sanctions et les contourner.

Face à cette guerre d’usure économique lente mais implacable, Rafsandjani (l’homme des Britanniques) s’est lancé dans une politique terroriste et militaire de l’amplification délibérée de la crise afin de forcer Washington à capituler (par peur d’un grand conflit régional perturber son approvisionnement pétrolier). Mais ces actions n’ont pas su faire capituler Washington.

Les rivaux internes de Rafsandjani attendaient la mort de son demi frère Khomeiny pour le virer. Le système était en danger. Khomeiny, agent des Britanniques, a établi un testament indiquant le transfert automatique des pouvoir à un conseil de 3 ayatollahs pour que l’ensemble des courants internes du clergé soient présents et ne s’entredéchirent pas. Rafsandjani appelé à chuter a contrefait le testament pour nommer son ami Khamenei comme nouveau Guide et ce dernier a immédiatement transféré l’ensemble de ses nouveaux pouvoirs politiques à un organe nommé Conseil de Discernement dirigé par Rafsandjani faisant de ce dernier de facto le patron absolu et officiel du régime. Londres a accepté cela a soutenu Rafsandjani pour ne pas nuire au système.

En revanche, cette évolution a plu à Washington car il pouvait utiliser les rancœurs internes. Il a alors placé Rafsandjani sous mandat d’arrêt international pour l’assassinat des leaders kurdes iraniens. Rafsandjani a dû acheter le soutien des adversaires (comme les frères Larijani) en leur octroyant quelques sièges du Conseil de Discernement. Rafsandjani a aussi acheté la protection des Européens en leur bradant le pétrole iranien. Il a également acheté le soutien des hommes d’affaires issus du régime en leur offrant des dollars bon marché ou des prêts illimités en rials, ruinant l’économie du régime. Il a aussi tenté la modération avec Washington, d’abord directement, puis via Khatami, ex-collaborateur chargé de l’épuration des universités et d’assassinat des opposants.

Mais ce faux apaisement a fâché Washington. L’Etat américain a évoqué la possible menace nucléaire pour justifier des sanctions plus lourdes. Rafsandjani a alors remplacé Khatami par Ahmadinejad (un autre ex-collaborateur des services secrets) pour renouer avec la politique de l’amplification de la crise et forcer Washington à capituler. Rafsandjani a aussi confié la direction des négociations à son jeune rival, l’ultra intégriste Ali Larijani, pour avoir son soutien.

Ce retour à la confrontation a déplu aux miliciens de base, qui étaient conscients de la faiblesse militaire du régime. Le choix suicidaire a aussi déplu aux Bazaris, conscients de la faiblesse économique du pays. Les deux groupes piliers du régime ont manifesté leur rejet par le boycott des manifestations officielles.

Le retour à la confrontation a également été un mauvais calcul car il seulement a permis à Washington d’impliquer le Conseil de Sécurité en 2007 et d’engager un grand nombre de pays à participer à ses nouvelles sanctions bancaires destinées à épuiser toutes les ressources en dollar du régime déjà ruiné par les choix clientélistes de Rafsandjani.

En 2008, le régime déjà très endetté a été confronté au manque de devises pour assurer l’approvisionnement du marché intérieur. Rafsandjani et Larijani (devenus collègues) ont fait le choix de geler les salaires de leurs collaborateurs les mieux payés et relever les prix des produits de grande consommation pour diminuer la consommation et ainsi gagner du temps dans l’espoir de parvenir à faire capituler Washington. Ce choix a plongé les bons serviteurs sécuritaires du régime dans la même misère que le peuple. Ils ont aussi rompu avec le régime en boycottant ses manifestations officielles.

La caste dirigeante a vite réalisé son isolement et sa vulnérabilité en cas d’une révolte : ses membres devaient négocier des garanties de sécurité avec Washington pour fuir avant que le système rongé de l’intérieur ne s’effondre. Pour avoir le monopole des marchandages, Rafsandjani, le patron du régime, a alors écarté Ali Larijani du Conseil iranien de Sécurité, organe chargé des négociations avec Washington.

Larijani a commencé à diffuser des dossiers de la corruption de Rafsandjani et contre tous ses alliés politiques pour les écarter du pouvoir et passer un deal avec Washington. Londres a neutralisé cette menace en éliminant le principal lieutenant politique de Larijani.

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En 2008-2009, on est ainsi passé d’une Guerre pour être le sauveur du régime à une guerre pour l’accès aux marchandages avec Washington !


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En juin 2009, Rafsandjani (épaulé par la BBC) a tenté un dernier joker : le Mouvement Vert, une fausse révolution de couleur (uniquement hostile à son propre pion Ahmadinejad) pour duper Washington et l’entraîner à abolir ses sanctions. Mais, le peuple autorisé à manifester a révélé son hostilité au régime tout entier des cris de Mort à la république islamique. Par ailleurs, les Pasdaran de base ont laissé faire le peuple montrant leur soutien tacite à un changement de régime.

Les Américains n’ont pas aidé cette contre-révolution (car contraire à leurs plans régionaux). Ils ont même participé aux rumeurs diffusées par le régime pour intimider le peuple et mater leur révolte. Ce qui a brisé le cœur des Iraniens et leur envie de lutter.

Mais le régime était condamné. Larijani, mais aussi les chefs Pasdaran qui craignent le peuple, se sont mis à critiquer Rafsandjani pour l’écarter et accéder aux marchandages avec Washington et garantir leur survie au-delà du régime.

Rafsandjani, menacé de toute part, a divisé ses adversaires en offrant le pouvoir judiciaire aux Larijani, avant de tenter de les doubler tous par une nouvelle version de Mouvement Vert axé sur une nouvelle république islamique hybride formée par ses dirigeants, les pions de Washington et de nouveaux pions venus de Londres.

Le peuple n’a pas cautionné cette solution hybride. Mais au même moment, il a manifesté massivement en mémoire de Reza Shah, l’homme qui a fondé l’Iran moderne et redonné aux Iraniens la fierté de leur identité. Les Pasdaran de base ont encore laissé faire le peuple, montrant leur envie d’un retour l’ère glorieuse de Reza shah.

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Les hommes d’affaires du régime ont paniqué : ils ont commencé à brader leurs avoirs boursiers et immobiliers pour acheter de l’or et des dollars afin de fuir le pays. Rafsandjani a alors oublié ses amis britanniques et a décidé de négocier avec Washington via ses pions gouvernementaux afin d’obtenir des garanties de sécurité pour quitter le pays sans être poursuivi pour son passé terroriste ! Le régime a alors été malmené par les Britanniques.

Les Larijani et de nombreux chefs Pasdaran exclus des négociations avec Washington ont décidé de renverser Rafsandjani. Leurs médias ont évoqué des cas de corruption du clan Rafsandjani et de ses enfants. Puis les Larijani, maîtres du Pouvoir Judiciaire, ont commencé des procès contre les pions gouvernementaux chargés des négociations à savoir Ahmadinejad, son ministre des affaires étrangères Salehi ou encore le négociateur nucléaire Jalili, mais aussi son fils Mehdi… Mais les frères n’ont jamais osé appliquer les verdicts annoncés de peur de provoquer une fuite massive des capitaux susceptible d’entraîner la banqueroute, puis la chute du régime. Le clan Rafsandjani a donc continué à glisser vers Washington. Chaque clan manoeuvrait pour ses intérêts au mépris de l’intérêt commun de tous les serviteurs du régime. Cette désunion a provoqué de nouvelles ruptures internes dans le cercle restreint des responsables de seconds plans comme les inspecteurs, les juges, les députés, les préfets, les officiers supérieurs.

Washington a alors forcé l’Europe à cesser ses relations commerciales avec les mollahs pour amplifier la crise interne du régime et amener ses dirigeants à capituler. Les hommes d’affaires ont accéléré leurs achats d’or et du dollar. La panique a touché le secteur alimentaire. Sous l’effet des achats frénétiques, le pays a basculé dans pénurie. Les gens ont manifesté aux cris de « mort à la république islamique ». On n’a alors vu aucun policier ou milicien du régime charger la foule hostile, ni aucun juge condamner les manifestants ce qui confirma la rupture des policiers et des juges et l’isolement des Larijani et des Chefs Pasdaran, les derniers défenseurs du régime.

Dès lors, les Larijani et les Chefs Pasdaran ont sans cesse annoncé des manœuvres sécuritaires grandioses pour insinuer l’existence de troupes fidèles, mais l’absence de troupes fidèles visibles a sans cesse confirmé leur impuissance et l’impuissance du régime.

Washington a alors commencé à négocier avec Rafsandjani à propos de l’accusation de crime contre l’humanité pour sa participation à l’attentat anti-juif d’Amia en Argentine. Mais en décembre 2012, à l’issue d’une offre américaine d’un semi-arrangement, Rafsandjani a été convaincu qu’il n’obtiendrait rien de concret des Américains. Il a aussi chargé ses pions Verts à scander « Mort à la République islamique ». Il a commencé à parler d’« Elections Libres ». Ses adversaires ont compris qu’il entendait dévier de la ligne officielle et changer de bord. Quand ses pions gouvernementaux ont annoncé de nouvelles anxiogènes de hausses de prix, ses adversaires ont été convaincus qu’il entendait provoquer un soulèvement afin de s’y engouffrer par « amour du peuple » : devenir (malgré le risque évident d’y rester) l’instrument d’un changement radical (pro laïque) qu’il ne peut éviter espérant bénéficier d’un pardon en Iran.

Cette solution permettait de bloquer le retour aux affaires des pions islamistes de Washington et satisfaire les intérêts pétroliers de la Grande-Bretagne. Rafsandjani et ses complices pouvaient en échange être certains de garantir leurs avoirs financiers placés principalement dans les pays dépendant de l’Empire britannique. La participation des médias persanophones britanniques dans la promotion de cette solution montra que Londres était dans le coup, peut-être même à l’origine de cette solution dite de Réconciliation Nationale.

Les Nantis du régime ont évidemment apprécié cette solution. Mais les Chefs Pasdaran du Bassidj et de la Police dont les noms restent associés à toutes les répressions et les Frères Larijani complices de leurs derniers forfaits n’ont pas cautionné cette solution car ils ne peuvent bénéficier d’aucun pardon. Ces insolvables ont refusé bruyamment cette solution déviationniste. ont créé une coalition semi-officielle contre Rafsandjani et ses complices, mais en l’absence de troupes actives, leur fronde est restée une nuisance purement politique, bloquant néanmoins le bon déroulement de la solution Britannique qui semble être de la seule issue possible pour tous.

Le clergé, allié historique des Britanniques, a alors boycotté l’anniversaire de la révolution islamique, laissant présager la possibilité d’une Fatwa de sa part contre le régime. L’avertissement a poussé Rafsandjani à accélérer ses manœuvres pour provoquer la crise de panique interne nécessaire pour son scénario de sortie du régime sous sa direction. Il a aussi esquissé un rapprochement avec une nouvelle entité regroupant tous les opposants autour de Reza Pahlavi. Larijani a essayé de contenir son adversaire en multipliant les annonces judiciaires menaçantes, mais il n’a pas osé aller très loin de peur de provoquer une crise bénéfique à son adversaire. Washington a aussi alterné les menaces et les cadeaux pour trouver un interlocuteur favorable en Iran. On est alors entré dans une nouvelle routine sans issue.

Mais fin février, les paysans d’Ispahan se sont révoltés en incendiant les mosquées de la ville et le régime n’a annoncé aucune arrestation. Fin Mars, le peuple a défié le régime en célébrant Norouz, expression de son attachement à son identité non islamique, par un grand rassemblement à Persépolis aux cris pro-monarchiste d’Iran est notre partie, Cyrus est notre père ! Début avril, un grand événement religieux, le deuil pour Fatemeh la fille de Mahomet, mais aussi l’anniversaire de la fin de la monarchie ont été boycottés à 100%. De plus, les paysans d’Ispahan se sont encore révoltés. La vraie contestation s’est révélée très vivace.

Rafsandjani a esquissé une possible négociation avec Washington comme un plan B au cas où la situation lui échapperait, mais il n’a pas concrétisé son geste. Plusieurs chefs Pasdaran et certains ex-collaborateurs ont soutenu le dialogue, mais Rafsandjani n’a pas sauté sur l’occasion, il a même tenté de provoquer une grande crise interne par une attitude hostile face au 5+1, montrant de facto qu’il espérait encore le succès de son projet de déviation et d’adhésion tel un héros au peuple et à l’opposition en exil.


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La semaine dernière, peu avant le début des négociations avec les 5+1, Washington a poussé ses opposants exilés de Nehzat Azadi et de l’OMPI qui s’étaient approchés de Reza Pahlavi en même temps que des éléments du clan Rafsandjani pour former ensemble une opposition unie ont lâché cette coalition en gestation appelé Conseil National. Washington espérait anéantir l’option de sabordage du régime agonisant afin que Rafsandjani n’ait d’autres choix que d’accepter un deal pour une restitution du pouvoir à ses pions. Le coup de Washington contre le Conseil National a redistribué les cartes : un ex-collaborateur de Rafsandjani , Velayati, sous mandat d’arrêt international, s’est présenté comme le candidat de dialogue avec Washington. Larijani s’est aussi présenté comme le candidat du réalisme politique !

Rafsandjani a compris que ses camarades faisaient des clins d’oeil à Washington. Mais il n’a pas cédé car le coup de Washington avait affaibli la Conseil National, sans parvenir à l’exploser. Rafsandjani a décidé d’accélérer ses plans dans ce cadre, il a entrepris le recyclage de son pion Ahmadinejad en dissident car pour couper avec le système et adhérer tel un héros au peuple, il lui faut un président allié et officiellement déviant ! La guerre interne a repris entre les factions du pouvoir ! Mais alors que les factions s’entredéchiraient, un grand tremblement de terre a dévasté lla région de Bouchehr, et comme d’habitude, il n’y a pratiquement aucun secours aux victimes. Les dirigeants pouvaient craindre une explosion de colère susceptible de déclencher des contestations plus vastes. Les Chefs Pasdaran, qui redoutent la chute, ont évoqué des manœuvres paramilitaires pour intimider le peuple. De son côté, Rafsandjani a accéléré ses préparatifs en envoyant Ahmadinejad et Rahim-Mashaï en tournée électorale pour insister sur leur dissidence théâtrale. Les deux hommes ont été boudée par les habitants de la première ville visitée. Rafsandjani a réalisé l’impossibilité de son scénario et l’impopularité du régime ! Tous les dirigeants ont fini la semaine en silence.


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Cette semaine, les mollahs devaient améliorer les secours aux victimes du séisme de Bouchehr. Ils devaient aussi calmer des mouvements de colère apparus parmi les ouvriers et les pauvres touchés par son plan de rigueur. Les mollahs devaient aussi organiser de nombreux rassemblements en mémoire de Fatemeh alors que le peuple et leurs propres collaborateurs boycottent les dates religieuses. Les mollahs devaient aussi organiser de nombreux rassemblements et un grand défilé pour la Journée de L’Armée alors qu’ils n’ont plus le soutiens de leurs militaires de base. La situation était terrible. Les mollahs ont choisi la propagande et la fuite en avant ! Un second tremblement de terre encore plus dévastateur est venu mettre en valeur le manque de moyens du régime. Les fuites en avant se sont accélérées. Voici le récit en images d’une nouvelle semaine de difficultés, de contrariétés, de propagande et de manœuvres de diversion pour les mollahs.


3 - 07.02.2013
Iran : La semaine en images n°259

intro de base pour comprendre la situation.
mise à jour chaque semaine avec de nouveaux éléments...

Cette semaine, une nouvelle analyse en introduction à propos de la politique du Shah face à la révolution islamique !

Origines de la crise (TEXTE INEDIT)| L’enjeu de la crise est le pétrole de l’Iran, mais aussi des régions environnantes traditionnellement dominée par les Britanniques et par les Russes. Très rapidement, Washington a compris que les Britanniques dominaient l’Iran grâce à un grand réseau de politiciens corrompus et grâce à un clergé crée avec leur soutien.

Dans les années 50, Washington a essayé de doubler ce réseau avec l’aide de prince Qadjar pro-britannique Mossadegh, l’aîné des prétendants Qadjar au trône de l’Iran, mais vieillissant et isolé et des jeunes mollahs extrémistes ainsi que des nervis islamistes issus du Bazar.

Les Britanniques ont alors mis le pays sous embargo et en parallèle ont demandé à leurs pions à savoir les mollahs influents, les clans féodaux, les grands Bazaris et leurs nervis, les cadres du TOUDEH et de JEBHEH MELLI d’entourer Mossadegh pour l’accompagner et l’encourager à négocier. Washington a apporté son soutien économique à Mossadegh et l’a laissé s’allier au parti communiste Toudeh en espérant utiliser le prétexte du passage de l’Iran dans le camp des rouges pour envahir le pays et en prendre le contrôle au nom de la défense de la démocratie. Les Britanniques ont alors demandé à leurs pions d’abandonner Mossadegh provoquant sa chute. Washington a alors lâché Mossadegh et au nom du droit à la diversité, il a demandé une révision du contrat anglais avec l’Iran. C’est ainsi que l’Iran a signé en 1954 un contrat de 25 ans réservant son pétrole à un consortium pétrolier 40% américain, 54% britannique et 6% français.

Le Shah a alors utilisé les droits accordés par la constitution de 1906 pour diriger le pays et l’engager dans la voie de la modernité et des progrès sociaux pour réduire le pouvoir des islamistes bénéficiant désormais du soutien de Washington. Il a aussi créé l’OPEP pour s’émanciper du consortium. Washington a alors créé avec des ex-Mossadeghistes un mouvement islamiste non clérical nommé NEHZAT AZADI, hostile à l’OPEP et à la monarchie, partisan d’une république islamique et décidé à libérer toutes la région au nom du droit des musulmans à se libérer. Les Britanniques ont compris que Washington entendait les doubler avec ses islamistes non cléricaux et ce pour contrôler le pétrole de l’Iran, mais aussi de tous les pays musulmans voisins.

En 1973, le Shah a annoncé qu’en 1979, il ne renouvellerait plus le contrat d’exclusivité le liant au consortium. Il est devenu l’homme à abattre. Les Américains ont doté NEHZAT AZADI d’une branche armée nommée l’OMPI. Les Britanniques ont compris que les Américains allaient passer à l’action. Ils ont envoyé leur grand spécialiste de l’Islam Bernard Lewis à l’encontre de Brzezinski, initiateur du projet américain de Ceinture Verte (en réf. à l’Islam) et fondateur de la commission trilatérale en cette même année 1973, pour lui proposer un projet semblable au sien. Les Britanniques ont ainsi montré qu’ils pouvaient contrer leurs cousins d’Amérique. Les Américains les ont intégrés pour ne pas les avoir contre eux. La même année, Brzezinski est arrivé dans le conseil d’administration de l’organisme britannique Amnesty International pour commencer une campagne de dénigrement contre le Shah, dépeint comme un tortionnaire. Le Shah a ouvert les prisons iraniennes au Croix Rouge qui a rejeté les allégations d’Amnesty, mais cet organisme n’a nullement tenu compte de ce rapport. Amnesty a aussi reçu le prix Nobel pour cette campagne partiale. Ce qui n’est pas guère étonnant car le prix Nobel est fiancé par les grands pétroliers. En 1978, Paris a offert refuge à la coalition révolutionnaire britannico-américaine formée par les mollahs pro-britanniques du clan Khomeiny et les militants de Nehzat Azadi.

Le Shah a nommé au poste de 1er ministre, Bakhtiar, dont on sait depuis peu qu’il était un opposant notoirement pro-britannique. Le Shah qui refusait le recours aux armes espérait de casser ainsi le pacte américano-britannique sans entrer dans un conflit susceptible de provoquer des morts. Ce choix montre que le Shah connaissait bien les conflits d’intérêts entre les Américains et les Britanniques. Il ne pouvait pas imaginer que les deux camps puissent oeuvrer ensemble. Mais Bakhtiar a neutralisé la police politique de l’époque, il a libéré les agitateurs islamistes, puis il a autorisé Khomeiny à retourner en Iran en toute sécurité le 1er février 1979 ! Bakhtiar a permis la victoire de la révolution islamique.

