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Iran : La semaine en images n°279
Rowhani déjà en grande difficulté !

28.06.2013

Introduction Historique (datant de cette semaine) pour comprendre la situation.
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Origines de la crise | En 1979, les Américains ont entrepris de renverser le Shah car ses politiques régionales et ses projets pour l’Iran étaient contraires à leurs intérêts pétroliers. Ils entendaient mettre au pouvoir des activistes islamistes non cléricaux qu’ils finançaient depuis la création de l’OPEP par le Shah. Ces islamistes liés à Washington étaient hostiles à l’OPEP et partisans d’un régime révolutionnaire et interventionniste. Ils devaient lui permettre de dénationaliser l’industrie pétrolière iranienne, d’agiter et de déstabiliser l’Asie Centrale soviétique et chinoise, mais aussi de renverser le petromonarchies créées par les Britanniques, et ainsi de prendre possession de plus de 80% des réserves d’hydrocarbures du monde.

Les Britanniques présents en Iran au travers le clergé chiite, les Qadjars, les Francs-maçons, les féodaux, les Bazaris et la direction du parti communiste Toudeh ont participé à ce projet en faisant la promotion de leur ultra-islamiste en chef Khomeiny. Il s’est imposé au Conseil de la révolution. Washington a perdu le contrôle de la situation. Londres a éliminé les pions américains par des attentats organisés par Rafsandjani, le demi-frère de Khomeiny. Londres a aussi donné une identité anti-américaine à cette révolution voulue par Washington par la prise en otage des diplomates américains et a bloqué le retour des pions islamistes de Washington, par l’adoption de la doctrine de tutelle d’un grand ayatollah (du clergé) sur la république islamique de Washington.

Washington a alors commencé une véritable guerre d’usure économique pour affaiblir économiquement ce régime par nature fragile, le mettant devant un risque de soulèvement populaire ou de division afin d’amener ses dirigeants (Khomeiny, Rafsandjani ou d’autres) à casser avec Londres, à rétablir les relations bilatérales et permettre à ses pions de participer aux joutes politiques et reprendre le pouvoir via des élections du régime (ce que l’on appelle une révolution de couleur).

Londres devait faire capituler Washington. Son principale pion au sein du régime, Rafsandjani, promu patron effectif du régime, à travers la direction de la police, des renseignements et des services secrets a été chargé de mener une politique de provocation de crises régionales pour amener Washington à capituler (par peur d’un conflit régional nuisible à son approvisionnement pétrolier). Pour mener à bien ce projet, Rafsandjani a arrêté les projets ambitieux du Shah pour les Iraniens, engageant ces derniers dans la guerre, le terrorisme. Le pays a cessé de produire et d’exporter. Le régime devait tout importer. L’emploi s’est effondré. La monnaie iranienne s’est effondrée. L’islam au pouvoir était par ailleurs très loin de sa modération sous le Shah. Les jeunes engagés dans la révolution ont vite regretté le départ du Shah. Ils ont pris leur distance avec le régime pour s’approcher de Reza Pahlavi, le fils du Shah.

Le régime a tenté de les retenir en bradant les produits de grande consommation qu’il importait avec difficulté en raison de la baisse de ses réserves de dollar. Washington touchait au but, mais le revirement des jeunes pouvait entraîner la chute du régime islamique nécessaire à ses desseins. Il a interdit à Reza Pahalavi toute action hostile au régime islamique et il a aussi allégé ses accusations pour éviter une pression trop forte susceptible de balayer le régime déjà politiquement et économiquement essoufflé.

Rafsandjani, le pion actif des Britanniques, a alors intensifié son action terroriste contre Washington., mais il n’est pas parvenu à faire capituler Washington. Ses rivaux internes le critiquaient. Le régime pouvait basculer à la mort de Khomeiny dans leur camp et changer de bord. Londres a misé sur Rafsandjani et ses collaborateurs qui étaient en danger, donc motivés pour leur survie. A la mort de Khomeiny, Rafsandjani a pu trafiqué son testament pour nommer son propre ami Khamenei comme Guide. Puis grâce à ce Guide à sa botte et l’ayatollah Jannati, président du Conseil des Gardiens de la Constitution, ainsi que Moussavi (alors 1er ministre) il a modifié la constitution pour octroyer les pleins pouvoirs à son organe d’arbitrage, le Conseil de Discernement de l’intérêt du régime. La manipulation a permis d’exclure tous les rivaux religieux ou miliciens de Rafsandjani et a également permis la centralisation du pouvoir au sein du régime chaotique de par sa composition.

Après ce sauvetage du système autour de Rafsandjani, les Britanniques ont aussi commencé une grande campagne médiatique pour le présenter comme un modéré pragmatique afin d’engager Washington à cesser ses sanctions. Mais Washington n’a pas flanché. Il a même placé Rafsandjani sous mandat d’arrêt international pour déstabiliser face à ses rivaux internes. Rafsandjani a calmé la fronde en offrant à ses rivaux du clergé et des Pasdaran des sièges de son Conseil (directoire) de Discernement (CDIR). Il s’est aussi retiré de la présidence. Il a mis en place l’un de ses employés des services secrets, le mollah charmeur Khatami pour poursuivre la politique de la fausse modération. Il a placé à ses côtés un autre mollah sécuritaire, Rowhani, chef du bureau des études stratégiques du CDIR, dans le rôle de négociateur pour épuiser Washington dans marchandages procéduriers via des intermédiaires toujours plus nombreux (d’abord les Britanniques, puis la Troïka, puis la Russie, à nouveau Troïka...). Washington s’est lassé de ses manœuvres dilatoires : il a durci ses positions en évoquant des frappes préventives...

En 2005, Rafsandjani tenu en échec, encore critiqué par ses rivaux, est alors revenu à une politique dure grâce à Ahmadinejad, un autre de ses employés des services secrets. Rafsandjani a aussi dû offrir la direction des négociations avec Washington à son plus important rival d’alors Ali Larijani (directeur des médias du régime). Ce retour à une politique d’intimidation délibérée a été encore une erreur tactique car elle a permis à Washington de transférer le dossier au Conseil de Sécurité et légitimer ses sanctions financières à venir. La contestation interne a gagné les Bazaris, ainsi que les Pasdaran et les mollahs de base. La participation aux manifestations officielles a chuté. Le régime s’épuisait.

Après l’adoption des premières sanctions fortes en 2007-2008, le régime a vite manqué de devises et s’est retrouvé avec un risque de pénurie. les dirigeants siégeant au Conseil de Discernement n’ont pas flanché, de plus pour continuer sans épuiser leurs ressources, ils ont forcé les gens à consommer moins en multipliant sans cesse les prix de produits de grandes consommations. Cette mesure injuste, insensée et fort dangereuse a entraîné la rupture définitive des Pasdaran et des Bassidjis de base et a parachevé l’isolement des dirigeants.

Il est alors devenu clair à tous les dirigeants ou les responsables qu’ils devaient négocier des garanties de sécurité pour fuir avant que le régime rongé de l’intérieur ne s’effondre. Pour avoir le monopole du dialogue, Rafsandjani a écarté son rival Ali Larijani du Conseil iranien de Sécurité, organe chargé des négociations avec Washington. Larijani a commencé à diffuser des dossiers de la corruption de Rafsandjani et ses alliés politiques pour les écarter du pouvoir.

