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12 - 14.11.2011
Iran : La semaine en images n°195

Au cours des semaines et des mois précédents, le régime a été confronté à un boycott permanent de toutes ses manifestations politiques, religieuses et sécuritaires par les Bazaris, les membres du clergé et surtout par les Pasdaran trentenaires et quadras qui doivent assurer la sécurité du régime sur le terrain. Le régime a été sans cesse désavoué.

Il est important de rappeler que la milice des Pasdaran a une structure partitionnée à l’image des organismes de renseignements : ses membres ne se connaissent pas d’un service à l’autre, ils ne peuvent pas créer une coalition hostile au régime, ils ne peuvent que le boycotter pour montrer leur mécontentement ou leur hostilité. On ne peut donc s’attendre à une action hostile au régime de leur part, mais une désobéissance militaire : comme pendant le soulèvement de l’été 2009, pour laisser le peuple renverser le régime. C’est pourquoi, le régime a pris très au sérieux ce boycott devenu permanent et a rapidement inventé une fausse rumeur de coup d’Etat utra-islamiste des Pasdaran pour diaboliser ces gens et empêcher leur rapprochement avec le peuple.

Mais pour les associés économiques du régime, qui sont issus des clans au pouvoir, le régime était condamné et en conséquence, ils devraient s’en désolidariser, vendre leurs biens pour acheter de l’or et des dollars avant de quitter le pays.

Sous l’effet de la vente de leurs biens, la bourse de Téhéran s’est effondrée et parallèlement, sous l’effet de leurs achats, l’or, le dollar puis d’autres devises étrangères comme l’euro, le dollar canadien, le Franc Suisse et même le Ringitt malaisien ont sans cesse augmenté. Les associés du régime vidaient littéralement ses réserves en devises, alors que, sous l’effet des sanctions, il ne peut plus signer de nouveau contrat pétrolier pour rester à flot.

Le régime a d’abord parlé d’une embellie de transactions boursières pour dissimuler la gravité de la situation et la crise de confiance chez ses associés, mais la focalisation des transactions sur l’or et le dollar en dehors de la bourse, dans les souks du Bazar et après chaque boycott n’avait rien d’une embellie jouissive. Cela résultait de la peur d’un effondrement et ne pouvait que déstabiliser tous les autres collaborateurs du régime en particulier les nervis de base ou les vétérans de la guerre qui ont été engagés comme fonctionnaires, mais qui ne sont pas assez riches pour envisager la fuite et doivent en conséquence, rester aux côtés du régime du moins presque jusqu’à la fin. La crise est devenue polymorphe.

Le régime est alors passé à l’offensive. Tout d’abord, il a mis en avant sa capacité de répression avec des annonces d’arrestations ou de pendaisons collectives pour rassurer tous ses associés qu’il pouvait sauver la situation en misant sur la terreur. Mais le manque de personnel pour réprimer un soulèvement rendait cette propagande superflue.

Le régime a alors inventé une fausse affaire de fraude bancaire et arrêté une quarantaine d’hommes d’affaires. Il a relié cette fraude à son scénario de coup d’Etat des Pasdaran pour insinuer qu’il pouvait pendre les « fraudeurs ». Cet avertissement a incité ses associés à accélérer leurs achats. Parallèlement, ce geste a déplu à ses collaborateurs de base (nervis, fonctionnaires, vétérans). Ils ont refusé de participer à une importante mise en scène sécuritaire destinée à intimider le peuple. Le régime a alors changé de direction : il a mis en veille l’affaire de la fraude, il a libéré la moitié des personnes arrêtées et à défaut d’intimider ses associés paniqués, il a diminué la distribution de l’or et du dollar aux revendeurs agréés pour geler la crise et ses pertes. Parallèlement, il a tenté de rassurer ses collaborateurs de base en parlant de grands rassemblements en faveur du Guide à Kermânchâh, région réputée hostile au régime.

L’annonce de nouvelles sanctions européenne affaiblissant davantage les ressource du pays a provoqué une nouvelle panique. Par ailleurs, le régime n’a pas pu apporter la preuve photographique de sa popularité en dehors de Téhéran. La demande de l’or et du dollar est devenue plus forte. En l’absence, de l’or et du dollar en quantité suffisante, les acheteurs se sont orientés vers la bourse de Téhéran pour acheter par avance des pièces d’or non encore émises et livrables dans 1 à 9 mois. L’or livrable dans 1 à 9 mois a augmenté en flèche. L’or livrable pour ce mois a entraîné la hausse du marché gelé par les soins de la banque centrale iranienne. Le régime a d’abord dissimulé à nouveau les infos avant de reconnaître les hausses et entraîner par cette reconnaissance tardive une nouvelle panique et de nouvelles hausses.

Dans cette ambiance électrique, la semaine dernière, les mollahs devaient célébrer la prise en otage de l’ambassade américaine, événement qui leur a permis de chasser du pouvoir les islamistes pro-américains et prendre leur place. Selon le programme, il y avait trois grands rassemblements officiels de jeunes collégiens, symboles de la relève et l’avenir du régime islamique révolutionnaire. Le régime craignait de nouveaux boycotts qui auraient confirmé ses problèmes. La situation a été pire que ce qu’il imaginait car il n’a pas même eu droit à la présence de ses collaborateurs de base (nervis, fonctionnaires, vétérans actifs) qui sont près de 5000 personnes à Téhéran : selon les photos, il n’y avait uniquement 350 personnes à Téhéran et une centaine de personnes à Tabriz !

Il était clair que cette semaine, les associés économiques du régime qui comptent sur cette base allaient être encore plus agités et qu’en conséquence, ils voudraient acheter plus provoquant une nouvelle crise polymorphe à la fois financière et politique.

Par ailleurs, le programme de la semaine était très chargé et fort pénalisant. A partir du dimanche jusqu’à lundi soir, le régime devait organiser de grands rassemblements religieux pour Eyd é Ghorban (fête de sacrifice des moutons). En raison de son incapacité à remplir les mosquées pendant le Ramadan, il ne pouvait pas espérer un succès et craignait que ces deux journées se soldent par des boycotts qui révèleraient la rupture de sa base.

Mardi, après ces deux journées difficiles, l’AIEA devait publier un nouveau rapport très salé laissant supposer des frappes ou de nouvelles sanctions bien pénalisantes…

Jeudi, en fin de semaine, le Guide et l’ensemble des commandants des Pasdaran qui ne commandent que les hauts officiers devaient assister à la parade de la fin d’études des jeunes officiers des Pasdaran. Ils craignaient un boycott très démoralisant. Ils avaient aussi peur d’aller à la rencontre de jeunes gens armés.

Le régime était donc dans une semaine très difficile dominé par la certitude d’échouer. Il a misé sur la propagande et la désinformation pour éviter les problèmes, mais il a collectionné les boycotts et des échecs économiques.

Voici les images qui nous montrent les boycotts qu’il redoutait. En réponse, le régime a reparlé de la fraude bancaire et de nouvelles arrestations tout en évoquant une embellie boursière pour expliquer la ruée vers le marché de la pièce livrable dans 3 à 9 mois. Ce sont des solutions qu’il a jadis utilisées et n’ont pas réussi à l’aider. Voici un nouveau rapport sur une nouvelle semaine de crise pour un régime de plus en plus isolé et de plus en plus brouillon.


12 - 11.03.2012
Iran : La semaine en images n°212

En 2010, nous avons remarqué que les Pasdaran, les bassidjis, mais aussi les Bazaris, les mollahs de base et autres fonctionnaires du régime boycottaient les manifestations officielles de soutien au régime.

Il y a près d’un an, le 15 mars 2011, alors que le régime avait promis une répression exemplaire pour la Fête du Feu qui coïncidait avec l’anniversaire du très populaire Reza Shah, les Pasdaran et les bassidjis ont laissé le peuple se rassembler librement. Avec ce geste de désobéissance, il est devenu clair que les Pasdaran et les Bassidjis penchaient en faveur d’un changement de régime.

Les associés économiques du régime avaient alors conclu que le régime était fini : ils s’étaient mis à brader leurs biens et à acheter de l’or et des dollars pour quitter le régime afin de ne pas couler avec lui. Leur agitation avait démoralisé les autres collaborateurs du régime : le nombre de participants aux manifestations avait encore chuté.

Le régime avait tenté de d’arrêter cet effondrement en affirmant qu’il avait des partisans en province, il n’y est pas arrivé. Il a inventé une fausse affaire de fraude bancaire pour évoquer des condamnations très lourdes à l’encontre de ses associés dissidents, il a ainsi aggravé la situation. Dernièrement, il a encore tenté d’incruster son opposition officielle, le Mouvement Vert, dans la contestation pour la détourner de ses objectifs. Il a alors enregistré sa plus lourde défaite car personne n’a répondu à l’appel à manifester de cette entité pro-régime. L’absence de toute manifestation en sa faveur a même démontré que le régime finissant n’avait plus de partisans prêts à s’engager ouvertement en sa faveur.

La semaine dernière, le régime a reçu une autre gifle monumentale de la part de ces mêmes derniers collaborateurs car ils ne sont pas allés voter aux élections législatives. Sur la base de ses propres photos, nous avons constaté une participation de moins de 1500 personnes dans tout l’Iran. Le régime s’est senti bien isolé. À une semaine de la prochaine Fête du Feu qui sera aussi le 1er anniversaire de la désobéissance des forces de l’ordre, le régime était confronté à son extrême vulnérabilité.

Cette semaine, le régime devait évoquer une forte participation de ses partisans aux élections de la semaine dernière pour montrer qu’il était soutenu, mais à l’occasion de ses divers programmes, il a sans cesse été délaissé par ses derniers collaborateurs. Il a connu de grands moments de solitude, d’isolement et de vulnérabilité. Contrarié par ces revers : il a multiplié des gestes et des propos intimidants pour donner l’illusion du soutien. Voici le récit en images d’une semaine d’isolement et de propagandes.


12 - 11.10.2009
Iran : La semaine en images n°86

Le principal événement de cette semaine a eu lieu la semaine dernière : le régime des mollahs a été obligé d’envoyer une délégation à Genève pour reprendre le dialogue afin de s’éviter l’adoption de nouvelles sanctions. Il a de facto admis qu’il craignait les sanctions alors qu’il avait toujours affirmé le contraire. Le régime a implicitement admis sa fragilité. Craignant que cela n’incite les mécontents à s’éloigner du régime, les mollahs ont lancé une opération punitive contre les commerçants d’Or qui l’année dernière avaient défié leur autorité. Sur le plan international, pour ne pas décevoir la rue arabe, le régime a sans cesse nié avoir parlé du nucléaire à Genève pour nier sa reculade par peur des sanctions. Cette semaine, nous avons eu droit à 2 bis avec un nouvel incendie dans une section très rebelle du Bazar et aussi à une remise en cause de l’ordre du jour à Genève.
(Vous pouvez cliquer sur certaines images pour les agrandir)


12 - 10.07.2012
Iran : La semaine en images n°228

Enfin des nouvelles explosives : intro+révélations… Le régime des mollahs est boycotté depuis près de 3 ans par les Pasdaran, les Bassidjis, les militaires, les Bazaris et les mollahs de base car ces actifs populaires du régime n’ont pas les mêmes intérêts vitaux que leurs dirigeants.