Le Shah s’est trompé en imaginant un accord tacite avec les Britanniques. Ils l’ont sacrifié car sa famille avait sans cesse combattu leurs intérêts, mais le Shah ne s’était pas trompé sur les rapports entre Britanniques et Américains, car Bakhtiar a en fait offert à Khomeiny un poids qu’il n’aurait pas eu si la révolution se gagnait dans la rue par les militants islamistes non cléricaux de Washington. Khomeiny qui avait convenu de quitter la direction de la révolution pour se consacrer aux études religieuses a pu grâce à Bakhtiar bénéficier du plus grand rassemblement pour prononcer le premier grand discours de la révolution. Grâce à ce retour (dont on fêtait l’anniversaire cette semaine), Khomeiny a pu imposer son demi-frère Rafsandjani au sein du Conseil de la Révolution (à côté de Bazargan, le principal pion de Washington, ci-dessous en costume gris).

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Grâce à Rafsandjani et ses nervis (qui ont vite accaparé des postes clefs), Londres a pu éliminer les principaux pions de Washington et rompre le cordon ombilical avec Washington avec l’attaque des révolutionnaires islamiques contre l’ambassade américaine. Il a exclu les pions islamistes non cléricaux de Washington par la rupture des relations diplomatiques. Puis il les a privés de tout rôle politique par l’instauration de la doctrine de la Tutelle du clergé sur le pouvoir politique.

Ce coup d’Etat interne a propulsé Rafsandjani et ses complices au sommet de l’Etat. Rafsandjani a accédé à tous les postes clefs notamment le ministère de l’intérieur, la direction des services secrets des Pasdaran, le ministère de la guerre. Il est devenu le patron non officiel du régime et de tous les bons business (pétrole, automobile, alimentation) au détriment des mollahs plus instruits, mais moins physiques comme Montazeri (grand maître maçon du clergé) ou encore, Morteza Mottahari (le beau-père et protecteur d’Ali Larijani) qui était l’auteur de de la doctrine de la Tutelle du clergé sur le pouvoir politique.

Washington avait été battu, mais il n’est pas avoué vaincu : il a commencé à sanctionner cette nouvelle république islamique pour provoquer des pénuries et un risque de soulèvement afin de forcer ses dirigeants (Rafsandjani et ses complices) à accepter la normalisation des relations pour qu’il puisse revenir en Iran avec ses pions et tenter de reprendre le pouvoir via des élections libres (une nouvelle révolution interne).

Rafsandjani et ses complices se sont alors lancés dans une guerre sans fin contre Saddam pour déstabiliser l’approvisionnement pétrolier mondial. Ils ont aussi commencé des actions terroristes anti-américaines au Liban, mais sans réussir à faire reculer Washington. Ils ont alors commencé à brader le pétrole aux Etats Européens pour acheter leur protection diplomatique. Ces choix désastreux, mais aussi leurs larcins ont entraîné le pays dans le néant. Les ouvriers ont perdu leurs emplois, les Bazaris qui vivaient de la vente des produits nationaux ont été ruinés. La devise iranienne qui est proche du Franc a commencé à chuter vertigineusement. Beaucoup de jeunes Pasdaran contactaient Reza Pahlavi pour exprimer leurs regrets de tout ce qui avait été perdu par leur faute. La révolution islamique a très vite perdu ses enfants et très vite, le régime s’est retrouvé en danger.

Mais ce régime (divisé au sommet, ruiné et contesté par sa base et par le peuple) n’est pas tombé car Washington n’a jamais aidé les opposants, le peuple et les dissidents, de peur que le système islamique nécessaire à ses projets régionaux ne disparaisse. Depuis Washington a souvent laissé ses partenaires stratégiques contourner ses sanctions quand il estimait que ces sanctions pouvaient entraîner la chute du régime islamique. En agissant ainsi, Washington a rallongé l’agonie du régime et en accentuant ses sanctions et affaiblissant économiquement le régime, il a amplifié la dissidence ou encore les querelles internes entre Rafsandjani et tous ceux (comme les frères Larijani) qu’il avaient écartés du pouvoir.

En 1989, Rafsandjani était en danger car son demi-frère et protecteur Khomeiny était mourant. Il a alors trafiqué le testament de ce dernier, doublant les 86 ayatollahs du Conseil des Experts de la Tutelle, pour nommer son ami Khamenei à la direction spirituelle du régime. Avec son accord et le soutien du président du Conseil constitutionnel, Jannati, et le 1er ministre de l’époque, Moussavi, il a obtenu les pleins pouvoirs pour le Conseil de Discernement qui présidait depuis peu. Mais il n’est pas parvenu à trouver une solution face à Washington.

En 1996, Washington a changé son approche : il a adopté des sanctions pétrolières au prétexte de l’attentat de Rafsandjani contre AMIA, le centre Juif de Buenos-Aires. Il entendait déstabiliser Rafsandjani face à ses adversaires internes pour l’amener à céder avant qu’ils en le renversent ou ne le livrent pour échapper aux sanctions.

Rafsandjani a alors partagé le pouvoir avec ses adversaires notamment les frères Larijani pour acheter leur loyauté. Puis il a placé à la présidence son ex-collaborateur des services secrets Khatami sous une étiquette de modéré pour entraîner Washington dans l’apaisement. Washington a tenté d’utiliser cet apaisement pour introduire ses pions dans le jeu (Esfandiari…), mais Rafsandjani a surenchéri avec de nouveaux faux opposants comme Tabarzadi, Ebadi ou Sotoudeh. Finalement, Washington s’est fâché et a évoqué la "menace nucléaire et balistique des mollahs" pour durcir ses sanctions.

Rafsandjani, patron du régime en tant que président du Conseil de Discernement, aurait pu mettre fin au risque de nouvelles sanctions car son régime n’a jamais eu le moindre missile, pas de satellite pour diriger d’éventuels missiles achetés en contrebande et enfin, aucun savoir faire nucléaire pour finir la centrale nucléaire civile de Bouchehr, laissée inachevée après la révolution. Mais par obédience pro-britannique ou par peur de perdre ses avoirs placés dans les pays du Commonwealth, il ne pouvait pas s’ouvrir aux Américains. Il a alors a remplacé Khatami par Ahmadinejad, pour tenter de faire plier Washington. Il a aussi offert la direction des négociations nucléaires à Ali Larijani, adepte d’une politique de fermeture, avec l’idée de l’occuper, le rendre complice, l’utiliser comme un instrument des menaces puis l’éliminer de facto après un accord avec Washington.

Mais les choses n’ont pas pu se passer selon ses prévisions. Washington a utilisé la fermeture de Larijani et les menaces d’Ahmadinejad pour impliquer le Conseil de Sécurité de l’ONU pour cautionner ses futures sanctions ou ses menaces d’interventions (au nom de l’article 7 du code du du Conseil de Sécurité). Ainsi, en 2008, il a pu adopter ses premières sanctions bancaires internationales réduisant très fortement les revenus en devises du régime, le mettant face à un risque élevé de pénurie. On a assisté à d’importants boycotts des manifestations officielles par les Pasdaran de base, les Bazaris ou des mollahs de base. Pour la première fois, le régime et ses dirigeants étaient en danger. Rafsandjani et Larijani désormais complices au sein du Conseil de Discernement ont décidé de limiter le pouvoir d’achat en gelant les salaires de leurs serviteurs et en supprimant le système des Prix subventionnés pour ménager leurs stocks de devises et de vivres et aussi d’habituer les Iraniens à vivre de très peu afin de diminuer le risque de soulèvement provoqué par la faim. Les agents anti-émeutes fragilisés par ses mesures ont alors rompu avec le régime.

Rafsandjani a songé à la nécessité d’une éventuelle négociation avec Washington pour pouvoir quitter le pays avant la chute du régime : il a alors exclu Ali Larijani du poste clef de négociateur nucléaire lui donnant accès au dialogue direct avec les Américains ! Ali Larijani a tenté de le renverser en révélant avec l’aide de son premier lieutenant Kordan des dossiers de la corruption de Rafsandjani et de ses alliés. L’attaque montrait que Larijani avait un réseau inquiétant : Rafsandjani n’a pas osé le défier, il a seulement désorganiser l’attaque en éliminant son lieutenant. Mais il devait parvenir à réussir face à Washington pour redevenir le champion du régime pour inciter les alliés de Larijani à le lâcher.

Rafsandjani s’est lancé avec son ami de toujours Moussavi dans une (fausse) révolution de couleur (le Mouvement VERT) pour entraîner Washington à les cautionner ! Mais la situation lui a échappé car le peuple autorisé à manifester a profité de l’occasion pour scander des slogans hostiles au régime et des millions de miliciens sont restés passifs révélant leur soutien à un changement de régime !

La république islamique n’est cependant pas tombée car Washington n’a pas soutenu cette contre-révolution. En revanche, Rafsandjani qui avait failli entraîner la chute du régime, a perdu le soutien de ses alliés. Il a alors offert le pouvoir judiciaire aux Larijani et a accéléré ses efforts pour imposer sa solution avant que ces derniers ne parviennent à contrôler l’appareil judiciaire en écartant ses pions. Mais il n’est pas arrivé et au bout d’un an, il a perdu le soutien de ses alliés. Il a alors d’un coup disparu de l’arène politique et Ali Larijani a commencé à s’occuper des activités qu’il menait au sein du Conseil de Discernement. Mais les gros bonnets du régime n’ont pas osé officialiser Larijani par peur qu’il ne les élimine facilement avec ses dossiers compromettants. Ali Larijani n’a donc pas pu virer les pions (gouvernementaux) de Rafsandjani pour nommer les siens et devenir le patron afin de bénéficier des meilleures garanties de sécurité en cas de la chute du régime. Il s’est alors lancé avec son frère dans une croisade judiciaire anti-corruption pour les éliminer. Puis il a évoqué la nécessité de révoquer Ahmadinejad pour incompétence économique. Rafsandjani a alors accéléré ses démarches pour dialoguer avec Washington pour vendre le régime aux pions de Washington en échanges de garanties de sécurité pour sa vie et ses avoirs. Les dirigeants songeant tous à leurs intérêts ont déçu leurs derniers fidèles.

Une nouvelle manifestation hostile en mars 2011 (Esfand 89) à l’occasion de l’anniversaire de Reza Shah, le fondateur de l’Iran laïque a bénéficié de la passivité des Pasdaran confirmant l’hostilité du peuple et des Pasdaran de base à la république islamique. Les businessmen du régime ont alors paniqué car ils avaient été lâchés par leurs dirigeants et les Pasdaran de base : les businessmen du régime (issus des clans au pouvoir) ont commencé à brader leurs avoirs pour acheter de l’or et des dollars en vue de quitter le régime avant qu’il ne soit trop tard. Les réserves bancaires du régime n’ont cessé de fondre sous l’effet de la demande et les taux de l’or et du dollar n’ont cessé d’augmenter devenant l’grâce du manque de confiance des nantis et des collaborateurs du régime.

Larijani a alors accéléré ses procès pour virer Rafsandjani et ses pions. Ces derniers ont tout tenté pour parvenir à un accord avec Washington. Les chefs Pasdaran qui craignaient être sacrifiés dans ce jeu ont rompu avec Rafsandjani en s’alignant sur les Larijani. Cette nouvelle division a amplifié la panique interne. Les derniers collaborateurs du régime ont été déçus par leurs chefs qui ne pensaient qu’à eux-mêmes. On a assisté à une fonte des effectifs des fidèles. Durant l’été 2012, Washington a aggravé la panique en forçant l’Europe à cesser ses relations économiques protectrices. Les chinois ont jugé le régime perdu et se sont retirés des marchés iraniens. La ruée vers l’or et le dollar a été si forte que le régime n’a pas pu répondre à la demande. il a donné l’impression que sa banque centrale avait fait faillite : les gens ont commencé à stocker des vivres. Le pays a basculé dans la pénurie, le chaos et des actions hostiles au régime.

Les dirigeants ennemis ont sans casse parlé de leur puissance policière pour intimider leurs collaborateurs paniqués, mais ils n’ont jamais pu montrer les troupes annoncées et n’ont jamais mis à exécution leurs menaces à l’encontre des paniqués. Ils se sont seulement contentés d’incendier lâchement le Bazar pour désorganiser les transactions et ont aussi accentué leurs efforts dans le sens de leurs intérêts prouvant qu’ils considéraient le régime comme étant condamné. Ainsi en septembre dernier, Rafsandjani a rapatrié en Iran ses enfants et les a livrés en gage aux Larijani pour pouvoir expédier des émissaires à New York et proposer un deal à Washington. La panique a été si forte que le dollar a dépassé le triple de sa valeur officielle !

Fin octobre, Washington a tenté un deal avec Rafsandjani (via une possible remise en cause de sa culpabilité dans l’affaire Amia). Les Chefs Pasdaran, qui peuvent hériter de la responsabilité de cet attentat, se sont approchés de Larijani. Cette coalition a tenté de nouer le dialogue avec Washington, mais elle a été refoulée. Washington a ainsi prouvé qu’il ne visait pas une entente, mais entendait utiliser les faiblesses de Rafsandjani pour le forcer à céder à ses attentes. Rafsandjani a alors pris une décision incroyable : il a demandé à ses faux opposants du Mouvement Vert de crier « Mort à la Révolution Islamique » pour se dissoudre dans l’opposition et trouver des garanties de sécurité en Iran (en se disant qu’avec ce choix il pouvait garantir les intérêts pétroliers de la Grande-Bretagne et ainsi protéger ses avoirs financiers dans ce pays).

Ce revirement pragmatique de réconciliation nationale de type Khmers Rouges (peut-être suggéré par les Britanniques) n’a provoqué aucune agitation parmi les paniqués : les derniers collaborateurs du régime, mais aussi les chefs Pasdaran militaires, le trouvaient satisfaisant,

Mais, Ali Larijani dont le frère a piloté les répressions du grand soulèvement de l’été 2009, ou encore les Chefs Pasdaran de la Police et du Bassidj dont les noms sont associés à toutes les répressions et les patrons des médias chargés de la propagande qui étaient des insolvables ont tenté de bloquer cette déviation.

La panique interne a refait surface. Les Larijani ont alors évoqué encore des menaces sans passer à l’acte. Pour fermer les banques, ils ont évoqué une pollution mortelle. Les Larijani ont aussi remis en orbite de vieux faux opposants complètement discrédités comme Tabarzadi ou Sotoudeh montrant par ce choix le manque d’option à leur disposition. Après ces efforts inefficaces, les Larijani se sont approchés des Chefs Pasdaran de la Police et du Bassidj pour former une coalition dénonçant la corruption du clan Rafsandjani et sa dérive (au nom de leur attachement à la doctrine de la tutelle du clergé sur le pouvoir politique). Puis les Larijani ont mis en examen le fils de Rafsandjani pour fraude et complot politique insinuant un grand règlement de compte avec Rafsandjani. Ce dernier a perdu des alliés importants comme Jannati, le chef du Conseil Constitutionnel. Cette accélération de la lutte des Larijani pour le contrôle des marchandages avec Washington a aussi confirmé que le régime était fichu. La ruée vers l’or et le dollar a atteint des sommets avant de se délocaliser à Dubaï pour échapper à toute entrave. Dans la foulée, toutes les manifestations officielles ont également été boycottées à 100% à tous les niveaux par les derniers fidèles ! Ce qui arrangeait Rafsandjani qui a besoin de provoquer le désordre pour opérer sa déviation.

La Semaine dernière, le régime devait organiser la journée de l’Unité et célébrer le début de l’ère de l’imam Caché. De peur de boycotts bénéfiques à Rafsandjani, Larijani et ses amis des médias officiels ont oublié de parler de ces événements. Larijani a même simulé un apaisement avec Rafsandjani pour le retenir et aussi pour neutraliser la panique. Il a aussi évoqué de nombreuses pendaisons et amputations publiques pour intimider le peuple. Rafsandjani a alors diffusé avec l’aide des Britanniques de nouvelles anxiogènes pour provoquer un soulèvement, mais les Iraniens, méfiants et craintifs depuis l’échec de leur contre-révolution, n’ont pas bougé.

Cette semaine, le régime devait célébrer en grande pompe le retour en Iran de Khomeiny (grâce à Bakhtiar). La peur d’un boycott humiliant a amené les dirigeants à annuler de nombreux rituels comme les rassemblements des politiciens, des officiers et des divers ses corporations sur le tombeau de Khomeiny avant l’anniversaire de son retour (cette année le 31 janvier), mais aussi les rituels de cette journée comme le rassemblement des écoliers à l’aéroport, la grande défilée des motards de la police de l’aéroport au cimetière Behesht-Zahra où Khomeiny avait fait son premier discours, puis divers rassemblements sur ce lieu...

Cette autocensure n’a pas manqué de paniquer et agiter les hommes d’affaires du régime ce qui a immanquablement relancer les efforts des Larijani pour prendre le pouvoir avant qu’il ne soit trop tard. Voici la chronique en images d’une semaine semée d’embûches pour les mollahs et leurs derniers compagnons.


3 - 28.12.2012
Iran : La semaine en images n°253

intro de base pour comprendre la situation,
mise à jour chaque semaine avec de nouveaux éléments après ce module [+].
Avec une nouvelle analyse inédite des événements de la semaine précédente.
En rouge : les éléments qui, cette semaine, ont été d’actualité.

Le signe § donne droit à des tiroirs d’infos.

Origines de la crise. Il y a 33 ans, en 1979, les mollahs, alliés historiques de Britanniques et exclus du jeu par la dynastie progressiste des Pahlavi, ont pu revenir dans l’arène politique quand les Américains ont décidé de renverser le Shah (coupable entre autre d’avoir modernise le pays, stabiliser la région et aussi d’avoir créer l’OPEP) avec l’intention d’installer à sa place leurs pions islamo-fédéralistes de NEHZAT AZADI (Mouvement pour la liberté), d’ex-pions britanniques du parti islamo-nationaliste JEBHEH MELLI qui sous la direction de Mossadegh avaient quitté le camp britannique pour joindre le camp américain.

§ NEHZAT AZADI & co.

NEHZAT AZADI avait aussi créé une branche armée islamo-marxiste, les MODJAHEDIN KHALGH (OMPI) pour dévaliser le parti communiste Toudeh (officiellement communiste, mais pro-britannique au niveau de sa direction). Les membres de cette branche armée clairement djihadiste devaient former les Gardiens de la Révolution islamique pour exporter l’islam révolutionnaire en Asie centrale alors soviétique, pour déstabiliser cette région et la remodeler selon les intérêts pétroliers américains.

Le projet appelé Arc de Crise allait mettre fin à 100 ans de domination britannique du marché pétrolier mondial. Les Britanniques ont demandé à leurs pions encore fidèles à savoir les mollahs influents, les Bazaris et leurs nervis, les cadres du TOUDEH et de JEBHEH MELLI d’intervenir pour mobiliser le peuple afin de jouer un grand rôle dans le projet américain puis d’évincer les pions de Washington et prendre le pouvoir dans le nouveau régime islam. Ce coup d’Etat interne a été réalisé Rafsandjani, le demi-frère et fondé de pouvoir de Khomeiny, en assassinant les pions religieux de Washington, puis en coupant le cordon ombilical entre Washington et la révolution islamique par l’attaque des "étudiants islamiques" contre l’ambassade américaine et la prise en otage des diplomates américains.

En échange de ces bons et loyaux services et cette Seconde révolution islamique, Rafsandjani a été autorisé à écarter des mollahs plus hauts placés comme Mottahari (le protecteur des Larijani), mais aussi d’autres pions de Londres comme ceux de TOUDEH et de JEBHEH MELLI pour accéder à tous les postes clefs comme le ministère de l’intérieur, les services secrets des Pasdaran ou encore le ministère de guerre qui ont fait de lui le patron non officiel du régime et de tous les bons business (pétrole, automobile, le secteur alimentaire). Avec le soutien des jeunes mollahs ambitieux et évidement le soutien tacite des Britanniques, Rafsandjani a aussi été chargé de verrouiller le système en diabolisant les Etats-Unis et en attaquant ses intérêts et ses alliés régionaux pour ne laisser aucune chance de retour de ses pions dans le jeu.

L’Etat américain a alors commencé à sanctionner les mollahs pour provoquer des pénuries et un risque de soulèvement pour forcer Rafsandjani et ses complices à cesser leur diabolisation, d’accepter un apaisement, puis la normalisation des relations pour qu’il puisse revenir en Iran avec ses pions et reprendre le pouvoir via une révolution de couleur.

