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Iran : Neda, reprise, recyclée et effacée par le régime
01.07.2009

Depuis des années, le régime des mollahs fabrique de faux opposants ou des alibis démocratiques qui ne dénoncent jamais rien et font espérer des réformes qui n’arrivent jamais. Ces faux opposants (étudiants, féministes, cinéastes) étaient absents du grand rendez-vous historique du soulèvement du peuple iranien du 15 au 25 juin. A présent que les contestataires ont battu en retraite, ces usurpateurs prennent tour à tour la parole pour s’incruster dans la légende du mouvement pour réécrire l’histoire à leur avantage, mais tous butent sur le cas de Neda.



Petit rappel des faits | Le 13 juin 2009, le régime des mollahs a annoncé la victoire d’Ahmadinejad, victoire entre autres saluée par le Bureau de consolidation de l’Unité (BCU), principale organisation estudiantine en Iran. Dans la foulée, le régime a mis en scène, devant les caméras des médias étrangers, une soi-disant « saine contestation des résultats » par Rafsandjani et les trois candidats battus ainsi que des manifestations pro-Moussavi. Le 15 juin, les Iraniens ont profité de la brèche pour descendre dans la rue et adopter une posture hostile au régime. Le régime a alors expulsé les médias étrangers, envoyé ses miliciens armés de mitraillettes et le soi-disant héros de la contestation des résultats Moussavi s’est rangé à l’avis du guide de réprimer avec la plus grande sévérité ceux qui contestaient le régime.

A partir du 15 juin, les Iraniens étaient seuls face à la milice sans le soutien de Moussavi ou un autre soi-disant modéré. Il y eut 10 jours de manifestations massives avec des jeunes et des moins jeunes dont un grand nombre de femmes en première ligne y compris pendant les nombreux affrontements avec la milice. Tout au long de ces journées enregistrées numériquement pour l’éternité, personne n’a vu ou entendu les faux opposants de l’intérieur : ces personnes étaient comme inexistantes.

recyclée | Alors que les femmes étaient en première ligne des affrontements, les fameuses initiatrices de la campagne d’1 million de signatures qui devraient être les portes-parole des femmes étaient introuvables ! On peut scruter les vidéos des manifs ou des affrontements, on ne verra aucune d’elles ou encore une de leurs soi-disant partisanes d’une république islamique améliorée. Cette absence remarquée tient au fait que leur rôle n’est pas de contester mais de donner l’illusion d’une semi-liberté. Si elles avaient soutenu la contestation, elles se seraient retrouvées embarquées malgré elles dans un processus qui les obligerait à tout dénoncer. Elles n’ont donc rien dit, rien fait, y compris quand le monde entier s’est ému du cas de l’étudiante Neda Agha Soltan.

A présent que la contestation est en veilleuse et qu’il n’y a plus de risque d’être embarqué dans un courant qui compromettrait leur rôle de fausses opposantes, elles manifestent et parlent de Neda. Mais attention, il s’agit juste d’un service minimum pour ne pas être critiquable, puisque nos vaillantes féministes ne demandent pas l’ouverture d’une enquête pour connaître ses assassins ! Parallèlement à ce service minimum en matière de droits humains, ces alibis démocratiques du régime utilisent Neda comme le symbole du vote (soi-disant) démocratique en faveur de Moussavi. C’est ainsi que cette malheureuse se retrouve sur une affichette en l’honneur de l’attachement de Khomeiny au suffrage universel !
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Le plus malheureux est que ces soi-disant féministes, mais vraies lobbyistes du régime, qui bénéficient de soutiens haut placés comme les Ni Putes Ni Soumise, ne représentent rien. Alors que les contestataires étaient des centaines de milliers à Téhéran, celles-ci ont mobilisé 15 personnes comme on peut le voir sur cette vidéo artistique de leur grande manif tenue le 28 juin à Téhéran, 3 jours après la fin de la contestation.
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oubliée | Dans le même registre, le BCU qui avait salué la victoire d’Ahmadinejad et qui a été silencieux pendant les affrontements vient de publier un communiqué de soutien à la contestation… des résultats, mais évidemment rien sur les morts et notamment celle de l’étudiante Neda.

effacée | Le second axe de communication du régime pour recycler la contestation en action non hostile à son égard est de prétendre que ces centaines de milliers d’Iranien étaient des partisans de Moussavi. Cette affirmation prêterait à rire en Iran, mais cette communication n’est pas destinée aux Iraniens mais aux naïfs Européens de gauche qui avalent tout et n’importe quoi.

C’est pourquoi Téhéran réalimente les médias occidentaux avec de soi-disant récits de manifestants qui évoquent leurs souvenirs et des slogans en faveur de Moussavi voir de Karroubi.

Libération vient de publier l’un de ces récits par un certain Reza Nasseri qui parle de sa participation à la manifestation du 20 juin qui a rassemblé 3 millions de personnes. Il affirme que les bassidjis ont empêché Moussavi et Karroubi de se rendre au milieu de la foule.

On est au-delà du mensonge car Moussavi n’avait aucunement annoncé sa présence et Karroubi qui voulait s’approprier cette manif avait à la dernière minute annoncé qu’elle était non autorisée et que de ce fait, il n’y serait pas présent. Ces deux personnages ont évité l’endroit non pas en raison de la présence des bassidjis, mais parce que des slogans hostiles à leur personne ont été entendus en direct sur la chaîne Voice Of America en raison de leur adhésion à l’idée d’une répression contre ceux qui contestent le régime.

Ce récit publié par Libération a un autre défaut majeur : l’auteur ne parle pas de Neda morte ce jour précis !

D’ailleurs d’une manière générale, l’auteur ne cite pas l’usage des armes à feu avant, pendant et après cette journée du 20 juin. Il réduit les dommages à quelques coups de matraques, à quelques bleus. Nous sommes en fait face à un récit négationniste, un récit conçu pour effacer ces morts qui pèsent sur la carrière de Moussavi…

Cette œuvre de propagande est un « ensemble » puisque les faux opposants du régime ne dénoncent pas ces mensonges. Tant que certains socialistes français ou des journaux de la gauche bien pensante continueront à soutenir les faux opposants Iraniens comme les fausses féministes ou Shirin Ebadi qui n’a rien dénoncé, Téhéran pourra en toute impunité réécrire le récit de ses forfaits.


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| Mots Clefs | Resistance : FAUSSE(s) OPPOSITION(s) |
| Mots Clefs | Resistance : Lobby pro-mollahs en France et ailleurs |

| Mots Clefs | Institutions : Démocratie (médiatico)-islamique |
| Mots Clefs | Mollahs & co : Mir-Hossein Moussavi |

| Mots Clefs | Résistance : Manifestations hostiles au régime |
| Mots Clefs | Résistance : Menace contre le régime |