Le système était en danger. Londres a rétabli l’ordre par l’intermédiaire de son pion médiatique Tavakkoli en discréditant Larijani. Puis via la BBC, il a inventé le Mouvement Vert avec Moussavi (proche de Rafsandjani) pour donner une nouvelle légitimité démocratique au régime islamique en difficulté et à ses serviteurs afin d’ôter toute possibilité à Washington de continuer à les sanctionner. Mais, le peuple autorisé à manifester a oublié Moussavi et les meneurs officiels en révélant son hostilité par le slogan de Mort à la république islamique. Les Pasdaran de base ont laissé faire montrant leur soutien tacite à un changement de régime. Washington a ignoré ce soulèvement , ses alliés comme la France se sont aussi alignés sur cette position. Ils ont laissé Rafsandjani et ses amis des services secrets mater le soulèvement.

(VERT BIS). Rafsandjani avait néanmoins failli renverser le régime. Son échec l’a amené à partager le pouvoir en offrant le poste clef du Pouvoir Judiciaire aux Larijani. Puis il a tenté une nouvelle version du Mouvement Vert pour aboutit à une nouvelle république islamique avec la participation des pions de Washington. Ce projet a aussi échoué faute d’un soutien du peuple et des forces dissidentes. Au même moment, le peuple a confirmé son envie de changement de régime et de retour des Pahlavi par une grande manifestation en l’honneur de l’anniversaire de la naissance de Reza Shah, le fondateur de l’Iran moderne et laïque. Les Pasdaran ont désobéi aux ordre en laissant faire confirmant leur adhésion à ce projet. Le régime était clairement condamné. Les hommes d’affaires du régime ont commencé à vendre leurs avoirs et à acheter de l’or et des dollars pour quitter le régime totalement rongé de l’intérieur. Les Larijani et les Chefs Pasdaran ont sans évoqué la puissance policière du régime et des pendaisons collectives pour intimider ces compagnons paniqués et contenir le peuple qui souffrait encore d’avantage. Mais ils n’ont jamais pu montrer leurs troupes ni aller trop loin par peur de provoquer une exode massive de leurs compagnons ou une explosion populaire.

Rafsandjani a alors lâché les Britanniques pour tenter de passer un deal avec les Américains. Londres et les adversaires internes de Rafsandjani étaient sur les dents, faisant tout pour entraîner le régime dans un excès contraire aux marchandages en cours, mais finalement, en décembre dernier, Rafsandjani a compris qu’il n’obtiendrait aucune garantie des Américains. Il a alors retrouvé le soutien de Londres et de ses médias. Il s’est mis également à parler de Réconciliation Nationale et son Mouvement Vert a scandé « Mort à la République Islamique ». Rafsandjani lâchait le régime exsangue pour se rallier au peuple afin d’obtenir son pardon et au passage, dans l’intérêt de Londres, il sabotait le régime islamique pour bloquer le retour des pions islamiques de Washington. Les Larijani et les Chefs Pasdaran de la police dont les noms restent associés aux répressions ont dénoncé le projet comme une déviation dangereuse, mais le clergé lié à Londres ne l’a pas condamnée. Le clergé allait aussi participer au sabordage du régime agonisant pour restaurer son image !

En février dernier, alors que le régime était ainsi en décomposition, il a été confrontée à l’émergence d’une contestation populaire très forte avec notamment des attaques contre le régime et ses mosquées à Ispahan. Les partisans de la déviation ont voulu accélérer le processus par un grand rassemblement dans le grand stade de foot à Téhéran, mais le peuple et des éléments dissidents ont boycotté ce rassemblement. La solution de déviation opportuniste étant en panne, les nantis du régime ont paniqué, ils se sont mis à stocker de tout à acheter de l’or et des dollars, mettant la banque centrale en difficulté. Rafsandjani a craint que ses lieutenants ne le lâchent ou ne le sacrifient en échange d’un deal avec Washington : il a décidé de se représenter aux élections pour avoir une tribune et l’opportunité de réunir des foules afin d’avoir les moyens de lancer le plus rapidement possible sa déviation express pour sauver sa peau.

Washington a alors annoncé qu’il allait sous peu interdire toute exportation d’or vers le pays dans le but d’amplifier la panique des hommes d’affaires du régime. Les dirigeants déjà très isolés étaient face à une énorme crise. Ils n’avaient plus aucun intérêt à cautionner d’aucune manière la solution (de Rafsandjani et de Londres) basée sur l’amplification de la crise. Les grands ayatollahs du clergé, qui à la tête du Conseil constitutionnel devaient trancher en faveur ou contre la candidature de Rafsandjani, ont privilégié leur vie : ils ont invalidé sa candidature pour sénilité, rompant au passage avec 150 ans de servilité vis-à-vis de Londres.

L’éviction de Rafsandjani et la rupture avec Londres a permis l’émergence d’un nouvel ordre politique chaotique formé par les grands mollahs du clergé, mais aussi les exclus des décisions comme les Larijani et donc le pouvoir judiciaire, les Chefs Pasdaran, les derniers sécuritaires fidèles et enfin les intellectuels propagandistes entre autres les journalistes. Au sein de cet nouvel ordre chaotique, les grands du clergé ont choisi Jalili, le chef du Conseil de sécurité du régime, responsable des négociations nucléaires et auteur des discours incendiaires d’Ahmadinejad comme leur prochain champion pour un nouveau bras de fer destiné à contraindre Washington à leur céder des garanties de sécurité.

Mais les Larijani avaient vite rejeté Jalili car il n’a jamais été un de leurs amis. Cette querelle avait permis aux autres candidats d’espérer Rowhani, ex-proche de Rafsandjani, responsable des stratégies sécuritaires du régime, ex négociateur nucléaire, et aussi ex-responsable de la base militaro-industrielle Khatom-ol Anbia des Pasdaran, avait profité de la division au sein du nouvel ordre pour évoquer son admiration pour Erdogan, se plaçant comme un bon interlocuteur de Washington (pour obtenir le soutien du clergé à sa candidature, mais sans y parvenir car il avait seulement su par le passé énerver Washington). Ghalibaf, ex-patron de la police, a laors tenté de s’imposer au clergé avec l’aide des des Chefs Pasdaran et par la force, mais n’y est pas parvenir.

Au même moment, la situation interne s’est dégradée : deux grandes manifestations en honneur de Khomeiny ont été massivement boycottées, le Bazar s’est mis en grève, la bourse a chuté à la suite d’une nouvelle sanction visant la pétrochimie et il y eu des émeutes dans l’ouest du pays en raison d’une pénurie de pain. Les dirigeants du nouvel ordre ont panique : ils ont tenté de canaliser un éventuelle agitation généralise par la relance du Mouvement Vert Rowhani, qui est assurément le plus opportuniste des politiciens actuels, a rejoint le mouvement alors que par jalousie il n’avait jamais soutenu Moussavi et avait même demandé des punitions contre lui après son échec...

Cette relance du Mouvement Vert n’a eu aucun succès populaire, mais Washington qui a en horreur la chute du régime islamique a apprécié ce choix du régime et le choix opportuniste de Rowhani et a vu en ce dernier un bon passeur vers ses attentes ou ses pions. Il a salué sa candidature. Rowhani (ex-bête noire de Washington) est de facto devenu le partenaire privilégié des marchandages avec Washington (ou la condition d’un gel des sanctions). Le vent a tourné en sa faveur : le clergé, patron du nouvel ordre interne, a lâché Jalili. Les médias ont annoncé des soutiens forts à Rowhani pour justifier son élection.