Rafsandjani et ses complices ont alors accentué les actions terroristes contre les intérêts américains et ont dû sacrifier la production nationale pour importer tout d’Europe afin d’acheter la protection diplomatique des Européens. Cela et la guerre contre Saddam ont rapidement ruiné le pays et sa force de production : les ouvriers ont perdu leurs emplois, les Bazaris qui vivaient de la vente des produits nationaux ont été ruinés. Le pays était aussi en guerre. Beaucoup de jeunes Pasdaran contactaient Reza Pahlavi pour exprimer leurs regrets de tout ce qui avait été perdu par leur faute. La révolution islamique a très vite perdu ses enfants et très vite, le régime s’est retrouvé en ruiné et en danger. Mais il n’est pas tombé car Washington n’a jamais aidé les opposants, le peuple et les dissidents de peur que le modèle islamique nécessaire à ses projets régionaux ne disparaisse. Depuis Washington a souvent laissé ses partenaires stratégiques contourner ses sanctions quand il estimait qu’elles peuvent dépasser leur objectif et entraîner la chute du régime islamique qu’il veut récupérer.

En agissant ainsi, Washington a rallongé l’agonie du régime et a amplifié la dissidence ou encore les querelles internes entre Rafsandjani et tous ceux qu’il avait été écartés du pouvoir notamment le clan Larijani. Rafsandjani s’est senti en danger. Il pouvait sauter à la mort de son demi-frère Khomeiny. Il s’est arrangé pour trafiquer le testament de Khomeiny. Il a pu écarter de hauts membres de clergé et faire nommer son ami Khamenei comme Guide. Ce dernier a aussitôt annoncé son souhait de réviser la constitution pour transférer la presque totalité des pouvoirs politiques du Guide à un organe nommé Conseil de Discernement créé et dirigé par Rafsandjani. Le Conseil de Discernement allait devenir le vrai gouvernement du régime et Rafsandjani allait devenir le patron permanent du régime. Le président du Conseil constitutionnel, Jannati, et le 1er ministre de l’époque, Moussavi, ont donné leur accord et reçu en échange des sièges au Conseil de Discernement.

Mais l’incapacité de Rafsandjani à mettre fin aux sanctions a remis néanmoins en cause sa survie. Des mandats d’arrêts internationaux le visant ont donné de l’espoir à ses rivaux. Pour ne pas sauter, il a acheté la loyauté de certains de ses rivaux notamment des mollah influant du clergé en leur octroyant des sièges au Conseil de Discernement, des postes clefs et aussi une partie de ses monopoles économiques.

Après cela, Rafsandjani a tenté de mettre fin aux sanctions par une fausse modération et faux apaisement sous la direction de Khatami, un ex-responsable d’assassinat des opposants exilés recyclé en doux agneau. Pour réussir, le régime a simulé une libéralisation politique avec des étudiants appartenant à la sinistre la milice universitaire réunis au sein d’un parti faussement pro-Mossadegh (pro-américain) nommé JEBHEH DEMOCRATIC (Front démocratique). Washington n’a pas été dupé. Le régime a fait mine de malmener Tabarzadi, le chef du parti JEBHEH DEMOCRATIC. Shirin Ebadi, membre de JEBHEH MELLI (pro-Britannique) et Nasrine Sotoudeh - une des représentants du régime à cour internationale- ont été recyclées en avocates humanistes pour réanimer le jeu. Finalement Washington s’est même fâché et en 2000, il a évoqué la "menace nucléaire des mollahs" dans Iran Non-proliferation Act pour les sanctionner encore plus durement.

Après l’échec du projet de la fausse dissidence et du faux apaisement, Rafsandjani était encore en difficulté. Pour demeurer au pouvoir, il a offert des postes importants à Ali Larijani, ses frères et ses lieutenants (la direction des média, des postes dans la vente de contrats pétroliers et finalement la direction des négociations sur le nucléaire avec Washington). Après avoir calmé ses rivaux, Rafsandjani a remplacé le « modéré Khatami » par Ahmadinejad, un autre ex employé de ses services secrets. Il l’a entouré des pires racailles des services secrets (comme Mottaki, Najjar, Vahidi) pour tenter de faire reculer Washington avec toutes sortes de menaces.

Mais Washington a utilisé ces menaces pour renforcer ses sanctions et même parler de frappes préventives. ! En 2007 quand Washington a impliqué le Conseil de Sécurité de l’ONU pour cautionner ses sanctions et ses menaces de frappes, la dissidence interne s’est amplifiée : on a assisté à d’importants boycotts des manifestations officielles par les de Pasdaran de base, les Bazaris ou des mollahs de base.

En 2008, après l’adoption des premières sanctions bancaires, Rafsandjani, ses complices et ses adversaires unifiés au sein du Conseil de Discernement ont décidé la Suppression des Prix subventionnés pour limiter le pouvoir d’achat des Iraniens (brider la consommation) afin de préserver les stocks et aussi habituer les Iraniens à vivre de très peu pour diminuer le risque de soulèvement provoqué par la faim. Mais par peur d’une émeute générale, le régime a d’abord gelé les salaires de ses propres employés les mieux payés, les agents sécuritaires : ces derniers ont été très déçus et ont aussi pris leur distance avec le régime.

Cette nouvelle rupture était terrible. Le régime était menacé en cas d’un soulèvement. Rafsandjani devait songer à une éventuelle négociation avec Washington pour pouvoir quitter le pays avant la chute du régime : il a alors exclu Ali Larijani du poste clef de négociateur nucléaire lui donnant accès au dialogue avec les Américains. Mais pour ne pas l’avoir contre lui, via a les élections factices du régime, il lui a offert la direction de la majorité législative (la chefferie du Parlement) : un titre et une tribune plus qu’un vrai pouvoir car le Parlement n’a aucun rôle décisionnaire dans le système actuel ; il ne fait que suivre les avis du Conseil de Discernement.

Ali Larijani a alors révélé par l’intermédiaire de l’un de ses pions au sein du Pouvoir Judiciaire la corruption du clans Rafsandjani et des clans alliés afin de les éliminer tous et devenir celui qui négocie la fin du régime pour bénéficier des mêmes garanties.

Rafsandjani s’est vu menacé par les sanctions, le risque de pénuries et d’émeutes, la dissidence interne ou encore par les dossiers d’Ali Larijani : en juin 2009, il a tenté de sauver le régime et surtout sa situation avec le Mouvement VERT, une fausse révolution de couleur de l’Islam, partisane de la ligne (anti-américaine) de Khomeiny, mené par son ami Moussavi et ses pions (les étudiants islamiques preneurs d’otages de l’ambassade américaine). Mais le peuple a agi avec bon sens, il n’est pas tombé dans le panneau et a profité de l’occasion pour crier sa haine du régime. Les Pasdaran ne sont guère intervenus pour réprimer cette contre-révolution. Le régime a failli tomber, mais il a été sauvé grâce à Obama qui a refusé toute aide à la cette contre-révolution.

Rafsandjani, affaibli par l’échec de son plan audacieux, a dû céder le Pouvoir Judiciaire à Sadegh Larijani, le frère cadet d’Ali Larijani pour continuer à demeurer dans le jeu. Rafsandjani offrait plus de pouvoirs au Larijani, mais avec un risque limité car le maître des accusations, procureur Ejéi (un ex-patron des services secrets) était un de ses pions et par ailleurs, le tribunal spécifique au clergé ou encore l’inspection générale interne étaient dirigés par ses pions. Rafsandjani devait cependant faire vite avant que les Larijani nomment leurs pions. Il a alors tenté de duper le peuple avec de nouveaux slogans moins mièvres et en faisant passer d’ex-agents secrets enrôlés dans le ministères des affaires étrangères et aussi ses enfants Mehdi et Faezeh pour des opposants.

Mais en juin 2010, au bout d’un an d’insuccès, Rafsandjani a dû s’éclipser et Larijani a commencé à s’occuper des activités qu’il menait au sein du régime. Rafsandjani qui avait perdu le soutien et la confiance de ses pairs avait été discrètement remplacé par Larijani, mais les gros bonnets du régime n’ont pas osé officialiser ce dernier par peur qu’il ne les élimine avec ses dossiers compromettants. Larijani n’a donc pas pu virer les pions de Rafsandjani pour nommer ses pions et devenir le patron du régime afin de bénéficier des meilleures garanties de sécurité. Rafsandjani a gardé son influence grâce au gouvernement formé par ses pions. De fait, en juin 2010, le régime est devenu bicéphale.

Ali Larijani devait écarter les ministres issus du clan Rafsandjani : il a commencé à parler de leur corruption et à multiplier les procès à leur encontre pour les renverser afin de s’asseoir à la table des négociations et obtenir sa part de garanties de sécurité. Rafsandjani a alors accéléré ses démarches pour parvenir à un accord avec Washington. En agissant ainsi, Rafsandjani et Larijani privilégiaient leurs propres intérêts personnels au lieu de trouver un compromis global pour sauver leurs associés et collaborateurs. Ce comportement méprisant a encouragé l’envie de fuite de leurs derniers collaborateurs.

En mars 2011, le peuple a de nouveau manifesté à l’occasion de l’anniversaire de naissance Reza Shah Pahlavi, le fondateur de l’Iran moderne et laïque et encore une fois, les Pasdaran n’ont pas chargé. Ils se sont même montrés très amicaux avec les manifestants. Ils ont ainsi montré qu’ils souhaitaient aussi une contre-révolution. Les derniers collaborateurs du régime, déçus par leurs chefs, et paniqués par la rupture des Pasdaran, se sont mis à convertir leurs avoirs en or ou en dollar pour pouvoir quitter le pays avant qu’ils soient tués par le peuple ou sacrifiés par leurs chefs. Le dollar n’a cessé d’augmenter malgré des baisses de prix imposées arbitrairement par la Banque Centrale Iranienne (BCI). Ces achats de dollars ont ruiné le régime et réduit ses chances de survie. Ali Larijani a accentué leur guerre pour le contrôle du siège éjectable, Rafsandjani a mis les bouchée double pour parvenir à un accord avec Washington. Les Commandants des Pasdaran susceptibles de souffrir par cette transaction ont lâché leur mentor historique Rafsandjani et se sont alignés sur Larijani. Washington a décidé de forcer l’Europe de rompre ses relations protectrices pour aggraver la situation ambiante afin les divisions internes et la panique de la base.

L’Europe a coupé les ponts en juillet 2012. La panique interne et les ruées vers le dollar sont montée en flèche. Très vite, les pénuries se sont amplifiées. Le peuple excédé a manifesté contre le régime avec des slogans hostiles. Les deux dirigeants se sont réunis pour combattre la ruée vers l’or et le dollar qui vidait leurs réserves de capitaux. Ils ont à plusieurs reprises incendié le Bazar pour dissuader les agents de change, ils ont accusé les acheteurs de blanchiment d’argent pour les menacer d’expropriation et de pendaison. Ils ont ponctionné les comptes bancaires des gens pour compenser leurs pertes. Ils ont supprimé les bureaux d’émigration, bloqué les comptes en devises. Puis dernièrement, ils ont fermé tous les agents de change privés, le réseau de transfert interbancaire et enfin ils ont multiplié par 3 le prix de billets d’avion pour limiter les voyage à l’étranger.

Les deux dirigeants ont également sans cesse promis des actions de répression et des manoeuvres militaires ou paramilitaires pour rassurer leurs collaborateurs sur ses capacités ou pour les intimider, mais il n’a jamais pu tenir sa parole : au fil des promesses non tenues, il est devenu très évident qu’ils n’avaient plus aucun appui au sein des forces armées.

En seulement 2 mois (Juillet-Août), il est devenu clair que le régime était fichu. Rafsandjani devait passer l’action. Larijani a accentué ses accusations contre Rafsandjani lui-même. Les Commandants des Pasdaran ont surenchéri. Rafsandjani a fait revenir ses enfants (Mehdi et Faezeh) et les a laissé comme gages entre les mains du pouvoir judiciaire des Larijani pour les rassurer que son pion Ahmadinejad attendu à NY à l’occasion de l’AG de l’ONU ne négocierait pas avec les Américains. Signe de gravité de la situation : il a sacrifié ses enfants en proposant une ouverture à Washington.

Début octobre, Washington a tenté un deal avec Rafsandjani en demandant à l’Argentine de blanchir Rafsandjani dans l’attentat d’Amia. Larijani était pris par surprise. Les Commandants des Pasdaran, qui peuvent hériter de la responsabilité de l’attentat d’Amia, ont alors enchaîné les menaces contre Washington pour bloquer le deal et les marchandages à venir. Le régime est passé de 2 clans à 3 clans.

Les Commandants des Pasdaran ont d’abord tenté de former un clan avec les religieux exclus par Rafsandjani, avant de s’approcher (à nouveau) de Larijani mais Washington n’a pas daigné dialoguer avec Larijani car il n’a rien de très grave à lui reprocher et ne peut l’intimider correctement pour l’amener à se soumettre.

Ce choix de Washington a exclu Larijani du jeu et il a aussi désigné Rafsandjani comme un maillon faible. Les Pasdaran ont alors lâché Larijani pour devenir des électrons libres au sein du régime en agonie. Le pouvoir était éclaté et aucun clan n’avait les moyens pour s’imposer. Les gens de la base ont paniqué. Les deux dirigeants rivaux se sont rapprochés et ils ont uni leur force pour inventer la figure de Sattar Beheshti, (faux) opposant interne "mort sous la torture", pour mobiliser le peuple derrière la fausse opposition interne afin de pouvoir contenir tout risque de soulèvement.

Mais le peuple n’a pas donné de crédit à cette option pro-régime et les collaborateurs de base ont jugé très risqué de miser sur la recette ratée du Mouvement Vert. Sans ce joker, le régime était perdu. Rafsandjani a accusé les Pasdaran et les frères Larijani du meurtre de cet opposant factice. Larijani a accentué ses accusations contre Ahmadinejad pour lui retirer le vote de confiance du Parlement, le renverser et prendre sa place via des élections présidentielles anticipées. Afin qu’il emporte les élections, il devait aussi retirer au gouvernement le privilège d’organiser les élections, il a annoncé une réforme de la loi électorale permettant au pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire de participer à l’organisation des élections. Rafsandjani a fait bouger sa pièce maîtresse à savoir le Guide pour désavouer la révocation d’Ahmadinejad. Puis, Rafsandjani a pris une décision incroyable : il a demandé à ses faux opposants de crier "Mort à la Révolution Islamique" pour s’approcher de l’opposition avec une solution de réconciliation nationale de type Khmers rouges pour avoir la vie sauve. Il pouvait aussi barrer la route aux Américains et préserver les intérêts de leurs adversaires afin de préserver ses avoirs dans ces pays.

Ce revirement pragmatique très rusé, survenu il y a 3 semaines, n’a provoqué aucune agitation : la base y trouvait son compte, mais pas Ali Larijani car ses frères ont piloté les répressions du grand soulèvement de l’été 2009. Ali Larijani a accéléré ses efforts pour asseoir son pouvoir : il a adopté sa loi électorale, il a aussi reparlé de la révocation du président en affirmant que le Guide avait reporté mais pas annulé son initiative et il a annoncé sa candidature pour le poste du président. Les Pasdaran qui avaient d’abord bien accueilli la proposition pragmatique d’une réconciliation nationale ont aussi renouvelé leurs menaces anti-américaines pour s’approcher de Larijani au cas où il emporterait la partie.

Ainsi la proposition intéressante d’une réconciliation nationale s’est retrouvée menacée par deux des trois clans qui partagent le pouvoir. Mais ces clans étant tous dépourvus de militants actifs, aucun de deux camps (pour ou contre l’arrangement) n’a pu s’imposer. A l’occasion d’une manifestation ratée en faveur du Mouvement Vert, il est aussi apparu que l’opposition interne était morte. L’indécision sans issue à propos de la solution idéale d’un arrangement national et aussi le constat de la dissolution de l’opposition interne ont paniqué les collaborateurs de base, ils se sont à nouveau rués sur le dollar pour partir le régime agonisant et incapable d’accepter un compromis.

La semaine dernière, Rafsandjani, Larijani et les chefs Pasdaran, ont tenté de trouver des alliés pour imposer leur position. Rafsandjani a pu réunir environ 250 responsables, Larijani a réuni 150 responsables et les chefs Pasdaran ont mobilisé une trentaine de commandants et près 60 policiers de base. Aucun n’a pu prendre le dessus sur les autres.

Cette semaine, le peuple devait fêter Yalda ou la nuit la plus longue de l’année. En raison d’importantes hausses de prix, cette fête ne pouvait qu’exacerber les frustrations du peuple iranien. Il y avait un risque de remous. Rafsandjani est passé à l’offensive en réunissant tous ces lieutenants mis place depuis 33 ans et aussi tous les gens susceptibles de sauver leur vie avec sa solution (d’arrangement avec l’opposition pour échapper à un deal incertain avec Washington). Larijani a dû reculer. Washington, inquiet par cette victoire interne, qui l’exclura de l’avenir de l’Iran, s’est mis à menacer le régime de nouvelles sanctions pour stopper Rafsandjani. Les nantis du régime se sont sentis menacés. La panique a refait surface. Voici le récit et les images d’une semaine pleine de surprises et de bouleversements.


3 - 19.12.2012
Iran : La semaine en images n°252

intro de base pour comprendre la situation,
mise à jour chaque semaine avec de nouveaux éléments après ce module [+].
Avec une nouvelle analyse inédite des événements de la semaine précédente.
En rouge : les éléments qui, cette semaine, ont été d’actualité.

Le signe § donne droit à des tiroirs d’infos.

Origines de la crise. Il y a 33 ans, en 1979, les mollahs, alliés historiques de Britanniques et exclus du jeu par la dynastie progressiste des Pahlavi, ont pu revenir dans l’arène politique quand les Américains ont décidé de renverser le Shah (coupable entre autre d’avoir modernise le pays, stabiliser la région et aussi d’avoir créer l’OPEP) avec l’intention d’installer à sa place leurs pions islamo-fédéralistes de NEHZAT AZADI (Mouvement pour la liberté), d’ex-pions britanniques du parti islamo-nationaliste JEBHEH MELLI qui sous la direction de Mossadegh avaient quitté le camp britannique pour joindre le camp américain.

NEHZAT AZADI avait aussi créé une branche armée islamo-marxiste, les MODJAHEDIN KHALGH (OMPI) pour dévaliser le parti communiste Toudeh (officiellement communiste, mais pro-britannique au niveau de sa direction). Les membres de cette branche armée clairement djihadiste devaient former les Gardiens de la Révolution islamique pour exporter l’islam révolutionnaire en Asie centrale alors soviétique, pour déstabiliser cette région et la remodeler selon les intérêts pétroliers américains.

Le projet appelé Arc de Crise allait mettre fin à 100 ans de domination britannique du marché pétrolier mondial. Les Britanniques ont demandé à leurs pions encore fidèles à savoir les mollahs influents, les Bazaris et leurs nervis, les cadres du TOUDEH et de JEBHEH MELLI d’intervenir pour mobiliser le peuple afin de jouer un grand rôle dans le projet américain puis d’évincer les pions de Washington et prendre le pouvoir dans le nouveau régime islam. Ce coup d’Etat interne a été réalisé Rafsandjani, le demi-frère et fondé de pouvoir de Khomeiny, en assassinant les pions religieux de Washington, puis en coupant le cordon ombilical entre Washington et la révolution islamique par l’attaque des "étudiants islamiques" contre l’ambassade américaine et la prise en otage des diplomates américains.

En échange de ces bons et loyaux services et cette Seconde révolution islamique, Rafsandjani a été autorisé à écarter des mollahs plus hauts placés comme Mottahari (le protecteur des Larijani), mais aussi d’autres pions de Londres comme ceux de TOUDEH et de JEBHEH MELLI pour accéder à tous les postes clefs comme le ministère de l’intérieur, les services secrets des Pasdaran ou encore le ministère de guerre qui ont fait de lui le patron non officiel du régime et de tous les bons business (pétrole, automobile, le secteur alimentaire). Avec le soutien des jeunes mollahs ambitieux et évidement le soutien tacite des Britanniques, Rafsandjani a aussi été chargé de verrouiller le système en diabolisant les Etats-Unis et en attaquant ses intérêts et ses alliés régionaux pour ne laisser aucune chance de retour de ses pions dans le jeu.

L’Etat américain a alors commencé à sanctionner les mollahs pour provoquer des pénuries et un risque de soulèvement pour forcer Rafsandjani et ses complices à cesser leur diabolisation, d’accepter un apaisement, puis la normalisation des relations pour qu’il puisse revenir en Iran avec ses pions et reprendre le pouvoir via une révolution de couleur.