Les actuels dirigeants, les mollahs, ont pris au pouvoir 1979 en aidant les pions de Washington et ses alliés occidentaux à renverser le Shah, puis en éliminant ces derniers du jeu notamment par la diabolisation officielle de l’Amérique. Depuis, l’Etat américain tente d’affaiblir graduellement l’économie iranienne pour provoquer des pénuries et générer un risque de soulèvement afin de forcer les mollahs à adoucir leur position pour que ses pions puissent revenir en Iran et prendre le pouvoir de l’intérieur. Pour garder le pouvoir, les mollahs doivent refuser tout apaisement quelles que soient les sanctions et les menaces qui pèsent sur les Iraniens d’où la rupture des actifs issus du peuple, les Pasdaran, les Bassidjis, les militaires, les Bazaris et les mollahs de base…

Après les premiers signes de cette rupture, le régime était réduit à ses hauts dirigeants, donc affaibli, fragilisé, mais pas immédiatement menacé car les Pasdaran ont une structure partitionnée comme un service secret, les membres ne se connaissent pas, ils se méfient les uns des autres. Le régime était à l’abri d’un coup d’Etat. Mais la situation était cependant préoccupante car les Pasdaran rebelles pouvaient constituer des cellules actives par la suite. Rafsandjani, alors patron politique du régime, amateur de manipulations, a songé à organiser une fausse révolution de couleur, le Mouvement Vert, sous la direction de son ami ultra islamiste et très anti-américain Moussavi, par ailleurs un défenseur de l’actuel programme nucléaire du régime, pour donner une légitimité démocratique absolue au programme nucléaire et refus de dialogue et ainsi contraindre Washington à abandonner ses sanctions et ses efforts pour revenir en Iran. Ahmadinejad qui fait partie du clan Rafsandjani s’est montré particulièrement odieux pour permettre au régime de présenter Moussavi comme un modéré !

Tout était si bien pensé. Mais le peuple autorisé à manifester n’a pas soutenu Moussavi, il a plutôt scandé des slogans hostiles au régime. Les Pasdaran, les Bassidjis, les militaires, les Bazaris et les mollahs de base ne sont guère intervenus pour l’aider à se rétablir. On parlait alors d’un ralliement des Pasdaran à la contre-révolution, mais cela n’a pas eu lieu car la contre-révolution s’est essoufflée sans l’aide de Washington et ses Occidentaux qui ont plutôt laissé le régime réprimer le peuple grâce à ses agents des services secrets. Les Pasdaran ont néanmoins montré leur disponibilité d’aider la contre-révolution en laissant les Iraniens contester nuitamment le régime le 15 mars 2010 en célébrant l’anniversaire du Reza Shah Pahlavi (père du Shah), vénéré pour son patriotisme, sa modernisation et sa laïcisation du pays au siècle dernier. Encore une fois, les Occidentaux ont tourné le dos au peuple car la fin de ce régime faible et l’avènement d’un Iran fort n’est dans leur intérêt.

Cependant, le 15 mars 2010, il est devenu clair que les Pasdaran, les Bassidjis, les militaires, les Bazaris et les mollahs de base avaient totalement rompu avec le régime et étaient aux côtés du peuple et en faveur d’une contre-révolution. Les hommes d’affaires issus du régime ont paniqué car le peuple pouvait renverser le régime et les lyncher ou encore les dirigeants fragilisés pouvaient négocier une fuite sécurisée avec les Américains et les laisser seuls face au peuple. Ils ont commencé à brader leurs avoirs pour acheter de l’or et des dollars afin de quitter le pays au plus vite.

Rafsandjani qui n’arrivait pas trouver une réponse à cette crise aggravée a dû céder la direction générale du régime à ses ennemis Sadegh et Ali Larijani. Ces derniers (âgés alors de 48 et 52 ans et faisant figures de "jeunes dirigeants" du régime) devaient calmer les hommes d’affaires paniqués et trouver une solution pour les sanctions. Ils ont nié la rupture des Pasdaran, ils ont évoqué des soutiens populaires en province et ont encore proposé le Mouvement Vert comme un dernier recours. du Rafsandjani bis ! Ils n’apportaient rien de nouveau, mais ne revanche, ils ont essayé d’utiliser la direction du pouvoir judiciaire confié à Sadegh Larijani pour régler des comptes notamment avec Rafsandjani. Cette guerre interne et leur manque de solution ont amplifié la panique. Les Larijani ont finalement inventé des dossiers de fraudes pour intimider les hommes d’affaires remuants.

Pour Washington, le régime et tous ses dirigeants étaient en difficulté sur tous les plans. Washington a poussé ses alliés européens à annoncer un embargo sur l’achat du pétrole iranien à partir du 1er juillet 2012. En fait, les Européens n’achètent que peu de barils à l’Iran car ils ont surtout des contrats d’exploitation directe. Leur embargo allait donc réduire un peu les revenus du régime, amplifiant ainsi un peu les pénuries existantes et relavant un peu plus le risque de soulèvement. Cela devait suffire pour faire réfléchir les mollahs et les amener à plier et à négocier leur sortie contre des garanties pour eux-mêmes. Rafsandjani qui contrôle les 3 postes clefs permettant de voyager et négocier a très vite plaidé en faveur du dialogue pour permettre à ses pions négociateurs de commencer les marchandages, en espérant obtenir les meilleurs garanties en étant prioritaire. Mais les Larijani, exclus des négociations et incapables de les superviser s’y sont opposés, puis ils ont commencé à accuser les membres officiels du clan Rafsandjani de fraude et de détournement pour les écarter afin d’avoir eux-mêmes accès à ces postes pour assurer leurs propres intérêts ! Ces manoeuvres ont reçu le soutien tacite de tous les ayatollahs affairistes depuis longtemps écartés des meilleurs business par Rafsandjani !

Le régime est ainsi entré dans une guerre entre ses plus hauts responsables. Cette guerre pour des intérêts personnels des dirigeants a choqué les collaborateurs subalternes qui étaient sacrifiés. Presque tous ces responsables subalternes ont alors pris leur distance avec le régime ! Les dirigeants étaient seuls donc encore plus voués à l’échec : chaque clan a redoublé d’efforts pour garder ou prendre la direction des négociations qui peut lui donner la priorité pour marchander les meilleures garanties pour lui-même.

La semaine dernière, à la veille d’une grande rencontre internationale à Moscou, Larijani a rappelé qu’il avait nommé l’un des ennemis de Rafsandjani à la direction Tribunal Spécial du Clergé afin qu’il ne tente aucun marchandage.

Pour avoir les mains libres à Moscou, Rafsandjani a riposté en faisant publier des documents établissant la corruption de Sadegh Larijani, le chef du pouvoir judiciaire. Les ayatollahs affairistes ont eu peur que l’on parle aussi de leurs cas. Ils ont reculé. Les Larijani ont également jugé plus raisonnable de reculer en annonçant la fin d’un des procès visant les pions de Rafsandjani. Ce dernier a envoyé ses négociateurs à Moscou en espérant arracher un accord et des garanties aux Américains. Les hommes d’affaires du régime, qui étaient sur le point d’être sacrifié, ont accéléré les achats d’or et de dollar, le marché intérieur s’est embrasé. Mais les Américains n’ont rien signé : conscients que le régime était très en crise, ils ont rappelé l’embargo européen en y ajoutant un embargo américain visant tous les transports aériens et maritimes vers l’Iran, pour passer de l’amplification partielle des pénuries existantes à une pénurie totale !

Rafsandjani avait mal estimé le jeu et avait aggravé la situation. Les associés économiques du régime ont davantage paniqué. Rafsandjani pouvait perdre le contrôle de la négociation, il a commencé à critiquer le principe même du dialogue pour empêcher quiconque d’accéder à ce poste. Larijani n’a pas alors proposé un autre type de dialogue dans le sens de l’intérêt général, il a encore privilégié ses propres intérêts en attaquant les ministres du clan Rafsandjani. Ces derniers ont riposté par de nouvelles révélations compromettantes pour Ali Larijani. Le régime était encore déchiré et divisé. Ses hommes d’affaires ont encore paniqué. Les achats de dollars ont même continué vendredi. Cette semaine, le régime devait rassurer ces gens.

Par ailleurs, cette semaine, les deux parties devaient se réunir le mardi 26 juin pour le rassemblement annuel qui lance la Semaine du Pouvoir Judiciaire. La date a été choisie en l’honneur du premier chef du pouvoir judiciaire du régime islamique, l’ayatollah Beheshti tué en juin 1981 par un attentat en compagnie de 70 autres des responsables du régime. En fait, Beheshti (qui était un mollah pro-américain) a été éliminé par Rafsandjani sur ordre de Khomeiny dans le cadre de l’élimination des pions de Washington. Cela a permis l’arrivée au pouvoir des actuels dirigeants. A cette date, les dirigeants ne parlent guère de Beheshti, mais se retrouvent pour savourer leur victoire et utilisent l’attentat pour se victimiser. Dans le contexte actuel, les deux clans en guerre devaient afficher leur unité, mais aussi leur capacité de répression pour mobiliser leurs derniers collaborateurs fidèles et faire peur à tous leurs adversaires (le peuple, les groupes en ruptures et les hommes d’affaires sur le départ).

Le régime devait donc d’une part se modérer (vis-à-vis de ses hommes d’affaires paniqués) et d’autre part, durcir le ton et montrer sa capacité répressive pour rebooster ses alliés tentés par la fuite et pour intimider ses opposants ! Le programme n’était pas évident. Le régime a fait des choix inefficaces qui ont aggravé la crise, il a tenté de durcir le ton : cela a amplifié la crise. En tenant de calmer la crise, le régime a révélé un terrible secret révélant la rupture définitive des Pasdaran. La crise a décuplé. Les images de la semaine montrent aussi que grand rassemblement annuel de la Semaine du Pouvoir Judiciaire n’a guère mobilisé. Voici le récit en images d’une nouvelle semaine d’erreurs, de revers et de désunion pour le régime finissant des mollahs.


12 - 20.02.2015
Iran : La semaine en images n°365
Mauvais anniversaire pour la révolution islamique et ses fans !


Nouveau Résumé Historique (écrit le 15.02.2015)
+ Conclusions sur la semaine dernière !

En 1979, les Américains ont entrepris de renverser le Shah car ses politiques régionales et ses projets pour l’Iran étaient contraires à leurs intérêts pétroliers. Ils entendaient mettre au pouvoir des activistes islamistes non cléricaux qu’ils finançaient depuis la création de l’OPEP par le Shah. Ces islamistes liés à Washington étaient hostiles à l’OPEP et partisans d’un régime révolutionnaire et interventionniste. Ils devaient lui permettre de dénationaliser l’industrie pétrolière iranienne, d’agiter et de déstabiliser l’Asie Centrale soviétique et chinoise, mais aussi de renverser le pétro-monarchies créées par les Britanniques, et ainsi de prendre possession de plus de 80% des réserves d’hydrocarbures du monde.

Les Britanniques présents en Iran au travers le clergé chiite, les Qadjars, les Francs-maçons, les féodaux dont les Bakhtiaris, les Bazaris et la direction du parti communiste Toudeh ont participé à ce projet en faisant la promotion de leur ultra-islamiste en chef Khomeiny. Il s’est imposé au Conseil de la révolution. Puis Londres a éliminé les pions américains par des attentats organisés par Rafsandjani, le demi-frère de Khomeiny. Puis, grâce à la prise en otage des diplomates américains, Londres a enfin donné une identité anti-américaine à cette révolution voulue par Washington. Il a bloqué également le retour des pions islamistes de Washington par l’adoption de la doctrine de tutelle d’un grand ayatollah (du clergé) sur la république islamique de Washington.