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La semaine dernière, les autres candidats ont essayé de tenir face à cette propagande, mais ils n’y ont pas parvenu. Pour autant Rowhani n’a pas su mobiliser en interne ou duper les jeunes et il n’a jamais pu dépasser le seuil de 250 personnes dans ses déplacements. Le régime a sans cesse été obligé de trafiquer les images pour dissimuler le boycott à presque 100% de son dernier soi-disant modéré Rowhani aussi bien par ses proches que par le peuple.

Le boycott de Rowhani qui était synonyme d’un rejet du régime a été confirmé par un boycott absolu des élections par le peuple et les forces dissidents comme les militaires de base, les Pasdaran de base, les Bassidjis, les mollahs de base On n’a également pas vu voter les riches proches du régime ou encore les chefs Pasdaran qui n’ont pas pu imposer leur candidat. Le boycott a aussi continué par l’absence de tout rassemblement de joie après les résultats partiels donnant une victoire écrasante à Rowhani. Or, le régime avait besoin de ces rassemblements pour confirmer les résultats et donner une légitimité absolue à Rowhani pour reprendre ses manoeuvres dilatoires pour excéder Washington et l’amener à un deal plus favorable pour le régime.

La rue résistait au régime et contrait ses plans ! Le régime a annoncé les résultats avec 20heurs de retard, le lendemain, le samedi au soir, pour dissimuler la pénurie d’enthousiasme populaire dans l’obscurité de ses villes. En tout nous avons pu dénombrer 100 personnes à Téhéran et 120 dans 3 villes du reste du pays (Kerman, Rezâyieh et Gorgan) pour célébrer la victoire de Rowhani, ce qui prouvait au passage que le personnage avait réellement peu de personnes à ses côtés et n’avait pas l’assise nécessaire pour reprendre ses manoeuvres dilatoires destinées à manipuler Washington pour obtenir des garanties de sécurité pour les membres du clergé.


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Cette semaine, le nouveau président, honni par le peuple, rejeté par les nantis du régime et les Chefs Pasdaran devaient assoir son pouvoir par des alliances ou des propos rassurants pour les rivaux internes et pour pour les nantis du régime. La tache était difficile. En fin de semaine, il y avait aussi l’anniversaire de Neda, le symbole du soulèvement du peuple iranien en 2009. La situation pouvait dégénérer. Washington a profité de ce passage difficile pour Rowhani : il lui a proposé un dialogue en direct (c’est-à-dire sans ses alliés ainsi que les Russes ou les Chinois). Rowhani a repoussé l’offre, les nantis du régime ont davantage paniqué. Le peuple qui résiste au régime a aussi saisi l’occasion d’une victoire en coupe du monde de football pour envahir les rues avec des slogans hostiles... Les dirigeants ont constaté que les forces de l’ordre étaient avec le peuple... A l’heure d’un possible naufrage, les luttes internes pour être l’accès aux marchandages avec Washington ont repris... Voici le récit en image d’une semaine confirmant la décomposition du régime à tous les niveaux.



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La semaine dernière a été marquée par le boycott de Rowhani et du processus électoral par le peuple, les forces dissidentes, ainsi que les chefs Pasdaran (exclus de facto des marchandages avec Washington).

Mais, l’annonce officielle de la victoire écrasante de le soi-disant modéré Rowhani, en fait spécialiste des manœuvres tactiques -malgré le boycott interne des chefs Pasdaran- a prouvé d’une part que les Chefs Pasdaran étaient réduits à leur individus et n’avaient pas les moyens de s’imposer et d’autre part, que pour la majorité de derniers fidèles du régime, dans le climat de l’instabilité ambiante, la seule n’était pas de partir en guerre contre Washington et amplifier les mécontentements, mais calmer les nantis et le peuple par la promesse de la modération tout en engageant une négociation tendue et indirecte avec Washington ou plutôt contre Washington pour l’excéder par une approche procédurière afin de lui arracher des garanties de sécurité. Une majorité des responsables avait en fait choisi une résistance molle à la place d’une résistance dure de peur de provoquer (ou précipiter) l’explosion du système en décomposition, sans savoir que serait la réponse de cette résistance molle à une nouvelle panique des nantis ou une nouvelle agitation populaire.

Samedi 15 juin 2013 (25 Khordad 1392), dans l’attente de résultats officiels, puis après l’annonce de sa victoire écrasante, l’absence de manifestation populaire ou interne en faveur de Rowhani avait confirmé l’hostilité du peuple, son isolement interne et donc la difficulté de sa tache. L’absence de félicitations émanant de diverses institutions et grandes figures du régime a accentué l’isolement de Rowhani, le candidat du clergé. Rowhani devait reprendre tout en main en tendant la main à ses rivaux et aussi en rassurant les hommes d’affaires du régime car leur rupture définitive sera fatale au régime. Rowhani devait agir vire car il y avait l’anniversaire de la mort de Neda, figure très populaire du soulèvement du peuple iranien, mais aussi une autre possibilité de manifestation populaire hostile après un important match de foot...

La Maison-Blanche a alors déclaré qu’elle respectait le choix du peuple iranien et a invité Rowhani de profiter de l’occasion pour négocier (coopérer). Londres a aussi lié Neda au Mouvement Vert par une interview du père de Neda évoquant son admiration pour Bani-Sadr, ex-révolutionnaire islamique en 1979, tombé en disgrâce en 1982 et plus récemment actif au sein du Mouvement Vert via son fils. Or le père de Néda avait à maintes reprises évoqué par le passé que sa fille n’avait rien à voir avec le Mouvement Vert et avait manifesté contre le régime pour réparer l’erreur commise par la génération de son père.

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Pour résumer, le régime était très divisé, par ailleurs rejeté par le peuple et les forces dissidentes, il redoutait des manifestations, son nouveau président tardait à agir.., les Etats-Unis lui ont proposé un deal et la Grande-Bretagne, un retour à une fausse révolution de couleur...

Dimanche 16 juin 2013 (26 Khordad 1392), Rowhani, grand spécialiste de bluff et de manipulation, n’a pas flanché sous le poids des problèmes : il n’a pas répondu aux félicitation de Washington, il n’a fait aucun geste de complaisance vis-à-vis de Moussavi, chef du Mouvement Vert, et par ailleurs, il n’a tendu aucune main à ses rivaux ! Il n’était pas là pour dialoguer avec Washington dont visiblement pour our reprendre sa politique passée de manœuvres dilatoires. Son attitude hautaine vis-à-vis de ses rivaux à aussi montré qu’il ne voulait pas partager le pouvoir au détriment des intérêts du Clergé.

Dans la foulée, les médias officiels ont confirmé le retour aux dialogues indirectes du début des années 2000 sous la direction de Rowhani en diffusant des ses images dans son rôle de négociateur face à la Troïka, en compagnie de divers ministres des affaires étrangères de l’époque (de Villepin, Jack Straw et Joschka Fischer), puis en aimable compagnie chez Jacques Chirac ou avec Poutine.

