Le régime des mollahs est en difficulté : il a toujours fonctionné en refusant tout compromis avec les Etats-Unis, cette attitude étant facilitée par l’intransigeance américaine. Depuis, Washington a revu sa stratégie. Ainsi, en invitant les mollahs au dialogue, Obama les a mis dans le pétrin : pour éviter un compromis vu comme une capitulation, Téhéran a décidé de refaire une nouvelle révolution islamique pour réactualiser de façon démocratique et populaire cet acte fondateur de la république islamique d’Iran, acte qui fut le premier symbole de tous les choix qui en découlèrent depuis 30 ans. À l’issue de cette opération, le régime et son vrai patron politique, Rafsandjani, auraient refusé tout compromis en se référant à la volonté exprimée par les jeunes Iraniens dans leur révolution verte !

Pour cela, il était évident qu’il lui fallait être un des leaders de cette révolution. Il a donc commencé à adopter le langage que tiendrait un révolutionnaire : un langage populiste. Au moment où les Américains ont évoqué un dernier délai de 2 mois avant de renforcer les sanctions que craint Téhéran, le régime a dû accélérer l’allure et appuyer le propos pour booster le processus avant que n’arrive la deadline fatal. Via tous les moyens médiatiques dont dispose le régime, il a incité les Iraniens à descendre dans la rue pour venir prier derrière lui, ce qui dans la tradition musulmane équivaut à reconnaître un religieux comme le modèle à suivre.

Les Iraniens n’ont pas aimé cette demande et les services de propagande du régime ont accepté de modifier le contenu des appels, en se positionnant ouvertement anti-régime et souvent anti-islamique pour faire bouger cette foule patriote et anti-mollah qui doit servir de figurant malgré elle dans la nouvelle révolution islamique des mollahs.

En prévision à l’arrivée d’une marée humaine, Rafsandjani a sorti le grand jeu de séduction à la prière du vendredi avec un discours qui mettait la légitimité du peuple au niveau, voire légèrement au-dessus, de la légitimité divine accordée au clergé pour tenir les rênes du pouvoir.

La foule n’a pas été au rendez-vous. Ce qui nous vaut une déferlante d’appels pour la reprise de la contestation anti-régime, c’est-à-dire des millions de personnes dans les rues. C’est ce qui a inquiété les vieux grands ayatollahs : ils ont peur que par nécessité de résultat, Rafsandjani n’aillent trop loin et que la foule soit au rendez-vous, non pour une nouvelle révolution islamique mais pour balayer le régime.

C’est ce qui lui vaut d’être convoqué, dès le lendemain de ce discours à Machad, hors calendrier du pèlerinage annuel réservé aux grands ayatollahs. Il devra répondre à de puissants rivaux comme Makarem Shirazi et surtout Safi Golpayegani qui avait récemment critiqué tout projet qui conduirait à laisser le peuple dénigrer le Guide Suprême, clef de voûte du système. La nouvelle révolution ne semble pas convaincre la veille garde.
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