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Iran : Décodage de la diplomatie de Raissi

04.09.2021

Les médias occidentaux s’interrogent sur la disposition de la République islamique d’Iran à négocier et appliquer l’accord nucléaire de 2015. Certains pensent que non, d’autres espèrent que oui. Pourtant le régime a dévoilé ses attentes et ses offres par le choix de son gouvernement notamment le tandem, président de la République islamique et son ministre des affaires étrangères. Explications.



Le choix d’un président de la République au sein de l’oligarchie religieuse au pouvoir est riche en indications politiques et géopolitiques [1], il expose les dispositions des mollahs. Celle-ci a élu Rohani, père des volets secrets du programme nucléaire, mais s’affichant comme un homme de dialogue pour négocier un accord tout en préservant les secrets nucléaires du régime. À ses côtés, son MAE, Zarif, très proche des démocrates, devait préparer le terrain pour un deal avec les démocrates à l’issue de la résolution du conflit sur le nucléaire.

Mais les Européens (normalement aux ordres des démocrates américains) ont perturbé ce double projet en formant un noyau dur franco-anglo-sino-russe au sein des 5+1 pour imposer un accord dur aux mollahs afin de lier le destin de ces derniers aux leurs et empêcher le deal avec Obama. Rohani a dû démanteler en partie le programme nucléaire iranien sans pouvoir arriver au deal espéré avec Obama pour assurer l’avenir géopolitique du régime. Son MAE Zarif a essayé de raviver ce deal, mais il a seulement réussi à braquer les Européens, les Russes et les Chinois et a perdu les investissements qu’ils lui avaient promis.

Par la suite, Trump a tourné la page de la diplomatie pro-islamiste des démocrates et conformément aux modalités prévues dans l’accord de 2015, il a mis fin à la participation des États-Unis, en signalant l’existence des volets secrets actifs du programme nucléaire iranien et a mis fin à toutes les négociations avec eux a pris des initiatives en faveur des Iraniens en lutte contre le régime.

Les mollahs se sont retrouvés très en difficulté. Ils ont coupé l’électricité et le chauffage des Iraniens en plein hiver et ont réussi à casser leur élan contestataire ! [2]

Aux États-Unis, les démocrates ont freiné les succès de Trump avec le Sars-coronavirus de 2019 faussement en plus grande épidémie de tous les siècles, puis l’ont battu grâce à une élection par correspondances sans vérification d’identité et ont placé à la Maison-Blanche, Biden, un démocrate très proche des mollahs et de leur lobby américain et donc de Zarrif, se montrant très disposés à renouer le dialogue avec eux et trouver un deal.

Il y eut alors des négociations secrètes en maintenant les sanctions laissées par Trump qui n’ont pas abouti ce qui signifiait que les démocrates cherchaient encore à prendre le contrôle du régime et remplacer les mollahs par leurs pions via des élections validées par l’ONU (c’est-à-dire sous leur direction).

Les mollahs devaient trouver un remplaçant à Rohani pour incarner le deal qu’ils souhaitaient. Ali Larijani, chef d’un clan hybride (lointainement pro-démocrate) pouvait être envisagé comme prochain président.

Ali Larijani, bio, parcours et projets | Ali Larijani né en 1957 doit essentiellement son intérêt au fait qu’il a été le gendre de l’ayatollah Morteza Motahari (l’un de deux principaux pions cléricaux de haut rang des démocrates lors de la révolution islamique de 1979,), mais Motahari a été éliminé moins de trois mois après la victoire de la révolution islamique par le mystérieux groupe terroriste Furqan (ou Forghan) de Rafsandjani sur ordre de Khomeiny (pion des Anglais) de prendre le pouvoir et de chasser les Américains de leur propre projet.

Ali Larijani s’est vu envolé la promesse d’une carrière brillante et a été alors écarté des très bons postes d’abord par Khomeiny puis par Rafsandjani. Pour rester dans le jeu, il a dû s’engager pleinement avec deux de ses frères, Sadegh (un religieux) et Fazel, dans les Pasdaran, le projet initialement américain d’une armée islamiste qui fut transformée en organe anti-américain après la prise de pouvoir par le clan Khomeiny-Rafsandjani.