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Or à cette époque le régime mettait en avant l’amitié et le soutien de la Grande-Bretagne et la complicité entre Rowhani et Jack Straw, alors ministre des affaires étrangères de Tony Blair. Mais nous n’avons vu aucune trace de la célèbre photo évoquant la proximité des deux hommes. Le régime indiquait un retour à ses procédés de division du camp occidental mais sans l’apport de Londres, avec la volonté évidente de remplacer les Britanniques dans le rôle de diviseur par les Français ou par les Russes.

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Avec cette approche et le mépris de Rowhani vis-à-vis de ses rivaux, le régime allait vers plus de sanctions et plus de tensions internes. Les hommes d’affaires du régime ont naturellement paniqué. Dans une discussion avec un agent du régime, par une gaffe de ce dernier, nous avons appris que le dollar maintenu de force à 3300 tomans venait de monter au dessus de 4400 tomans, soit en quelques heures une hausse record de plus de 33% (le double du taux moyen de pression en temps de crise). Les gens du régime achetaient des dollars en prévision à un effondrement certain en cas de l’aggravation des sanctions et des querelles internes. Pour éviter que la panique ne se propage, les médias serviles du régime ont alors annoncé une baisse du billet vert. La France, qui ne veut pas de la chute des mollahs, a censuré l’info en faisant reprendre par RFI l’intox énormissime des agences de presse du régime. Mais à Téhéran, l’intox et la censure n’ont pas pu freiner la ruée vers le dollar : la direction du régime confrontée à une fonde rapide de ses maigres réserves en dollar, devait changer de ligne. Il n’y a eu aucun changement de ligne. Le clergé a seulement tenté de sauver son candidat par de nombreuses félicitations sur-médiatisées.

Rowhani a alors pris la parole pour affirmer que sa priorité était le redressement économique et « qu’il ne fêterais pas sa victoire avec son staff avant d’avoir enregistrer des bons résultats économiques ». Mais cela n’a pas calmé la panique car il n’avait rien dit sur le dialogue avec Washington et aussi rien sur un partage de pouvoir avec ses rivaux. Par ailleurs, il n’a annoncé aucune mesure économique. Enfin, vu qu’il n’a pas vraiment un grand nombre de partisans, il profitait de l’annonce pour éviter une fête susceptible de confirmer son isolement et manque de troupes fidèles. Par la suite pour calmer la panique, on a été bombardé de rumeurs faisant d’état de la formation en cours d’un cabinet composé de ministres venant de tous les horizons : « des ex-Rafsandjani comme Torkan et Zanganeh (agent des détournements bancaires et pétroliers de Rafsandjani), Shamkhani issus des Pasdaran, Sayyari, chef de la marine et enfin Nahavandian, le 1er lieutenant financier d’Ali Larijani... Mais en dehors de Nahavandian, tous les autres étaient d’ex-collaborateurs de Rowhani quand il était un des lieutenants de Rafsandjani. Rowhani ne s’ouvrait pas à ses rivaux, il essayait de récupérer de composer une équipe soudée de gens qu’il connaissait en dépouillant le réseau de Rafsandjani. L’absence d’images le montrant en train de consulter ses adversaires a aussi remis en cause l’ouverture et n’a pas permis l’apaisement de la crise de panique interne.

Le régime était encore en crise, ne reculait pas des positions de ses chefs et ne savait comment calmer la crise ! Washington a puni son refus de deal par des révélations d’un célèbre agent iranien, le vieux journaliste Nourizadeh, sur le passé de Rowhani. Puis la Maison-Blanche a encore félicité « le peuple iranien d’avoir choisi un modéré partisans de dialogue », indiquant presque à Rowhani la ligne à suivre pour changer d’attitude. Toux ceux qui n’avaient pas félicité Rowhani, comme notamment Rafsandjani, se sont précipités pour le faire, pour ne pas rater le train d’un deal avec Washington...

Les Britanniques n’ont pas apprécié les efforts de Washington et cet enthousiasme pour un deal du côté du régime. Pour saboter le dialogue à venir, Londres a évoqué, via The Independent, l’envoie prochaine de 4000 Pasdaran en Syrie (annonce bidon car si le régime avait ses soldats à ses côtés, il les aurait utilisés pendant son show électoral). Par ailleurs, Reuters a aussi annoncé de grands rassemblements autour des maisons de Moussavi et Karroubi, avant de pousser les gens à manifester dans les rues par la fausse annonce, via YouTube, de la mobilisation d’1 million de personnes à Téhéran en faveur de Moussavi ! Mais personne n’a bougé en faveur de Moussavi dont le mot d’ordre était, une révolution interne pour revenir à l’époque glorieuse de Khomeiny !

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Lundi 17 juin 2013 (27 Khordad 1392), les médias du régime ont enfin évoqué la hausse du dollar, sans pour autant donner de chiffre. La situation restait donc tendue et ne s’était pas pas améliorée après les molles rumeurs d’ouverture aux autres clans du régime.

Des médias officiels ont aussi annoncé l’arrestation matinale et discrètes de plusieurs Bazaris et la saisie de tous leurs biens : une solution punitive qui avait été évoquée à maintes reprises par les frères Larijani après la première crise de dollar, mais n’avait jamais été appliquée. Au taux normal de progression de 17%, le dollar devait certainement être monté plus haut vers les 5000 tomans, son record absolu depuis l’avènement de cette crise chronique, pour contraindre Rowhani d’adopter cette solution radicale. Visiblement Rowhani avait demandé un coup de main du pouvoir judiciaire des Larijani, passant de facto de la résistance molle à une répression sourde pour intimider le Bazar et le contraindre d’arrêter les ventes de dollars pour étouffer la crise. Rowhani a ainsi démontré que sa résistance molle n’avait été qu’une façade, ce qui laissait aussi présager le recours à des menaces latentes dans sa politique de bras de fer larvée face à Washington. Quand dans la foulée de cette crise sans précédente, Rowhani a annoncé la tenue d’une conférence de presse internationale pour exposer ou révéler ses vues aux médias étrangers, on a craint un possible durcissement de sa politique pour faire plier Washington avant qu’il ne soit trop tard.

Rowhani et le régime n’étaient pas en forme. Ali Larijani, qui avec l’aide de son frère Sadegh Larijani (chef du Pouvoir Judiciaire) l’avait aidé tôt le même matin pour terroriser le Bazar, a demandé à le rencontrer pour lui donner des conseils (en fait pour lui rappeler son utilité, obtenir des avantages ou des ministères clefs et faire partie du deal à venir). Il entendait aussi profiter de ses difficultés pour prendre de la hauteur au sein du régime et devenir un possible remplaçant en cas de l’échec de la politique de bras de fer larvée de Rowhani. Ce dernier a bien compris le jeu de son interlocuteur qui est un rival et un allié. Il a accepté de le recevoir dans ses bureaux au Centre des Etudes Stratégiques du Conseil de Discernement, mais il n’est pas allé à sa rencontre sur le seuil de l’entrée, le recevant par un subalterne, puis lui montrer sa supériorité. Puis il l’a réellement déprimé en le faisant traverser de longs couloirs accompagnés d’autres subalternes avant de le recevoir avec un large sourire dans ses bureaux.

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On ne sait ce que les deux hommes se sont dit, mais au retour au Parlement, Ali Larijani était euphorique. Son 1er lieutenant, le grand vilain Bahonar était aussi très courtisé par les quelques députés encore fidèles au régime et présent et ne pouvait contrôler sa joie.