Washington a alors commencé une véritable Guerre d’Usure Economique contre les mollahs, pour les mettre face à un risque de pénuries et de soulèvement afin de les amener à transférer les pouvoirs vers ses pions.

En réponse à cette guerre d’usure, Rafsandjani, le patron effectif du régime pour le compte des Britanniques depuis 1980, a commencé une politique de crises pétrolières et régionales pour user Washington, mais cette politique a seulement entraîné la rupture des jeunes y compris parmi les Pasdaran.

Amplification des problèmes & Fausse(s) modération(s) (année 90)| Rafsandjani inquiété pour son insuccès a pérennisé son pouvoir par la création du Conseil (plénipotentiaire) de Discernement de l’Intérêt du Régime, mais la persistance des pressions américaines, l’a amené à ouvrir les portes du CDIR à ses rivaux.

Sanctionné directement, Rafsandjani s’est écarté de la présidence de la république qui est un poste sans réels pouvoirs. Il a confié ce poste à son ex-responsable des assassinats politiques, Khatami et mis en place une STRATEGIE DE FAUSSE MODERATION vis-à-vis de Washington. Rafsandjani (maître du jeu via le CDIR) a aussi établi des Alliances diplomatiques avec les Européens via la vente du pétrole à 15% de son prix. Enfin, il a aussi baissé le taux du dollar pour empêcher la fuite de nantis du régime paniqués par la persistance des sanctions.

Selon la volonté de Rafsandjani, le régime a cependant continué ses activités terroristes, sous la direction d’un certain Rohani, pour préserver sa capacité de nuisance régionale. Le régime s’est aussi tourné vers la Russie alors ruinée pour acheter des armes et tenir tête à Washington. La Russie a gagné beaucoup d’argent avec les mollahs, mais, consciente du fait qu’ils l’utilisaient pour forcer un arrangement avec Washington, elle ne leur a jamais vendu des armes très performantes comme les S-300 susceptibles de leur donner une vraie autonomie stratégique.

Cette fausse modération très biscornue de Khatami n’a pas permis à Rafsandjani d’engager Washington dans la voie de l’apaisement et ainsi obtenir la fin aux sanctions américaines. De plus, le dollar bon marché et la vente au rabais du pétrole ont anéanti toute production en Iran et ruiné le pays entraînant de nouvelles ruptures parmi les derniers Pasdaran recrutés.

En 2005, Rafsandjani, pressé par ses rivaux, est revenu, via un autre ex-collaborateur, Ahmadinejad, à la STRATRGIE DE L’ESCALADE (dans l’espoir de faire reculer Washington ou gagner le soutien de la Russie et de la Chine, pour entrer dans l’Organisation de Coopération de Shanghai afin d’avoir plus d’aisance dans ses marchandages avec Washington. La Chine et la Russie, conscientes d’être utilisées par le régime, ont refusé l’adhésion à l’OCS et ont même soutenu le transfert du dossier au Conseil de Sécurité de l’ONU pour avoir leur mot à dire sur les sanctions et autres pressions afin de contrôler aussi bien Washington que les mollahs.

Washington a profité de l’implication du Conseil de Sécurité pour entraîner toutes les grandes puissances dans ses sanctions bancaires. Le régime ruiné par les mauvaises politiques clientélistes de Rafsandjani s’est vite retrouvé en difficulté pour ses approvisionnements : il a décidé de geler les salaires et remonter les prix pour baisser la consommation afin de préserver ses stocks et échapper aux pénuries et aux émeutes fatales. Mais la première tentative de hausse de prix a entraîné des émeutes puis la rupture les jeunes engagés dans la milices anti-émeutes par pauvreté.

Gestions de la Crise / Crises des Gestionnaires| En 2008, le régime était ainsi très fragilisé car sans défense. Ses dirigeants ont compris qu’ils ne pouvaient pas survivre, ils devaient fuir. Leur priorité a changé : Obtenir des GARANTIES DE SÉCURITÉ ou l’IMMUNITÉ de la part de Washington pour fuir sans craindre des poursuites pour leurs crimes passé.

Clashs internes et Plans d’urgence | Rafsandjani a écarté Ali Larijani de la direction des négociations nucléaires pour privilégier ses propres chances d’obtenir les meilleures s de sécurité possibles. Ali Larijani a divulgué, par un tiers, la corruption de membres du CDIR et du clergé pour les renverser et avoir les mains libres pour marchander les meilleures s pour lui-même. Rafsandjani a neutralisé la menace en éliminant les proches de Larijani. Puis en 2009, pour s’éviter d’autres fronde internes, avec l’aide des Britanniques (BBC), il a tenté (encore) de sauver le régime par une (FAUSSE) REVOLUTION DE COULEUR VERTE (couleur de l’islam) MOUVEMENT VERT pour revitaliser le régime et lui donner une nouvelle légitimité et de fait, amener Washington à abandonner ses sanctions. Mais l’opération lui a échappé et a seulement mis en valeur la rupture du peuple et des Pasdaran de base (aussi bien les vétérans que les plus jeunes recrues).

En 2010, Rafsandjani a continué en tentant une nouvelle (fausse) révolution Verte avec les pions de Washington pour la création d’un régime hybride qui n’eut aucun succès. Le peuple et les Pasdaran de base ont au même moment manifesté à l’occasion de l’anniversaire de Reza Shah, le fondateur de l’Iran moderne (et laïque), confirmant leur penchant pour une contre-révolution laïque. Les nantis du régime ont alors paniqué et ont commencé à brader leurs avoirs et acheter de l’or et des dollars pour quitter le pays avant que le régime ne tombe ou ne change de mains suite à un deal secret entre les dirigeants et Washington.. Le régime s’est retrouvé avec un risque de banqueroute financière avec cette ENVIE (sans cesse grandissante et confirmée) DE FUITE DES NANTIS RIPOUX AVEC LEURS CAPITAUX.

Changement de Monture pendant la course | En 2012, Rafsandjani a lâché les Britanniques pour marchander avec Washington à propos de son rôle avéré dans l’attentat d’Amia, s’attirant leur foudre. Mais il n’a rien obtenu des Américains, il est revenu vers les Britanniques, ils lui ont concocté le projet de Déviation du Régime en direction du peuple afin d’obtenir son pardon et au passage, dans l’intérêt de Londres, saboter le régime islamique avant un deal avec Washington. Le peuple et les jeunes Pasdaran dissidents ont refusé ce projet opportuniste. Le projet de Déviation ne pouvait pas être continué.

Le « choix » de Rohani | Les chefs du clergé ont invalidé la candidature de Rafsandjani aux présidentielles rompant de facto leur lien historique (vieux de 170 ans) avec les Britanniques. Ils ont mis en avant son adjoint Rohani pour mener une synthèse des politiques précédentes combinant un bras de fer avec Washington (via le chantage nucléaire), la drague pétrolière des Européens, des Chinois et des Russes, et enfin, un soutien détendu à l’opposition interne faussement démocratique pour pouvoir à tout moment piloter un transfert de pouvoirs via une fausse révolution de couleur vers Washington (en cas d’un deal) ou encore pour amortir la chute du régime (en cas d’un soulèvement populaire).

Mais ce choix de retour aux solutions ratées du passé a amplifié les craintes des éléments insolvables des Pasdaran et des affairistes paniqués du régime. Rohani, le représentant du clergé, a eu également du mal à trouver des alliés pour former un gouvernement. Il a dû s’allier au Clan des Frères Larijani qui contrôle les pouvoirs judiciaire et législatif contrer l’hostilité des chefs Pasdaran. Mais il n’a accordé aucune place aux Larijani à la table des marchandages avec Washington, ils ont commencé à le dénigrer. Il est vite apparu que Rohani n’était pas assez bon pour réussir sa mission de mettre mal à l’aise Washington et obtenir les garanties nécessaires à ses patrons du clergé pour quitter sans crainte le pays qui les rejette. Les tensions et les ruptures internes se sont amplifiées. En moins de 6 mois après l’arrivée de Rohani, le système est devenu très instable.

Washington qui a besoin d’un Iran islamique a alors proposé le GEL des SANCTIONS pour calmer l’ambiance et engager le régime entier dans un plan d’apaisement réciproque. L’Angleterre et la Russie ont contré ce plan d’arrangement en exigeant une coopération nucléaire très stricte de la part des mollahs marchandeurs dans un cadre officiel nommé l’Accord de Genève.

Rohani a accepté avec l’idée d’alléger les sanctions et pouvoir relancer le bras de fer en remettant en cause ses engagements, mais il n’es pas pas parvenu. Les sanctions ont persisté. Les pénuries se sont amplifiées. Les Bazaris ont préféré d’arrêter le travail. Les grèves ouvrières et les manifestations d’agriculteurs se sont aussi multipliées. Au même moment, les filles iraniennes se sont mises à se dévoiler en public. L’absence de répression a confirmé le manque de policiers et Pasdaran fidèles. On a alors assisté à des boycotts unanimes d’événements officiels et religieux très importants comme la naissance, la mort ou le début du Califat de Mahomet.Le nombre des hauts responsables fidèles est passé de 500 à 60 personnes.

Sous l’effet de la panique, Rohani et le clergé ont à maintes reprises tenté de relancer le Mouvement Vert avec des leaders inédits car il ne trouvait pas de volontaires pour ces projets voués d’avance à l’échec !

Washington a mis en route une évolution en couleur en complicité avec les mollahs, avec l’idée de les recycler de facto en démocrates et pouvoir leur accorder les garanties de sécurité qu’ils souhaitent, mais le peuple n’a pas adhéré au projet.

Washington a alors accordé un nouveau délai de 7 mois au régime islamique puis il a tenté de les recycler en démocrates en les aidant à organiser une conférence onusienne contre la violence et l’extrémisme ! Mais les chefs Pasdaran et les Larijani, exclus de ce processus, ont saboté le projet. La bourse a chuté de plus de 80% !

Les mollahs, les Chefs Pasdaran et les Larijani ont réalisé l’urgence d’un deal Ils se sont alors unis pour une révolution en couleur pro-US avec leur pion Sotoudeh et ceux de Washington comme le vieux Maleki. Mais il était trop tard : les faux opposants internes se sont aussi gardés de participer à cette opération impopulaire. Le régime s’est retrouvé sans joker politique.

La coalition Clergé-Pasdaran-Larijani a alors tenté de provoquer une escalade bénéfique à leur intérêt de faire vibrer l’Arc chiite, puis par l’attentat contre Charlie Hebdo. Mais leurs alliés régionaux à savoir la Syrie et le Hezbollah n’ont pas suivi ! Et la France a zappé tout représailles grâce à la tour de passe-passe Je suis Charlie ! Le régime s’est retrouvé sans son joker tactique du terrorisme.

La coalition des 3 a explosé. Ali Larijani a encore attaqué Rohani sur son bilan pour lui ravir sa place. Les chefs Pasdaran se sont attaqués au clergé en dénigrant le Guide via leur faux opposant Nourizad, mais Washington n’a pas suivi ! La bourse a encore chuté, l’exode des capitaux s’accélérait !