Rafsandjani et ses complices ont alors accentué les actions terroristes contre les intérêts américains et ont dû sacrifier la production nationale pour importer tout d’Europe afin d’acheter la protection diplomatique des Européens. Cela et la guerre contre Saddam ont rapidement ruiné le pays et sa force de production : les ouvriers ont perdu leurs emplois, les Bazaris qui vivaient de la vente des produits nationaux ont été ruinés. Le pays était aussi en guerre. Beaucoup de jeunes Pasdaran contactaient Reza Pahlavi pour exprimer leurs regrets de tout ce qui avait été perdu par leur faute. La révolution islamique a très vite perdu ses enfants et très vite, le régime s’est retrouvé en danger. Mais il n’est pas tombé car Washington n’a jamais aidé les opposants, le peuple et les dissidents de peur que le modèle islamique nécessaire à ses projets régionaux ne disparaisse. Par ailleurs Washington a également souvent laissé ses partenaires stratégiques contourner ses sanctions pour adoucir leur effet quand il estimait qu’elles pouvaient dépasser leur objectif et entraîner la chute du régime islamique qu’il veut récupérer.

En agissant ainsi, Washington a rallongé l’agonie du régime et a amplifié la dissidence ou encore les querelles internes entre Rafsandjani et tous ceux qu’il avait été écartés du pouvoir notamment le clan Larijani. Rafsandjani s’est senti en danger. En 1989, après la mort de Khomeiny, il a trafiqué de testament de ce dernier pour écarter l’arrivée au pouvoir des hauts membres de clergé qui pouvaient limiter ses pouvoirs. Il a aussi placé le nom de son ami Khamenei dans le testament. Ce dernier, élu comme Guide, a transféré par un référendum presque tous ses pouvoirs politiques illimités au Conseil de Discernement créé par Rafsandjani. Le Conseil de Discernement est devenu le vrai gouvernement du régime et Rafsandjani est devenu le patron officiel, incontestable et inamovible du régime, ce qui a attisé les hostilités internes à son égard.

Mais l’incapacité de Rafsandjani à mettre fin aux sanctions ont remis en cause sa survie. Des mandats d’arrêts internationaux le visant ont donné de l’espoir à ses rivaux. Pour ne pas sauter, il a acheté la loyauté de certains de ses rivaux en leur octroyant des sièges au Conseil de Discernement, des postes clefs et aussi une partie de ses monopoles économiques. .

Après cela, Rafsandjani a tenté de mettre fin aux sanctions par une fausse modération et faux apaisement sous la direction de Khatami, un ex-responsable d’assassinats des opposants exilés recyclé en doux agneau.

[§.1]

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Pour réussir, le régime a simulé une libéralisation politique avec des étudiants appartenant à la sinistre milice universitaire.
Rafsandjani a fait appel aux vieux pions gauchisant de JEBHEH MELLI. Mais pour éviter de leur accorder une part du gâteau économique, il a finalement créé un parti imitant JEBHEH MELLI (Front National) sous le nom de JEBHEH DEMOCRATIC (Front démocratique). Le parti était animé par les faux étudiants de la milice universitaire (club des futurs cadres du régime). La direction du parti a été confié à un certain Tabarzadi, un étudiant milicien de 48 ans, proche de Rafsandjani. Ce personnage compromis par son passé s’est dit plutôt « ouvert au rétablissement des relations avec les Etats-Unis, mais à certaines conditions » (ce qui est la position officielle du régime). Puis ce personnage a été soi-disant mis en prison pour que l’on l’imagine comme un futur Gorbatchef et qu’il obtienne le soutien de Washington. Mais Washington a vite compris qu’il s’agissait d’une ruse pour l’amadouer avec une promesse de démocratisation afin de le mettre en situation de ne plus pouvoir continuer ses sanctions. Il a continué ses sanctions.

Le régime a alors accordé des visas à ses faux dissidents estudiantins pour aller aux Etats-Unis et faire de la pub pour Tabarzadi. Pour relancer le jeu, le régime a aussi fait appel à des avocates (Shirin Ebadi -alors inconnue- et Nasrine Sotoudeh - une des représentants du régime à cour internationale), afin que leurs cris de femmes indignées créent une synergie autour de Tabarzadi, mais les Américains n’ont accordé aucune attention à cet agent du régime. Finalement Washington s’est même fâché et en 2000, il a évoqué la "menace nucléaire des mollahs" dans Iran Non-proliferation Act pour les sanctionner encore plus durement.

Après l’échec du projet de la fausse dissidence et du faux apaisement, Rafsandjani était encore en difficulté. Pour demeurer au pouvoir, il a offert des postes importants à Ali Larijani, ses frères et ses lieutenants. Puis il a remplacé le « modéré Khatami » par Ahmadinejad, un autre ex employé de ses services secrets. Il l’a entouré des pires racailles des services secrets (comme Mottaki, Najjar, Vahidi) pour tenter de faire reculer Washington avec toute sorte de menaces. Mais Washington a utilisé ces menaces pour renforcer ses sanctions et même parler de frappes préventives !

En 2007 quand Washington a impliqué le Conseil de Sécurité de l’ONU pour cautionner ses sanctions et ses menaces de frappes, la dissidence interne s’est amplifiée : on a assisté à d’importants boycotts des manifestations officielles par les de Pasdaran de base, les Bazaris ou des mollahs de base.

En 2008, après l’adoption des premières sanctions bancaires, Rafsandjani, ses complices et ses adversaires unifiés au sein du Conseil de Discernement ont décidé de limiter le pouvoir d’achat des Iraniens pour brider la consommation afin de préserver les stocks et aussi habituer les Iraniens à vivre de très peu pour diminuer le risque de soulèvement provoqué par la faim. Le plan prévoyait la suppression de tous les prix subventionnés, mais par peur d’une émeute générale, le régime a d’abord gelé les salaires de ses propres employés les mieux payés, les agents sécuritaires : Ces derniers ont été très déçus et ont aussitôt pris leur distance bien qu’ils ne puissent pas aller vers la dissidence en raison de leur passé criminel.

Cette nouvelle rupture était terrible. Le régime était menacé en cas d’un soulèvement. Rafsandjani devait songer à une éventuelle négociation avec Washington pour pouvoir quitter le pays avant la chute du régime : il a alors exclu Ali Larijani du poste clef de négociateur nucléaire lui donnant accès au dialogue avec les Américains. Mais pour ne pas l’avoir contre lui, via a les élections factices du régime, il lui a offert la direction de la majorité législative (la chefferie du Parlement) : un titre et une tribune plus qu’un vrai pouvoir car le Parlement n’a aucun rôle décisionnaire dans le système actuel ; il ne fait que suivre les avis du Conseil de Discernement. Ali Larijani a alors révélé par l’intermédiaire de l’un de ses pions au sein du Pouvoir Judiciaire la corruption de Rafsandjani et de ses alliés afin de les éliminer tous du jeu et devenir celui qui négocie la fin du régime pour bénéficier des mêmes garanties.

Rafsandjani s’est vu menacé par les sanctions, le risque de pénuries et d’émeutes, la dissidence interne ou encore par les dossiers d’Ali Larijani : en juin 2009, il a tenté de sauver le régime et surtout sa situation avec le Mouvement VERT, une fausse révolution de couleur de l’Islam, partisane de la ligne (anti-américaine) de Khomeiny, mené par ses ex-amis (les étudiants islamiques preneurs d’otages de l’ambassade américaine). Mais le peuple a agi avec bon sens, il n’est pas tombé dans le panneau et a profité de l’occasion pour crier sa haine du régime et les Pasdaran ne sont guère intervenus pour réprimer cette contre-révolution.

[§.2]

Rafsandjani qui avait failli renverser le régime a dû offrir le Pouvoir Judiciaire à Sadegh Larijani, le frère cadet d’Ali Larijani, pour acheter la loyauté de cette famille.

[§.3]

Rafsandjani offrait plus de pouvoirs à ses ennemis (les Larijani), mais avec un risque limité car le maître des accusations, procureur Ejéi (un ex-patron des services secrets) était un de ses pions et par ailleurs, le tribunal spécifique au clergé ou encore l’inspection générale interne étaient dirigés par ses pions : les mollahs Razini et Pour-Mohammadi. Rafsandjani devait cependant faire vite avant que les Larijani nomment leurs pions. Il a alors tenté de duper le peuple avec de nouveaux slogans moins mièvres et en faisant passer d’ex-agents secrets enrôlés dans le ministères des affaires étrangères et aussi ses enfants Mehdi et Faezeh pour des opposants.

Mais en juin 2010, au bout d’un an d’insuccès, Rafsandjani, le Garcimore de la stratégie politique, s’est éclipser et Larijani a commencé à s’occuper des activités qu’il menait au sein du régime. Rafsandjani qui avait perdu le soutien et la confiance de ses pairs avait été discrètement remplacé par Larijani, mais les gros bonnets du régime n’ont pas osé officialiser ce dernier, ne lui ont pas permis de virer les pions de Rafsandjani et de nommer ses pions car il avait des dossiers compromettants contre tout le monde et pouvait en se renforçant s’en prendre aussi à eux. De fait, en juin 2010, le régime est devenu bicéphale.

On est alors entré dans un enchaînement continu de boycotts des Pasdaran et de panique des éléments encore fidèles au régime. Le régime a sans cesse perdu ses fidèles. Larijani a alors accentué ses efforts pour discréditer le Gouvernement des pions de Rafsandjani pour prendre le pouvoir afin de s’asseoir à la table des négociations et obtenir sa part de garanties de sécurité. Rafsandjani a aussi accéléré ses démarches pour parvenir à un accord avec Washington pour être le grand gagnant des marchandages avec Washington.

En agissant ainsi, Rafsandjani et Larijani privilégiaient leurs propres intérêts personnels au lieu de trouver un compromis global pour sauver leurs associés et collaborateurs. Ce comportement méprisant des chefs a encouragé l’envie de fuite de leurs derniers collaborateurs. Les gens ont continué à convertir leurs avoirs en dollars pour pouvoir quitter le pays avant qu’ils soient sacrifiés par leurs chefs. Le dollar n’a cessé d’augmenter malgré des baisses de prix imposées arbitrairement par la Banque Centrale Iranienne (BCI). Ces achats de dollars ont ruiné le régime et réduit ses chances de survie. Des pénuries se sont amplifiées.

Les deux dirigeants ont chacun tenté avec leurs moyens légaux de combattre cette fuite des capitaux et l’agitation de leurs collaborateurs : Rafsandjani a demandé à son pion, Bahmani, le directeur de la BCI, de ponctionner les comptes bancaires des gens pour compenser les pertes de réserve en devises. Le Pouvoir Judiciaire des Larijani a qualifié les acheteurs des fraudeurs chargés de nuire à l’Etat en combinaison avec Washington, un délit passible d’expropriation et de pendaison, mais la menace suprême de mourir par la main du peuple a été plus forte que toutes les menaces sous-jacentes du régime uni sur ce point : l’achat du dollar pour fuir le régime agonisant a continué. Au final, le régime a dû interdire à ses proches de quitter le pays en famille, puis il a bloqué les comptes en devises, il a aussi fermé tous les agents de change privés, il a enfin fermé le réseau de transfert interbancaire pour empêcher les gens de sortir leurs avoirs d’Iran et a multiplié par 2 puis par 3 le prix de billets d’avion pour l’étranger.

Le régime a également sans cesse promis des actions de répression et des manoeuvres militaires ou paramilitaires pour intimider ses collaborateurs ou aussi pour contenir le peuple, mais il n’a jamais pu tenir sa parole : au fil des promesses, il est devenu très évident qu’il n’avait plus aucun appui au sein des forces armées. Le régime s’est retrouvé affaibli. Washington qui a besoin d’un Iran islamisé a demandé à l’Argentine de blanchir Rafsandjani dans l’affaire d’Amia. Les Commandants des Pasdaran ont eu peur d’hériter de la responsabilité de ce crime, ils sont sortis de leur relative neutralité politique et ont enchaîné les menaces contre Washington afin de bloquer d’avance les marchandages en cours ou à venir. Le régime est passé de 2 clans à 3 clans.

Les Commandants des Pasdaran ont tenté de former un clan avec les religieux exclus par Rafsandjani, avant de s’approcher de Larijani dans l’espoir d’obtenir des garanties de sécurité par son biais aux dépens des membres du clan Rafsandjani. Mais Washington n’a pas daigné dialoguer avec Larijani car il n’a rien de très grave à lui reprocher et ne peut l’intimider correctement pour l’amener à se soumettre.

Ce choix de Washington a exclu Larijani du jeu et il a aussi désigné Rafsandjani comme un maillon faible. Les Pasdaran ont alors l‚ché Larijani pour devenir des électrons libres au sein du régime en agonie. Le pouvoir était éclaté et aucun clan n’avait les moyens pour s’imposer. Les gens de la base ont paniqué. Les deux dirigeants rivaux se sont rapprochés et ils ont uni leur force pour inventer la figure de Sattar Beheshti, (faux) opposant interne "mort sous la torture", pour mobiliser le peuple derrière la fausse opposition interne afin de pouvoir contenir tout risque de soulèvement.

Mais le peuple n’a pas donné de crédit à cette option pro-régime et les collaborateurs de base ont jugé très risqué de miser sur la recette ratée du Mouvement Vert. Sans ce joker, le régime était perdu. Rafsandjani a accusé les Pasdaran et les frères Larijani du meurtre de cet opposant factice. Larijani a accentué ses accusations contre Ahmadinejad pour lui retirer le vote de confiance du Parlement, le renverser et prendre sa place via des élections présidentielles anticipées. Afin qu’il emporte les élections, il devait retirer au gouvernement le privilège d’organiser les élections, il a annoncé une réforme de la loi électorale permettant au pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire de participer à l’organisation des élections. Rafsandjani a fait bouger sa pièce maîtresse à savoir le Guide pour désavouer la révocation d’Ahmadinejad. Puis, il a pris une décision incroyable : il a demandé à ses faux opposants de crier "Mort à la Révolution Islamique" pour s’approcher de l’opposition avec une solution de réconciliation nationale de type Khmers rouges pour avoir la vie sauve. Il pouvait aussi barrer la route aux Américains et préserver les intérêts de leurs adversaires afin de préserver ses avoirs dans ces pays.

Ce revirement pragmatique très rusé, survenu il y a 2 semaines, n’a provoqué aucune agitation : la base y trouvait son compte, mais pas Ali Larijani car ses frères ont piloté les répressions du grand soulèvement de l’été 2009. Ali Larijani a accéléré ses efforts pour asseoir son pouvoir : il a adopté sa loi électorale, il a aussi reparlé de la révocation du président en affirmant que le Guide avait reporté mais pas annulé son initiative et il a annoncé sa candidature pour le poste du président. Les Pasdaran qui avaient d’abord bien accueilli la proposition pragmatique d’une réconciliation nationale ont aussi renouvelé leurs menaces anti-américaines pour s’approcher de Larijani au cas où il emporterait la partie.

Ainsi la proposition intéressante d’une réconciliation nationale s’est retrouvée menacée par deux des trois clans qui partagent le pouvoir. Mais ces clans étant tous dépourvus de militants actifs, aucun de deux camps (pour ou contre l’arrangement) n’a pu s’imposer.

Par ailleurs, le régime devait aussi organiser un rassemblement pour ses faux opposants à l’occasion de la Journée de l’Etudiant islamiste et n’a pu réunir que 30 personnes contre 100 en 2011.

L’indécision sans issue à propos de la solution idéale d’un arrangement national et aussi le constat de la dissolution de l’opposition interne a encore paniqué les collaborateurs de base, ils se sont à nouveau rués sur le dollar pour partir le régime agonisant et incapable d’accepter un compromis.

Cette semaine, les deux camps (pour ou contre l’arrangement) devaient calmer ce feu en rassurant ou intimidant la base. Par ailleurs, ce mardi, il y avait l’anniversaire de la libération par le Shah de l’Azerbaïdjan occupée par les Soviétiques, un des événements majeurs qui établissent la popularité de la dynastie Pahlavi. Les Azéris très fidèles au Chah, mais maltraités par le régime, pouvaient manifester. Le régime devait passer ce cap dans énerver le peuple. Voici le récit et les images d’une semaine de dure labeur pour des dirigeants acculés cherchant à contenir les leurs et le peuple.


3 - 06.12.2012
Iran : La semaine en images n°250

intro de base pour comprendre la situation,
mise à jour chaque semaine avec de nouveaux éléments après ce module [+].
Avec une nouvelle analyse inédite des événements de la semaine précédente.
En rouge : les éléments qui, cette semaine, ont été d’actualité.

Origines de la crise [+]. Il y a 33 ans, en 1979, les mollahs, alliés historiques de Britanniques et exclus du jeu par la dynastie progressiste des Pahlavi, ont pu revenir dans l’arène politique quand les Américains ont décidé de renverser le Shah (coupable entre autre d’avoir modernise le pays, stabiliser la région et aussi d’avoir créer l’OPEP) avec l’intention d’installer à sa place leurs pions islamo-fédéralistes de NEHZAT AZADI, des ex-compagnons de l’islam-nationaliste Mossadegh qui avaient avec lui passé dans le camp américain. Le Parti islamo-fédéralistes de NEHZAT AZADI a aussi dévoyer de nombreux membres du parti islamo-nationaliste (pro-britannique) JEBHEH MELLI.

NEHZAT AZADI avait aussi créé une branche armée islamo-marxiste, les MODJAHEDIN KHALGH (OMPI) pour dévaliser le parti communiste Toudeh (officiellement communiste, mais pro-britannique dans ses choix). Les membres de cette branche armée clairement djihadistes devaient former les Gardiens de la Révolution islamique pour exporter la révolution, déstabiliser la région et la remodeler selon les intérêts pétroliers américains. Le projet appelé Arc de Crise devait permettre à Washington de devenir la première puissance pétrolière au monde

Ce remodelage, qui à termes devait désagréger l’IRAN, allait mettre fin à 100 ans de domination britannique du marché pétrolier mondial. Les Britanniques ont demandé à leurs pions encore fidèles à savoir les mollahs influents, les Bazaris et leurs nervis, les cadres du TOUDEH et de JEBHE MELLI d’intervenir pour mobiliser le peuple pour jouer un grand rôle dans le projet américain afin d’évincer les pions de Washington et prendre le pouvoir dans le nouveau régime islamiste. Ce coup d’état interne a été réalisé par Rafsandjani, le demi-frère et fondé de pouvoir de Khomeiny, en assassinant les pions religieux de Washington et surtout en coupant le cordon ombilical entre Washington et la révolution islamique par l’attaque des "étudiants islamiques" contre l’ambassade américaine et la prise en otage des diplomates américains.

[+] En échange, de ces bons et loyaux services et cette Seconde révolution islamique, Rafsandjani a été autorisé à écarter des mollahs plus hauts placés comme Mottahari (le protecteur des Larijani), mais aussi d’autres pions de Londres comme ceux de TOUDEH et de JEBHEH MELLI pour accéder à tous les postes clefs| comme le ministère de l’intérieur, les services secrets des Pasdaran ou encore le ministère de guerre qui ont fait de lui le patron non officiel du régime et de tous les bons business (pétrole, automobile, le secteur alimentaire). Avec le soutien des jeunes mollahs ambitieux et évidement le soutien tacite des Britanniques, Rafsandjani a aussi verrouillé le système en diabolisant les Etats-Unis et en attaquant ses intérêts et ses alliés régionaux pour ne laisser aucune chance de retour aux pions américains.

L’Etat américain a alors commencé à sanctionner les mollahs pour provoquer des pénuries et un risque de soulèvement pour forcer Rafsandjani et ses complices à cesser leur diabolisation, d’accepter un apaisement, puis la normalisation des relations pour qu’il puisse revenir en Iran avec ses pions et reprendre le pouvoir via une révolution de couleur.

Rafsandjani et ses complices ont alors accentué les actions terroristes contre les intérêts américains et ont dû sacrifier la production nationale pour importer tout d’Europe afin d’acheter la protection diplomatique des Européens. Cela et la guerre contre Saddam ont rapidement ruiné le pays et sa force de production : les ouvriers ont perdu leurs emplois, les Bazaris qui vivaient de la vente des produits nationaux ont été ruinés. Le pays était aussi en guerre. Beaucoup de jeunes Pasdaran contactaient Reza Pahlavi pour exprimer leurs regrets de tout ce qui avait été perdu par leur faute. La révolution islamique a très vite perdu ses enfants et très vite, le régime s’est retrouvé en danger. Mais il n’est pas tombé car Washington n’a jamais aidé les opposants, le peuple et les dissidents de peur que le modèle islamique nécessaire à ses projets régionaux ne disparaisse.

