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Iran : Un nouveau Parlement d’ultras losers !
03.06.2020

Le régime des mollahs a un nouveau Parlement et un nouveau président de Parlement, le milicien Ghalibaf, qualifié d’ultra conservateur. Les médias français évoquent un certain durcissement du régime, ce qui revient à dire qu’il ne l’était pas jusque là et qu’il serait en état de tenir malgré la contestation et les sanctions. Mais tout cela est faux. Comme d’habitude, la France cherche à courtiser le régime et son actuel président. En réalité, le nouveau Parlement du régime est le contraire de ce que décrivent les médias français. C’est un Parlement de losers qui ne peut pas sauver le régime.



Il est bon de rappeler que le Parlement de la République islamique d’Iran ne pèse pas lourd dans la chaîne décisionnaire du régime, car ses élus, miliciens et mollahs de seconde zone, récompensés ainsi pour des services rendus au régime, n’ont aucun vrai pouvoir : leur rôle se résume à valider au nom du peuple des textes déjà validés par les mollahs. Mais le plus souvent, ils sont chargés de refuser, au nom du peuple mais à la demande des mollahs, les engagements internationaux de ces derniers quand ils ne veulent plus les appliquer ou quand ils veulent jouer le désordre pour mettre la pression à leurs interlocuteurs ou partenaires étrangers.

Formellement, les élus ont des couleurs politiques, mais font partie des divers clans qui composent le régime et divergent non en raison de leurs idées, mais par leur rivalité pour s’emparer des richesses du pays, notamment les biens fonciers et immobiliers des régions touristiques ou à fort poteniel pour les investisseurs étrangers.

Enfin, le président de ce drôle de Parlement n’a souvent pas été forcément l’élu du parti ou du clan qui aurait été le chanceux vainqueur du spectacle politique imaginé par les dirigeants du régime, mais un membre important d’un grand clan, quelqu’un dont les mollahs se méfient et voudraient l’occuper par cette fausse fonction pour qu’il s’enrichirisse et qu’il leur fiche la paix.

Ainsi le précédent président du Parlement était Ali Larijani, le chef de son propre clan familial, qui rêvait de la présidence et n’est jamais pu y parvenir même un plaçant ses pions à des postes clefs pour faire un coup d’État rampant contre Rafsandjani. Larijani voulait au passage venger le meurtre de son puissant beau-père Motahhari par Rafsandjani qui l’avait ainsi privé de la direction du régime.

Au poste du président du Parlement, Ali Larijani s’est certes consolé en s’enrichissant par l’extension de sa mainmise sur les terres les plus prometteuses du nord du pays, mais il a aussi tenté de renverser les pions présidentiels et gouvernementaux de Rafsandjani en proposant l’abandon du régime présidentiel et le retour au régime parlementaire ! Mais Ali Larijani n’a pu réussir, car dans le même temps, il ne partageait pas les revenus de corruption du Parlement avec ses élus !

Dernièrement, après les émeutes anti-régime, 90% des députés ont quitté ce Parlement divisé dans l’espoir de se recycler en partisans du peuple. Ceux qui étaient restés ont continué à contrarier Ali Larijani, mais aussi le clergé au pouvoir, pour les forcer à mieux les rémunérer en augmentant leur part de la corruption à haut niveau au sein du régime... au point que le Parlement est devenu leur outil de corruption au lieu de jouer son rôle au service du régime. Il est devenu essentiel de virer les élus les plus agités pour renforcer le régime qui était sans cesse de plus en plus menacé.

Les mollahs ont invalidé bon nombre des élus et ont exclu le chef de file des réformateurs, AREF (pion mou issu du clan du défunt Rafsandjani) car il n’avait pas la carrure pour tenir en laisse les députés qualifiés de réformateurs. Les mollahs ont alors fait appel à Mohammad Bagher Ghalibaf, malgré un passé chaotique marqué par des insuffisances techniques et de grossières erreurs politiques !