Les ouvriers iraniens qui font les frais de cette crise ont enfin décidé de manifester contre le régime. Les chefs Pasdaran n’ont pu réprimer cette contestation car ils manque de troupes. La contestation générale s’est aussi amplifiée tout comme les boycotts de grands événements religieux.

Rohani a baissé le prix du gaz à 1/60e du prix mondial pour attirer les investisseurs Européens et exploser le groupe 5+1. La Russie a menacé les Européens d’arrêter ses livraisons de gaz ! Washington a menacé de cesser sa complaisance en matière d’application des sanctions. Le projet n’a pas abouti ! Le régime ne disposait pas de joker énergétique.

En résumé, le régime était contesté, isolé et surtout n’avait aucun joker. Tous ses composants ont adopté un ton d’islamisme ultra pour enflammer la région et se poser en arbitre du jeu. En 15 mois de présidence Rohani, avec une synthèse des politiques passées de Rafsandjani, on retombait dans la politique de base du régime, l’islamisme menaçante de Khomeiny appliquée sans scrupule par Rafsandjani dans les 20 première années du régime. Washington a légèrement durci le ton. La panique interne a atteint un niveau sans précédent.


© IRAN-RESIST.ORG
La semaine dernière, dans ce contexte difficile et inflammable les mollahs & co devaient célébrer la retour de Khomeiny en Iran et commencer la célébration de la Décadre de Fajr (Aube) qui a conduit à la victoire de la révolution islamique ! Ils n’ont pu mobiliser ou se rassembler pour simuler une certaine unité

Rafsandjani, jadis patron du régime et de ces crimes a aussi intensifié ses efforts de dissidences pour sauver sa peau : il a été une précieuse source sur les contestations ouvrières en cours.

Washington a expédié de nombreux médiateurs en Iran, mais aucun n’a pu arraché un mot doux des mollahs car les pays médiateurs ne pouvaient être des partenaires leur garantissant une vie paisible et confortable au-delà du régime. Leur refus a amplifié la panique existante. Les rivaux internes se sont amplifiées aussi !

Les chefs Pasdaran ont tiré un missile pour rappeler leur hostilité aux marchandages en cours. Ali Larijani est allé plus loin en adoptant une loi interdisant tout deal susceptible de réduire les activités nucléaires du régime ! Il a aussi adopté une loi accusant implicitement le clergé d’apostat pour le contraindre à ne pas s’opposer à sa loi sur le nucléaire pour vice de forme. Le clergé a dû s’incliner et le discours de Rohani est devenu plus radical.

Washington s’est retrouvé en situation de devoir sanctionner le régime. Il a alors proposé de nouvelles négociations à Rohani dans l’espoir de trouver un arrangement convenant à tous les clans. On devait entendre les chefs Pasdaran et les Larijani !


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Cette semaine, le régime ainsi en guerre interne devait célébrer le 36e anniversaire de la révolution islamique. Il manquait de troupes. La question était l’attitude des chefs Pasdaran et des Larijani, mais aussi la réaction des nantis paniqués. Nous vous avons montré en exclusivité les images prouvant que l’anniversaire avait été boycotté par le peuple et aussi les Chefs Pasdaran, mais la semaine a été bien plus intéressante !

Voici, le récit en images d’une semaine d’explosions au sein du régime en difficulté et en ébullition des mollahs.

L’ébauche de cette analyse a été proposée en émission télévisée et diffusée en Iran le mardi dernier (15.02.2015) via la chaîne indépendante NEDA-TV. Vous pouvez regarder cette émission en persan sur la page Facebook de NEDA-TV et sous peu à la section iranienne d’Iran-Resist.


11 - 07.04.2016
Iran : Semaine en images n°423
Norouz noir pour les mollahs !

Nouveau Résumé Historique (écrit le 03.04.2016)
+ Conclusions sur la semaine dernière !

(que vous pouvez sauter pour aller directement au texte, après le drapeau iranien !)

-1973-1980 : une révolution américaine de couleur islamique
En 1979, les Américains ont entrepris de renverser le Shah car ses politiques régionales et ses projets pour l’Iran étaient contraires à leurs intérêts pétroliers. Ils entendaient mettre au pouvoir des activistes islamistes non cléricaux qu’ils finançaient depuis la création de l’OPEP par le Shah. Ces islamistes liés à Washington étaient hostiles à l’OPEP et partisans d’un régime révolutionnaire et interventionniste. Ils devaient lui permettre de dénationaliser l’industrie pétrolière iranienne, d’agiter et de déstabiliser l’Asie Centrale soviétique et chinoise, mais aussi de renverser les pétromonarchies créées par les Britanniques, et ainsi de prendre possession de plus de 80% des réserves d’hydrocarbures du monde.

Les Britanniques présents en Iran via le clergé chiite, les Qadjars, les Francs-maçons, les féodaux dont les Bakhtiaris, les Bazaris et la direction du parti communiste Toudeh ont participé à ce projet en faisant la promotion de leur ultra-islamiste en chef Khomeiny. Il s’est imposé au Conseil de la révolution. Puis Londres a éliminé les pions américains par des attentats organisés par Rafsandjani, le demi-frère de Khomeiny. Puis, grâce à la prise en otage des diplomates américains, Londres a enfin donné une identité anti-américaine à cette révolution voulue par Washington. Il a bloqué également le retour des pions islamistes de Washington par l’adoption de la doctrine de tutelle d’un grand ayatollah (du clergé) sur la république islamique de Washington.

Washington a alors commencé une véritable Guerre d’Usure Economique contre les mollahs, pour les mettre face à un risque de pénuries et de soulèvement afin de les amener à transférer les pouvoirs vers ses pions.

En réponse à cette guerre d’usure, Rafsandjani, le patron effectif du régime pour le compte des Britanniques depuis 1980, a commencé une politique de crises pétrolières et régionales pour user Washington, mais cette politique a seulement entraîné la rupture des jeunes y compris parmi les Pasdaran.

-Les années 80 & 90 : Rafsandjani vs USA
Amplification des problèmes & Fausse(s) modération(s) (année 90)| Rafsandjani inquiété pour son insuccès a pérennisé son pouvoir par la création du Conseil (plénipotentiaire) de Discernement de l’Intérêt du Régime, mais la persistance des pressions américaines, l’a amené à ouvrir les portes du CDIR à ses rivaux.

Sanctionné directement, Rafsandjani s’est écarté de la présidence de la république qui est un poste sans réels pouvoirs. Il a confié ce poste à son ex-responsable des assassinats politiques, -Khatami- et mis en place une STRATÉGIE DE FAUSSE MODÉRATION vis-à-vis de Washington. Rafsandjani (maître du jeu via le CDIR) a aussi établi des Alliances diplomatiques avec les Européens via la vente du pétrole à 15% de son prix. Enfin, il a aussi baissé le taux du dollar pour empêcher la fuite de nantis du régime paniqués par la persistance des sanctions.

Selon la volonté de Rafsandjani, le régime a cependant continué ses activités terroristes, sous la direction d’un certain -Rohani-, pour préserver sa capacité de nuisance régionale. Le régime s’est aussi tourné vers la -Russie- alors ruinée pour acheter des armes et tenir tête à Washington. La Russie a gagné beaucoup d’argent avec les mollahs, mais, consciente du fait qu’ils l’utilisaient pour forcer un arrangement avec Washington, elle ne leur a jamais vendu des armes très performantes comme les S-300 susceptibles de leur donner une vraie autonomie stratégique.

-Les années 2000 : Echec des pions de Rafsandjani
Cette fausse modération très biscornue de Khatami n’a pas permis à Rafsandjani d’engager Washington dans la voie de l’apaisement et ainsi obtenir la fin aux sanctions américaines. De plus, le dollar bon marché et la vente au rabais du pétrole ont anéanti toute production en Iran et ruiné le pays entraînant de nouvelles ruptures parmi les derniers Pasdaran recrutés.

En 2005, Rafsandjani, pressé par ses rivaux, est revenu, via un autre ex-collaborateur, Ahmadinejad, à la STRATRGIE DE L’ESCALADE (dans l’espoir de faire reculer Washington ou gagner le soutien de la Russie et de la Chine, pour entrer dans l’Organisation de Coopération de Shanghai afin d’avoir plus d’aisance dans ses marchandages avec Washington. La Chine et la Russie, conscientes d’être utilisées par le régime, ont refusé l’adhésion à l’OCS et ont même soutenu le transfert du dossier au Conseil de Sécurité de l’ONU pour avoir leur mot à dire sur les sanctions et autres pressions afin de contrôler aussi bien Washington que les mollahs.

Washington a profité de l’implication du Conseil de Sécurité pour entraîner toutes les grandes puissances dans ses sanctions bancaires. Le régime ruiné par les mauvaises politiques clientélistes de Rafsandjani s’est vite retrouvé en difficulté pour ses approvisionnements : il a décidé de geler les salaires et remonter les prix pour baisser la consommation afin de préserver ses stocks et échapper aux pénuries et aux émeutes fatales. Mais la première tentative de hausse de prix a entraîné des émeutes puis la rupture les jeunes engagés dans la milice anti-émeute par pauvreté.

-2007 : Sanctions des 5 membres du Conseil de Sécurité
Gestions de la Crise / Crises des Gestionnaires | En 2008, le régime était ainsi très fragilisé car sans défense. Ses dirigeants ont compris qu’ils ne pouvaient pas survivre, ils devaient fuir. Leur priorité a changé : obtenir des GARANTIES DE SÉCURITÉ ou l’IMMUNITÉ de la part de Washington pour fuir sans craindre des poursuites pour leurs crimes passés.

-2009 : Echec de Rafsandjani & sa fausse Révolution de Couleur
Clashs internes et Plans d’urgence | Rafsandjani a écarté Ali Larijani de la direction des négociations nucléaires pour privilégier ses propres chances d’obtenir les meilleures garanties de sécurité possibles. Ali Larijani a divulgué, par un tiers, la corruption de membres du CDIR et du clergé pour les renverser et avoir les mains libres pour marchander les meilleures garanties pour lui-même. Rafsandjani a neutralisé la menace en éliminant les proches de Larijani. Puis en 2009, pour s’éviter d’autres frondes internes, avec l’aide des Britanniques (BBC), il a tenté (encore) de sauver le régime par une (FAUSSE) REVOLUTION DE COULEUR VERT (couleur de l’islam) MOUVEMENT VERT pour revitaliser le régime et lui donner une nouvelle légitimité et de fait, amener Washington à abandonner ses sanctions. Mais l’opération lui a échappé et a seulement mis en valeur la rupture du peuple et des Pasdaran de base (aussi bien les vétérans que les plus jeunes recrues).

En 2010, Rafsandjani a continué en tentant une nouvelle (fausse) révolution Verte avec les pions de Washington pour la création d’un régime hybride qui n’eut aucun succès. Le peuple et les Pasdaran de base ont au même moment manifesté à l’occasion de l’anniversaire de Reza Shah, le fondateur de l’Iran moderne (et laïque), confirmant leur penchant pour une contre-révolution laïque. Les nantis du régime ont alors paniqué et ont commencé à brader leurs avoirs et acheter de l’or et des dollars pour quitter le pays avant que le régime ne tombe ou ne change de mains suite à un deal secret entre les dirigeants et Washington. Le régime s’est retrouvé avec un risque de banqueroute financière avec cette ENVIE (sans cesse grandissante et confirmée) DE FUITE DES NANTIS RIPOUX AVEC LEURS CAPITAUX.