Par ailleurs non seulement Washington n’a jamais aidé les opposants, mais encore, il a souvent laissé un grand nombre de ses partenaires stratégiques contourner ses sanctions pour adoucir leur effet. quand il estimait qu’elles pouvaient dépasser leur objectif et entraîner la chute du régime islamique qu’il veut récupérer.

Mais en agissant ainsi, Washington a rallongé l’agonie du régime et a amplifié l’opposition et la dissidence interne, ce qui a affaibli la position de Rafsandjani, le patron de facto du régime, parmi ses adversaires internes. Pour se maintenir, Rafsandjani devait étendre son pouvoir. En 1989, à la mort de Khomeiny, avec l’aide de Moussavi, Khamenei et quelques autres, Rafsandjani a trafiqué le testament de son frère défunt pour officialiser sa propre mainmise sur le régime en faisant transférer les pleins pouvoir pour le Conseil de Discernement qu’il présidait et préside encore). Mais la poursuite des sanctions visant personnellement Rafsandjani (comme avec le mandat d’arrêt pour l’attentat de l’Amia) et son incapacité à les neutraliser l’ont amené à partager le pouvoir avec des adversaires (comme Ali Larijani) pour acheter leur loyauté et des délais supplémentaires pour restaurer son hégémonie.

[+] 1996-2005 : Nouvelles stratégies ratées de Rafsandjani (régime en crise)| Rafsandjani a alors tenté un faux apaisement avec Washington avec la mise en place de soi-disant modérés sous la direction de Khatami, un ex-responsable d’assassinats des opposants exilés.

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[+] Rafsandjani a fait alors également appel aux vieux pions gauchisant de JEBHEH MELLI pour donner un look moins barbus à cette comédie. Mais pour brider ces gens et éviter qu’ils puissent demander une part du gâteau économique, Rafsandjani a aussi créé un parti imitant JEBHEH MELLI (Front National) sous le nom de JEBHEH DEMOCRATIC (front démocratique) et confié sa direction à l’un de ses gardes, le milicien Tabarzadi. Ce personnage s’est plutôt ouvert au rétablissement des relations avec les Etats-Unis à certaines conditions (une version douce de la position officielle). Puis il a été soi-disant mis en prison pour que son propos prenne une allure révolutionnaire et que lui même
endosse une image de dissident et obtienne le soutien de Washington. Le régime a aussi fabriqué d’autres dissidents estudiantins sur le même modèle (Frères Mohammadi, Fakhr-avar, Sanjari) dont certains après un court séjour en prison ont reçu un passeport pour aller aux Etats-Unis afin d’encourager les Américains de prendre en considération Tabarzadi. Mais Washington n’a été convaincu par le discours flou de Tabarzadi et ce malgré un scénario judiciaire époustouflant, de faux dissidents et des avocats-acteurs remarquables Shirin Ebadi et Nasrine Sotoudeh (ex-avocate du régime pour le déblocage des fonds gelés par Washington en réaction à l’affaire des otages). Washington a cependant donné des opportunités à ce groupepour s’exprimer, mais il a vite compris qu’il s’agissait d’une ruse pour l’amadouer avec une promesse de démocratisation afin de le mettre en situation de ne plus pouvoir continuer ses sanctions. Il a alors alourdi les charges en 2000 en évoquant la "menace nucléaire des mollahs" (Iran Non-proliferation Act) pour sanctionner plus durement les mollahs.

Après l’échec du projet de la fausse dissidence et du faux apaisement, Rafsandjani a remplacé Khatami par Ahmadinejad, un autre ex employé de ses services secrets. Il l’a entouré des pires racailles des services secrets (comme Mottaki, Najjar, Vahidi) pour tenter de faire reculer Washington avec toute sorte de menaces. Mais Washington a utilisé ces menaces pour renforcer ses sanctions !

Mais en 2007 quand Washington a impliqué le Conseil de Sécurité de l’ONU pour généraliser les sanctions et s’est mis à évoquer très régulièrement la possibilité de frappes militaires, la dissidence interne s’est amplifiée : on a assisté à d’importants boycotts des manifestations officielles par les de Pasdaran de base, les Bazaris ou des mollahs de base.

2008 : dernières stratégies de Rafsandjani (régime en crise)| En 2008, Washington a adopté ses premières sanctions bancaires, limitant sérieusement les revenues en devises du régime. Rafsandjani, ses complices et ses adversaires unifiés au sein du Conseil de Discernement ont décidé de limiter le pouvoir d’achat des Iraniens pour brider la consommation afin de survivre malgré la diminution de leurs revenus. Le plan prévoyait la suppression de tous les prix subventionnés, mais par peur d’une émeute générale, le régime a d’abord gelé les salaires de ses propres employés les mieux payés, les agents sécuritaires, qui ont été très déçus et ont aussi pris leur distance bien qu’ils ne puissent pas aller vers la dissidence en raison de leurs passés criminels.

Cette nouvelle rupture était terrible. Le régime était menacé en cas d’un soulèvement. Rafsandjani devait songer à une éventuelle négociation avec Washington pour pouvoir quitter le pays avant la chute du régime : il a alors exclu Ali Larijani du poste clef de négociateur nucléaire lui donnant accès au dialogue avec les Américains pour prendre en main ce poste. Larijani ne s’écartait pas : Rafsandjani devait lui donner un poste clef. Via a les élections factices du régime, il l’a désigné comme grand le vainqueur des législatives et lui a la direction du pouvoir législatif (la chefferie du Parlement) : un titre et une tribune plus qu’un vrai pouvoir car le Parlement n’a aucun rôle décisionnaire dans le système actuel. Ali Larijani a alors révélé par l’intermédiaire de l’un de ses pions la corruption de Rafsandjani et de ses alliés afin de les éliminer du jeu et devenir celui qui négocie la fin du régime pour bénéficier des mêmes garanties.

Rafsandjani s’est vu menacé par les sanctions, le risque de pénuries et d’émeutes, la dissidence interne ou encore les dossiers d’Ali Larijani : en juin 2009, il a tenté de sauver le régime et surtout sa situation avec le Mouvement VERT (couleur de l’Islam), une fausse révolution de couleur, partisane de la ligne (anti-américaine) de Khomeiny, menée par ses ex-amis (les étudiants islamiques preneurs d’otages de l’ambassade américaine pour donner une nouvelle légitimité à son clan. La BBC et les membres de JEBHEH MELLI ont évidemment soutenu le Mouvement VERT !

Mais le peuple a agi avec bon sens, il n’est pas tombé dans le panneau et a profité de l’occasion pour crier sa haine du régime et les Pasdaran ne sont guère intervenus pour réprimer cette contre-révolution. Les amis du régime comme les membres de JEBHEH MELLI n’ont guère constaté l’envie de changement des Iraniens et sont restés fidèles au scénario de base ! Mais Rafsandjani qui avait failli renverser le régime a dû offrir le Pouvoir Judiciaire à Sadegh Larijani, le frère cadet d’Ali Larijani, pour acheter la loyauté de cette famille et pouvoir ainsi poursuivre ses plans.

Rafsandjani offrait plus de pouvoirs à ses ennemis (les Larijani), mais avec un risque limité car le maître des accusations, procureur Ejéi (un ex-patron des services secrets) était un de ses pions et par ailleurs, le tribunal spécifique au clergé ou encore l’inspection générale interne étaient dirigés par ses pions : les mollahs Razini et Pour-Mohammadi. Rafsandjani devait cependant faire vite avant que les Larijani nomment leurs pions. Il a alors tenté de duper le peuple avec de nouveaux slogans moins mièvres et en faisant passer d’ex-agents secrets enrôlés dans le ministères des affaires étrangères et aussi ses enfants Mehdi et Faezeh pour des opposants. Mais après un an d’échecs, il a dû s’éclipser laissant la direction des affaires à Ali Larijani.

2009 : Pouvoir bicéphale (régime en super crise)| On peut dire que Rafsandjani a perdu le soutien de ses pairs et qu’il a été débarqué du pouvoir par eux et Larijani qui avait des dossiers contre tout le monde a pu obtenir sa place. Mais ses gens n’ont pas osé officialiser la passation du pouvoir car il avait peur de Larijani et de ses dossiers compromettants. De fait, il n’y a pas eu d’épuration interne, Rafsandjani est resté influant car il gardait des pions au pouvoir en particulier Ahmadinejad et ses ministres, tous issus des services secrets des Pasdaran qu’il avait jadis dirigés. Ainsi, en juin 2010, le pouvoir est devenu bicéphale, complètement divisé.

Larijani a alors commencé à mettre en place des procès contre les enfants de Rafsandjani pour l’atteindre moralement et des procès contre Ahmadinejad et ses ministres chargés des négociations pour démanteler son équipe afin de permettre à son propre équipe de prendre la place. Cette entreprise de sape a reçu le soutien tacite de tous ceux qui avaient été exclus depuis toujours du pouvoir et des bons business par Rafsandjani.

Fin 2010, ce nouveau pouvoir très divisé a enfin mis en place son plan impopulaire de suppression de tous les prix subventionnés confirmant par la même occasion que sa situation économique était très grave. En seulement un mois, la hausse des prix de produits énergétiques a entraîné la faillite de 60% des entreprises et une terrible récession

Trois mois plus tard, en mars 2011, la Fête du Feu, une grande fête persane interdite par le régime depuis toujours, coïncidait avec l’anniversaire de Reza Shah, le fondateur d’Iran laïque. Le régime a menacé le peuple des pires répressions s’il bougeait. Le peuple a passé outre ces menaces montrant son rejet de l’Islam et son souhait d’une contre-révolution. Les Pasdaran ont laissé faire, affichant ainsi leur soutien à la contre-révolution. Cette action exemplaire a réduit le régime à ses 200 dirigeants + près de 15,000 responsables régionaux, journalistes ou lobbyistes + 800 hommes d’affaires et enfin quelques 6000 nervis.

Le Régime a tenté de rétablir l’ordre en cessant de payer les Pasdaran, en assassinant des meneurs d’hommes ou en incendiant le Bazar à plusieurs reprises sans parvenir à soumettre les dissidents qui étaient à l’origine de ses malheurs.

Mars 2011 : Crises à tous les étages | Le Régime était fragilisé, il pouvait chuter dans le sang et ses dirigeants devaient songer à accepter l’offre de Washington pour céder le pouvoir afin d’échapper à une fin terrible. Les cadres et les hommes d’affaires du régime qui allaient être sacrifiés dans le deal ont paniqué : les cadres du régime ont commencé à rompre et les hommes d’affaires du régime ont commencé à brader leurs biens pour acheter de l’or et des dollars afin de quitter le pays avant la débandade de leur dirigeants. La demande du dollar a fait augmenter le prix de la devise américaine sur le marché libre. Le taux du dollar est devenu l’indicateur de la chute de la confiance des derniers compagnons du Régime en leur avenir.

Ces ruptures et ces retraits de devises ont affaibli davantage le Régime (déjà très en difficulté). Larijani a alors accentué ses efforts pour écarter au plus vite Rafsandjani afin de contrôler le jeu des marchandages avec Washington. Il a ainsi admis la vulnérabilité du Régime, ce qui a créé une nouvelle source d’agitation interne.

Juillet 2012 : Le coup de grâce | Washington a imposé aux Européens de cesser leurs relations protectrices pour amener Larijani à accélérer sa guerre contre Rafsandjani afin de provoquer de nouvelles fracture au sein du régime..
- Il y a de nouvelles ruptures (les députés, puis les juges).
- Les Chinois ont estimé que le régime était fichu : prudemment, ils ont annoncé la diminution leurs investissements, puis ont suspendu leurs achats pétroliers.
- La peur de la banqueroute économique et de pénuries a envahi tout le monde provoquant une nouvelle grande ruée vers le dollar, mais aussi une ruée vers les produits alimentaires. Le pays tout entier a basculé dans la révolte avec une grande manifestation contre le Régime à Neyshabur, puis des appels à la grève générale au Bazar et plusieurs attaques contre la police des moeurs, dernière milice encore fidèle au Régime… Les Pasdaran ne sont pas intervenus, confirmant ainsi leur adhésion à la contre-révolution.

Le Régime a fait appel à ses 6000 nervis de base pour rassurer ses derniers compagnons. Mais il n’a pu mobiliser que 250 individus qui au fil du temps n’osent même plus sortir dans la rue et soutiennent le régime en se réunissant uniquement sur des sites sécurisés.

ce fut le début de la bataille pour l’accès aux canots de sauvetage |

Rafsandjani a paniqué et a donné des signes de vouloir négocier rapidement avec Washington pour vendre le régime en échange de quelques garanties de sécurité pour lui-même qui avait été le grand manitou du terrorisme international.

Rafsandjani a senti qu’il devait saisir toutes les occasions. Le voyage d’Ahmadinejad à NY pour l’Assemblée Générale de l’ONU était une occasion en or. Larijani a renforcé les accusations contre ses plus proches lieutenants. Les commandants des Pasdaran (qui sont en place grâce à lui mais pourraient être sacrifiés dans le deal à venir) ont rejoint le concert des accusations.

Rafsandjani a rapatrié ses enfants Mehdi et Faezeh, laissant les Larijani les arrêter, pour les rassurer sur sa loyauté et les laisser partir son pion Ahmadinejad à New York. Mais contre toute attente, dès son arrivée à NY, Ahmdinejad s’est montré très charmant avec les Américains en leur proposant la possibilité d’une normalisation des relations bilatérales ! Rafsandjani avait sacrifié ses enfants. Il devait estimer que le régime était fichu. La panique a de nouveau gagné tous les derniers compagnons du Régime : on a assisté à une folle ruée vers le dollar : en quelques heures, le dollar est remonté de 70% dépassant les 4000 Tomans.

Les Larijani ont placé Mehdi en isolement. Mais Rafsandjani a continué et il a ainsi déçu de nombreux proches par son cynisme. Ses amis ex-preneurs d’otages ou terroristes ont constaté qu’il pourrait facilement les sacrifier. Les Britanniques, alliés trahis, ont aussi demandé des sanctions supplémentaires pour intimider le Régime. Rafsandjani a dû reculer en faisant désavouer indirectement l’ouverture proposée par Ahmadinejad. Mais la panique a persisté car elle n’est pas seulement due à l’envie de fuite des dirigeants, mais à ce qui provoque cette envie, c’est-à-dire, la vulnérabilité du régime.

Le régime était de facto condamné. Rafsandjani devait continuer ses efforts pour assurer ses intérêts au-delà du régime. Pour cela, il avait besoin de tous alliés disponibles. Il a décidé de sauver le fils qu’il avait sacrifié pour rassurer ses fils spirituels. Il a alors a chargé Ahmadinejad de visiter la prison Evine de Téhéran au prétexte d’un rapport sur l’état des prisons. Les Larijani ont refusé la demande et ont même utilisé ce refus pour malmener le clan Rafsandjani et mettre en valeur son déclin.

Septembre 2012 : Implosions en chaîne | Dans la foulée, le Régime devait organiser de nouveaux manoeuvres et défilés avec les Pasdaran. S’attendant à de nouveaux boycotts de grands événements politiques et religieux, le Régime redoutait une nouvelle panique ou un début d’exode de ses associés avec leurs fortunes reconverties en dollar. Les dirigeants des deux clans ont cru judicieux de bloquer tous les comptes en devises. Cette mesure a encouragé ses compagnons à acheter davantage de devises, mais aussi de revenir à l’achat de pièces d’or. Le dollar et l’or ont atteint des sommets. Le régime a proféré des menaces à l’encontre des acheteurs qualifiés d’agitateurs financiers, mais en l’absence de troupes fidèles à ses côtés, il n’a pas pu les intimider. Il a alors incendié le Bazar pour forcer les revendeurs Bazaris d’arrêter les ventes. Les Bazaris, malmenés et ruinés par le régime depuis des années, ont baissé les grilles pour commencer une grève paralysante.

Encore une fois, il n’y a eu aucun policier ou milicien fidèle pour défendre le régime. Chacun a vu que le régime (et ses dirigeants) étaient dépassés et seuls. Ses compagnons ont aussi rompu les amarres et ont attaqué les banques pour libérer les devises bloqués sur leur compte. Le régime s’est ainsi retrouvé avec deux actions explosives susceptibles de précipiter sa chute. Il a tenté de contenir ces menaces en annonçant de grands rassemblements militaires autour du Guide dans la région de Khorâssân du Nord, mais les Pasdaran de cette région ont boudé le Guide.

Octobre 2012 : crise, panique et pénurie | Dans le contexte particulièrement défavorable du septembre 2012, l’Europe a annoncé de nouvelles sanctions contre le régime. Le dollar a encore augmenté de 30% malgré les menaces d’arrestation et de pendaison proférées par le Régime. Humilié, le Régime, a alors annoncé la tenue de trois jours de manœuvres époustouflantes à Téhéran avec 15,000 combattants d’une nouvelle milice anti-émeute. Mais les images ont montré une soixantaine de miliciens à ses côtés.

Par la suite, le Régime devait alors organiser des grandes prières publiques à l’échelle nationale à quatre occasions : la fête de Sacrifice, la « Semaine célébrant le Bassidj des Ecoliers » (Mobilisation de Ecoliers "prêts à se sacrifier pour la révolution"), l’anniversaire de la seconde révolution et enfin la fête chiite de Ghadir Khom (la naissance du chiisme) ! Tous ces événements politiquement importants avaient été sévèrement boycottés par le peuple et par les Pasdaran en 2011.

Pour s’épargner de nouveaux boycotts (révélant son total isolement), le Régime devait rassurer ses proches : il a évoqué la possibilité d’établissement de coupons de rationnement pour ses partisans démunis. Pour obtenir le soutien de ses affairistes paniqués, il leur a proposé d’investir leurs dollars dans l’économie du pays en reprenant des grandes industries publiques. Les évocations de rationnement et de demande d’investissement ont convaincu out le monde que le régime était au bord de la faillite et de la pénurie : il y a une ruée vers le stockage des principaux produits de grandes consommations et en conséquence, le pays a été confronté à de grosses pénuries notamment d’essence (produit rationné depuis 2005).

Les frères Larijani devaient vite prendre le contrôle du régime et des négociations finales avec Washington pour pouvoir fuir en toute sécurité et avec leur fortune. Ils ont reparlé de la demande d’Ahmadinejad de visiter les prisons, la qualifiant de manœuvres médiatiques pour cacher la responsabilité d’Ahmadinejad dans la crise économique actuelle avant d’évoquer la "convocation d’Ahmadinejad devant les représentants du peuple pour des questions sur ses choix" afin de lui "retirer le vote de confiance du Parlement".

Les mollahs de l’Assemblée des Experts (le Sénat du régime) qui sont les complices politiques et économiques de Rafsandjani ont désapprouvé cette révolution du palais. Le clan Rafsandjani s’est senti protégé et s’est lancé dans des attaques contre ses adversaires. Par ce comportement, il a confirmé qu’il n’avait rien à faire de l’intérêt général, il oeuvrait pour ses intérêts car il considérait que la chute du régime était proche. C’est pourquoi les 200 à 300 nervis de base ont aussi boycotté la prière publique de la fête de Sacrifice.

Novembre 2012 : nouvelles paniques et nouvelles divisions internes | Washington a été alarmé par ce déclin évident du régime islamiste en Iran. Il a demandé aux Argentins à trouver un compromis sur l’affaire Amia avec Rafsandjani (le principal accusé) pour obtenir un transfert pacifique de pouvoir vers ses pions avant la chute du régime islamique. Ce marchandage avec Rafsandjani a été vu comme une menace par les Larijani et aussi par Les commandants des Pasdaran, qui seront les grandes victimes d’un transfert des pouvoirs vers Washington.

Il y a eu deux réactions. Les Larijani ont confirmé la convocation d’Ahmadinejad mettant Rafsandjani et ses pions en situation de ne plus avoir le droit de négocier quoi que ce soit. Les commandants des Pasdaran ont aussi fait feu sur un drone américain pour bloquer le marchandage en cours à Buenos Aires. Washington a esquivé ce tir encombrant. mais le clan Rafsandjani a eu peur de défier ses propres militaires a abandonné ces négociations incroyables. Le clan Rafsandjani a aussi lâché Ahmadinejad en pour ne pas couler avec lui. Il a enfin désigné comme son candidat pour les élections à venir : Rahim-Mashai, un islamiste qui se dit non hostile à Israël (pour jouer une nouvelle version d’apaisement avec Washington). Les Larijani ont torpillé ce candidat susceptible de relancer Rafsandjani en inculpant de fraude financier un des proches de ce candidat. Le régime était plus divisé que jamais allait à sa perte avec ses nouvelles querelles.