Ali Larijani a aussi fait pleinement allégeance au régime en s’engageant auprès du Hezbollah (milice chiite qui a servi les Anglais en combattant les Américains). Ali Larijani a créé et présidé les chaines audiovisuelles du Hezbollah et a aussi mis en place le réseau de vente internationale de pétrole pour déjouer les sanctions américaines.

Ali Larijani a ainsi pu accéder à la direction du Parlement (qui n’a pas de vrai rôle) et il y a joué le trublion officiel pour annuler les deals consentis par ses collègues sous la pression des sanctions. Mais il n’a pu se présenter aux présidentielles malgré ces bons et loyaux services aux assassins de son beau-père mais a accédé à la direction des négociations sur le nucléaire (en tant que secrétaire du Conseil de Sécurité du régime), après l’échec des premières provocations d’Ahmadinejad, un autre pion de Rafsandjani. Le régime espérait simuler utiliser son pédigrée lointainement pro-américain. Il en a profité pour placer son ami irano-américain Nahavandian, qui était aussi à la tête du chambre de Commerce d’Iran et tenir par son intermédiaire des négociations scrètes directes avec les Américains. Cette initiative a déplu mais ne lui a pas valu une punition, cependant en l’absence de résultat malgré cette trahison, il a été remplacé par l’auteur des discours d’Ahmadinejad pour plus de provocarions, dans l’espoir de faire plier les Américains [3]. Mais ce fut encore un échec.

Ali Larijani relégué à nouveau au second plan a alors intrigué pour renverser l’oligarchie en dévoilant la corruption de ses membres (sauf celle de sa famille), mais ce quasi pustch rampant a échoué. Ali Larijani a perdu dans la bataille son principal lieutenant sécuritaire et pétrolier Kordan. Amir-Abdollahian (actuel ministre des Affaires étrangères), son principal pion au ministère des Affaires étrangères du régime comme responsable du secteur Moyen-Orient (donc chargé des relations avec le Hezbollah) a dû quitter ce poste. Ainsi en disgrâce, il a aussi perdu le soutien de Nahanvandian !

Mais en 2009, après les multiples échecs de la fausse révolution de couleur de Rafsandjani, le Mouvement Vert qui était destiné à piéger Obama, mais a surtout mis en danger le régime, les grands du clergé ont convoqué et blâmé Rafsandjani. Pour le punir, ils ont offert le pouvoir judiciaire à Sadegh Larijani, le frère cadet d’Ali. Sadegh a placé l’un de ses proches, un certain Rayissi à la tête du tribunal spécial du clergé avec la mission de condamner Rafsandjani et sa famille pour corruption afin d’ouvrir la voie royale pour Ali Larijani.

Les mollahs ont alors mis un frein à ses ambitions jugées dangereuses en dévoilant la corruption foncière des membres de son clan, mais sans développer trop le sujet pour ne pas non plus griller la possibilité d’un recours à ses services pour tenter d’amadouer les Américains avec son pédigrée (malgré l’échec déjà avérée de cette option).

Cependant du fait de sa tentative de putsch, Ali Larijani n’a également pas obtenu le droit de se présenter aux présidentielles après l’épisode Ahmadinejad, les patrons du régime ont préféré leur principal responsable stratégique, Rohani, assisté de Zarif, leur principal lobbyiste à l’ONU et en Amérique, pour terminer le conflit sur le nucléaire et passer un deal avec Obama, mais comme nous l’avons expliqué plus haut, ils ont sans cesse échoué.

C’est ainsi que dernièrement, Ali Larijani s’est alors présenté à nouveau aux présidentielles et sous une étiquette de fondamentaliste hostile au deal défectueux de Rohani et à toute entente avec les démocrates pour être sûr d’accéder au poste. Les Américains se sont cepednant emballés et ont fait mine de le préférer via Barbara Slavin chargée de l’avenir de l’Iran au sein du think Tank Atlantic Council (partenaire du Council on Foreign Relations CFR) qui avait toujours par le passé dénigré tous les membres politiques des Pasdaran sauf Larijani !