Changement de Monture pendant la course | En 2012, Rafsandjani a lâché les Britanniques pour marchander avec Washington à propos de son rôle avéré dans l’attentat d’Amia, s’attirant leur foudre. Mais il n’a rien obtenu des Américains, il est revenu vers les Britanniques, ils lui ont concocté le projet de -Déviation-du-Régime-en-direction-du-peuple- afin d’obtenir son pardon et au passage, dans l’intérêt de Londres, saboter le régime islamique avant un deal avec Washington. Le peuple et les jeunes Pasdaran dissidents ont refusé ce projet opportuniste. Le projet de Déviation ne pouvait pas être continué.

-2013 : la Coalition des vaincus
Le « choix » de Rohani | Les chefs du clergé ont invalidé la candidature de Rafsandjani aux présidentielles rompant de facto leur lien historique (vieux de 170 ans) avec les Britanniques. Ils ont mis en avant son adjoint Rohani pour mener une synthèse des politiques précédentes combinant un bras de fer avec Washington (via le chantage nucléaire), la drague pétrolière des Européens, des Chinois et des Russes, et enfin, un soutien détendu à l’opposition interne faussement démocratique pour pouvoir à tout moment piloter un transfert de pouvoirs via une fausse révolution de couleur vers Washington (en cas d’un deal) ou encore pour amortir la chute du régime (en cas d’un soulèvement populaire).

Mais ce choix de retour aux solutions ratées du passé a amplifié les craintes des éléments insolvables des Pasdaran et des affairistes paniqués du régime. Rohani a dû s’allier aux Frères Larijani qui contrôlent les pouvoirs judiciaire et législatif pour contrer l’hostilité des chefs Pasdaran. Mais il ne leur a accordé aucune place à la table des marchandages avec Washington. En moins de 6 mois après l’arrivée de Rohani, le système est devenu très instable.

Washington qui a besoin d’un Iran islamique a alors proposé le GEL des SANCTIONS. L’Angleterre, la Russie mais aussi la France et enfin la Chine ont contré ce plan d’arrangement implicite des Etats-Unis avec les mollahs en imposant des critères de coopération inacceptables aux mollahs marchandeurs dans un cadre officiel nommé l’Accord de Genève. -On a ainsi assisté à la naissance d’une coalition informelle de-4-grandes-puissances rivales des Etats-Unis et membres permanents du Conseil de Sécurité (que nous appellerons les « 5-1 ».-

Rohani et ses patrons ne pouvaient pas refusé. Ils ont accepté avec l’idée d’alléger les sanctions et pouvoir relancer le bras de fer en remettant en cause leurs engagements, pour provoquer une crise et retourner dans un bras de fer avec Washington. Mais ils n’y sont pas parvenus. Les sanctions ont persisté. Les pénuries, la récession, les grèves et les ruptures internes se sont amplifiées. La contestation radicale du régime par le mouvement anti-voile a pu se développer grâce au manque de policiers et de Pasdaran fidèles. Dès lors, Rohani a souvent été contesté par ses rivaux les Larijani et les Pasdaran. Ils espéraient le virer pour prendre sa place et accéder aux marchandages avec Washington.

Washington a eu peur que ces échecs de Rohani et l’envie de fuite de ses rivaux détruisent le régime islamique utile à ses projets. Il a été même amené à tenter de dédiaboliser les mollahs terroristes en affirmant qu’ils luttaient contre Daesh !

Rohani et ses patrons cléricaux terroristes ont pris cela pour de la faiblesse. Ils se sont approchés de leurs rivaux pour relancer le Mouvement Vert mais ce projet voué à l’échec n’a pas trouvé de volontaire. Ensemble, ils ont aussi oeuvré pour le retour au terrorisme islamique régional, mais la Syrie et le Hezbollah n’ont pas suivi ! Enfin, ensemble ils ont baissé le prix du gaz à 1/60e du prix mondial pour attirer les investisseurs Européens et exploser le groupe 5+1. Mais la Russie a menacé les Européens d’arrêter ses livraisons de gaz ! Le joker tactique énergétique était HS. Le régime n’avait plus aucun joker. La panique interne s’est intensifiée : la bourse a chuté de plus de 80% et le 36e anniversaire de la révolution islamique a été boycotté à 100% ! Rohani et ses patrons devaient plier face à Washington !

-2015 : Signature de l’Accord de Vienne
Washington a alors intensifié ses efforts pour la dédiabolisation des mollahs et a tenté d’acheter leur départ par ses médiations commerciales via ses alliés de second ordre.

Les intérêts pétroliers des 5-1 étaient en danger. Ces derniers ont su être solidaires. Ils ont relancé le processus de dialogue et ont pu dominer le jeu et neutraliser durablement tout deal avec Washington en imposant aux mollahs, vaincus par leurs échecs, -l’Accord de Vienne- avec de nombreux engagements et un processus d’inspections lourdes sur plusieurs années.

Les mollahs ont encore accepté pour adoucir les sanctions, signer des contrats puis tout remettre en cause afin d’exploser ce front eurasien hostile de 5-1 pour décrédibiliser ce processus onusien et retrouver Washington...

Washington pris au piège ! a tenté d’échapper à la suprématie des 5-1 en émettant des oppositions par son Congrès ! Les 5-1 ont validé leur suprématie par l’adoption de la résolution 2231 au Conseil de Sécurité !

La panique a explosé : tout le monde vendait ! +300% de ventes ! Les ventes ont dépassé selon les sources officielles 1000 milliards tomans alors que 33% des entreprises encore actives à la bourse (dont toutes les plus importantes) avaient été exclues de vente pour limiter la casse. Ce krach a coûté 345 millions dollars d’or ou de devises aux mollahs ! Les tensions internes se sont amplifiées par l’émergence d’un front de jeunes parlementaires(menés par le député milicien Zakani) s’opposant à la gestion exclusive des mollahs.

Washington a proposé implicitement un blanchiment aux mollahs ainsi contestés en leur offrant l’inspection complaisante du site militaire de Parchin par eux-mêmes sous la direction de son pion onusien Amano ! Tous les responsables du régime, y compris les Parlementaires révoltés, ont joué de manière à finir dans l’équation d’un deal avec Washington ! La panique a explosé encore chez les nantis ripoux qui n’auront aucune place avec le retour des pions et les investisseurs américains. Mais l’opération « Amano-Parchin deal » a échoué car Washington ne pouvait accorder des garanties à tous les gens du régime.

Les mollahs désespérés ont fait appel aux chefs Pasdaran pour organiser l’escalade grâce à une bousculade mortelle lors du pèlerinage de Mena à la Mecque au moment où se tenait aussi la 70e l’AG annuelle de l’ONU à NY ! Mais l’opération des Martyrs de Mena a échoué grâce à l’esquive des Saoudiens, de leurs alliés et le reste du monde !

Les mollahs encore plus désespérés n’ont pas hésité de bloquer les négociations sur la Syrie (au détriment de leur allié Assad), afin de se poser en arbitre du jeu et obliger Washington à prendre en compte leurs conditions de reddition. Mais leur plan a encore échoué... Ils ont aussi perdu le soutien de Poutine.

Washington a puni cette fuite en avant des mollahs par un rapport de son pion Amano les accusant formellement d’activités nucléaires militaires entre 2003 & 2009, mais en laissant un flou sur la période courante pour laisser place à un deal.

Les 5-1 ont rappelé leur suprématie légale et onusienne dans le conflit avec les mollahs en entérinant l’Accord contraignant sur le nucléaire sur la base du rapport ambivalent d’Amano.

-2016 : Application tumultueuse de l’Accord de Vienne
Washington a repris la main en accusant les mollahs d’avoir violé la résolution 1929 du Conseil de Sécurité de l’ONU sur les missiles balistiques puis en évoquant de nouvelles sanctions à leur encontre. Il a aussi contré les 5-1 en réduisant la possibilité d’investissements en Iran par la limitation des visas de voyage pour leurs citoyens businessmen vers son territoire ! Les Français et les Anglais ont rejoint l’accusation pour ne passe laisser Washington mener le jeu et déblayer le terrain pour ses propres investisseurs. Les Russes et les Chinois ont laissé faire pour la même raison !

Sur un fond de récession, de contestation, mais aussi de boycotts populaires et internes de leurs événements, ils ont commencé à appliquer avec réticence les engagements pris à Vienne tout en cherchant à diviser les 5-1 avec des offres commerciales ou à engendrer une escalade régionale avec Washington par des provocations ! Les deux interlocuteurs (5-1 & États-Unis) n’ont pas cédé. Le régime tout entier s’était ainsi retrouvé dans un processus de capitulation lente.

Les chefs Pasdaran ont mis en avant leur puissance balistique pour engendrer la provocation qui échappait aux mollahs et leurs pions Rohani et Zarif. Ali Larijani a créé la coalition des fondamentalistes pour s’emparer du processus de négociations accaparé par le clergé. Les mollahs ont pris la direction de cette coalition en menaçant ses membres d’invalider leur candidature.

Mais l’incapacité de l’ensemble de ses groupes à mobiliser lors du conflit diplomatique avec l’Arabie Saoudite a rappelé à tous la nécessité de reprendre leur effort pour trouver une porte de sortie sécurisée du pays ! Ils devaient y arriver avant l’anniversaire de la révolution islamique qui est devenu la vitrine de leur impopularité !

Les mollahs étaient à court d’idées de provocation, les chefs Pasdaran ont tenté de dominer le jeu par la relance de la menace contre les pétroliers occidentaux. Ils ont capturé deux patrouilleurs américains, mais ils n’ont pas osé continuer en raison de la présence menaçante des porte-avions USS Truman et Charles de Gaulle.

Washington a profité de leur échec pour leur proposer la libération de ses soldats afin de les remercier pour « leur sens de responsabilité qui avait permis de préserver la paix régionale obtenue grâce au modéré Rohani », laissant entrevoir la possibilité de les réhabiliter, afin de les rassurer qu’ils pourraient quitter le pays sans danger pour leur vie ! Les Chefs Pasdaran ont cessé d’exhiber leurs missiles, mais les mollahs n’étaient pas ravis de se retrouver ainsi déclassés.

Les Chinois ont aussi eu peur que l’alliance américaine avec Rohani et les Pasdaran recyclés puisse accélérer la transition vers une République islamique américanisée. Ils ont annoncé la visite de leur président en Iran dès l’application de l’Accord-cadre pour une alliance avec les mollahs (le grand perdant de l’alliance) !

Washington les a doublés grâce à son pion européen Mogherini pour une rencontre à Vienne avec Zarif afin de régler les détails du deal en cours et aller vers un recyclage des mollahs par la libération de plusieurs prisonniers (espions) irano-américains. Les mollahs ont exploité l’intérêt des Chinois pour un nouveau chantage leur permettant de passer avant les chefs Pasdaran. Ces derniers ont repris leurs menaces pour rester en tête. Washington a arrêté son procédé de recyclage et a repris les menaces contre les mollahs mais aussi les chefs Pasdaran !

Les Chinois ont alors exigé une relation stratégique de 25 ans, mais les mollahs n’ont pas accepté de peur de perdre leurs avoirs personnels dans les banques occidentales. Ils se sont tournés vers la France pour monnayer son soutien en échange de contrats intéressants. Mais la France a profité de leur détresse pour les dépouiller sans leur accorder le moindre soutien !