La base devait paniquer en se ruant vers l’achat de l’or, du dollar... Mais le régime a alors suspendu les licences de 99,7% des agents de change, puis a interdit l’exportation de la moindre gramme d’or du pays, confirmant ainsi sa faillite ! Le régime a également annoncé le rationnement de 50 produits de base. Il était clairement ruiné. La base a confirmé sa rupture par le boycott massif de l’anniversaire de la seconde révolution et de Ghadir, l’anniversaire de la naissance du chiisme !

Après ces deux boycotts symboliquement forts, les deux clans devaient rétablir la confiance avec les gens de la base pour arrêter leur envie de fuir. Les Larijani ont cessé leurs pressions sur Mehdi Rafsandjani. Les gens de la base n’ont pas aimé ce faux apaisement sans effet sur la politique générale du régime. Dans le même temps, les Pasdaran ont craint une alliance dans leur dos. Pour casser toute possibilité de deal avec Washington, ils ont annoncé la création d’une base de missiles à proximité du détroit d’Ormuz. Le régime est ainsi passé de 2 à 3 clans en guerre ! Cette nouvelle querelle a davantage démoralisé les compagnons économiques du régime. Ces gens pouvaient aller plus loin en se ralliant à l’opposition notamment à Reza Pahlavi qui prône une amnistie globale.

Il y avait les ingrédients nécessaires pour un soulèvement. Le régime a paniqué : il a tenté de donner une actualité à la fausse opposante Sotoudeh pour islamiser toute agitation à venir et promouvoir un package plus JEBHEH MELLI (une république musulmane à la place d’une république islamiste). Mais il n’y est pas parvenu. Il a alors annoncé la mort sous torture de Sattar Beheshti, un militant imaginaire très musulman, officiellement fan de Tabarzadi, très respectueux de la révolution islamique et par hasard, très hostile à Reza Pahlavi et à ses initiatives anti-régime !

Les Larijani utilisaient le Mouvement VERT (de Rasandjani) qui n’avait pas pu canaliser les mécontentements et avait même failli accélérer la chute du régime. Les gens du régime ont compris que l’union entre les deux clans ne serait pas synonyme d’une solution. C’est pourquoi ils n’ont pas joué le jeu et ont continué à boycotter les rassemblements officiels, mais aussi les rassemblements propres à chaque camp. L’union entre les deux clans a alors explosé. Le Clan Rafsandjani qui se sentait désavoué par le rejet interne du Mouvement a décuplé d’efforts pour discréditer le clan Larijani afin qu’il ne puisse pas profiter de sa perte de crédibilité. Le Clan Rafsandjani a notamment accusé les Larijani d’avoir mal géré la médiatisation du meurtre du faux opposant imaginaire Sattar Beheshti ! Les Larijani ont jeté la faute sur leurs nouveaux amis les Commandants des Pasdaran ! Le régime n’en finissait d’imploser !

Les Américains ont encore envoyé des émissaires en Iran pour savoir si l’un des deux clans était prêt à déposer les armes contre quelques garanties de sécurité. Les Commandants Pasdaran (qui n’ont pas de clan à eux seuls) ont tenté de saboter tout les négociations en évoquant des missiles capables de frapper les bases américaines en Europe. Washington les a ignorés, mais sas marchandages ont finalement échoué car le pouvoir est trop divisé et un seul clan ne peut décider pour tout le monde.

Au même moment, quelques 88,000 ouvriers des aciéries d’Ispahan ont annoncé qu’ils n’étaient plus payés depuis plusieurs mois. Par ailleurs, une grande région d’Iran a été sévèrement touchée par des inondations. Egalement, des centaines de milliers d’Azéris qui vivent sans aucun secours depuis un récent tremblement de terre ont été frappés par une vague de froid prématurée, mais ils n’ont bénéficié d’aucune attention car les dirigeants étaient occupés à sceller des alliances pour s’assurer leur avenir.

Les amis nantis du régime ont eu peur d’un soulèvement général : ils se sont précipités sur le réseau informatique interbancaire de transfert de fonds pour sortir le contenu de leurs avoirs vers leurs comptes à l’étranger afin de fuir le pays avec leur famille. Pour bloquer leur fuite, le régime a bloqué ce réseau et a multiplié par 3 les prix de billets d’avion vers l’étranger notamment vers Beyrouth et vers la Malaisie, son paradis bancaire, pour empêcher les familles de ses amis de quitter le pays !

Ces jours-ci : Super spirale de désordres, le régime et ses dirigeants isolés étaient alors à quelques jours 2 rendez-vous importants : le mois saint de Moharram qui doit être marqué par des dizaines de rassemblements et des processions religieux fanatiques pendant 10 jours et aussi par des rassemblements paramilitaires car cette décade fervente donne lieu à une Semaine de Bassidj (général) ou la Mobilisation "de tous les Jeunes" pour la préservation de la révolution islamique. Ces événements avaient massivement été boycottés en 2011. Pour masquer un nouveau boycott, les ayatollahs basés à la ville de Qom, siège du clergé, ont lancé une fatwa interdisant toute procession publiques !. Par ailleurs, chacun des deux clans a tenté de pactiser avec les Pasdaran pour neutraliser l’autre clan. Les Commandants des Pasdaran et leurs dernières troupes, c’est-à-dire les nervis du régime, ont choisi le clan d’Ali Larijani. Larijani a tenté de contacter les Américains via son frère Javad Larijani, le responsable des droits de l’homme au sein du régime..

Rafsandjani, exclu du jeu et condamné à rester et périr en Iran, a tenté de bloquer cette négociation en évoquant des progrès du régime dans le domaine du nucléaire militaire. Les Américains ont esquivé ses annonces, mais il n’y as peu de négociations car ils n’ont pas accordé de visa à Javad Larijani ! Ils ont préféré garder Rafsandjani, car ils ont beaucoup de dossiers contre lui.

Larijani ne pouvait pas jouer un rôle, mais Rafsandjani était désigné comme un maillon faible et risquait d’être lâché par ses "alliés". Il a proposé une alliance à Larijani, également en difficulté sous la forme d’un candidat commun aux prochaines présidentielles. Larijani a d’abord accepté. Mais vu l’extrême faiblesse du régime, il a eu peur que Rafsandjani ait voulu l’endormir pour avoir la possibilité de négocier tranquillement avec Washington ou pour le doubler en accordant la victoire à un autre candidat de son camp. Afin de ne pas être doublé, Larijani a alors exigé une réforme de la loi électorale pour dominer l’organisation des élections (actuellement entre les mains des pions et des alliés de Rafsandjani). Le clan Rafsandjani a dénoncé cette réforme comme un coup d’Etat et le Guide qui fait partie de ce clan a désavoué le convocation d’Ahmadinejad au Parlement. Puis les médias liés à Rafsandjani ont évoqué un rapport d’autopsie pour désigner Larijani et les Pasdaran pour les coupables du meurtre (imaginaire) de Sattar Beheshti ! Le clan Rafsandjani a privé Larijani d’une ascension certaine, il a aussi mis en évidence son manque de préparation.

A un moment où le régime était très contesté et régulièrement boycotté, Larijani, humilié comme chef et stratège, a dû battre en retraite pour limiter la casse. Après avoir été contraint d’abandonner la révocation d’Ahmadinejad, il a aussi reporté sa réforme électorale. Mais très rapidement, son clan a commencé à évoquer la révocation du ministre de la santé pour négligence envers du peuple afin d’entraîner d’une autre façon la chute d’Ahmadinejad, le principal pion de Rafsandjani pour négocier avec Washington.

La semaine dernière a ainsi été une confirmation de l’instabilité de la caste dirigeante. Les proches du régime ont encore accentué leur rupture avec le système agonisant en boycottant les cérémonies et les nuits de prière du mois de Moharram, ainsi que les rassemblement de la Semaine de Bassidj (ou la Mobilisation pour la préservation de la révolution islamique).

Cette semaine, le régime s’attendait au boycott de deux dernières journées de la décade endeuillée Moharram qui doivent être empruntes d’une ferveur hors du commun. Comme il y a un an à la même époque de l’année musulmane, il s’attendait aussi au boycott interne des rassemblements paramilitaires de la Journée de Bassidj. Le régime devait masquer ces boycotts pour limiter la panique interne et éviter un nouveau chaos. Voici le récit et les images d’une semaine de peurs, de guerre interne, de calculs, de diversions et de médiatisation de ses faux opposants usés pour limiter la casse si possible.


3 - 10.01.2013
Iran : La semaine en images n°255

intro de base pour comprendre la situation,
mise à jour chaque semaine avec de nouveaux éléments après ce module [+].
Avec une nouvelle analyse inédite des événements de la semaine précédente.
En rouge : les éléments qui, cette semaine, ont été d’actualité.

Le signe § donne droit à des tiroirs d’infos.

Origines de la crise. En 1979, les mollahs, alliés historiques de Britanniques et exclus du jeu par la dynastie progressiste des Pahlavi, ont pu revenir dans l’arène politique quand les Américains ont décidé de renverser le Shah (coupable entre autre d’avoir créé l’OPEP) pour installer à sa place leurs pions islamo-fédéralistes de NEHZAT AZADI (Mouvement pour la liberté) et sa branche armée, l’OMPI. Ces gens étaient tous issus du parti islamo-nationaliste de JEBHEH MELLI d’obédience britannique.

Le projet appelé Arc de Crise ou Ceinture Verte (en réf. à l’Islam) devait provoquer une vague islamiste déstabilisatrice en Asie Centrale, au Moyen-Orient et en Afrique pour éliminer les zones d’influence des Soviétiques, mais aussi des Britanniques et permettre l’implantation des compagnies pétrolières américaines.

Les Britanniques se sont empressés de s’associer aux Américains pour inclure leurs pions iraniens à savoir les mollahs influents, les clans féodaux, les Bazaris et leurs nervis, les cadres du TOUDEH et de JEBHEH MELLI avec la ferme intention de les utiliser pour évincer les pions de Washington. Ce coup d’Etat interne a été réalisé par Rafsandjani, le demi-frère et fondé de pouvoir de Khomeiny, en assassinant les pions de Washington et en coupant le cordon ombilical entre Washington et la révolution islamique par l’attaque contre l’ambassade américaine.

En échange de ces bons et loyaux services, Rafsandjani a été autorisé d’écarter des mollahs plus hauts placés comme Mottahari (le beau-père et protecteur d’Ali Larijani), mais aussi d’autres pions de Londres comme les cadres de TOUDEH et de et de JEBHEH MELLI. Il a ainsi pu pour accéder à tous les postes clefs comme le ministère de l’intérieur, les services secrets des Pasdaran ou encore le ministère de guerre qui ont fait de lui le patron non officiel du régime et de tous les bons business (pétrole, automobile, alimentation). Rafsandjani est ainsi devenu le patron occulte du régime. Avec le soutien des jeunes mollahs ambitieux et évidement le soutien tacite des Britanniques, il a alors été chargé de sans cesse diaboliser les Etats-Unis pour ne laisser aucune chance de retour à ses pions.

En réponse, l’Etat américain a alors commencé à sanctionner le régime pour provoquer des pénuries et un risque de soulèvement pour forcer Rafsandjani et ses complices à changer de politique : c’est-à-dire d’accepter un apaisement, puis la normalisation des relations pour qu’il puisse revenir en Iran avec ses pions et reprendre le pouvoir via des élections libres (une révolution de couleur).

Rafsandjani et ses complices ont alors accentué les actions terroristes contre les intérêts américains. Ils ont aussi sacrifié la production nationale pour importer tout d’Europe afin d’acheter la protection diplomatique des Européens. Cela, les larcins des mollahs et la guerre contre Saddam ont rapidement ruiné le pays : les ouvriers ont perdu leurs emplois, les Bazaris qui vivaient de la vente des produits nationaux ont été ruinés. Beaucoup de jeunes Pasdaran contactaient Reza Pahlavi pour exprimer leurs regrets de tout ce qui avait été perdu par leur faute. La révolution islamique a très vite perdu ses enfants et très vite, le régime s’est retrouvé en ruiné et en danger.

Mais le régime n’est pas tombé car Washington n’a jamais aidé les opposants, le peuple et les dissidents de peur que le système islamique nécessaire à ses projets régionaux ne disparaisse. Depuis Washington a souvent laissé ses partenaires stratégiques contourner ses sanctions quand il estimait que ces sanctions peuvent dépasser leur objectif et entraîner la chute du régime islamique qu’il veut récupérer.

En agissant ainsi, Washington a rallongé l’agonie du régime et a amplifié la dissidence ou encore les querelles internes entre Rafsandjani et tous ceux qu’il avait été écartés du pouvoir par lui (comme les frères Larijani).

En 1989, Rafsandjani s’est senti en danger car son demi-frère Khomeiny qui le protégerait était mourant. Rafsandjani a alors trafiqué le testament de ce dernier pour désigner comme son successeur un de ses propres amis : Khamenei, un mollah de mauvaise réputation, qui n’avait aucune chance d’accéder à ce poste prestigieux. En échange, dès son accession à ce poste de prestige, Khamenei a immédiatement modifié la constitution pour transférer la presque totalité de ses nouveaux pouvoirs politiques au Conseil de Discernement, organe d’arbitrage créé et dirigé par Rafsandjani. Le Conseil de Discernement est ainsi devenu un organe plénipotentiaire et Rafsandjani est devenu le patron permanent du régime. Le président du Conseil constitutionnel, Jannati, et le 1er ministre de l’époque, Moussavi (cousin de Khamenei), qui avaient donné leur accord à ce coup d’Etat interne ont reçu en échange des sièges au Conseil de Discernement.

Mais l’incapacité de Rafsandjani à mettre fin aux sanctions et surtout l’adoption des premières sanctions pétrolières ont remis néanmoins en cause sa survie politique.

En 1996, Washington a utilisé des mandats d’arrêts internationaux Rafsandjani. Ces coups ont donné de l’espoir à ses rivaux comme les Frères Larijani.

Pour ne pas sauter, Rafsandjani a acheté la loyauté du clan Larijani en leur octroyant des sièges au Conseil de Discernement et des postes clefs politiques ou économiques Rafsandjani a également mis en place un président modéré dans une posture soi-disant affaibli par les ultra-conservateurs pour engager Washington à cesser ses sanctions afin d’aider la démocratisation du régime. Washington n’a pas été dupé. Rafsandjani a alors également mis en place de (faux) opposants, issus de la milice universitaire et faussement proaméricains, pour engager Washington dans la coopération et non des sanctions.

En 2000, Washington s’est fâché : il a évoqué la "menace nucléaire et balistique des mollahs" dans "Iran Non-proliferation Act" pour durcir ses sanctions alors que le régime n’a jamais eu le moindre missile capable de menacer ses voisins, ni même le savoir faire pour finir la centrale nucléaire civile de Bouchehr, laissée inachevée après la révolution.

Le régime aurait pu mettre fin au risque de nouvelles sanctions, mais il n’a cessé de lancer des slogans anxiogènes sur sa capacité de devenir une puissance nucléaire en très peu de temps. Il espérait ainsi faire peur à Washington ou aux Européens pour obtenir une capitulation sur toutes les sanctions le visant. Cette attitude a rapidement laissé à Washington l’opportunité d’annoncer plus de sanctions et même éventuellement des frappes militaires.

Rafsandjani qui avait échoué avec sa fausse modération, puis avec sa politique de menace floue a alors fait demi tour pour gagner du temps avec un dialogue modéré via Khatami.Il a aussi tenté de garder vivace ses faux opposants avec un grand show judiciaire animé par deux avocates (Ebadi et Sotoudeh), issues du parti pro-britannique de Jebheh Melli. En revenant à la modération feinte, il a dû abandonner les menaces qui permettaient au régime de tenir tête à Washington et il a même été contraint de renoncer à l’enrichissement nucléaire dans l’accord de Paris, engageant le régime dans l’ouverture attendue par Washington.

Rafsandjani pouvait sauter pour avoir commis cette erreur. Pour désorganiser ses rivaux, il a offert la direction des négociations nucléaires à Larijani qui réclamait une politique nucléaire plus dure. En parallèle, Rafsandjani a annulé l’accord de Paris en remplaçant le « modéré Khatami » par Ahmadinejad, un autre ex employé de ses services secrets. Il a entouré le trublion des pires racailles des services secrets (comme Mottaki, Najjar, Vahidi) pour surpasser Larijani et tenter de faire reculer Washington avec toutes sortes de menaces.

Mais Washington a utilisé ces menaces pour renforcer ses sanctions et ses menaces de frappes préventives !

En 2007, quand Washington a impliqué le Conseil de Sécurité de l’ONU pour cautionner ses futures sanctions et ses menaces de frappes, la dissidence interne s’est amplifiée : on a assisté à d’importants boycotts des manifestations officielles par les de Pasdaran de base, les Bazaris ou des mollahs de base.

En 2008, après l’adoption des premières sanctions bancaires, Rafsandjani, ses complices et ses adversaires unifiés au sein du Conseil de Discernement ont décidé la Suppression des Prix subventionnés pour limiter le pouvoir d’achat des Iraniens (brider la consommation) afin de préserver les stocks et aussi habituer les Iraniens à vivre de très peu pour diminuer le risque de soulèvement provoqué par la faim. Mais par peur d’une émeute générale, le régime a d’abord gelé les salaires de ses propres employés les mieux payés, les agents sécuritaires : ces derniers ont été très déçus et ont aussi pris leur distance avec le régime.

Cette nouvelle rupture était terrible. Le régime était menacé en cas d’un soulèvement. Rafsandjani devait songer à une éventuelle négociation avec Washington pour pouvoir quitter le pays avant la chute du régime : il a alors exclu Ali Larijani du poste clef de négociateur nucléaire lui donnant accès au dialogue avec les Américains. Mais pour ne pas l’avoir contre lui, il lui a attribué une victoire électorale pour lui donner la direction de la majorité législative (la chefferie du Parlement) : un titre et une tribune plus qu’un vrai pouvoir car le Parlement n’a aucun rôle décisionnaire, il suit les avis du Conseil de Discernement.

Ali Larijani a alors révélé par l’intermédiaire de l’un de ses pions au sein du Pouvoir Judiciaire la corruption du clan Rafsandjani et des clans alliés afin de les éliminer tous et devenir celui qui négocie la fin du régime pour bénéficier des mêmes garanties.

Rafsandjani s’est vu menacé par les sanctions, par le risque de pénuries et d’émeutes, par la dissidence interne ou encore par les dossiers d’Ali Larijani...

En juin 2009, Razfsandjani a tenté de sauver le régime et surtout sa peau avec le Mouvement VERT, une fausse révolution de couleur de l’Islam, partisane de la ligne (anti-américaine) de Khomeiny, menée par ses complices et par son allié de toujours Moussavi. Mais le peuple a agi avec bon sens, il n’est pas tombé dans le panneau et a profité de l’occasion pour crier sa haine du régime. Les Pasdaran ne sont guère intervenus pour réprimer cette contre-révolution. Le régime a failli tomber, mais il a été sauvé grâce à Obama, mais aussi grâce à Sarkozy et d’autres alliés de Washington qui ont refusé toute aide à cette contre-révolution.

Rafsandjani, affaibli par l’échec monumental de son plan audacieux, a dû céder le Pouvoir Judiciaire à Sadegh Larijani, le frère cadet d’Ali Larijani. Rafsandjani offrait plus de pouvoirs aux Larijani, mais avec un risque limité car le maître des accusations, procureur Ejéi (un ex-patron des services secrets) était un de ses pions et par ailleurs, il détenait le tribunal spécifique au clergé ou encore l’inspection générale interne. Rafsandjani devait cependant faire vite avant que les Larijani nomment leurs pions. Il a alors tenté de duper le peuple avec de nouveaux slogans plus patriotiques et en faisant passer d’ex-agents secrets enrôlés dans le ministère des affaires étrangères et aussi ses enfants Mehdi et Faezeh pour des opposants.

