Economiquement lessivé, incapable de supporter plus longtemps les sanctions, Téhéran multiplie depuis plusieurs mois les provocations pour engager les Américains dans une escalade susceptible de nuire à la sécurité du détroit d’Ormuz pour les pousser à capituler en mettant fin aux sanctions. Plus le temps passe, plus les indices économiques s’aggravent et plus les mollahs amplifient la crise. Face à cette politique de fuite en avant lancée par anticipation en 2006, les Américains ont toujours esquivé car pour dominer l’Asie Centrale, ils doivent nécessairement parvenir à une entente avec les mollahs ce qui exclue toute mesure susceptible de les renverser (de nouvelles sanctions ou des frappes). Les Européens membres du groupe des Six ont également esquivé toute mesure susceptible de renverser les mollahs car ce serait la fin de leurs contrats pétroliers en cours ou en attente comme l’extraordinaire accord signé en 2008 par l’EDF via sa filiale italienne Edison ou les divers blocs du champs gazier South Pars.

Dans l’impossibilité de telles mesures et la nécessité d’agir (pour assurer leur propre image auprès de leurs électeurs), les dirigeants occidentaux font semblant de se démener pour former une coalition capable de lancer des sanctions, alors que cette coalition existe déjà. Pour justifier les retards, ils parlent de l’opposition de la Chine. Dans ce lot de tricheurs, l’administration Obama a expédié Hillary Clinton pour chercher des alliés en Arabie Saoudite. L’administration Bush avait joué la même comédie quand en été 2008, il est devenu évident que Téhéran n’avait pas la force de supporter plus de sanctions. On avait alors entendu les Arabes dire « NON » à Bush ! Cette fois, ils ont dit « OUI à une résolution, mais surtout pas de sanctions », et la bonne Hillary qui aime trop les Arabes a dit ok.

Tout cela n’étant pas susceptible de convaincre les citoyens américains ou européens qui attendent une certaine fermeté, les Etats Occidentaux ont haussé le ton à propos des violations des droits de l’homme, une escalade sans conséquence fâcheuse pour leurs divers intérêts. Cette « attaque » est à l’image de leurs efforts pour l’adoption de nouvelles sanctions : Vide ! En effet, parce que les uns et les autres sont conscients que pour assurer leurs intérêts en cours ou à venir, il leur faut une bonne entente avec les mollahs, ils ont évité toute référence à l’existence de lois qui violent quotidiennement tous les droits de tout le monde. Nos amis américains et français n’ont parlé que des répressions récentes et là encore, pas un mot sur Neda ou encore les deux opposants récemment pendus ! Tout a été pensé pour éviter la mise au ban des mollahs. Il n’y a d’ailleurs pas eu de demande de sanctions...

En fait, Paris et Washington avec la complicité de médias peu portés sur l’analyse ont trouvé les moyens dilatoires durables et fort médiatiques (efforts diplomatiques stériles ou mises à l’épreuve à rallonge) pour donner l’impression d’agir alors qu’ils font tout pour éviter de nouvelles sanctions susceptibles de renverser le régime utile à leurs intérêts. Si le plan consistait à juste éviter des sanctions, nous aurions conclu à un succès, mais il ne s’agit pas de sauver les mollahs, mais d’éviter l’escalade souhaitée par ces derniers pour les maintenir dans un système de sanctions à petit feu afin de les forcer à composer avec Washington. De fait, Téhéran ne sera pas reconnaissant et fera tout pour neutraliser ce plan génial censé durer une éternité pour l’épuiser.

Cela a d’ailleurs déjà commencé. Puisque l’on situe désormais le jeu sur le terrain des droits de l’homme, Téhéran a opté pour des provocations dans ce domaine avec l’annonce dès lundi de la pendaison prochaine d’Amir-Reza Arefi, un autre jeune monarchiste arrêté en mars dernier. Puis, il a enchaîné le même jour sur une provocation sur mesure pour la France, maillon faible du tandem avec l’annonce de l’arrestation d’un « espion français à Téhéran », une personne condamnable à la peine de mort ! Selon le schéma pour éviter l’escalade, l’info est passée à la trappe, mais Paris ne pourra pas longtemps esquiver l’affaire car Téhéran se fera une joie de la lier au cas de Clotilde Reiss. Le jeu étant aussi nucléaire, ce même lundi, en présence de 300 journalistes (invisibles), Ahmadinejad a annoncé l’installation prochaine de centrifugeuses 5 fois plus puissantes que les modèles iraniens existants. D’autres provocations viendront bousculer le tandem, il en va de la survie du régime. Les Français et les Américains feraient bien de repenser leur plan et pourvoir à de nouveaux mensonges pour éviter l’escalade parce que ça va tanguer à bâbord et à tribord.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG
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NB | Les manœuvres dilatoires franco-américaines ont été très concises, mais très riches. Au lieu d’écrire un commentaire global, nous avons opté pour une analyse détaillée. Hier, nous avons expliqué le sens des propos d’Hillary Clinton dans ce dispositif. Demain, nous aborderons le sujet sous l’angle de la réponse indirecte de Téhéran à cette offensive via une double offensive de charme en direction de Moscou et Pékin (avec la participation des Russes).

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Pour en savoir + sur le dispositif anti-sanctions :
 Iran : Le chant lancinant d’Obama et les paillassons
 (9 décembre 2009)