Les chefs Pasdaran ont alors révélé que Rohani avait dépensé la quasi-totalité des avoirs dégelés sans rien obtenir en échange ! Ils ont aussi pris leur distance avec le clergé à l’occasion de l’anniversaire du retour de Khomeiny en Iran tout en insistant sur leur identité de révolutionnaire islamique, se plaçant en faveur d’une nouvelle République islamique militariste (ou « non Khomeyniste » qui peut signifier pro-américaine) ! Les « fondamentalistes » opposés à Rohani ont repris leurs critiques à son égard ! Rafsandjani a aussi remis en cause l’autorité du clergé (qui avait mal joué en misant sur l’efficacité de Rohani). La panique a redémarré plus fort, car Rohani avait dépensé les dollars que les nantis souhaitent obtenir !

Les mollahs se sont tournés vers les réformateurs (ultras super-affairistes simulant la modération pour parvenir à deal avec Washington) pour inciter les fondamentalistes à se montrer plus coopératifs ou à défaut, les garder pour amadouer les Occidentaux et avoir les mains libres pour marchander leur fuite avec Washington. Mais les réformateurs ont été trop mous pour être utiles !

Le 11 février dernier, le boycott à 100% du 37e anniversaire de la révolution islamique par le peuple et aussi les derniers compagnons du régime a mis en alerte les mollahs. Ils ont opté pour un schéma de Parlement divisé et un régime en crises permanentes afin d’utiliser les tensions internes pour aller vers l’escalade souhaitée sans que les forces qui l’ont généré puissent réclamer un droit pour concurrencer ses droits.

Washington inquiet par le choix du Parlement délibérément agité a repris ses médiations en se montrant implicitement ouvert à une évolution du régime au lieu d’une révolution de couleur. Ils ont aussi pris les dispositions pour réanimer le projet du gazoduc Nabucco pour obtenir le soutien des Européens et neutraliser les 5-1 et aussi pour rémunérer les mollahs.

Mais l’offre comportait un problème : l’ouverture même limitée pouvait permettre au peuple de protester et entraîner la chute du régime et une fin terrible pour les mollahs. Ils n’ont pas accepté ! Ils espéraient aussi une réaction négative des « fondamentalistes », mais ces derniers ont gardé le silence refusant d’être moteur de la victoire de leurs rivaux. Ils ont contré leurs énergies à combattre Rohani et son mauvais bilan économique ! Les mollahs n’avaient pas réussi à rétablir l’ordre en diminuant le nombre de sièges attribués aux fondamentalistes.

Par ailleurs, Rafsandjani censé incarner l’ouverture avait lâché le plan défaillant des mollahs pour menacer les alliés de Washington d’attentats contre leurs gazoducs existants afin de se hisser au premier plan et d’assurer ses propres intérêts (faire libérer son fils, effacer les dossiers de corruption et enfin et surtout obtenir des garanties de sécurité pour lui-même et sa famille auprès des Américains).

Les mollahs ont puni Rafsandjani et les autres rivaux issus de la milice en condamnant à mort le milicien milliardaire Babak Zanjani, un des pions financiers de Rafsandjani et deux autres complices qu’ils n’ont pas nommés. Ils ont aussi promis d’autres verdicts contre d’autres hauts gradés de la milice...

Les chefs Pasdaran excédés par les acrobaties sans résultat des mollahs ont annoncé des tirs des missiles hostiles à Washington et à Israël et pour se poser en arbitres des jeux. Les mollahs ont dû s’aligner sur leurs positions pour avoir la paix !

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La semaine dernière, les 5-1 devaient décider si ces tirs avaient ou pas violé la résolution 2231. Les mollahs & les chefs Pasdaran avaient une occasion en or pour provoquer la super escalade qu’ils souhaitent pour forcer 5-1 à reculer.

Mais ils n’ont pas osé ! Il est devenu clair qu’ils ne pouvaient pas dépasser le seuil des menaces ! La panique interne a explosé !

Les mollahs et les chefs Pasdaran n’ont également pas réussi à mobiliser leurs membres pour la martyre de Zahra (la fille de Mahomet). Ils n’ont également pas pu trouver des miliciens pour empêcher la Fête du Feu, qui a ainsi pu confirmer sa qualité contestataire par des actions anti-voile et des danses bannies par la charia ! Le régime a eu une nouvelle grande preuve de sa fragilité.

Les mollahs & Rohani ont alors changé de ton délaissant les menaces contre Israël, se montrant ainsi implicitement prêts à accepter un arrangement avec Washington ! Les Chefs Pasdaran n’ont guère parlé ! Ils ne savaient que choisir ! Mais ils ont plastiqué le Bazar pour dissuader toute ruée vers l’or au cas ils choisiraient l’arrangement !

Washington a maintenu ses pressions pour pousser les dirigeants déboussolés du régime vers son deal !

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Cette semaine, tous les Iraniens devaient fêter Norouz. Les mollahs devaient annoncer leurs "vœux" (politiques) et désigner leur programme pour la nouvelle année. Leurs rivaux devaient en faire autant. Personne ne pouvait garder le flou sur ses intentions. Les rivalités se sont exprimées, mais discrètement pour ne pas amplifier la panique interne du "chacun pour soi". Le clergé a dû rester dans l’acrobatie politique pour éviter des conflits le mettant en péril ! Voici le récit en images d’une semaine calme en surface et follement mouvementée en dessous.

Cette analyse a été diffusée en persan vers Iran le dimanche 27 mars 2016 à 20h via la chaîne indépendante Radio Bidari basée en Suède.


11 - 03.07.2012
Iran : La semaine en images n°227

(Terrible) Etat des lieux en juin 2012. Le régime des mollahs est boycotté depuis près de 3 ans par les Pasdaran, les Bassidjis, les militaires, les Bazaris et les mollahs de base car ces actifs populaires du régime n’ont pas les mêmes intérêts vitaux que leurs dirigeants.

Les actuels dirigeants, les mollahs, ont pris au pouvoir 1979 en aidant les pions de Washington à renverser le Shah, puis en éliminant ces derniers du jeu notamment par la diabolisation officielle de l’Amérique. Les mollahs ont ainsi privé Washington de ses projets de déstabilisation régionale : depuis, l’Etat américain tente d’affaiblir graduellement l’économie iranienne pour provoquer des pénuries et générer un risque de soulèvement afin de forcer les mollahs à adoucir leur position pour que ses pions puissent revenir en Iran et prendre le pouvoir de l’intérieur. Pour garder le pouvoir, les mollahs doivent refuser tout apaisement quelles que soient les sanctions et les menaces qui pèsent sur les Iraniens d’où la rupture des actifs issus du peuple, les Pasdaran, les Bassidjis, les militaires, les Bazaris et les mollahs de base…

C’est ainsi que ces gens n’ont guère aidé Rafsandjani, alors le patron du régime, à organiser une fausse révolution de couleur, le Mouvement Vert, en faveur de l’islamiste Moussavi pour se donner une nouvelle légitimité. Puis quand le peuple autorisé à manifester a pris le contrôle des rues, ils n’ont guère aidé le régime à réprimer le soulèvement. Le régime a fait appel à ses agents sécuritaires au passé sale (que nous appelons les insolvables) pour réprimer le peuple. Le régime a été sauvé par ses agents insolvables, mais aussi par l’absence de soutien Washington à cette contre-révolution. Cela a plongé le peuple dans l’amertume, il a sans cesse boycotté toutes les relances du Mouvement Vert et s’est mis en quête d’une date symbolique pour signifier sa rupture avec le régime islamique. Cette date a été le 15 mars 2010, l’anniversaire de Reza Shah Pahlavi, vénéré par le peuple pour son patriotisme, sa modernisation et sa laïcisation du pays. Le régime a appelé tous les composants à empêcher cette fête contestataire. Les Pasdaran, les Bassidjis, les militaires, les Bazaris et les mollahs de base qui avaient laissé tomber le régime (pendant son projet de fausse révolution) ont laissé le peuple manifester massivement ! Ils ont ainsi rompu clairement avec le régime pour rejoindre les opposants.

Cette rupture, des Pasdaran en particulier, a réduit le régime à ses hauts dirigeants, ses responsables subalternes, ses agents sécuritaires insolvables et les hommes d’affaires issus du pouvoir. Rafsandjani a dû céder la direction du régime à son ennemi Larijani. La direction est devenue diffuse. Dans ce qu’il restait du régime, les hommes d’affaires ont estimé que leur propre situation était doublement critique car d’une part, le peuple pouvait renverser le régime et les lyncher et d’autre part, les dirigeants fragilisés pouvaient négocier une fuite sécurisée avec les Américains et les laisser seuls face au peuple. Ils ont commencé à brader leurs avoirs pour acheter de l’or et des dollars afin de quitter le pays au plus vite. Le régime alors dirigé par Ali Larijani et son frère Sadegh chef du pouvoir judiciaire a d’abord tenté de rassurer les paniqués en évoquant l’existence de partisans intégristes animés par une forte ferveur islamique, en évoquant le recrutement de nouveau Pasdaran ou en affirmant que le Mouvement Vert (l’invention ratée de Rafsandjani), pouvait dévoyer un soulèvement hostile ! En l’absence de preuves de ce qu’il affirmait, la panique a perduré. Les Larijani ont alors fermé les bureaux d’immigration et ont ouvert un procès de fraude bancaire et d’atteinte à la sécurité d’Etat pour intimider les hommes d’affaires remuants.

Etant donné que personne au sein du régime ne veut perdre le pouvoir, tous les dirigeants devaient trouver un moyen d’échapper aux sanctions. Rafsandjani a proposé la reprise du dialogue et des concessions passagères, les autres ont accepté, mais uniquement pour obtenir un gel de facto des sanctions afin d’avoir le temps de signer quelques contrats et relancer l’économie. Leurs jeux et leurs différences ont vite fatigué Washington, il a poussé ses alliés européens à annoncer un embargo sur l’achat du pétrole iranien à partir du 1er juillet 2012 pour amplifier les pénuries existantes et le risque de soulèvement afin de forcer les mollahs à adoucir enfin leur position. Les dirigeants du régime étaient devant deux choix : ils devaient plier face à Washington ou tenir bon sous les sanctions et aller vers un effondrement interne suivi d’une révolution.

Le régime était condamné dans tous les cas, les Chinois ont commencé à réduire leur implication sur le marché iranien. Les dirigeants n’avaient plus d’échappatoire, leur seule solution viable était de plier et de négocier des garanties pour eux-mêmes en marge des négociations nucléaires et des rencontres officielles internationales avant que n’arrive la fin. Mais ils n’auront pas tous fait ce choix car tous n’ont pas accès aux marchandages : les 3 postes clefs permettant de voyager (le conseil iranien de sécurité, le ministère des affaires étrangères et la présidence de la république) sont dirigés par des membres du clan de Rafsandjani, l’ex-patron politique du régime. Ils avaient peur de favoriser ce dernier et de lui permettre d’avoir le loisir d’obtenir les meilleures garanties pour lui-même. Ils craignaient aussi devoir payer pour le droit d’obtenir les mêmes garanties.