Ghalibaf littéralement le Tapissier, qui est né en 1961 dans une modeste famille religieuse d’une bourgade de Khorassan. Ghalibaf avait 17 ans au moment de la révolution islamique.Très mauvais à l’école, il a abandonné les études car il n’a pas pu obtenir un diplôme dans l’année de la révolution. Il est entré à ce moment dans la milice pour saisir tous les opporunités. Au moment de la guerre Iran-Irak, il est devenu à 22 ans le commandant de la division d’infanterie (division 77 ou Nasr de Khorassan) grâce à l’ambitieux Rafsandjani qui avait obtenu la direction de la guerre, qui avait peur de s’entourer de gens qualifiés, et qui éliminait les plus doués car il croyait que son avenir à son poste était garanti par des lieutenants sans qualité. C’est pourquoi d’ailleurs l’Iran n’a pu gagner la guerre malgré la supériorité de ses armes et une quasi-victoire au bout de 6 jours grâce aux officiers de l’armée impériale qui avaient échappé à la purge sanglante des mollahs.

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À la fin de la guerre, Ghalibaf âgé de 30 ans a été nommé commandant de la plus grande base aérienne des Pasdaran (Khatam Al Anbia) axée sur les travaux d’ingénierie pour assurer les intérêts économiques de Rafsandjani dans les projets de reconstruction des zones bombardées. Mais il n’avait toujours aucune connaissance sans rien connaître aux métiers de pilote ou d’ingénieur !

Mais il doit quitter son poste après seulement 2 ans en raison de son incompétence et l’arrivée des pions plus pistonnés par d’autres mollahs en guerre contre Rafsandjani. Mais ce dernier le place alors à la direction de l’armée de l’air des Pasdaran, mais d’après ses propres écrits, il se voit largué à la première réunion, car il ne comprenant rien au terme technique de ses collaborateurs !

Ghalibaf affirme alors avoir entrepris 18 mois de formation intensive de pilote d’Airbus tous les jours de 3h du matin à 8h du matin en France pour devenir pilote et comprendre ses subalternes ! Sur tous les sites d’info, on rit à propos de cette formation en France, car Ghalibaf ne parle pas français ou anglais et il ne pouvait être en même temps en France et en Iran. Par ailleurs, il n’existe aucune preuve de son brevet de pilotage et d’un vol effectué par lui, mais seulement quelques photos où il est assis dans le siège de copilote !

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Il affirme être un « docteur pilote » car il a obtenu dans la même période « son Doctorim » en géopolitique confondant allégrement le doctorat et la doctrine. Ce doctorat est aussi sujet à doute car il ne pouvait pas entrer en université sans avoir fini le lycée et le sujet de ce doctorat en géopolitique est l’évolution des organismes ruraux !

Au même moment, Rafsandjani qui dominait le régime en étant président et directeur du Conseil de Discernement de l’Intérêt du Régime (CDIR) a été sanctionné pour l’assassinat des opposants kurdes exilés en Europe, il doit s’éclipser ! Ghalibaf espérait lui succéder, mais il ne peut, car il est alors vu comme un pion sans envergure et en plus il s’avère un très mauvais tribun avec un accent de paysan !

Rafsandjani met alors en avant son ministre de culture, de censure et de propagande, Khatami qui était par ailleurs son responsable de la purge des universités et des assassinats d’opposants exilés, en le qualifiant dans les médias étrangers de modéré et de réformateur (tout en précisant dans les médias iraniens que cette réforme était un retour au Khomeynisme le plus radical).

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Rafsandjani n’a cependant pas oublié son bon bête serviteur Ghalibaf : il est nommé au poste du chef de la police de Khatami avec le surnom de « Gentil Policier » (ci-dessous, pour lui donner du charisme et aussi pour adoucir l’image trouble de Khatami). Puis, il est nommé à la tête de la lutte contre le trafic de drogue, mais dans ce théâtre des ombres qu’est le régime. Mais sa vraie mission était de prendre le contrôle de la vente des drogues (généralement d’origine afghane) pour mettre en place un lucratif trafic de drogue bon marché pour démolir la jeunesse iranienne tout en enrichissant le clan Rafsandjani et sa propre famille !