Mais en juin 2010, au bout d’un an d’insuccès, Rafsandjani a dû s’éclipser et Larijani a commencé à s’occuper des activités qu’il menait au sein du régime. Rafsandjani qui avait perdu le soutien et la confiance de ses pairs avait été discrètement remplacé par Larijani, mais les gros bonnets du régime n’ont pas osé officialiser ce dernier par peur qu’il ne les élimine avec ses dossiers compromettants. Larijani n’a donc pas pu virer les pions de Rafsandjani pour nommer les siens et devenir le patron du régime afin de bénéficier des meilleures garanties de sécurité. Rafsandjani a gardé son influence grâce au gouvernement formé par ses pions. De fait, en juin 2010, le régime est devenu bicéphale. .

Ali Larijani devait écarter les ministres issus du clan Rafsandjani : il a commencé à parler de leur corruption et à multiplier les procès à leur encontre pour les renverser afin de s’asseoir à la table des négociations et obtenir sa part de garanties de sécurité. Rafsandjani a alors accéléré ses démarches pour parvenir à un accord avec Washington. En agissant ainsi, Rafsandjani et Larijani privilégiaient leurs propres intérêts personnels au lieu de trouver un compromis global pour sauver leurs associés et collaborateurs. Ce comportement méprisant a encouragé l’envie de fuite de leurs derniers collaborateurs.

En mars 2011, le peuple a de nouveau manifesté à l’occasion de l’anniversaire de naissance Reza Shah Pahlavi, le fondateur de l’Iran moderne et laïque et encore une fois, les officiers des Pasdaran n’ont pas chargé. Ils se sont même montrés très amicaux avec les manifestants. Ils ont ainsi montré qu’ils souhaitaient aussi une contre-révolution.

Les derniers collaborateurs du régime, déçus par leurs chefs et paniqués par la rupture des Pasdaran, se sont mis à convertir leurs avoirs en or ou en dollar pour pouvoir quitter le pays avant qu’ils soient tués par le peuple ou sacrifiés par leurs chefs. Le dollar n’a cessé d’augmenter malgré des baisses de prix imposées arbitrairement par la Banque Centrale Iranienne (BCI). Ces achats de dollars ont ruiné le régime et réduit ses chances de survie. Ali Larijani a accentué sa guerre pour le contrôle du siège éjectable, Rafsandjani a mis les bouchées doubles pour parvenir à un accord avec Washington. Les Commandants des Pasdaran susceptibles de souffrir par cette transaction ont lâché leur mentor historique Rafsandjani et se sont alignés sur Larijani.

Washington a apprécié cette fracture interne. Il devait exacerber les menaces contre le régime pour accentuer ce genre de fracture. Il a forcé l’Europe à rompre ses relations protectrices avec le régime. .

En Juillet 2012, sous la pression de Washington l’Europe a coupé les ponts avec le régime. Les gens ont paniqué et se sont précipités pour acheter des dollars , le régime en manque de divises n’a pas approvisionné le marché. Les gens du régime ont conclu à une faillite de la BCI. Ils se sont mis à stocker des aliments. Le pays a été confronté à une importante pénurie alimentaire. Le peuple excédé a manifesté contre le régime avec des slogans hostiles.

Les deux dirigeants se sont réunis pour combattre la ruée vers l’or et le dollar qui vidait leurs réserves de capitaux. Ils ont à plusieurs reprises incendié le Bazar pour dissuader les agents de change, ils ont accusé les acheteurs de blanchiment d’argent pour les menacer d’expropriation et de pendaison. Ils ont ponctionné les comptes bancaires des gens pour compenser leurs pertes. Ils ont supprimé les bureaux d’émigration, bloqué les comptes en devises. Puis dernièrement, ils ont fermé tous les agents de change privés, le réseau de transfert interbancaire et enfin ils ont multiplié par 3 le prix de billets d’avion pour limiter les voyages à l’étranger.

Les deux dirigeants ont également sans cesse promis des actions de répression et des manoeuvres militaires ou paramilitaires pour rassurer leurs collaborateurs sur ses capacités ou pour les intimider, mais il n’a jamais pu tenir sa parole : au fil des promesses non tenues, il est devenu très évident qu’ils n’avaient plus aucun appui au sein des forces armées.

En seulement 3 mois (Juillet-Août-Septembre), il est devenu clair que le régime était fichu. Rafsandjani a multiplié les efforts pour contacter Washington. Larijani a accentué ses accusations contre Rafsandjani lui-même. Les Commandants des Pasdaran ont surenchéri. Rafsandjani a fait revenir ses enfants (Mehdi et Faezeh) et les a laissés comme gages entre les mains du pouvoir judiciaire des Larijani pour les rassurer que son pion Ahmadinejad attendu à NY à l’occasion de l’AG de l’ONU ne négocierait pas avec les Américains. Mais il a sacrifié ses enfants en proposant une ouverture à Washington.

Fin octobre, Washington a tenté un deal avec Rafsandjani en demandant à l’Argentine de blanchir Rafsandjani dans l’attentat d’Amia. Larijani était pris par surprise. Les Commandants des Pasdaran, qui peuvent hériter de la responsabilité de l’attentat d’Amia, ont alors enchaîné les menaces contre Washington pour bloquer le deal et les marchandages à venir. Le régime est passé de 2 clans à 3 clans.

Les Commandants des Pasdaran ont d’abord tenté de former un clan à part entière avant de s’approcher de Larijani mais Washington n’a pas daigné dialoguer avec Larijani car il n’a rien de très grave à lui reprocher et ne peut l’intimider correctement pour l’amener à se soumettre.

Ce choix de Washington a exclu Larijani du jeu, mais il a aussi désigné Rafsandjani comme un maillon faible utile (pour obtenir un bon deal). Les Pasdaran ont alors lâché Larijani pour devenir des électrons libres au sein du régime en agonie. Le pouvoir était éclaté et aucun clan n’avait les moyens pour s’imposer. Les gens de la base ont paniqué. Les deux dirigeants rivaux se sont rapprochés et ils ont uni leur force pour inventer la figure de Sattar Beheshti, (faux) opposant interne "mort sous la torture", pour mobiliser le peuple derrière la fausse opposition interne afin de pouvoir contenir tout risque de soulèvement.

Mais le peuple n’a pas donné de crédit à cette option pro-régime et les collaborateurs de base ont jugé très risqué de miser sur la recette ratée du Mouvement Vert. Sans ce joker, le régime était perdu. Rafsandjani a accusé les Pasdaran et les frères Larijani du meurtre de l’opposant factice Sattar Beheshti !

Larijani a accentué ses accusations contre Ahmadinejad pour lui retirer le vote de confiance du Parlement, le renverser et prendre sa place via des élections présidentielles anticipées. Rafsandjani a fait bouger sa pièce maîtresse à savoir le Guide pour désavouer la révocation d’Ahmadinejad. Puis, Rafsandjani a pris une décision incroyable : il a demandé à ses faux opposants de crier "Mort à la Révolution Islamique" pour s’approcher de l’opposition avec une solution de réconciliation nationale de type Khmers rouges pour avoir la vie sauve. Il pouvait aussi barrer la route aux Américains et préserver les intérêts de leurs adversaires afin de préserver ses avoirs dans ces pays.

Ce revirement pragmatique très rusé, survenu il y a 1 mois, n’a provoqué aucune agitation : les derniers collaborateurs du régime y trouvaient leur compte, mais pas Ali Larijani car ses frères ont piloté les répressions du grand soulèvement de l’été 2009. Ali Larijani a encore reparlé de la révocation du président. Les Pasdaran qui avaient d’abord bien accueilli la proposition pragmatique d’une réconciliation nationale ont aussi renouvelé leurs menaces anti-américaines pour s’approcher de Larijani au cas où il emporterait la partie.

Ainsi la proposition intéressante d’une réconciliation nationale s’est retrouvée menacée par deux des trois clans qui partagent le pouvoir. Mais ces clans étant tous dépourvus de militants actifs, aucun n’a pu s’imposer. Rafsandjani, Larijani et les chefs Pasdaran, ont tenté de trouver des alliés pour imposer leur position. On est alors entré dans un nouvel épisode très féroce de la guerre interne : Rafsandjani a gagné la première manche en étalant ses pions des services secrets. Larijani a d’abord reculé en libérant Mehdi, avant de riposter en frappant les pions de Rafsandjani à tous les niveaux par de nouvelles accusations judiciaires. Les Chefs Pasdaran ont annoncé des manœuvres dans le détroit d’Ormuz pour montrer qu’ils pouvaient bloquer tous les dialogues à venir afin que l’on ne les oublient pas dans les marchandages qui paraissent imminents au vue de la situation désastreuse du régime. Nous avons eu droit à une semaine saignante. Cette agitation des dirigeants a paniqué les collaborateurs du régime, ils ont repris leur achats du dollar, avant de s’orienter vers l’or quand le dollar a manqué ! Le régime n’a rien trouvé de mieux que de censurer les infos relatives à l’or et au dollar. Il a aussi relâché Tabarzadi, son meilleur faux opposant pour qu’il puisse s’incruster dans le soulèvement qu’il redoute.

Cette semaine, le régime avait un programme officiel lourd, trop lourd pour un régime agonisant : il devait organiser la journée de manifestations politiques de soutien au Guide, tuteur spirituel du peuple, journée de fidélité à l’idéologie qui définit son système. Le régime a été surpris par un boycott d’une ampleur inattendue. La panique existante a été amplifiée. Le régime s’est réfugié dans les menaces, la diversion médiatique pour dissimuler sa détresse. Il a même donné plus de publicité aux Manœuvres qui venaient de débuter en espérant que ses sous-entendues menaçantes puissent intimider Washington.

Par ailleurs, cette semaine, le régime devait aussi organiser de grandes manifestations pour Arbaeyn, la dernière cérémonie en mémoire de la mort en martyr d’Imam Hossein, le grand héros du chiisme. Il redoutait un nouveau boycott et peut-être même pire. Il a sans cesse annoncé que le pays tout entier était frappé d’une pollution cancérigène foudroyante pour dissuader les gens de sortir !

Mais ses collaborateurs en quasi rupture et le reste des Iraniens respiraient l’air et ils n’avaient aucun symptôme alarmant. Le régime n’a cessé de se dévaloriser auprès des siens et de craindre que le peuple déprimé et désabusé (qui ne suit plus rien) ne se réveille... Voici le récit et les images d’une semaine de slogans et de fuite en avant pour le régime agonisant et paniqué des mollahs.


3 - 28.11.2012
Iran : La semaine en images n°249

intro de base pour comprendre la situation,
mise à jour chaque semaine :
avec une nouvelle analyse inédite des événements de la semaine précédente.
En rouge : les éléments qui, cette semaine, ont été d’actualité.

Origines de la crise. Il y a 33 ans, en 1979, les mollahs, alliés historiques de Britanniques et exclus du jeu par la dynastie progressiste des Pahlavi, ont pu revenir dans l’arène politique quand les Américains ont décidé de renverser le Shah (coupable entre autre d’avoir modernise le pays, stabiliser la région et aussi d’avoir créer l’OPEP) avec l’intention d’installer à sa place leurs islamistes (dont l’OMPI) pour déstabiliser la région et la remodeler selon leurs intérêts pétroliers. Le projet appelé Arc de Crise devait faire de l’Iran un foyer d’agitation islamiste pour soulever l’Asie Centrale contre la Russie et la faire basculer dans le camps américain permettant à Washington de devenir la première puissance pétrolière au monde. Cela allait mettre fin à 100 ans de domination du marché pétrolier par les Britanniques : les mollahs pro-britanniques ont participé au projet pour évincer les pions de Washington, dévoyer le projet et aussi accaparer le pouvoir. Ce coup d’état interne a été réalisé par Rafsandjani, le demi-frère et fondé de pouvoir de Khomeiny, en assassinant les pions religieux de Washington et surtout en coupant le cordon ombilical entre Washington et la révolution islamique par l’attaque des "étudiants islamiques" contre l’ambassade américaine et la prise en otage des diplomates américains. En échange, de ces services et cette Seconde révolution islamique, Rafsandjani a été autorisé à écarter des mollahs plus hauts placés comme Mottahari (le protecteur des Larijani) et d’accéder à tous les postes clefs comme le ministère de l’intérieur, les services secrets des Pasdaran ou encore le ministère de guerre qui ont fait de lui le patron non officiel du régime et de tous les bons business (pétrole, automobile, le secteur alimentaire). Avec quelques autres mollahs ambitieux et le soutien tacite des Britanniques, Rafsandjani a aussi verrouillé le système en diabolisant les Etats-Unis et en attaquant ses intérêts et ses alliés régionaux pour ne laisser aucune chance de retour aux pions américains.

L’Etat américain a alors commencé à sanctionner les mollahs pour provoquer des pénuries et un risque de soulèvement pour forcer Rafsandjani et ses complices à cesser leur diabolisation, d’accepter un apaisement, puis la normalisation des relations pour qu’il puisse revenir en Iran avec ses pions et reprendre le pouvoir via une révolution de couleur.

Rafsandjani et ses complices ont alors accentué les actions terroristes contre les intérêts américains et ont décidé de sacrifier la production nationale pour importer tout d’Europe afin d’acheter la protection diplomatique des Européens. Cela et la guerre contre Saddam ont rapidement ruiné le pays et sa force de production : les ouvriers ont perdu leurs emplois, les Bazaris qui vivaient de la vente des produits nationaux ont été ruinés. Le pays était aussi en guerre. Beaucoup de jeunes Pasdaran contactaient Reza Pahlavi pour exprimer leurs regrets de tout ce qui avait été perdu par leur faute. La révolution islamique a très vite perdu ses enfants et très vite, le régime s’est retrouvé en danger. Mais il n’est pas tombé car Washington n’a jamais aidé les opposants, le peuple et les dissidents de peur que le modèle islamique nécessaire à ses projets régionaux ne disparaisse.

Par ailleurs non seulement Washington n’a jamais aidé les opposants, mais encore, il a souvent laissé un grand nombre de ses partenaires stratégiques contourner ses sanctions pour adoucir leur effet. quand il estimait qu’elles pouvaient dépasser leur objectif et entraîner la chute du régime islamique qu’il veut récupérer.

Mais en agissant ainsi, Washington a rallongé l’agonie du régime et a amplifié l’opposition et la dissidence, ce qui a affaibli la position de Rafsandjani, le patron de facto du régime, parmi ses adversaires internes. Pour se maintenir, Rafsandjani a toujours cherché à étendre son pouvoir. En 1989, à la mort de Khomeiny, il a trafiqué le testament de ce dernier pour officialiser sa propre mainmise sur le régime et a obtenu les pleins pouvoir pour le Conseil de Discernement qu’il présidait et préside encore). Mais la poursuite des sanctions visant personnellement Rafsandjani (comme avec le mandat d’arrêt pour l’attentat de l’Amia) et son incapacité à les neutraliser l’ont amené à partager le pouvoir avec des adversaires (comme les frères Larijani) pour acheter leur loyauté et des délais supplémentaires pour restaurer son hégémonie.

Rafsandjani a alors tenté un faux apaisement via Khatami, un ex-responsable d’assassinats des opposants exilés, mais il n’a pas pu amadouer Washington. Il l’a alors remplacé par un autre ex-responsable des services secrets nommé Ahmadinejad et l’a entouré des pires racailles des services secrets (comme Mottaki, Najjar, Vahidi) pour tenter de faire reculer Washington avec toute sorte de menaces. Mais Washington a utilisé ces menaces pour renforcer ses sanctions !

Mais en 2007 quand Washington a impliqué le Conseil de Sécurité de l’ONU pour généraliser les sanctions et s’est mis à évoquer très régulièrement la possibilité de frappes militaires, la dissidence interne s’est amplifiée : on a assisté à d’importants boycotts des manifestations officielles par les de Pasdaran de base, les Bazaris ou des mollahs de base.

En 2008, Washington a adopté ses premières sanctions bancaires, limitant sérieusement les revenues en devises du régime. Rafsandjani et ses complices au sein du Conseil de Discernement ont décidé de limiter le pouvoir d’achat des Iraniens pour brider la consommation afin de survivre malgré la diminution de leurs revenus. Le plan prévoyait la suppression de tous les prix subventionnés, mais par peur d’une émeute générale, le régime a d’abord gelé les salaires de ses propres employés les mieux payés, les agents sécuritaires, qui ont été très déçus et ont aussi pris leur distance bien qu’ils ne puissent pas aller vers la dissidence en raison de leurs passés criminels.

Cette nouvelle rupture était terrible. Le régime était menacé en cas d’un soulèvement. Rafsandjani devait songer à une éventuelle négociation avec Washington pour pouvoir quitter le pays avant la chute du régime : il a alors exclu Ali Larijani du poste clef de négociateur nucléaire lui donnant accès au dialogue avec les Américains pour prendre en main ce poste. Larijani ne s’écartait pas : Rafsandjani devait lui donner un poste clef. Via a les élections factices du régime, il lui a offert la direction de la majorité législative (la chefferie du Parlement) : un titre et une tribune plus qu’un vrai pouvoir car le Parlement n’a aucun rôle décisionnaire dans le système actuel. Ali Larijani a alors révélé par l’intermédiaire de l’un de ses pions la corruption de Rafsandjani et de ses alliés afin de les éliminer du jeu et devenir celui qui négocie la fin du régime pour bénéficier des mêmes garanties.

Rafsandjani s’est vu menacé par les sanctions, le risque de pénuries et d’émeutes, la dissidence interne ou encore les dossiers d’Ali Larijani : en juin 2009, il a tenté de sauver le régime et surtout sa situation avec le Mouvement Vert, une fausse révolution de couleur, partisane de la ligne (anti-américaine) de Khomeiny, menée par ses ex-amis (les étudiants islamiques preneurs d’otages de l’ambassade américaine pour donner une nouvelle légitimité à son clan.

Mais le peuple a profité de l’occasion pour crier sa haine du régime et les Pasdaran ne sont guère intervenus pour réprimer cette contre-révolution. Rafsandjani a dû offrir le Pouvoir Judiciaire à Sadegh Larijani, le frère cadet d’Ali Larijani, pour acheter leur loyauté afin de poursuivre ses plans.

Rafsandjani offrait plus de pouvoirs à ses ennemis (les Larijani), mais avec un risque limité car le maître des accusations, procureur Ejéi (un ex-patron des services secrets) était un de ses pions et par ailleurs, le tribunal spécifique au clergé ou encore l’inspection générale interne étaient dirigés par ses pions : les mollahs Razini et Pour-Mohammadi. Rafsandjani devait cependant faire vite avant que les Larijani nomment leurs pions. Il a alors tenté de duper le peuple avec de nouveaux slogans moins mièvres et en faisant passer d’ex-agents secrets enrôlés dans le ministères des affaires étrangères, mais aussi ses enfants Mehdi et Faezeh pour des opposants.

Mais après un an d’échecs, il a dû s’éclipser laissant officieusement ses pouvoirs à Ali Larijani.

On peut dire que Rafsandjani a perdu le soutien de ses pairs et qu’il a été débarqué du pouvoir par eux et Larijani qui avait des dossiers contre tout le monde a pu obtenir sa place. Mais ses gens n’ont pas osé officialiser la passation du pouvoir car il avait peur de Larijani et de ses dossiers compromettants. De fait, il n’y a pas eu d’épuration interne, Rafsandjani est resté influant car il gardait des pions au pouvoir en particulier Ahmadinejad et ses ministres, tous issus des services secrets des Pasdaran qu’il avait jadis dirigés. Ainsi, en juin 2010, le pouvoir est devenu bicéphale, complètement divisé.

Larijani a alors commencé à mettre en place des procès contre les enfants de Rafsandjani pour l’atteindre moralement et des procès contre Ahmadinejad et ses ministres chargés des négociations pour démanteler son équipe afin de permettre à son propre équipe de prendre la place. Cette entreprise de sape a reçu le soutien tacite de tous ceux qui avaient été exclus depuis toujours du pouvoir et des bons business par Rafsandjani.

Fin 2010, Ce nouveau pouvoir très divisé a enfin mis en place son plan impopulaire de suppression de tous les prix subventionnés confirmant par la même occasion que sa situation économique était très grave. En seulement un mois, la hausse des prix de produits énergétiques a entraîné la faillite de 60% des entreprises et une terrible récession

Trois mois plus tard, en mars 2011, la fête du Feu, une grande fête persane interdite par le régime depuis toujours, coïncidait avec l’anniversaire de Reza Shah, le fondateur d’Iran laïque. Le régime a menacé le peuple des pires répressions s’il bougeait. Le peuple a passé outre ces menaces montrant son rejet de l’Islam et son souhait d’une contre-révolution. Les Pasdaran ont laissé faire, affichant ainsi leur soutien à la contre-révolution. Cette action exemplaire a réduit le régime à ses 200 dirigeants, près de 15,000 responsables régionaux, 800 hommes d’affaires et 6000 nervis.