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Tout le monde a assez vite compris que Larijani avait obtenu le droit d’attaquer Rafsandjani car immédiatement, le président sortant Ahmadinejad, le dernier pion exécutif de Rafsandjani, a été convoqué au tribunal criminel sur une plainte du président du Parlement Ali Larijani alors qu’il bénéficiait encore de son immunité. Rowhani avait permis à Ali Larijani le droit d’utiliser à sa guise le pouvoir judiciaire contre leurs ennemis communs, Rafsandjani et ses pions. Rowhani devait juger la fin était proche pour s’en prendre à Rafsandjani pour le neutraliser et sans doute aussi pour s’emparer de ses biens ou obtenir les clefs d’accès à ses avoirs à l’étranger.

Panique à bord ! Ahmad Tavakkoli, pion direct de Londres, défenseur permanent de Rafsandjani s’est alors approché de Haddad-Adel, rival de Rowhani. Après un bref dialogue, Tavakkoli a opté pour le silence et Haddad-Adel qui n’avait pas félicité Rowhani, lui adressé des vœux de réussite et s’est dit disposé de le servir !

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Tout cela ne pouvait qu’amplifier la panique interne et provoquer une nouvelle ruée vers l’or et le dollar. Au même moment, Rowhani devait passer devant les journalistes étrangers pour exposer ses points de vue ou plus exactement commencer le bras de fer puisque la situation se dégradait.

Yasser, le dernier fils de Rafsandjani a joué des coudes pour assister à la conférence pour montrer sa famille de proche de Rowhani et remonter la cote de sa famille forcément en baisse depuis l’attaque des Larijani. Rowhani n’a pas empêché cette présence. CE qui peut être interprété comme la volonté d’un deal avec le clan Rafsandjani pour obtenir une part de leur bien en échange d’un sauvetage des griffes du clan Larijani. On avait là l’ébauche d’une nouvelle guerre interne, bien réjouissant pour l’opposition.

Les médias du régime ont beaucoup parlé de cette présence (sans pour autant l’analyser) juste pour faire diversion sur un autre fait : il n’y avait aucun attroupement dans les villes en particulier à Téhéran pour écouter Rowhani alors que normalement dans tous les pays en crise, quand le président voire un nouveau président expose un nouveau plan pour sortir des difficultés, tout le monde arrête de travailler pour l’écouter devant des magasins de télévisions ou devant les écrans TV des cafés. Le peuple qui avait boycotté Rowhani et ignorait la crise était resté indifférent à sa sortie médiatique. Le régime qui a besoin de montrer un soutien populaire à son poulain a seulement pu organiser un seul petit rassemblement dans une petite mosquée de la région plutôt éloignée de Zandjan avec des figurants d’origine modeste et ne montrant aucun intérêt pour le premier discours de Rowhani.

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En raison de l’aggravation de la situation du régime par la panique financière, les divisions internes et l’impopularité évidente de son champion, Washington a encore tenté le deal par l’intermédiaire d’un journaliste de la chaîne d’info NBC demandant à Rowhani son avis sur les félicitations de la Maison-Blanche et sa disposition au dialogue direct et apaisé proposé par Washington.

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Rowhani n’a rien dit des félicitations de Washington, mais il a répondu que tout dialogue passait par la reconnaissance du droit du régime au nucléaire et que le peuple iranien ne reculerait pas sur ce point. Puis en réponse à France 24, il a remis en cause d’une manière catégorique toute possibilité d’un gel de l’enrichissement confirmant que par le droit au nucléaire, il entendait le droit à toutes les activités nucléaires et la fin de la diabolisation du programme nucléaire iranien, autrement dit qu’il exigeait dans un langage soft l’abandon des accusations et des sanctions déjà adoptées par Washington. Il a aussi rejeté l’option d’un dialogue direct avec Washington en affirmant qu’il était parvenu à un accord final avec Chirac en 2005 incluant le droit à l’enrichissement, mais l’accord avait été saboté par les Britanniques, exigeant dans son langage alambiqué une reprise de négociations pour relancer cet accord avec Chirac (qui était l’un des plusieurs accords de principe tentés par la France au sein de la Troïka ou UE3 pour éviter des sanctions au régime dans le sens des intérêts français. Les britanniques contrairement à ce qu’a dit Rohani étaient alors très actifs pour la réussite de ce plan privant Washington d’un moyen de pression sur ce régime assurant ses intérêts dans la région. La preuve est la complicité affichée par Rohani avec Jack Straw à la même époque et au-delà (photo d’ISNA prise en 2006), mais aussi les efforts de la BBC pour amener l’opinion occidentale à soutenir un accord avec le régime.

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On a compris que Rohani, le représentant du nouvel ordre politique en rupture avec les Britanniques, voulait exclure les Britanniques car ils ne sont plus dans une optique de préservation du régime et pour leur intérêt tentent d’accompagner ses opposants.

En fait on peut dire que Rowhani a, dans l’intérêt de ses chefs, renoué avec sa politique passée de bras de fer larvée et de division du camp occidental, mais sans les Britanniques... reposant tous ses espoirs sur les Français pour perturber le jeu de pression de Washington, afin l’excéder et pouvoir lui vendre une transition de pouvoir vers ses pions en échange de meilleures garanties de sécurité ! La France choisie pour jouer le diviseur n’y a vu que du feu, elle a lancé ses médias et ses diplomates à courte vue dans l’éloge de Rowhani sans se douter qu’elle n’y gagnerait rien !

Enfin, la nouvelle équipe en place à Téhéran a conclu sa rupture avec les Britanniques dans un private Joke en laissant un homme crier un slogan en faveur de Moussavi pour rire de lui et annoncer que la déviation n’avait plus aucune chance !

Washington a constaté avec désespoir que les ayatollahs dominant le jeu étaient des adversaires coriaces et déterminés. Il devait augmenter la pression, mais sans adopter de nouvelles sanctions pour ne pas aggraver la colère interne et ne pas entraîner la chute du système qu’il veut transférer à ses pions. Il a finalement décidé d’esquiver l’affrontement, attendre, laisser mijoter le régime divisé en espérant que les tensions internes amènent leurs adversaires à revenir en arrière et adopter une position moins radicale.

Mais Rowhani a contre-attaqué : après avoir relancé le bras de fer avec Washington et avoir impliqué la France dans son jeu de carte, il s’est rendu sur le tombeau de Khomeiny, le voleur de la révolution américaine de 1979 dans le but de mieux narguer Washington et ne lui laisser aucune possibilité d’esquiver le combat. A l’occasion de ce pèlerinage, il n’y eut aucun attroupement pour l’applaudir : ce fut une nouvelle occasion de constater son impopularité et son isolement, ainsi que l’impopularité de Khomeiny et du régime. Le peu de gens présents sont d’ailleurs repartis derrière lui, laissant deviner qu’ils font partie de ses proches !

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Washington a alors révélé via la branche persane de la chaîne publique Voice of America des vidéos d’archives montrant le parcours sans modération de Rowhani pour lui rappeler qu’il connaissait son passé et pouvait utiliser ces documents pour justifier des attaques contre lui, mettant fin à sa carrière, l’excluant du processus des marchandages. On y voyait aussi Rohani décrire sa carrière sécuritaire et l’entendait dans l’un de ses discours enflammer, attribuer à Khomeiny le titre hautement religieux d’Emam, réservé au grand saint du chiisme.