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Larijani a dû retirer sa candidature, mais il n’a pas été éliminé des décisions car Raissi, un membre éminent de son clan, a été élu (désigné) comme président. Son choix a été aussi dû à sa réputation de juge irascible et sanguinaire pour faire peur aux Iraniens contestataires et aux collaborateurs tentés par la fuite ou l’adhésion à la contestation.

Ce nouveau président du clan Larijani a pris comme MAE, Amir Abdollahian, du même clan et proche du Hezbollah pour préciser son projet diplomatique : un deal avec les démocrates sans le transfert de pouvoir à leurs pions, mais en échange, la possibilité pour eux de bénéficier des services du Hezbollah.

On a immédiatement constaté une amélioration des relations entre les mollahs et Nasrallah qui ne voulait plus les aider depuis longtemps. On a compris que l’organisation terroriste créée par les mollahs dans l’intérêt des Anglais voulait changer de bord sur l’échiquier mondial comme les Frères Musulmans l’avaient fait lors du printemps arabe d’Obama.

Mais ce projet a vite braqué les Anglais car ils se sont mis à critiquer les violations des droits de l’homme par les mollahs. Le projet d’un Hezbollah pro-démocrates a aussi braqué les Russes (par peur pour leur implantation en Syrie). Ils ont commencé à critiquer les activités nucléaires des mollahs pour empêcher le deal proposé à Biden.

Par ailleurs, les démocrates n’ont pas plebiscité pas l’offre et son auteur visible (Raissi) car il propose un artenariat sans aucune garantie de coopération. Les démocrates connaissent bien les mollahs très cupides et ne peuvent accepter de marchander sans cesse leurs services ou partager avec eux les bénéfices qu’ils espèrent tirer des richesses pétrolières, gazières et minières illimitées de l’Asie Centrale. Par ailleurs, ils ne peuvent pas absoudre les crimes du Hezbollah et préserver des alliances avec Israël et les pays arabes qui sont hostiles à cette organisation.

C’est peut-être ce qui a encouragé Biden à livrer l’Afghanistan aux talibans, qui sont certes incontrôlables, mais le serviront en chiens enragés sans rien demander au retour. Enfin, les critiques à ce sujet ne laisse pas aux démocrates l’option d’une même combinaison en faveur du Hezbollah au Liban ou en Irak (en jouant abusivement sur une supposée sénilité de Biden).

Conclusions | Les mollahs, liés depuis longtemps au Bazar, ont comme d’habitude agi en marchands en imaginant une « bonne idée rusée » en présentant une option périmée comme une nouveauté. Leur option a été un échec fulgurant, mais ils n’ont rien trouvé de mieux. Il n’y en a pas, ils ont tout essayé sous Rafsandjani et Rohani. Il leur reste l’option d’un président contesté officiellement, comme nous l’avions évoqué après son élection.

Nous sommes donc à la veille de résurgence des conflits d’intérêts larvés accompagnés de provocations permanentes [4] et nuisibles pour tout le Moyen-Orient comme par le passé notamment sous Obama. La France, alliée permanente des démocrates depuis 1973, ne peut espérer aider Biden [5] sans être sanctionnée à son tour par les autres grandes puissances. Le régime ne va pas réussir à se stabiliser ou gagner du temps ou encore des dollars, et en conséquence, il va perdre des partenaires internes.

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La solution (pour retrouver l’Iran dans la boucle économique mondiale [6] et en faire un partenaire fiable et rentable) n’est pas de prolonger la guerre larvée et le dialogue stérile avec les mollahs terroristes et sans scrupule, mais d’aider les patriotes iraniens à les virer [7] !

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[7Virer les mollahs, en isolant Biden par un soutien à Trump. Il en va de l’avenir de l’Occident.