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Iran-Arabie Saoudite : Pas de paix cette semaine !
03.05.2021

Mahammad Ben Salman espère parvenir à entretenir de bonnes relations avec les mollahs qui conchient sa dynastie et alimentent les Houthis pour le renverser ! Des émissaires de deux États se sont rencontrés récemment en Irak. Les Occidentaux qui ont investi sur les mollahs espèrent une réconciliation pour justifier leur présence en Iran au prétexte que le régime serait sur la bonne voie. Rien n’est moins sûr. Il y eut ni un grand pas ni même un petit pas de deux côtés...



Les relations entre l’Iran et l’Arabie Saoudite [1] se sont détériorées à l’avènement des mollahs, car conformément à l’objectif clairement exprimé par Khomeiny ils ont tout de suite envoyé des terroristes à la Mecque dans le but de provoquer un bain de sang et accuser les Saoudiens d’être des ennemis de l’Islam.

Les Saoudiens ont fait appel à la GIGN pour attaquer les terroristes et ont évité le double piège tendu par les mollahs et leurs protecteurs anglais, ennemis de la couronne saoudienne en raison de leur évitement de l’exploitation pétrolière au profit des Américains.

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Les mollahs ont par la suite été occupés par la guerre contre l’Irak. Ils l’ont continué d’ailleurs pour provoquer de la solidarité nationale pour éviter la chute de leur régime, impopulaire au bout de seulement un an ! Ils ont alors oublié un peu l’Arabie Saoudite où ils n’avaient pas pu trouver une base populaire. Ils ont créé le Hezbollah [2] pour s’implanter durablement au Liban [3] [4], pays en guerre, divisé et propice à leur ingérence en raison d’une grosse communauté chiite tenue à l’écart de la réussite économique du pays.

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Soldat du Hezbollah devant des portraits de Khomeini & Fadlallah en sept. 1984 à Beyrouth


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Mais en 1987, pressés de finir la guerre par l’ONU, ils ont tenté encore une agitation sanglante à la Mecque qui fut réprimée par les Saoudiens.

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Les mollahs ont par la suite financé plusieurs attentats [5] contre les Saoudiens comme celui contre les tours d’habitation des militaires américains à Khobar en 1996, un attentat à Riyad par Al Qaeda en 2003, l’assassinat de Rafiq Hariri au Liban en 2005, tentative d’assassinat de l’ambassadeur saoudien aux États-Unis en 2011, provocation d’une panique suivie d’une bousculade mortelle à la Mecque en 2015, l’incendie de l’ambassade saoudienne à Téhéran en 2016 et l’engagement massif en faveur des Houthis depuis avec de nombreuses attaques massives contre les installations pétrolières saoudiennes.

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Mais jamais les diverses administrations américaines appliquant la diplomatie pro-islamisme des démocrates n’ont adopté des sanctions contre les mollahs pour ces motifs. Des médias comme Le Monde, partenaire de la révolution islamique en Iran, ont cherché à disculper les mollahs niant jusqu’à l’existence d’un projet d’exportation de la révolution islamique en Arabie Saoudite.

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Sous Obama, l’actuel prince héritier Mohammad bin Salman alors qui accompagnait son père, le roi Salman bin Abdulaziz, lors d’une visite officielle aux États-Unis avait interpellé Obama à ce sujet et sur la politique Américaine pro-islamisme en général la qualifiant de désastreuse pour le Moyen-Orient.

Il est rapporté qu’Obama avait répondu grossièrement à MBS avant de le chasser de la pièce. Mais le franc-parler de MBS séduit le roi. Il le prend comme conseiller et lui donne des missions diplomatiques hors norme.

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Il devient alors évident que le roi voulait écarter son héritier et neveu Mohammed ben Nayef Al Saoud (docile partisan de l’islamisme promu par les démocrates) de sa succession pour nommer MBS comme prince héritier.

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Mais ce changement est alors difficile en raison de la nature tribale de la monarchie saoudienne. La famille de Nayef est en charge de la police (ministère de l’Intérieur), du contre-terrorisme (les services secrets), des affaires syriennes (gestion de l’islamisme des démocrates). Nayef pouvait aussi compter sur Mutaib bin Abdallah, chargé de la garde nationale (l’armée & la sécurité du palais royal) et d’autres princes également proches des démocrates pour neutraliser MBS.

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Le changement devint possible avec l’élection de Trump et son projet de mettre fin à l’islamisme américain. Trump confirma sa ligne avec le sommet anti-mollahs le 21 mai 2017. Le roi a écarté Mohammed ben Nayef de sa succession au profit de MBS en juin 2017 ! On peut ainsi dire que le roi a encore fait preuve d’une grande prudence en raison de la puissance de ses ennemis saoudiens et américains. Les possibles ennemis du projet ont été détenus dans un hôtel anglais (loin de leurs troupes d’officiers ou de policiers) pour ne rien tenter.

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Mais on sait qu’il y eut une tentative d’assassinat par un drone en juin 2018 contre MBS avec une possible implication de la garde nationale saoudienne chargée de la sécurité de son palais. Il y avait même des rumeurs iraniennes du succès de l’attaque qui se sont avérés évidemment faux.