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Rowhani, le dernier négociateur du régime désespéré, en place pour sauver ses chefs et ses pairs, n’a pas flanché. Washington a mis un autre pas en avant en publiant dans le New York Times, un article affirmant qu’il était non pas un modéré, un modéré du clan des ultras, préparant l’opinion à la révélation de son vrai parcours d’ultra ! Mais cette offensive molle n’a pas dérangé Rowhani et les ayatollahs qui n’ont plus rien à perdre et doivent tenter le tout pour le tout.

Les gens du régime se sont retrouvés bien loin de la modération tactique de Rowhani pendant la campagne et ont compris que Rohani avait en fait bien manoeuvré sa barque pour s’approcher de Washington et lui plaire afin de récolter son soutien et s’imposer comme un joueur incontournable face à l’Amérique. Les gens du régime ont découvert un rival très manipulateur, bien plus rusé que Rafsandjani. Ils devaient se rallier à lui ou l’empêcher de tisser son réseau ou encore contrer ses alliés pour ne pas se retrouver Ils ont compris qu’il était dangereux et pouvait devenir un autre Rafsandjani.

Mardi 18 juin 2013 (28 Khordad 1392), l’ex-tortionnaire Shariat-Madari, qui dirige le principal quotidien du régime, Keyhan, s’est rangé dans le camp des adversaires du développement du réseau de Rowhani en critiquant son grand allié du moment, Ali Larijani d’avoir inculpé en dehors des règles d’usage le président sortant Ahmadinejad. Le régime était engagé dans un gros bras de fer avec Washington, ikl était face à une crise interne, mais ses responsables cherchait à privilégier leur propre intérêt ! Ahmadinejad a profité de l’occasion pour clamer son innocence. Il a aussi demandé une audience à Rowhani qui l’a reçu aussi chaleureusement que son bourreau Ali Larijani. Mais il ne pouvait pas apprécier pareillement les deux hommes à moins de chercher encore à manipuler ses rivaux en les confrontant ou en les divisant.

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Larijani qui était critiqué par le principal quotidien du régime et manipulé par le nouveau président a nié é tout lien avec la convocation d’Ahmadinejad. Il a attribué la demande à l’un de ses fidèles parlementaires, montrant par la même occasion son impuissance face à la presse et sa peur d’un retournement des alliances.

Parallèlement à ses querelles internes conformant la décomposition du régime, le direction des Pasdaran devait organiser à l’occasion de l’anniversaire de la naissance d’Ali-Akbar, le fils de Hossein, un rassemblement nommé Festival d’Ali Akbar pour primer les jeunes miliciens méritant du Bassidj (la milice anti-émeutes). Mais en raison de la rupture des Bassidjis depuis 2010,cette dernière édition du festival d’Ali Akbar est devenu une source de détresse pour le régime, ses chefs Pasdaran dont Naghdi, le chef du corps aujourd’hui inexistant de Bassidj. Cette fois, les chefs isolés des Pasdaran ont tenté de faire diversion en annonçant un grand rassemblement à l’intérieur de l’ex-ambassade américaine de Téhéran qui fût occupée par les partisans de Khomeiny car la mobilisation a été très basse et les rares miliciens présents en salle ou en scène pour recevoir des prix étaient assez vieux et bien incapable de résister à un soulèvement.

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Dans la soirée, il y avait un important match de foot donc un risque de manifestations susceptibles de dégénérer en émeute hostile au régime. Le régime isolé, honni et manquant de troupes a joué la prudence en évitant des déclarations nucléaires provocatrices susceptibles d’amplifier la panique interne, mais dans le même temps, il a aussi annoncé de nombreuses arrestations (fictives) par sa police pour se montrer fort et dissuader les actions hostiles.

Ce choix de propagande intimidante a informé les Etats-Unis, que le régime manquait de puissance et était en danger. Obama, alors en Irlande pour le sommet des G8, a félicité le choix courageux du peuple Iranien d’avoir élu un modéré pour entamer le dialogue tendant la perche au nouveau président (du nouvel ordre au pouvoir) en difficulté pour ouvrir les négociations pour la capitulation du régime avant qu’il ne soit renversé par le peuple.

Les ayatollahs n’ont pas cédé. Une nouvelle hausse sur le marché de dollar a été signalée, mais sans que les médias du régime précisent le dernier taux record du billet vert. Les ouvriers du groupe Azmayesh, ancien géant du marché des produits ménagers avant la révolution, ont alors annoncé la faillite de ce groupe. Les médias du régime ont dans le même fait état de la faillite des phases 20 et 21 du développement du champ gazier Pars Sud et enfin d’un contrat d’achat de 10 plateformes de forage à la Chine, faisant état de l’incapacité du régime à les produire en raison d’un manque de moyens. Tous les voyants étaient passés d’un seul coup en rouge. Les ayatollahs étaient face à un risque d’explosion. Ils ont cessé d’évoquer leur refus de modération. Par ailleurs, par prudence, ils ont installé des écrans géants sur dans les parcs pour canaliser les manifestations à venir loin des rues populaires. Mais en début de l’après-midi, au moment du match, il n’y eu qu’un seul petit rassemblement autour d’un de ces écrans. Le peuple boycottait d’instinct les écrans du régime et ce dernier ne pouvait pas en conséquence canaliser et gérer les manifestations à venir. Les écrans installés dans le Bazar et dans les cafés étaient aussi désertés, les gens (qui ont tous d’importants problèmes économiques) étaient trop déprimés ou préoccupés pour s’accorder une pause et s’amuser avec un match.

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Le régime avait un cocktail de boycott, de déprime et de désespoir qui l’exposait à des manifestations hostiles sinon houleuses en cas d’une défaite de l’équipe nationale. La victoire de l’équipe iranienne a permis au régime d’espérer une soirée moins difficile et une présence heureuse du peuple dans la rue. Par prudence, il a tout de même organisé dans toutes les villes, sur les plus grandes avenues, en présence de ses médias et de ses derniers policiers fidèles des manifestations encadrées avec des grands drapeaux officiels portant en son centre le signe d’Allah (alors que le peuple préfère utiliser des drapeaux fait maison sans ce signe ou le drapeau historique avec le lion et le soleil). Mais le peuple méfiant d’Iran n’a pas été rassuré par le dispositif avec les caméras et s’est gardé de participer à ces initiatives. Au final, on n’a vu que 8 grandes villes du pays dans les reportages officiels, mais rien dans plus d’une centaine de villes de plus 100,000 habitants parmi lesquelles les grandes villes d’Ispahan, Tabriz, Mashad, Karaj, Ahwaz, Bandar Abbas, Rasht, Kerman, Kermanshah.... Autrement dit dans une majorité écrasante des villes, le régime en perte de vitesse, n’avait pas pu trouver des volontaires pour s’afficher sous ses couleurs !

à Téhéran


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à Chiraz


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à Ghazwin


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à Hamedan


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à Qom (siège du clergé)


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à Gorgan, à Bouchehr et à Ardebil


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Les gens non issus du régime ont investi les rues après ces initiatives officielles. A Téhéran, le régime a alors envoyé quelques sbires avec des photos de Rowhani dans la foule et a a installé d’autres portraits géants de Rowhani sur un carrefour pour classer les divers rassemblements présents comme étant des foules de partisans de Rowhani, offrir à ce dernier le rassemblement de joie qui lui avait fait défaut pour assoir sa légitimité.