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Mais la bonne image de Khatami et de Ghalibaf s’effondre le régime très sanctionné a dû s’inventer un faux mai 68 estudiantin islamique « sévèrement réprimée mais sans cesse renaissant » pour raviver son mythe de réformabilité.

À la fin de deux mandats de Khatami, le régime ne pouvait pas continuer en se montrant comme un état réformateur. Il était condamné à des sanctions malgré cette image. C’était un échec pour Rafsandjani qui se décrivait comme l’Amir Kabir Islamique, en référence à un célèbre premier ministre moderniste des Qajar. Rafsandjani tente de bloquer d’autres mollahs qui voulaient profiter de sa chute en leur imposant un président milicien !

Avec son accord, Ghalibaf se qualifie de la version islamique de très populaire Reza Shah (le fondateur de l’Iran moderne et laïque) pour séduire le peuple avec le concept qu’il était aussi un militaire sévère, mais équitable et surtout au service du progrès du pays. Mais les Iraniens se moquent alors de Ghalibaf. Il ne peut se présenter aux élections présidentielles.

Rafsandjani mise alors sur le milicien Ahmadinejad, maire de Téhéran qui était par ailleurs chargé de sa campagne présidentielle à Téhéran et aussi très doué pour les discours (et capable de parler pendant des heures). Il le charge de jouer une politique ultraconservatrice, pénible pour Occidentaux favorables au régime, pour les forcer à réclamer le retour du faux modéré Khatami !

Rafsandjani console aussi Ghalibaf en lui offrant la mairie de Téhéran et la possibilité de s’enrichir sans peine. Ghalibaf se consola en piquant dans la caisse tout en attribuant ses larcins à Ahmadinejad qui lui avait piqué sa présidence ! Ghalibaf espérait remplacer alors Ahmadinejad.

Les Occidentaux ont alors pleinement mordu au projet de réhabilitation des réformateurs, car ils n’ont cessé de courtiser Rafsandjani et Khatami. Ils ont même courtisé souvent Ghalibaf en lui attribuant sans cesse des prix et des médailles pour sa gestion de Téhéran alors qu’il avait développé son trafic de drogue et avaient reçu des bakchichs astronomiques pour distribuer les terrains sous sa gestion à des proches à des prix très très bas pour s’acheter des appuis politiques pour accéder à la présidence. C’est pourquoi Ghalibaf a cru avoir un destin national et international !

Mais en 2009, Rafsandjani oublie Ghalibaf et Ahmadinejad. Il tente une fausse révolution de couleur avec "le modéré" Moussavi , partisan déclaré du retour au Khomeinisme, pour donner une légitimité absolue au régime ainsi qu’à lui-même et ses méthodes, mais c’est un échec malgré plusieurs tentatives et versions qui entraineront sa disgrâce en 2011 et de très nombreux problèmes judiciaires pour ses proches.

En 2013, alors que le régime était encore très sanctionné, mais avait peur de faire appel aux soi-disant modérés de Rafsandjani, Ghalibaf (désormais contraint à jouer en solo en dehors du clan déclinant de Rafsandjani) s’est posé en candidat conservateur pour succéder à Ahmadinejad, mais les mollahs, qui ont succédé à Rafsandjani, ne retiennent pas alors son conservatisme et font appel à Rohani (un ex-collaborateur de Rafsandjani) pour incarner une troisième voie plus floue entre modération et conservatisme ! Ghalibaf reste alors à la mairie de Téhéran.

4 ans plus tard, en 2017, alors que le régime avait signé l’accord sur le nucléaire grâce à Rohani sans pouvoir mettre fin aux sanctions américaines, et que le régime était secoué par les premiers signes de ralliements à Reza Pahlavi, Ghalibaf a encore changé de ligne pour se présenter comme un candidat de changement , très engagé pour une nouvelle révolution. Il a aussi déstabilisé les autres candidats en parlant de la transparence sur leur patrimoine. Les nantis du régime ont paniqué, la bourse s’est effondrée. Les mollahs ont fait pression pour que Ghalibaf se retire ! Ils ont aussi éliminé (tué) Rafsandjani qui se montrait prêt à négocier avec Obama !

