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Iran : Le chant lancinant d’Obama et les paillassons
09.12.2009

Hier, à Washington, le 1ier ministre turc Erdogan dont le pays siège au Conseil de Sécurité jusqu’à fin 2010 s’est dit opposé à de nouvelles sanctions contre l’Iran. Obama a affirmé qu’il avait échoué à le convaincre, insinuant ainsi son impuissance à imposer de nouvelles sanctions qu’il avait promises pour le 1ier janvier 2010 en cas d’échec de la diplomatie. L’argument est faux car il avait promis des sanctions unilatérales américaines qui ne demandent aucune autorisation d’un pays allié. Washington cherche des excuses. |Décodages|



Au début de l’année au moment de son investiture, Obama a offert aux mollahs ce que ces derniers exigeaient de Bush : un dialogue direct et sans aucune condition préalable. Pour les mollahs, cela était synonyme d’une reconnaissance de facto qu’ils étaient dans leur droit, en d’autres termes que les sanctions américaines à leur encontre étaient injustifiées. Cela devait être une étape vers la levée de toutes les sanctions américaines contre Téhéran. Or, l’offre d’Obama n’évoquait en rien cela. C’était même l’inverse. En offrant à Téhéran ce qu’il exigeait, Obama le privait d’excuses pour le forcer à s’asseoir à une table de négociation avec des sanctions en vigueur à son encontre. En fait, accepter l’offre aurait été synonyme d’admettre que les Américains étaient dans leur droit de sanctionner Téhéran. Ce geste aurait privé immédiatement Téhéran du soutien de la rue arabe, allié virtuel qui lui permet de se comporter en enfant terrible de la région avec tous les excès possibles via ses milices. Téhéran aurait tout perdu dans ce pas en avant comparable à une capitulation. C’est pourquoi Téhéran a refusé en ajoutant à ses exigences la levée préalable de toutes les sanctions à son encontre. En réponse à cette demande qui change le contenu de l’offre, Obama a évoqué une date limite, fin 2009, date au-delà de laquelle il appliquerait la sanction qui fait peur aux mollahs : un embargo sur l’essence, mesure susceptible de provoquer une explosion sociale fatale au régime.

Aujourd’hui, Washington cherche des excuses pour éviter cette mesure car son objectif était d’intimider les mollahs pour les faire capituler afin d’en faire des alliés pour agiter l’Asie Centrale et la province Ouïgour et non provoquer leur chute. Quand Washington a évoqué cette mesure en connaissance des indices économiques du régime, notamment le chiffre de ses échanges avec l’Europe, il pensait que Téhéran aurait plié genoux sous le poids des sanctions existantes bien avant la fin de l’année 2009 et qu’il n’y aurait nullement besoin d’appliquer cet embargo.

Les mollahs ont perturbé cette estimation en puisant dans les réserves bancaires des particuliers notamment les Bazaris, forçant l’administration Obama à trouver des excuses ou des obstacles légaux pour éviter cet embargo non prévu au programme et susceptible de faire disparaître son principal futur allié régional.

Un scénario graduel a été imaginé par l’administration Obama pour s’éloigner des menaces sans passer pour un blaireau vis-à-vis des électeurs américains plutôt déçus par le changement de discours du président élu sous le signe du changement.

Dans un premier temps, l’administration Obama est passée de l’avertissement d’une entrée en vigueur de l’embargo le 1er janvier 2010 à l’entrée en vigueur d’une version très adoucie de l’embargo en mars 2010, voire plus tard, avant d’oublier cet embargo américain pour évoquer la nécessité des sanctions onusiennes sur la base d’une résolution adoptée à l’unanimité.

L’étape suivante de cette désactivation graduelle de la promesse de l’embargo a été déclenchée de manière furtive par le Brésil, futur membre non permanent du Conseil de Sécurité à partir du 1er janvier 2010. Son président Lula qui tape désormais dans le dos du président américain a fait récemment part à plusieurs reprises de son opposition catégorique à toute sanction supplémentaire contre Téhéran. Puis ce fut le tour de la Russie qui est devenue l’alliée des Américains dans le dossier Iranien en échange d’un allègement du bouclier ABM. Lors d’une conférence de presse, Vladimir Poutine a implicitement émis des doutes sur la nécessité de nouvelles sanctions contre Téhéran. La Turquie, qui siège également au Conseil de Sécurité, vient de leur emboîter le pas.

D’autres alliés de Washington qui siègent ou siègeront au Conseil de sécurité en 2010 [1] pourraient jouer dans cette comédie afin de permettre à l’administration Obama de justifier le report d’un embargo sur l’essence pour un an, délai à l’issue duquel, elle pourra relancer l’opération pour un an encore ou appliquer cette mesure si sa politique régionale change.


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article complémentaire :
- Iran : Petit aperçu de l’année 2010
- (4 DÉCEMBRE 2009)

une autre menace lancinante de Washington :
- Iran : Une improbable révision du rapport de synthèse 2007
- ( 17 OCTOBRE 2009)

Erdogan, le joujou turc d’Obama :
- Iran : Un sandwich turc à Téhéran
- (28 OCTOBRE 2009)

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions (du Conseil de Sécurité) |
| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions Ciblées en cours d’application |

| Mots Clefs | Décideurs : Brésil (Lula ou Amorim) |
| Mots Clefs | Pays : Turquie |

[1Le Conseil de Sécurité se compose de 15 membres, dont 5 membres permanents - Chine, Etats-Unis, Fédération de Russie, France et Royaume-Uni — et 10 membres élus par l’Assemblée générale pour un mandat de deux ans : Autriche (fin de son mandat de 2 ans en 2011), Bosnie-Herzégovine (2012), Brésil (2012), Gabon (2012), Japon (2011), Liban (2012), Mexique (2011), Nigéria (2012), Turquie (2012), Ouganda (2012).