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Puis, Khashoggi, un journaliste saoudien, ex-membre des Talibans, partisan déclaré des décapitations de Daesh, réputé proche de Nayef, travaillant pour les démocrates [6] [7], a été assassiné par les policiers et les agents des services secrets aux ordres de Nayef et les démocrates ont accusé MBS !

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Le prince MBS a nié son implication, mais n’a pu arrêter les amis de Nayef ! Il n’a pu également dénoncer un complot, car il risquait de perdre sa crédibilité en étant clairement le prisonnier de ses cousins aigris !

MBS et son père ont trouvé un allié de taille avec Poutine qui a aussi aidé les raids anti-mollahs en Syrie et en Irak et mieux encore il a accepté le principe de l’OPEP+ renforçant les finances du Royaume et tous ses princes !

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Les ennemis de MBS ont joué sur les deux tableaux en renonçant à leur projet d’assassinat, mais en continuant à torpiller ses réformes pour le discréditer. Nayef et ses policiers ont notamment arrêté Loujain, la jeune saoudienne partisane du permis de conduire pour les femmes, après l’annonce d’une loi de MBS en faveur de cette demande. Ils ont ainsi relancé à peu de frais et d’efforts l’image d’un prince fourbe qui fait de fausses annonces pour cacher et lève des interdits pour mieux repérer les réformateurs et les arrêter.

MBS a continué cependant sa croisade pour la modernisation du pays avec l’ambitieux projet d’annulation des cours de « vision islamique » dans les écoles, les collèges et les lycées et leur remplacement par des cours d’éveille de la pensée. Il a aussi décrété que la police ne devait plus d’importuner les femmes désirant de circuler sans porter de voile islamique. En parallèle, il a aidé les accords d’Abraham et a tenu tête aux Houthis soutenus par les mollahs.

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Mais voilà, Trump a été battu et les démocrates qui avaient MBS dans leur viseur sont de retour. La nouvelle administration démocrate a rapidement abandonné la lutte contre le terrorisme des mollahs en entamant des négociations secrètes avec ces derniers et en retournant les Houthis, leurs alliés anti-saoudiens, de la liste américaine des groupes terroristes. Ils ont aussi repris les attaques à propos de l’affaire Khashoggi.

Mais cette fois, Nayef et ses alliés saoudiens ont cessé de s’agiter contre MBS, car leur guerre contre lui pouvait renverser la monarchie et être la fin de leur ambition !

Cependant ils pourraient tenter une action diffamante contre MBS avec l’aide des média démocrates dont on a vu la capacité de nuisance contre Trump et la majorité des Américains qui a voté pour lui.

Le roi Salman qui a validé les projets réformateurs de son héritier a jugé plus raisonnable de composer ces menaces, également contre lui-même. En homme prudent, il a incité son fougueux prince héritier à abonder dans le sens des attentes des démocrates en tendant la main aux mollahs. Il l’a fait en Irak qui comme son pays vit dans la peur et l’incertitude depuis le retour au pouvoir des démocrates.

Les mollahs sont allés à la rencontre des Saoudiens pour prétendre ne pas être des terroristes, mais en revanche, ils n’ont pas renoncé à leur ingérence terroriste au Yémen et en Irak et ils n’ont pas annoncé la rencontre dans leurs média par crainte de perdre leur alliance avec les Houthis qui sont très susceptibles et ont déjà frappé le régime (à leur début). Ils ont aussi été discrets par peur de désespérer leurs derniers collaborateurs qui craignent une entente au prix de leur tête.

Ce sont les Saoudiens qui ont révélé la rencontre (entre les ambassadeurs Abdulaziz Al-Shammari & commandant des Pasdaran Iraj Masjedi) pour convaincre les démocrates qu’ils les aident dans leur projet d’apaisement avec les mollahs et leur promesse d’annulation des sanctions de Trump. Mais les Saoudiens ont sans doute aussi parlé pour indisposer les mollahs et torpiller la poursuite de cette initiative contraire à leurs intérêts.

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Les deux parties ont donc agi sans être sincères. Il s’agissait de se faire tout petit pour apaiser les démocrates et non d’accomplir des prouesses diplomatiques aussi surprenantes que les accords d’Abraham. Il ne faut donc pas se raconter des histoires et tirer des plans sur la queue de la comète.

Les mollahs ont d’ores et déjà oublié leur pseudo-apaisement [8] avec les Saoudiens en inventant, Affaire des fichiers audio de Zarif : une légende pour faire du chef défunt de leur terrorisme régional et de Poutine, des bouc émissaire de leur régime, afin de se disculper et trouver un accord avec Biden sur une base anti-russe sans rien changer de la structure du régime.

Il n’y a pas de miracle avec les mollahs, car ils ne peuvent pas survivre sans leur terrorisme systémique. Ils n’y renonceront point. Les industriels qui ont misé leurs fonds en Iran ne pourront espérer un apaisement via ce genre de rencontre. Il faudrait qu’ils se montrent aussi prudents, patients, discrets, brefs aussi diplomates que MBS et son père. La business avec les mollahs n’est pas pour demain.