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Le régime avait même songé à éterniser la scène dès le début de sa formation par une vidéo de cette foule avec un slogan hostile à Jalili et puis un autre attribuant la victoire de l’équipe nationale à un retournement de la chance due à l’élection de Rowhani... mais ce grand détournement a raté grâce à une fille qui par derrière la foule a crié : « ce soir est une nuit de joie, incomplète sans notre amie Neda » (un slogan plus court et plus tonique dans sa version iranienne). La foule détournée à son insu par les chauffeurs du régime a lâché le slogan incongru attribuant la victoire en foot à Rowhani reprenant sans réfléchir le slogan en mémoire de Neda. On n’a alors entendu aucun sifflet de policier, ni le son des gyrophares, et enfin, aucun ordre d’attaque, seulement quelques regards inquiets de manifestant qui pouvaient être d’agents chargés d’encadrer la foule et éviter ce genre de débordement.

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Nous avons également vu des drapeaux faits maison dans ce premier rassemblement échappant au contrôle du régime. Le compte Freedom-Messenger de Youtube lié à Washington a diffusé cette vidéo enquiquinant pour le régime, mais sans expliquer que le peuple avait détourné une manifestation officielle.

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Mais le rassemblement de Téhéran ne fut pas le seul incident de la nuit. A Karaj, la plus grande ville proche de Téhéran, la nuit a pris une bonne coloration anti-régime avec des rassemblements pour chanter l’hymne national royaliste interdit par le régime ou encore pour scander le slogan nationaliste, "Ni Gaza, ni Liban, ma vie pour l’Iran" (qui à l’origine avait été inventé par le Mouvement Vert pour attirer les jeunes sans aller vers le thème extrême du renversement du régime). Dans ce cas, on n’a également pas vu de policiers charger.

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Au même moment, les jeunes étaient dans les rues de toutes les villes en train de danser ensemble. Le régime a diffusé les images mais sans trop s’y attarder car comme à l’exemple du grand rassemblement du boulevard Golsâr de Rasht, les filles et les garçons évoluaient ensemble sans respecter les interdictions imposées par la loi islamique et on ne voyait aucun policier les attaquer. La situation était hors contrôle du régime. A Rasht, on a même vu les policiers défendre les manifestants qui avaient insulté un couple intégriste passant en voiture. On était dans une belle ambiance contestataire.

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Mais cette vidéo extraordinaire postée par un habitant de l’avenue Golsâr n’a pas été reprise et diffusée par Freedom-Messenger car elle montrait le mépris des jeunes pour l’Islam cher à Washington et le complicité des policiers avec ce comportement contre-révolutionnaire. A la place, ce canal américain a diffusé une courte vidéo intitulée la répression terrible à Rasht afin d’étouffer dans l’oeuf la contestation naissante. Mais en regardant bien, on voit qu’il y a très peu de policiers et ils n’attrapent personne !

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A Téhéran, des jeunes avaient alors pris d’assaut la mosquée de Fatemeh Zahra pour molester son responsable sans que la police n’intervienne pour les en empêcher ou pour les arrêter. L’ignoble canal Freedom-Messenger a aussi diffusé une autre vidéo (totalement floue, sans contenu et de seulement quelques secondes) intitulée la terrible répression à Téhéran et les médias d’opposition d’obédience pro-américaine ont relayé cette fausse nouvelle pour casser l’élan de la contestation naissante à la capitale ! Dans notre émissions vers l’Iran nous avons félicité nos jeunes compatriotes pour leur esprit d’initiative, mais les avons évidement mis en garde contre les manipulations de Washington qui venait de retarder leur contre-révolution.

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Mercredi 19 juin 2013 (29 Khordad 1392), la nuit de contestation sans l’intervention de la police ou de ses chefs a mis tous les dirigeants en état d’alerte. La direction des Pasdaran qui avait pêché par lâcheté a nié son rôle en insistant sur sa fidélité du régime. Parmi eux, le commandant Naghdi, le chef désormais virtuel de la milice anti-émeute Bassidj, forcément ridiculisé et passible d’être relevé de son commandement et se retrouver encore plus vulnérable dans ses gardes, a carrément nier la réalité en insistant sur la fidélité des troupes, mais aussi sur la maîtrise de la situation grâce à l’existence d’au moins 20 millions volontaires dormants au sein du Bassidj. Il était débile et ridicule.

Rowhani a alors rencontré Sadegh Larijani, le chef du pouvoir judiciaire. A l’issue de la rencontre, le pouvoir judiciaire a annoncé des dizaines arrestations dans plusieurs villes du pays notamment à Kermanshah, Hamedan et Tabriz, une intox pour nier la passivité de la police et la perte de contrôle de la veille, mais cela était aussi l’aveu que le pays tout entier avait basculé dans la contestation.

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A l’issue de la rencontre entre le futur chef de l’exécutif et le chef du pouvoir judiciaire, le pouvoir judiciaire a officiellement « malmené » de nombreux faux opposants pour réactualiser leur rôle afin qu’ils puissent prendre la tête d’une nouvelle contestation. Par ailleurs, l’avocate issue du régime du martyr imaginaire Sattar Beheshti a aussi demandé la réouverture à son sujet pour entraîner l’opinion à crier son nom à la place de celui de Neda.

Enfin après la propagande et la diversion, le régime a aussi annoncé qu’il organisait une grande fête pour le retour de l’équipe nationale dans les rues de Téhéran et au gigantesque stade Azadi pour montrer que le foot n’était pas devenu un sujet tabou et qu’il faisait peu de cas de la contestation de la veille.

Mais dans la foulée, on a également vu le pouvoir judiciaire s’intéresser aux modalités louches de la privatisation de Hamrah Avval, 1er réseau iranien de la téléphonie mobile, sous la direction de Rafsandjani, ce qui laissait entrevoir la volonté persistante de Rowhani et Larijani de renverser Rafsandjani ou du moins lui mettre la pression pour s’emparer de sa fortune.

Dans le même temps, Ali Larijani a aussi remis en cause par l’intermédiaire de la cour des compte (du Parlement) la gestion du dollar par le directeur de la Banque Centrale alors qu’il a lui-même supervisé cette gestion via la surveillance du Parlement sur la commission bancaire de la gestion de la monnaie. En fait, derrière l’attaque, il fallait deviner une tentative pour virer Bahmani, le pion de Rafsadjani de la direction de la Banque Centrale, et s’emparer de ce poste clef pour les transferts d’argents hors du pays en cas d’une crise grave afin de se placer en haut de la pyramide du pouvoir et en première ligne avant les ayatollahs de Qom pour l’obtention des garanties de sécurité. Cette initiative de Larijani n’a pas été soutenue par Rowhani, signe que Larijani a agi de sa propre initiative et pour lui-même et son clan !

Hossein Shariat-Madari, l’ex tortionnaire de la prison d’Evin qui dirige le journal Keyhan, ex allié de Rafsandjani mais en rupture avec lui depuis son projet de se rallier à l’opposition, a aussi demandé un procès des chefs du « Complot Vert », visant implicitement Rafsandjani,,, afin d’entrer dans les bonnes grâces de Rowhani ou de des Larijani qu’il n’avait jamais défendu !