Parmi tous ces dirigeants, le plus malheureux était Ali Larijani, actuel patron de la politique intérieure du régime et ennemi éternel de Rafsandjani. Il allait être exclu du marchandage et peut être accusé à la place de Rafsandjani et ses lieutenants ! Il s’est donc opposé au dialogue qu’il ne pouvait contrôler. Puis, avec son frère Sadegh Larijani, qui contrôle le pouvoir judiciaire, il a accusé de corruption les trois pions de Rafsandjani pour les sortir et les remplacer par ses propres lieutenants. Ces accusations ont reçu le soutien tacite de tous ceux qui allaient être sacrifiés par Rafsandjani. Le régime est ainsi entré dans une guerre entre ses plus hauts responsables. Cette guerre contraire aux intérêts du régime dans sa globalité a choqué les collaborateurs subalternes : ils ont pleinement réalisé que leurs dirigeants ne pensaient qu’à eux-mêmes. Presque tous les responsables subalternes ont alors pris leur distance avec le régime en boycottant massivement toutes les nombreuses manifestations pour la quinzaine d’hommage à Khomeiny à l’occasion de la commémoration de sa mort et son entrée en politique. Ces boycotts n’ont guère calmé les dirigeants : encore plus isolés et plus, proches de la fin, ils ont alors accentué leur lutte pour les sièges de négociations !

La semaine dernière, c’était l’anniversaire du Mouvement Vert, la fausse révolution qui devait donner une nouvelle légitimité au régime, mais a failli le renverser. Alors que le régime est condamné, les deux parties en lutte pour le contrôle des sièges de négociations ont néanmoins réuni leur force afin de relancer ce joker pour rassurer et récupérer les derniers collaborateurs qui ont commencé à s’éloigner. Le régime réunifié devait attirer les Iraniens dans la rue alors qu’ils boycottent le Mouvement Vert depuis l’échec de leur tentative de contre-révolution. Le régime réunifié a multiplié le prix du pain par 12 pour révolter les Iraniens. Mais les Iraniens ont été conscients que leur action pouvait profiter au régime mourant, ils n’ont pas bougé. Les composants fidèles au régime n’ont pas bougé pour relancer ce joker. Le régime a annoncé un nouveau joker : une tournée d’Ahmadinejad chez ses amis sud-américains pour contourner les sanctions, mais il avoua ainsi que sa situation économique était catastrophique. La panique a gagné ses hommes d’affaires.

Les dirigeants étaient seuls, en faillite, dans un environnement agité et donc voués à une chute certaine : l’unité retrouvée a explosé, chacun a redoublé d’efforts pour garder ou prendre la direction des négociations qui peut lui donner la priorité pour marchander les meilleures garanties pour lui-même. Le Clan Larijani a montré qu’il cherchait à établir le lien entre les ministres accusés de fraude et Rafsandjani en personne. Ce dernier a dû lâcher certains de ses lieutenants devenus trop compromettants provoquant la panique dans son propre camp. Ahmadinejad a notamment promis de faire des révélations fracassantes. Le clan Rafsandjani allait vers l’explosion ! Larijani a décidé d’en profiter, mais en cherchant à se mettre en avant, il a révélé qu’il avait très peu de monde autour de lui. Puisqu’il arrive à malmener le clan adverse, il est devenu évident qu’il y avait très peu de monde encore impliqué dans les affaires internes du régime. La panique financière a redoublé. Les deux clans ont alors appelé les meilleurs serviteurs de révolution islamique (c’est-à-dire les insolvables) à manifester ! Il s’agissait de les unir pour les convaincre qu’il y avait encore un espoir. Le camp Larijani a mobilisé 60 hommes à Natanz pour un enterrement de martyrs, le camp Rafsandjani a mobilisé 10 hommes et 5 femmes pour une marche pro-voile à Téhéran. Presque tout le monde avait lâché le régime, par dégoût pour ses dirigeants traîtres ou par peur de s’afficher avec un régime fini. Les dirigeants étaient en tous cas face à une rupture totale.

Cette semaine, le régime devait célébrer porter le deuil du 7e saint du chiisme et surtout célébrer dans la foulée, l’anniversaire de la révélation de l’islam à Mahomet, la naissance même de l’Islam ! Ces deux événements de portées différentes ont été boycottés par le peuple et les Pasdaran au cours de ces dernières années. Le peuple et les Pasdaran ont au même moment montré aussi leur attachement à la culture non-islamique iranienne. Dans le contexte actuel, le régime redoutait un boycott plus fort et ne pouvait prendre le risque d’aller tester aussi ses derniers partisans en rupture.

Cette semaine, le lundi 18 et mardi 19 juin, le régime devait aussi aller à Moscou pour des négociations sur le nucléaire auxquelles participent les Américains. Alors que le régime désavoué par des jeunes actifs, boycotté par les siens, sanctionné par Washington et ses partenaires, lâché par les Chinois, il était possible Rafsandjani ordonne à ses pions de commencer des marchandages avec les Américains (échangeant un compromis nucléaire, des infos sur le Hezbollah et quelques collègues contre des garanties pour les membres de ce clan). Larijani devait trouver un moyen pour forcer Rafsandjani à ne rien tenter dans cette situation désespérée. Rafsandjani devait aussi trouver un moyen pour neutraliser Larijani avant qu’il bouge. Voici la chronique en images d’une semaine à risques, une semaine explosive.


11 - 23.02.2013
Iran : La semaine en images n°261

intro de base pour comprendre la situation.
mise à jour chaque semaine avec de nouveaux éléments...

Origines de la crise | Dès 1957, les Américains ont entrepris de renverser le Shah car ses projets pour l’Iran étaient contraires à leurs plans pétroliers et aussi pour mettre au pouvoir des activistes islamistes (non cléricaux) partisans d’un régime révolutionnaire et interventionniste pour doubler les Britanniques présents en Iran au travers les mollahs, mais aussi pour renverser les monarchies arabes mises en place par les Britanniques et enfin pour s’infiltrer en Asie Centrale soviétique et chinoise.

En 1973, le Shah a annoncé qu’il ne reconduirait plus le contrat de 25 ans obligeant l’Iran de vendre son pétrole en exclusivité aux Américains, les Britanniques et les Français selon un prix constant. Ce contrat finissait le 19 août 1979. Les Américains qui possédaient ainsi 40% du pétrole iranien à un prix très bas ont amplifié alors leur hostilité contre le Shah avec l’intention de le renverser avant août 1979. Les Français qui avaient 6% de la production iranien se sont alignés sur Washington. Les Britanniques qui possédaient 47% du contrat, mais sont en guerre pétrolière avec Washington depuis 1911 [1], ont participé à l’aventure avec tous leurs pions à ce projet islamisant intitulé Ceinture Verte et ont pu écarter les pions activistes islamistes de Washington. Pour bloquer le retour de ces islamistes non cléricaux, les mollahs ont rompu les relations avec Washington et ont également adopté la doctrine de la Tutelle d’un Grand Ayatollah sur la République Islamique.

Washington a alors commencé une véritable guerre d’usure économique contre les mollahs pour les affaiblir économiquement, les mettre devant un risque de soulèvement populaire afin de les amener à rétablir les relations bilatérales, permettre à ses pions de participer aux joutes politiques et reprendre le pouvoir via des élections du régime (une révolution de couleur). La clef de réussite de cette politique a été de rester dans les accusations floues (avec un grand recours au conditionnel) pour pouvoir éviter toute escalade susceptible de provoquer une guerre et entraîner la chute du régime islamique nécessaire aux plans régionaux américains.

Face à ce projet de guerre d’usure, les mollahs contrôlés par les Britanniques ont opté pour une politique d’amplification de la crise et d’escalade délibérée afin de forcer Washington à capituler. Rafsandjani, le coordinateur du coup d’Etat anti-américain, devenu avec l’aide des Britanniques patron du régime et de ses services secrets, n’a omis aucun effort en ce sens par un recours immodéré au terrorisme au Moyen-Orient ou par la guerre contre l’Irak pour perturber l’approvisionnement pétrolier de l’Amérique. Mais il n’a pas su faire capituler Washington.

Les rivaux internes de Rafsandjani (mollahs écartés par lui du pouvoir et des meilleurs business) étaient alors en but de le virer, prendre sa place et tenter de réussir par plus de méchanceté pour sauver le régime et en prime le patron économique du régime. Pour les contrer, Rafsandjani a acheté le soutien de des plus petits adversaires (comme les Larijani) (en leur accordant des sièges du Conseil de Discernement, organe par lequel il dirigeait le pays). Il a aussi acheté la protection des Européens en leur bradant le pétrole iranien. Et il a également acheté le soutien des hommes d’affaires issus du régime en leur offrant des dollars bon marché.

Mais ce faux apaisement n’a rien donné a même incité Washington à parler d’une possible menace nucléaire et de frappes préventives. Il a ainsi pu impliquer le Conseil de Sécurité de l’ONU et entraîner un grand nombre de pays à participer à de nouvelles sanctions bancaires pour épuiser toutes les ressources en dollar du régime déjà ruiné par les choix clientélistes de Rafsandjani. Ce dernier a dû confier la direction des négociations à son jeune rival Ali Larijani pour faire partager les torts.

Rafsandjani a renoué avec la politique de l’amplification de la crise via Ahmadinejad (un autre ex-collaborateur des services secrets) et il a confié la direction des négociations à son jeune rival Ali Larijani pour faire partager les torts. Mais en 2008, le régime déjà très endetté a vite été confronté au manque de devises pour assurer l’approvisionnement du marché intérieur. Rafsandjani et Larijani (devenus complices) ont fait le choix de geler les salaires et relever les prix des produits importants pour diminuer la consommation et ainsi gagner du temps dans l’espoir de parvenir à capituler Washington par tous les moyens.

De nombreux collaborateurs du régime notamment les Pasdaran de base ont été déçus par cette fuite en avant qui méprisait leurs intérêts vitaux : issus du peuple et engagés par pauvreté et non pas conviction, ils ont commencé à boycotter les manifestations officielles.

Il est alors devenu évident clair pour la caste dirigeante qu’il devait songer à négocier des garanties de sécurité pour fuir avant que le régime rongé de l’intérieur ne s’effondre. Pour avoir le monopole des marchandages, Rafsandjani, le patron du régime, a alors écarté Ali Larijani du Conseil iranien de Sécurité, organe chargé des négociations avec Washington.

On est alors passé d’une guerre pour être le sauveur du régime à une guerre pour l’accès aux marchandages avec Washington.

Larijani a commencé à diffuser des dossiers de la corruption de Rafsandjani et ses alliés politiques pour les écarter du pouvoir. Rafsandjani a neutralisé Larijani en éliminant son principal lieutenant politique. Puis Rafsandjani a tenté un dernier joker : le Mouvement Vert, une fausse révolution de couleur (hostile à son propre pion Ahmadinejad) pour duper Washington et l’entraîner à abolir ses sanctions ! Larijani a soutenu ce projet insensé qui lui semblait prometteur.

Mais, le peuple autorisé à manifester a révélé son hostilité au régime tout entier. De plus, les Pasdaran de base ont laissé faire montrant leur soutien tacite à un changement de régime. Les Américains n’ont pas aidé cette contre-révolution contraire à leurs plans régionaux ont même participé aux rumeurs diffusées par le régime pour intimider le peuple et mater leur révolte. Ce qui a brisé le cœur des Iraniens et leur envie de lutter. Mais in fine, chacun a réalisé que le régime était définitivement rongé de l’intérieur et condamné. Larijani, mais aussi d’autres, se sont mis à critiquer Rafsandjani pour l’écarter et accéder aux marchandages avec Washington pour garantir leur survie au-delà du régime.

