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Iran-Russie : Une intéressante montagne russe
27.08.2011

Récemment, la Russie a proposé un processus de concessions mutuelles entre le régime des mollahs et les Américains pour mettre fin à la crise nucléaire et ainsi préserver ce régime anti-américain. Or, pour ce régime, toute concession est risquée et contraire à ses intérêts, il a donc refusé au risque de s’attirer de nouvelles sanctions. Moscou a insisté. Pour bloquer le processus qui ne lui convient pas, Téhéran vient de porter plainte contre la Russie pour son refus de livraison du système anti-missile S-300.



Le régime des mollahs est sanctionné par Washington et sommé de se conformer à ses désirs. Il refuse car tout alignement, arrangement, voire la moindre concession passe par une normalisation des relations, processus qui l’obligerait à autoriser le retour en Iran des pions islamo-bcbg de Washington formés pour prendre le pouvoir grâce à une révolution de couleur. Dans le contexte du mécontentement existant, toute concession est synonyme de démarrage d’un processus de transition des pouvoirs vers les pions de Washington : Les Américains prendront le contrôle de ce régime islamiste et pourront à leur guise agiter l’Asie Centrale ou la région musulmane de la Chine. Les mollahs se verront en revanche dépossédés de leur pouvoir et leur mainmise sur les richesses naturelles iraniennes avant d’aller en prison. C’est pourquoi ils restent unis sur la nécessité de refuser la moindre concession. D’ailleurs, après chaque initiative de dialogue, on les voit à la recherche de nouvelles provocations, d’une escalade, d’un conflit pour bloquer tout apaisement voire pour provoquer une situation explosive dans l’espoir de faire reculer Washington.

On peut dire que le régime a deux solutions diplomatiques à sa disposition : des mini-provocations pour casser les initiatives américaines de dialogue et des maxi-provocations pour engager Washington dans une escalade explosive et dissuasive à chaque fois que ses sanctions commencent à peser lourdement sur l’économie du pays ou encore chaque fois que ces déficits économiques combinés à la fermeture des mollahs à toute concession entraînent de nouvelles ruptures internes.

Ainsi dernièrement, le pays a connu une suite ininterrompue de boycott de ses manifestations officielles et de paniques boursières, le régime s’est vu condamné, il s’est mis à menacer le détroit d’Ormuz pour faire capituler Washington. Ce dernier a esquivé pour éviter l’escalade souhaitée par Téhéran afin de rester dans sa guerre d’usure économique. Téhéran devait intensifier ses provocations. Moscou a craint que dans son désespoir le régime attaque les pétroliers américains : il lui a proposé une voie médiane de concessions mutuelles irano-américaines. Les mollahs ont sèchement rejeté la proposition avant d’intensifier leur provocation en évoquant une plus grande capacité d’enrichissement. Washington a esquivé. Ils ont agressé le Kurdistan irakien. Washington a esquivé. Les mollahs ont condamné à 8 ans de prison des deux randonneurs américains, puis sont revenus à la provocation nucléaire en annonçant le démarrage d’un nouveau site d’enrichissement. Devant le silence persistant de Washington, ils ont annoncé de nouveaux missiles menaçant les pétroliers et ont fait revenir aux affaires le concepteur de cette politique d’amplification de crise : Rafsandjani, l’ancien responsable des affaires terroristes.

Moscou a estimé que le régime allait trop loin, il a reparlé de sa proposition de concessions mutuelles irano-américaines. Le régime a n’a pas eu le cran de rejeter cette offre. Il a accepté tout en cherchant à la bloquer par l’évocation de conditions préalables avant de réaliser qu’il s’engageait en quelque sorte et qu’il lui fallait fuir en toute hâte. Les mollahs ont traîné leur allié russe devant un tribunal international pour avoir une raison de lui refuser leur confiance à ce qu’il leur propose, liant ainsi le destin de Moscou à celui de Washington !

Ce comportement n’a rien d’inédit, Téhéran a déjà agi de la même manière agressive vis-à-vis d’autres initiatives russes qui cherchaient un mini apaisement pour résoudre temporairement la crise nucléaire. A chaque fois, tout a été arrangé après l’abandon de ces projets par Moscou.

Cette fois, Téhéran a innové en officialisant son conflit. Le procès intenté par Téhéran à Moscou pour l’annulation de la livraison du système de missiles anti-missiles S-300 ne peut cependant pas aboutir devant un tribunal international car l’annulation a été imposée à la Russie par l’ONU. Du fait de l’invalidité de la plainte, on peut conclure à la volonté de chercher une bonne raison de fuir l’engagement proposé par Moscou. D’ailleurs, du moment où ce dernier a évoqué l’invalidité de la plainte, l’ambassadeur du régime à Moscou s’est plaint dans les médias russes et iraniens de l’ensemble des contrats signés avec les Russes en évoquant des tricheries et des malfaçons, administrant à Moscou le traitement qu’il réservait jusque-là aux Américains !

MMoscou qui se réjouissait jadis des malheurs de Washington est à présent soumis au même traitement. Comme Washington, il a choisi l’esquive, mais en raison de ses liens avec les mollahs, il combine l’esquive à des signaux amicaux un peu gênés. Washington qui ne veut pas la chute du régime, mais sa prise en main, a jugé le moment opportun pour envoyer en Iran l’un de ses coursiers habituels, l’Emir du Qatar, afin de proposer un deal aux mollahs. Moscou a paniqué : il a commencé à évoquer des nouveaux contrats plus avantageux pour Téhéran.
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Le régime des mollahs, qui en début de la semaine était en assez difficulté au point de partir en guerre contre son allié russe, est à présent doublement courtisé par Moscou et Washington !

Ce soutien implicite des Occidentaux n’a rien de réjouissant pour nous Iraniens : il confirme la volonté internationale de préserver ce régime islamique. Lundi dernier, un Iranien excédé s’est d’ailleurs aspergé d’essence sur la place de la Révolution pour s’immoler. Il est mort en quelques minutes. L’opposition officielle a vite oublié l’incident et aucun des amoureux du printemps arabe n’a parlé de cet homme hostile au modèle islamique cher à Washington.

Mais il ne convient pas de céder à la déprime car le problème des mollahs n’est pas d’avoir de meilleurs contrats qui d’ailleurs restent très hypothétiques avec les sanctions en vigueur. Leur unique objectif est d’échapper aux sanctions sans faire aucune concession, ce qui est évidemment impossible. En fait, plus on lui proposera l’apaisement, plus il devra intensifier les provocations pour ne pas se retrouver engagé dans un processus de réconciliation ! C’est pourquoi de nouveaux renversements sont à prévoir aussi bien chez les mollahs que chez les Russes et les Américains. Ce sera une vraie montagne russe ! Le mouvement sera même accéléré par l’arrivée du troisième joueur qu’est la Russie.

C’est une bonne chose car les Américains devront alors admettre l’impossibilité de tout compromis avec ce régime et les Iraniens vont atteindre le degré d’ébullition nécessaire pour exploser. On ne peut donc que se réjouir des efforts d’apaisement entrepris par les deux camps.


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