Ainsi au lendemain d’une crise sécuritaire grave, on voyait à la fois une coalition informelle pour dominer le jeu, mais aussi des initiatives personnelles entre les derniers dirigeants du régime. C’est à dire que que face à un risque élevé, comme toujours, la règle de base était « chacun pour soi » ! Ce qui n’a guère rassuré les derniers compagnons paniqués du régime,

Dans l’après-midi, le peuple devait s’amasser aux abords de l’aéroport pour applaudir le retour de leurs joueurs victorieux, mais le peuple n’a pas été au rendez-vous.

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Au même moment, le stade était également vide ! Le peuple avait visiblement décidé de boycotter le régime et son show en son propre gloire.

Le régime a dissimulé le boycott de la cérémonie du retour à aéroport et le boycott dans les rues par l’affirmation que le déplacement par bus avait été remplacé par un déplacement par hélico pour être le plus vite au stade en raison d’un remplissage inattendu et plus rapide que prévu. Il espérait ainsi conjurer la chance et encourager les jeunes à venir en masse. Mais son plan n’a pas marché. Son discours a changé : il a annoncé un retard de remplissage en raison du trafic provoqué par le cortège ! Il disait n’importe quoi. Finalement, il a annoncé 10,000 participants. A la télévision, sur des cadrages très serrés, on n’a vu que 3 des 38 sections du premier niveau, soit près de 3300 personnes, mais en passant en revue toutes les photos des divers agences de presse, on a pu découvrir, derrière la pluie de confettis et les visages semi souriant des dirigeants présents, un stade quasi désert avec moins d’une centaine de participants, soit le même nombre de figurants qu’à l’aéroport.

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Etant donné que 5 jours plus tôt le régime avait pu réunir quelques 250 personnes pour ses fêtes spontanées dans l’ensemble du pays à la gloire de la victoire de son président, avec seulement soixante personne, le régime était en nettement en recul, totalement boycotté par le peuple, mais aussi par un nombre grandissant de ses derniers collaborateurs. Le lendemain, il y avait l’anniversaire de la mort tragique de Neda. Le régime était sur les dents.

Washington et les autres pays membres du G8 qui tous ont leur raison de préserver le régime islamique en Iran n’ont pas jugé opportun de le charger d’avantage. Dans leur déclaration finale, ils l’ont seulement invité à dialoguer. Le sujet des droits de l’homme a été à peine effleuré afin de laisser le régime se débarrasser de ses contestataires qui ne conviennent pas à ces pays. Seule la Russie qui craint un deal très contraire à ses intérêts avec Washington a insisté sur la nécessité d’un dialogue multilatéral.

Jeudi 20 juin 2013 (30 Khordad 1392), Rowhani est resté ferme sur le nucléaire car il n’est pas pour plier mais pour encaisser les coups et mener un bras de fer pour obtenir des garanties de sécurité pour ses chefs. L’anniversaire Neda pouvait déclencher de nouvelles contestations. Mais en l’absence d’un mot d’ordre de l’opposition, il n’y a eu malheureusement aucune manifestation de ce genre. Le site ASR IRAN (Iran, après-midi) proche de Rafsandjani a alors attribué les rares tentatives de répression lors de la contestation de mardi à quelques entêtés agissant sans ordre pour encourager le peuple à bouger.

On avait-là d’une part le refus de modération de Rowhani et d’autre part le retour des manoeuvres risquées de Rafsandjani pour précipiter dans l’espoir de gagner le pardon du peuple. Pris entre le risque de sanctions plus forte et une chute inopinée, les hommes d’affaire du régime pouvaient rompre ou encore les Bazaris pouvaient participer plus activement à la contestation pour sauver leur peau.

Rowhani devait affirmer son autorité, mais sans brutalité pour éviter de les énerver : il a joué la carte de la force tranquille en annonçant un grand rassemblement de tous ses collaborateurs électoraux à l’occasion de l’édition d’un timbre pour marquer sa victoire. Il a annoncé un show à l’américaine en présence du chanteur vedette du régime Shahram Nâzeri.

Mais le rassemblement n’a pas été à la hauteur de l’annonce car il a eu lieu dans une petite salle avec très peu de monde.. On a eu droit à des cadrages serrés, mais cela n’a pas pu dissimuler le nombre réduit des serviteurs de Rowhani. Ali Mottahari, le beau-frère d’Ali Larijani, était là, à la place ce dernier, mais aussi pour surveiller Rowhani. Il y a vu Fatemeh, l’une des filles de Rafsandjani, et a compris que Rowhani continuait à fréquenter le clan Rafsandjani alors qu’il lui avait permis aux Larijani le droit de l’attaquer. L’agent de Larijani a compris que Rowhani instrumentalisait son chef Ali Larijani pour faire pression sur le clan Rafsanfjani et l’entraîner à composer avec lui.

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Le manque de troupes fidèles et aussi l’aspect manipulateur de Rowhani ont poussé Akbar Torkan, un ex ministre de Rafsandjani, à refuser le ministère clef du pétrole.

En fin de la journée et de la semaine du travail en Iran, Washington a sanctionné la Mitsubishi Bank de Japon pour avoir continué à coopérer avec le régime, une punition sans conséquence pour le régime, mais juste pour rappeler la puissance américaine, amplifier la panique des milieux d’affaires, exposer le régime à un risque plus élevé pour l’amener à revoir sa position. Rowhani n’a pas cédé face à cet avertissement... La France qui avait été courtisée par le régime lui a offert une sortie bis par l’invitation de participer à la guerre contre Assad avec à la clef une participation à la conférence Genève 2 sur la Syrie où il pourrait à nouveau le défendre et aussi briller sur la scène internationale !

Mais Rowhani n’a même pas daigné répondre à l’invitation car il ne veut pas les Français comme partenaires, mais comme un frein auw pressions de Washington, un moyen de contourner les sanctions. Ce que la France a finalement compris cette semaine (en cours).

Vendredi 21 juin 2013 (31 Khordad 1392), le clergé a confirmé son soutien à son champion Rowhani par un élogieux discours radiophonique lors de la prière de vendredi, mais sur des images d’archives car l’intéressé n’était pas sur les images illustrant la scène ! Le clergé en rupture avec Londres et totalement isolé et incapable de réunir quelques partisans, restait inflexible pour continuer le bras de fer par l’intermédiaire de son champion quels que soient les obstacles et les risques !

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Londres a alors accusé lourdement le régime d’avoir augmenter sérieusement son parc de centrifugeuse, de contrôler la région via le Hezbollah et les chiites Irakiens pour l’exposer à des sanctions plus lourdes et saboter ses dialogues ou encore les efforts de blanchiment du Quai d’Orsay. Washington est resté silencieux pour préserver le canal de dialogue à l’heure où le régime continuer de faiblir. La France a aussi ignoré les pics de Londres contre les mollahs pour leur éviter de nouvelles sanctionnes.

Le régime a dû apprécier les efforts de Washington et de Paris, mais son problème est que ses hommes d’affaires qui sont au contact du peuple et son hyper-endettement redoutent son explosion et songent à rompre pour sauver leur peau. Mais que faire ? Rowhani est resté claquemuré dans le silence, une semaine après son élection truquée car il n’y a rien à faire. Il doit continuer, plier ou choisir de rompre avec le régime pour sauver sa peau. Pas étonnant qu’il ait organisé aux premières heures de cette semaine une rencontre avec le grand partisan de cette solution : Rafsandjani. Mais il l’a retrouvé bien morose car l’heure tourne au désavantage des fidèles de ce régime en décomposition.