Le Régime a tenté de rétablir l’ordre en cessant de payer les Pasdaran, en assassinant des meneurs d’hommes ou en incendiant le Bazar à plusieurs reprises sans parvenir à soumettre les dissidents qui étaient à l’origine de ses malheurs.

Ruptures internes & crise du dollar | Le Régime était fragilisé, il pouvait chuter dans le sang et ses dirigeants devaient songer à accepter l’offre de Washington pour céder le pouvoir afin d’échapper à une fin terrible. Les cadres et les hommes d’affaires du régime qui allaient être sacrifiés dans le deal ont paniqué : les cadres du régime ont commencé à rompre et les hommes d’affaires du régime ont commencé à brader leurs biens pour acheter de l’or et des dollars afin de quitter le pays avant la débandade de leur dirigeants. La demande du dollar a fait augmenter le prix de la devise américaine sur le marché libre. Le taux du dollar est devenu l’indicateur de la chute de la confiance des derniers compagnons du Régime en leur avenir.

Ces ruptures et ces retraits de devises ont affaibli davantage le Régime (déjà très en difficulté). Larijani a alors accentué ses efforts pour écarter au plus vite Rafsandjani afin de contrôler le jeu des marchandages avec Washington. Il a ainsi admis la vulnérabilité du Régime, ce qui a créé une nouvelle source d’agitation interne.

En juillet 2012, Washington a imposé aux Européens de cesser leurs relations protectrices pour amener Larijani à accélérer sa guerre contre Rafsandjani afin de provoquer de nouvelles fracture au sein du régime.. il y a de nouvelles ruptures (les députés, puis les juges). Les Chinois ont estimé que le régime était fichu : prudemment, ils ont annoncé la diminution leurs investissements, puis ont suspendu leurs achats pétroliers. La peur de la banqueroute économique et de pénuries a envahi tout le monde provoquant une nouvelle grande ruée vers le dollar, mais aussi une ruée vers les produits alimentaires. Le pays tout entier a basculé dans la révolte avec une grande manifestation contre le Régime à Neyshabur, puis des appels à la grève générale au Bazar et plusieurs attaques contre la police des moeurs, dernière milice encore fidèle au Régime… Les Pasdaran ne sont pas intervenus, confirmant ainsi leur adhésion à la contre-révolution.

Le Régime a fait appel à ses 6000 nervis de base pour rassurer ses derniers compagnons. Mais il n’a pu mobiliser que 250 individus qui au fil du temps n’osent même plus sortir dans la rue et soutiennent le régime en se réunissant uniquement sur des sites sécurisés.

Rafsandjani a paniqué et a donné des signes de vouloir négocier rapidement avec Washington pour vendre le régime en échange de quelques garanties de sécurité pour lui-même qui avait été le grand manitou du terrorisme international.

Larijani a renforcé les accusations contre ses plus proches lieutenants. Mais il n’a pas réussi à le calmer. Les commandants des Pasdaran (qui sont en place grâce à lui mais pourraient être sacrifiés dans le deal à venir) ont rejoint le concert des accusations.

Rafsandjani a senti qu’il devait saisir toutes les occasions. Le voyage d’Ahmadinejad à NY pour l’Assemblée Générale de l’ONU était une occasion en or. Larijani a fait mine de vouloir arrêter Rafsandjani et aussi ses pions au gouvernement pour empêcher ce voyage et la possibilité de négocier. L’agence FARS dirigée par les commandants des Pasdaran a formulé d’autres accusations de corruption contre Rafsandjani pour le dissuader d’aller à ces négociations. Rafsandjani a rapatrié ses enfants Mehdi et Faezeh, laissant les Larijani les arrêter, pour les rassurer sur sa loyauté et les laisser partir son pion Ahmadinejad à New York. Mais contre toute attente, dès son arrivée à NY, Ahmdinejad s’est montré très charmant avec les Américains en leur proposant lors d’une interview télévisée la possibilité d’une normalisation des relations bilatérales ! Rafsandjani avait sacrifié ses enfants. Il devait estimer que le régime était fichu . La panique a de nouveau gagné tous les derniers compagnons du Régime : on a assisté à une folle ruée vers le dollar : en quelques heures, le dollar est remonté de 70% dépassant les 4000 Tomans.

Les Larijani ont placé Mehdi en isolement. Mais Rafsandjani a continué et il a ainsi déçu de nombreux proches par son cynisme. Ses amis ex-preneurs d’otages ou terroristes ont constaté qu’il pourrait facilement les sacrifier. Les Britanniques, alliés trahis, ont aussi demandé des sanctions supplémentaires pour intimider le Régime. Rafsandjani a dû reculer en faisant désavouer indirectement l’ouverture proposée par Ahmadinejad. Mais la panique a persisté car elle n’est pas seulement due à l’envie de fuite des dirigeants, mais à ce qui provoque cette envie, c’est-à-dire, la vulnérabilité du régime.

Le régime était de facto condamné. Rafsandjani devait continuer ses efforts pour assurer ses intérêts au-delà du régime. Pour cela, il avait besoin de tous alliés disponibles. Il a décidé de sauver le fils qu’il avait sacrifié pour rassurer ses fils spirituels. Il a alors a chargé Ahmadinejad de visiter la prison Evine de Téhéran au prétexte d’un rapport sur l’état des prisons. Les Larijani ont refusé la demande et ont même utilisé ce refus pour malmener le clan Rafsandjani et mettre en valeur son déclin.

Implosions en chaînes | Dans la foulée, le Régime devait organiser de nouveaux manoeuvres et défilés avec les Pasdaran. S’attendant à de nouveaux boycotts, le Régime redoutait une nouvelle panique ou un début d’exode de ses associés avec leurs fortunes reconverties en dollar. Ses dirigeants des deux clans ont cru judicieux de bloquer tous les comptes en devises. Cette mesure a encouragé ses compagnons à acheter davantage de devises, mais aussi de revenir à l’achat de pièces d’or. Le dollar et l’or ont atteint des sommets. Le régime a proféré des menaces à l’encontre des acheteurs qualifiés d’agitateurs financiers, mais en l’absence de troupes fidèles à ses côtés, il n’a pas pu les intimider. Il a alors incendié le Bazar pour forcer les revendeurs Bazaris d’arrêter les ventes. Les Bazaris, malmenés et ruinés par le régime depuis des années, ont baissé les grilles pour commencer une grève paralysante.

Sur les images de manifestations des Bazaris, on ne voyait aucun policier ou milicien fidèle au régime. Chacun a vu que le régime (et ses dirigeants) étaient dépassés et seuls. Ses compagnons ont aussi rompu les amarres et ont attaqué les banques pour libérer les devises bloqués sur leur compte. Le régime s’est ainsi retrouvé avec deux actions explosives susceptibles de précipiter sa chute. Il a tenté de contenir ces menaces en annonçant de grands rassemblements militaires autour du Guide dans la région de Khorâssân du Nord, mais les Pasdaran de cette région ont boudé le Guide.

Il y a un mois, dans ce contexte particulièrement défavorable, l’Europe a annoncé de nouvelles sanctions contre le régime. Le dollar a augmenté encore de 30% malgré les menaces d’arrestation et de pendaison proférées par le Régime. Humilié, le Régime, a alors annoncé la tenue de trois jours de manœuvres époustouflantes au cœur même de Téhéran avec 15,000 combattants de sa nouvelle milice anti-émeute. Mais les images ont montré une soixantaine de miliciens à ses côtés.

Par la suite, le Régime devait alors organiser des grandes prières publiques à l’échelle nationale à quatre occasions : la fête de Sacrifice, la « Semaine célébrant le Bassidj des Ecoliers » (Mobilisation de Ecoliers "prêts à se sacrifier pour la révolution"), l’anniversaire de la seconde révolution et enfin la fête chiite de Ghadir Khom (la naissance du chiisme) ! Tous ces événements politiquement importants avaient été sévèrement boycottés par le peuple et par les Pasdaran en 2011.

Pour s’épargner de nouveaux boycotts révélant son total isolement, le Régime a évoqué la possibilité d’établissement de coupons de rationnement pour ses partisans démunis. Pour obtenir le soutien de ses affairistes paniqués, il leur a proposé d’investir leurs dollars dans l’économie du pays en reprenant des grandes industries publiques. Les évocations de rationnement et de demande d’investissement ont convaincu out le monde que le régime était au bord de la faillite et de la pénurie : il y a une ruée vers le stockage des principaux produits de grandes consommations et en conséquence, le pays a été confronté à de grosses pénuries notamment d’essence (produit rationné depuis 2005).

Les frères Larijani devaient vite prendre le contrôle du régime et des négociations finales avec Washington pour pouvoir fuir en toute sécurité et avec leur fortune. Ils ont reparlé de la demande d’Ahmadinejad de visiter les prisons, la qualifiant de manœuvres médiatiques pour cacher la responsabilité d’Ahmadinejad dans la crise économique actuelle avant d’évoquer la "convocation d’Ahmadinejad devant les représentants du peuple pour des questions sur ses choix" afin de lui "retirer le vote de confiance du Parlement".

Les mollahs de l’Assemblée des Experts (le Sénat du régime) qui sont les complices politiques et économiques de Rafsandjani ont désapprouvé cette révolution du palais. Le clan Rafsandjani s’est senti protégé et s’est lancé dans des attaques contre ses adversaires. Par ce comportement, il a confirmé qu’il n’avait rien à faire de l’intérêt général, il oeuvrait pour ses intérêts car il considérait que la chute du régime était proche. C’est pourquoi les 200 à 300 nervis de base ont aussi boycotté la prière publique de la fête de Sacrifice.

Washington a été alarmé par ce déclin évident du régime islamiste en Iran. Il a demandé aux Argentins à trouver un compromis sur l’affaire Amia avec Rafsandjani (le principal accusé) pour obtenir un transfert pacifique de pouvoir vers ses pions avant la chute du régime islamique. Ce marchandage avec Rafsandjani a été vu comme une menace par les Larijani et aussi par Les commandants des Pasdaran, qui seront les grandes victimes d’un transfert des pouvoirs vers Washington.

Il y a eu deux réactions. Les Larijani ont confirmé la convocation d’Ahmadinejad mettant Rafsandjani et ses pions en situation de ne plus avoir le droit de négocier quoi que ce soit. Les commandants des Pasdaran ont aussi fait feu sur un drone américain pour bloquer le marchandage en cours à Buenos Aires. Washington a esquivé ce tir encombrant,. mais le clan Rafsandjani a eu peur de défier ses propres militaires a abandonné ces négociations incroyables. Le clan Rafsandjani a aussi lâché Ahmadinejad en pour ne pas couler avec lui. Il a enfin désigné comme son candidat pour les élections à venir : Rahim-Mashai, un islamiste qui se dit non hostile à Israël (pour jouer une nouvelle version d’apaisement avec Washington). Les Larijani ont torpillé ce candidat susceptible de relancer Rafsandjani en inculpant un de ses proches de détournement de fonds publics. Le régime était plus divisé que jamais allait à sa perte avec ses nouvelles querelles.

La base devait paniquer en se ruant vers l’achat de l’or, du dollar... Mais le régime a alors suspendu les licences de 99,7% des agents de change, puis a interdit l’exportation de la moindre gramme d’or du pays, confirmant ainsi sa faillite ! Le régime a également annoncé le rationnement de 50 produits de base, y compris des produits industriels comme l’acier, confirmant l’existence d’une grande pénurie générale. La base privée d’une porte de sortie et sans cesse méprisée par des dirigeants (qui sont uniquement soucieux de leurs intérêts) a confirmé sa rupture par le boycott massif de l’anniversaire de la seconde révolution et de Ghadir, l’anniversaire de la naissance du chiisme !

Après ces deux boycotts symboliquement forts, les deux clans devaient rétablir la confiance avec les gens de la base pour arrêter leur envie de fuir. Les Larijani ont seulement cessé leurs pressions sur Mehdi Rafsandjani. Les gens de la base n’ont pas aimé ce faux apaisement sans effet sur la politique générale du régime. Dans le même temps, les Pasdaran ont craint une alliance dans leur dos. Pour casser toute possibilité de deal avec Washington, ils ont tiré sur un drone américain et ont annoncé la création d’une base de missiles à proximité du détroit d’Ormuz. Le régime est ainsi passé de 2 à 3 clans en guerre ! Cette nouvelle querelle a davantage démoralisé les compagnons économiques du régime. Ces gens pouvaient aller plus loin en se ralliant à l’opposition notamment à Reza Pahlavi qui prône une amnistie globale.

Il y avait les ingrédients nécessaires pour un soulèvement. Le régime a paniqué : il a tenté de donner une actualité à ses faux opposants internes comme Sotoudeh pour islamiser toute agitation à venir. Mais il n’y est pas parvenu. Il a alors annoncé la mort sous torture de Sattar Beheshti, un militant très musulman, très respectueux de la révolution et membre de sa fausse opposition, partisan du maintien du régime et par hasard, très hostile à Reza Pahlavi et ses initiatives anti-régime !

Les Larijani utilisaient le Mouvement Vert (de Rasandjani) qui n’avait pas pu canaliser les mécontentements et avait même failli accélérer la chute du régime. Les gens du régime ont compris que l’union entre les deux clans ne serait pas synonyme d’une solution. C’est pourquoi ils n’ont pas joué le jeu et ont continué à boycotter les rassemblements officiels, mais aussi les rassemblements propres à chaque camp.

La semaine dernière | Les nantis du régime avaient cessé de croire. L’union entre les deux clans a alors explosé. Le Clan Rafsandjani qui se sentait désavoué par le rejet interne du Mouvement Vert a décuplé d’efforts pour discréditer le clan Larijani afin qu’il ne puisse pas profiter de sa perte de crédibilité. Le Clan Rafsandjani a notamment accusé les Larijani d’avoir mal géré le meurtre (factice) du faux opposant Sattar Beheshti ! Les Larijani ont jeté la faute sur leurs nouveaux amis les Commandants des Pasdaran ! Le régime n’en finissait d’imploser !

Les Américains ont encore envoyé des émissaires en Iran pour savoir si l’un des deux clans était prêt à déposer les armes contre quelques garanties de sécurité. Les Pasdaran ont évoqué des missiles capables de frapper les bases américaines en Europe pour casser les marchandages, mais Washington les a ignorés. Ce marchandage a finalement échoué car le pouvoir est trop divisé et un seul clan ne peut décider pour tout le monde.

Les Pasdaran ont compris qu’ils devaient avoir un vrai clan politique pour peser sur l’échiquier politique iranien. Ils ont tenté une alliance avec les mollahs exclus du jeu par Rafsandjani.

Au même moment, une grande région d’Iran a été sévèrement touchée par des inondations, les dirigeants qui étaient occupés à sceller des alliances pour s’assurer leur avenir ont oublié d’y envoyer des secours comme après le grand tremblement de terre qui a dévasté une grande partie de l’Azerbaïdjan. Par ailleurs, les habitants de ces régions qui vivent sans aucun secours ont été frappés par une vague de froid prématurée. Téhéran est une ville peuplée d’Azéris. Les gens du régime ont eu peur que les problèmes d’Azerbaïdjan en s’ajoutent aux problèmes de pénurie et ne provoquent un soulèvement. Par ailleurs, quelques 88,000 ouvriers des aciéries d’Ispahan ont annoncé qu’ils n’étaient plus payés depuis plusieurs mois. il y avait aussi un risque de soulèvement de cette seconde grande ville d’Iran. Le régime était face à une multitude crise, Il pouvait aussi sombrer dans une grève générale et fatale.

Jugeant la situation explosive, les amis nantis du régime se sont précipités sur le réseau informatique interbancaire de transfert de fonds pour sortir le contenu de leurs avoirs vers leurs comptes à l’étranger afin de fuir le pays avec leur famille. Le régime a bloqué ce réseau, puis il a accusé ces gens de fraudes et a évoqué la peine de mort pour les forcer à s’arrêter. En l’absence de résultats, il a multiplié par 3 les prix de billets d’avion vers l’étranger notamment vers Beyrouth et vers la Malaisie, son paradis bancaire, pour empêcher les familles de ses amis de quitter le pays !

Cette première tentative d’exode collectif a mis les deux clans le régime face à un effondrement bancaire qu’ils redoutent et jugent fatal.

Le régime et ses dirigeants isolés étaient alors à quelques jours 2 rendez-vous importants : le mois saint de Moharram qui doit être marqué par des dizaines de rassemblements et des processions religieux fanatiques pendant 10 jours et aussi par des rassemblements paramilitaires car cette décade fervente donne lieu à une Semaine de Bassidj (général) ou la Mobilisation "de tous les Jeunes" pour la préservation de la révolution islamique.

Etant certains du boycott de ces événements, les ayatollahs basés à la ville de Qom, siège du clergé, ont lancé une fatwa interdisant toute procession ! Puisqu’ils ne pouvaient pas aussi trouver un moyen pour débarrasser le régime de son programme politique, les deux clans devaient accélérer leurs efforts pour sauver leurs peaux.

Chacun a tenté de pactiser avec les Pasdaran pour neutraliser leur opposition. Les Commandants des Pasdaran et leurs dernières troupes, c’est-à-dire les nervis du régime, ont choisi le clan Larijani car Rafsandjani qui fut leur mentor est en déclin et ses solutions sont usées n’ont plus aucun soutien interne.

Rafsandjani, exclu du jeu et condamné à rester et périr en Iran, a tenté de bloquer toute négociation en évoquant des progrès du régime dans le domaine du nucléaire militaire.

Les Russes qui ont besoin du régime islamique des mollahs pour arrêter l’avancée de Washington dans région n’ont pas aimé cette provocation susceptible de donner un prétexte à Washington pour renforcer ces sanctions. Ils ont privé les mollahs du gaz turkmène en espérant que le risque d’un soulèvement force Rafsandjani à se montrer moins agité. Cette semaine, on a aussi appris qu’ils avaient sortie les combustibles du coeur du réacteur de Bouchehr.

Au même moment, à Gaza, une frappe israélienne a éliminé Ahmad Jaabari, chef de la branche armée du Hamas, un des meilleurs alliés du régime au sein du Hamas qui s’est opposé au rapprochement avec le Qatar qui est un alignement sur le nouvel islamisme "pro-américain" des Frères Musulmans sous la direction de Morsi. Un site du régime nommé Iran-Âbad a laissé entendre que la direction du Hamas avait livré les coordonnées géographiques de Jaabari aux Israéliens (comme elle leur avait aussi livré, dès le rapprochement avec le Qatar, les coordonnées de l’usine du régime au Soudan qui fabriquait des roquettes pour cette organisation). Le régime était dépité de voir que la direction Hamas avait choisi de se débarrasser de ses partisans avec l’aide d’Israël.

Le régime s’est gardé de le dire officiellement car c’était là reconnaître la preuve de la fin de son influence dans cette région. Mais on n’a également pas vu le régime tirer des missiles longue-portée vers Israël ou d’y envoyer ses drones bombardiers de longue portée. On n’a également pas vu des dizaines de milliers d’iraniens dans les rues ou encore des centaines de Kamikazes prêts à donner leur vie pour le Hamas. La frappe a israélienne a permis de mettre en valeur l’impuissance du régime. Les associés du régime ne pouvaient qu’accélérer leur fuite. Cette affaire a encore limité l’espérance de vie du régime.

Dépité le régime a chargé ses lobbyistes en Occident d’affirmer que son inaction était la preuve qu’il n’était pas impliqué dans le terrorisme, mais un mauvais accueil de ses associés à cette explication et le besoin de s’affirmer sur le plan national l’a amené à changer de position au grand désarroi de ses larbins en col blanc.

A la fin de la semaine, commençaient le mois saint de Moharram et la semaine de mobilisation pour la préservation de la révolution islamique alors que régime était plus faible que jamais. Leur situation risquait de s’aggraver...

De fait, cette semaine, le régime et ses dirigeants isolés devaient continuer à se battre tout en simulant une bonne participation de leurs troupes désormais imaginaires aux programmes très chargés de cette "semaine de ferveur religieuse et politique".

De fait, nous avons eu une semaine de guerre interne et de propagande (une semaine de coups bas et de slogans inconséquents qui n’ont rien résolu). Voici le récit et les images d’une semaine de dépressions pour les mollahs et surtout pour leurs derniers associés !




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