Ghalibaf a alors changé de discours et est revenu vers ses collègues en précisant qu’il voulait une nouvelle révolution islamique puis il s’est mis en retrait politique.

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Dernièrement, après l’élection de Trump ainsi que les violentes manifestations anti-régime de l’automne 2019 soutenues par Trump, Ahmadinejad (désormais volant en solo après l’élimination de son mentor Rafsandjani) a simulé une rupture avec le régime par des articles très critiques dans son journal Bahar (Printemps), mais n’a pas eu de soutien populaire. Son échec a montré que le peuple n’értait pas dupe et qu’il n’était pas capable de proposer mieux pour sauver le régime.

Les mollahs ont alors fait appel à Khatami (désormais volant en solo après l’élimination de son mentor Rafsandjani) pour évoquer de vraies réformes, mais les manifestants ont aussi rejeté cette offre et ont même promis de châtier Khatami après la chute du régime. Son projet n’a également pas séduit les derniers serviteurs du régime.

Fin 2019, Ghalibaf a tenté de séduire les mollahs dirigeants en sortant des schémas établis : en se posant en ami de son rival Ahmadinejad pour une coalition électorale anti-Rohani et pro-peuple lors des élections législatives prévues deux mois plus tard ! Il a démontré sa bêtise en s’alliant ainsi avec un faux opposant rejeté par le peuple. Mais Ahmadinejad a aussi refusé son offre afin de demeurer seul dans son créneau de dissident malgré le rejet qu’il suscite.

Ghalibaf a alors continué ses innovations bêtes et véhémantes en se rapprochant d’Ali Larijani (ennemi du clan Rafsandjani et aussi de ses succésseurs) en espérant une coalition pour diriger ensemble le Parlement dans l’espoir d’imposer ensemble un régime parlementaire et faire évoluer le régime pour sauver leur peau et leur gain financier au cours de toutes ces années du pouvoir. Mais son projet échoua, car Larijani n’a pu se représenter aux élections après avoir bien embêté ses supérieurs pendant ces dernières années.

Ghalibaf s’est retrouvé seul et s’est présenté comme un candidat réformateur très à l’écoute des mécontentements populaires en faveur d’une refonte politique et sociale... dans l’espoir de jouer par ce discours flou, mais prometteur la carte de l’apaisement avec le peuple.

Les mollahs ont approuvé cette candidature consensuelle dans l’espoir de diviser les mécontents. Mais les élections projetées pour calmer la contestation ont été boycottées à 99,99%, aussi bien par le peuple que par les serviteurs du régime !

Les mollahs ont compris que leur nouveau joker et sa pseudo refonte politique n’avaient aucun partisan au sein du peuple et au sein même de leur régime. Ils ont compris qu’ils ne pouvaient ralentir la contestation ou les ruptures.

Les mollahs ont offert la présidence de leur Parlement à leur seul joker, mais sous la couleur d’ultra-conservatisme et de l’intimidation pour simuler la force afin de ralentir la contestation et la dissidence qui semble actuellement étant le principal facteur de la chute de leur régime !

Ghalibaf a vite déçu les mollahs en révélant par sa difficle diction qu’il n’avait pas écrit son discours d’investiture et qu’il n’y comprenait rien !


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Pour résumer, le Parlement consultatif islamique, qui n’a pas vrai pouvoir au sein du régime et qui était devenu une source de tensions, n’a pu retrouver son rôle malgré l’élimination de son président remuant et va demeurer un organe à problèmes, car les mollahs, mal servis par les losers, sélectionnés par leur tacticien en chef Rafsandjani, ont perdu beaucoup de temps avec les plus prometteurs d’entre eux et ont dû finalement se rabattre sur le plus bêtement ambitieux d’entre eux, aussi véhément que nul, qui n’a jamais eu et n’aura jamais la capacité de proposer des idées ou encore de constituer une équipe pour aider sa propre carrière ou le régime.

Ce choix d’un loser frimeur est la preuve de la pénurie d’un leadership valable au sein du régime : il va amplifier ses crises et accélérer son déclin.


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