Rafsandjani menacé a divisé la coalition informelle à son encontre en offrant le pouvoir judiciaire aux Larijani avant de tenter de relancer son Mouvement Vert. L’échec de cette seconde tentative a libéré Larijani : il a commencé à utiliser le pouvoir Judiciaire contre Rafsandjani et ses pions gouvernementaux chargés des marchandages à savoir Ahmadinejad, son ministre des affaires étrangères Salehi, le négociateur nucléaire Jalili… Rafsandjani, affaibli, a décidé de privilégié le dialogue avec Washington. Larijani a alors condamné toute négociation. Chaque clan manoeuvrait pour ses intérêts au mépris de l’intérêt commun de tous les serviteurs du régime. Cette désunion a provoqué de nouvelles ruptures internes.

Les hommes d’affaires du régime ont jugé qu’ils étaient en danger : ils ont commencé à brader leurs avoirs boursiers et immobiliers pour acheter de l’or et des dollars afin de fuir le pays. Cette ruée vers l’or et vers le dollar a mis le régime face à un risque de banqueroute de la Banque centrale Iranienne (BCI). Pour calmer la situation, les Larijani, maîtres du Pouvoir Judiciaire, ont commencé des procès contre les candidats à la fuite avec l’accusation de fraude ou de blanchiment d’argent, délit passible de la peine de mort, mais ils n’ont jamais osé appliquer les verdicts annoncés de peur de provoquer une fuite massive des capitaux susceptible d’entraîner la banqueroute puis la chute du régime. Dès lors, en combinaison avec les Chefs Pasdaran, ils ont sans cesse tenté d’intimider les nantis paniqués en évoquant la puissance policière du régime, mais en absence de troupes fidèles visibles, ces menaces n’ont pas réussi à calmer les paniqués. Finalement, les Larijani ont tenté d’atteindre le même but en annonçant régulièrement des pendaisons publiques, mais là encore, ils les exécutent très tôt le matin de peur d’être pris à partie par le peuple. Ce processus d’intimidation à reculons a été avant tout un constat permanent d’impuissance et de vulnérabilité du régime. C’est pourquoi chaque clan a dans le même temps accéléré ses efforts pour arriver à un accord avec Washington. Washington na apprécié cela, mais il ne peut pas accorder les garanties souhaitées par ces gens. Mais aucun n’a rien obtenu.

En décembre dernier, Rafsandjani, convaincu qu’il n’obtiendrait rien des Américains, a commencé à se dire proche du peuple. Il a aussi chargé ses pions Verts à scander « Mort à la République islamique ». Il a commencé à parler d’Elections Libres. Ses adversaires ont compris qu’il entendait changer de bord. Quand ses pions gouvernementaux ont annoncé de nouvelles anxiogènes de hausses de prix, ses adversaires ont été convaincus qu’il entendait provoquer un soulèvement afin de s’y engouffrer par "amour du peuple" : devenir (malgré le risque évident d’y rester) l’instrument d’un changement qu’il ne peut éviter espérant de bénéficier d’un pardon en Iran. Cette solution permettait aussi de bloquer le retour aux affaires des pions islamistes de Washington et de satisfaire les intérêts pétroliers de la Grande-Bretagne garantissant de facto les avoirs financiers de Rafsandjani dans les pays britanniques. La finesse de cette solution laisse supposer qu’elle a peut-être été suggérée à Rafsandjani par les Britanniques eux-mêmes.

Les nantis du régime ont immédiatement saisi les intérêts de cette solution : ils pouvaient changer de bord et participer à la vie économique au nom d’une Réconciliation Nationale. Mais les Chefs Pasdaran du Bassidj et de la Police dont les noms restent associés à toutes les répressions, les Frères Larijani complices de leurs derniers forfaits, notamment les pendaisons publiques, ont refusé cette solution, car ils ne peuvent bénéficier d’aucun pardon. Ces insolvables ont créé une coalition mais n’ayant pas de troupes actives, leur fronde est restée symbolique.

Cette fronde interne a seulement montré que le régime était trop divisé pour pouvoir s’engager dans un marchandage ou dans un changement. Tous les gens coincés au côté du régime se sont sentis en danger : ils devaient rompre ! Le régime a subi des boycotts à 100% lors de ses dernières manifestations officielles. Par ailleurs, la ruée vers le dollar a repris pour les plus riches à Dubaï et pour les subalternes normaux au Bazar de Téhéran. ainsi dernièrement, le régime s’est retrouve de fait confronté à un risque de banqueroute fatale !

La semaine dernière, le régime devait célébrer l’anniversaire de la révolution à travers diverses manifestations : après les premières manifestations boycottées, la panique interne s’est amplifiée. Le boycott de l’anniversaire de la révolution est paru comme une date difficile susceptible de déboucher sur une plus grande crise voire plus.

Washington a alors décidé de renforcer ses menaces et ses offres de dialogue pour parvenir à faire plier Rafsandjani et obtenir un transfert des pouvoirs avant la chute du régime islamique utile à ses projets. Washington espérait l’ouverture d’un dialogue au Caire via Ahmadinejad, le principal pion politique de Rafsandjani. Larijani devait renforcer ses attaques pour renverser Ahmadinejad avant son départ pour Caire. Il pouvait alors accéder dialogue en tant que élu et membre du Conseil de Discernement . Rafsandjani a anéanti ce risque en faisant intervenir son pion, le Guide Khamenei pour s’opposer à tout dialogue. Larijani floué par cette ingérence a tenté quand même de renverser Ahmadinejad.

Ahmadinejad a riposté par une vidéo trafiquée accusant le clan Larijani de corruption. Ce choix de fausse vidéo a prouvé que le clan Rafsandjani n’avait pas de vrai dossier sur les Larijani ou qu’il était en perte de vitesse. Sa solution de réconciliation nationale a perdu quelques partisans politiques. Les derniers collaborateurs du régime ont vu leur chance de recyclage politique s’évanouir : le Bazar a été pris d’assaut pour acheter des dollars et fuir le pays.

Par la suite, cette semaine, le dimanche 10 février, le 34e anniversaire de la révolution islamique a été boycotté partout en Iran. Nous en avons rendu compte dans notre précédent numéro de la semaine en images.

Par la suite, cette semaine, le dimanche 10 février, le 34e anniversaire de la révolution islamique a été boycotté partout en Iran. Le même jour, bien que férié, le régime a été confronté à une nouvelle ruée affolée vers l’or et le dollar. Les Larijani et ses associés insolvables devaient cacher ce boycott et la crise naissante. Ils devaient aussi dans le même temps reverser les gens du clan Rafsandjani. Ce dernier s’est précipité pour retourner un peu sa veste, mais il n’a constaté aucune mobilisation populaire en sa faveur. Ayant besoin de plus de temps pour sa reconversion, il a rejoint ses adversaires pour tenter de contenir la crise avec de nouvelles menaces pour obtenir ce délai. Mais les deux groupes n’ont pas réussi à calmer la panique. Devant l’amplification de la crise, ils ont finalement décidé d’organiser une braderie des prochaines pièces en or émises par la Banque Centrale iranienne afin de détourner leurs collaborateurs paniqués du marché sensible du dollar. Voici le récit en images, à partir du dimanche, de 6 jours pleins de craintes, de tension et de fureur pour les dirigeants désespérés du régime à bout du souffle des mollahs.


11 - 27.09.2010
Iran : La semaine en images n°136

Depuis trois mois, le régime a collectionné les gadins car il n’a pas réussi une seule fois à mobiliser un de ses alliés populaires à savoir la milice, le bazar ou le clergé lors de ses diverses manifestations officielles. Ce boycott est le résultat des sanctions car les mollahs refusent d’envisager un apaisement avec Washington car cela les obligerait à partager le pouvoir avec des pions de Washington à travers un processus de révolution de velours. Le peuple voit qu’il est en train d’être sacrifié sur l’autel des intérêts personnels des dirigeants. La semaine dernière, la tension est montée encore d’un cran car le régime devait commémorer le mercredi 22 septembre, le trentième anniversaire de la guerre Iran-Irak, une guerre qui a ruiné le pays et fait plus d’1 million de morts car les mollahs avaient refusé tout compromis. Par ailleurs, le lendemain de cette date pénible, le régime devait selon la tradition célébrer la rentrée des classes alors que la hausse vertigineuse des prix de fournitures scolaires a forcé près de 30% des parents à renoncer à inscrire leurs enfants. Il y avait un cumul de ressentiments négatifs vis-à-vis du régime. Se sentant très menacé, ce dernier a annoncé sa disposition à négocier avec les Six, mais dans le même temps, il a tenu des propos très insultants vis-à-vis des Américains afin que ces négociations ne soient en aucune façon une étape vers un apaisement avec Washington. Les Américains qui ont toujours sanctionné les mollahs pour les amener à accepter cet apaisement ont été interloqués et n’ont pas sauté de joie sur l’offre de négociations qui ne leur sert à rien. Content de cette trouvaille, le régime ne cesse de répéter son envie de dialogue tout en titillant Washington sur les sujets qui fâchent. C’est une évolution intéressante, c’est pourquoi nous vous proposons un rappel de ces stratégies défectueuses avant d’exposer les images de la semaine pour finir sur une conclusion décoiffante suggérée par ces mêmes images.


11 - 15.08.2010
Iran : La semaine en images n°130

Depuis un mois, Washington, qui a besoin des mollahs pour soulever les musulmans de l’Asie Centrale contre la Chine, a renforcé les sanctions de sa guerre d’usure économique à leur encontre pour les forcer à accepter son offre d’entente. De nombreux pays fournisseurs de produits de première nécessité comme l’Allemagne ont cessé leurs livraisons. Dans le même temps, les clients du pétrole iranien ont cessé leurs achats. Ces lâchages en chaîne ont humilié les mollahs et démoralisé ses alliés internes. Ces lâchages en chaîne privent l’Iran des devises nécessaires pour trouver de nouveaux fournisseurs. Le pays manque de tout et surtout de carburant, nécessaire pour faire fonctionner les centrales thermiques. Les mollahs n’ont néanmoins pas cédé en cas d’entente, ils devraient transférer les pouvoirs politiques et économiques (le pétrole) aux Américains. C’est une situation dangereuse car les alliés internes du régime pourraient le lâcher pour ne pas mourir en cas d’un soulèvement populaire. Il y a trois semaines, le régime avait tenté de les rassurer en se lançant dans un programme d’inauguration d’équipements industriels pour montrer que tout va bien. La semaine dernière il a oublié le peuple et ses alliés internes pour enchaîner les provocations afin d’engager Washington dans une escalade express afin que la peur d’une guerre dans le détroit d’Ormuz handicapant l’approvisionnement pétroler de l’Occident pousse ce dernier à lâcher Washington. Dans cette semaine de vifs efforts pour provoquer une escalade, le régime a dû faire face à un autre problème : le Ramadan qui doit être synonyme d’un marché bien achalandé pour récompenser les bons croyants. Cela fait des années que les Iraniens ont fait le deuil de ce genre de chose, mais cette semaine, on a atteint le niveau plancher dans l’offre de produits comestibles, c’est pourquoi pendant la semaine où les mollahs devaient se faire entendre, on ne les a pas vus se pavaner en Iran.




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