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Iran : L’Amérique au seuil des sanctions critiques
14.11.2009

Les médias sont sur le pied de guerre avec l’annonce d’une saisie des avoirs iraniens aux Etats-Unis. Or, ces avoirs avaient déjà été saisis en décembre 2008 par George Bush ! Obama nous jette de la poudre aux yeux pour dissimuler son refus d’adopter des sanctions plus lourdes contre les mollahs.



Il ne s’agit pas d’Obama, mais des intérêts américains ! Washington doit parvenir à une entente pour accéder à l’Asie Centrale, mais aussi pour vaincre les Talibans qui résistent grâce à des armes russes et chinoises qui leur parviennent via l’Iran. La mainmise sur l’Iran et l’Asie Centrale permettrait aussi d’évincer les compagnies pétrolières britanniques de leur leadership de 100 ans sur le marché mondial des hydrocarbures. La clef de beaucoup de ses problèmes est l’Iran, mais Washington veut aussi contrôler les mollahs, leaders de l’islamisme pour agiter avec leur aide les régions musulmanes de la Chine. Ce projet ne convient pas aux mollahs car il suppose une démocratisation de leur régime. Ils y résistent depuis des années et pour les faire changer d’avis, Washington les sanctionne depuis des années avec divers prétextes officiels (comme le nucléaire). Mais il a toujours su qu’il ne devait pas dépasser un certain seuil d’efficacité dans ses sanctions afin de ne pas renverser son futur allié récalcitrant, c’est pourquoi il modifie grâce à des rapports le degré de danger nucléaire de Téhéran.

Ce seuil critique des sanctions a conduit les dirigeants américains à imaginer des pressions de substitution avec des rumeurs de frappes américaines ou israéliennes, ou encore des opérations ponctuelles de déstabilisation régionale en Iran ou dans les zones d’influences des mollahs comme la Bande de Gaza.

Malgré les précautions américaines de varier les pressions, ce seuil critique a été atteint en août 2008 tout juste après un an de sanctions financières car l’économie iranienne était trop mal gérée. Washington s’est alors retrouvé en panne de sanctions et face à une opinion publique convaincue du danger imminent du nucléaire iranien et demandeuse de sanctions. L’opinion publique, américaine ou mondiale, est l’alliée de la politique de sanctions contre Téhéran. Une escalade des sanctions étant impossible, l’administration Bush a alors ralenti les sanctions et a été la première à annoncer le boycott d’un établissement financier iranien qui était déjà boycotté par une précédente résolution du Conseil de Sécurité.

Finalement au cours de la dernière année de son mandat, Bush a adopté une seule nouvelle sanction qui était la saisie, plutôt d’effets mineurs, des avoirs et revenus de la Fondation Alavi. Hier, en annonçant à nouveau la saisie de la fondation Alavi, Obama a refait le coup de Bush en août 2008 et pour exactement la même raison : apaiser les craintes de l’opinion américaine sans dépasser le seuil critique avec de nouvelles sanctions.

Dans le même genre, hier, Obama a aussi annoncé le renouvellement pour un an des sanctions adoptées par Carter en le motivant par une absence d’une normalisation des relations avec l’Iran. Il y a un côté éducatif dans le propos pour préparer l’opinion à une entente. C’est sans doute le point le plus saisissant de cette seconde annonce car les sanctions de Carter sont relatives au gel de certains avoirs très anciens ou à l’interdiction d’exportation de pièces d’avions, ce qui ne représente aucune pression économique supplémentaire pour Téhéran, ni aucune menace pour la stabilité du régime.

Il y a quelques jours, Washington avait agi presque de la même manière en annonçant l’adoption d’une loi d’embargo sur le carburant, loi qui avait déjà été adoptée et ce pour retarder cette sanction vraiment fatale pour les mollahs qu’il avait évoquée plus tôt pour les intimider.

Hier, Téhéran n’a pas été plus lourdement sanctionné, mais reste sous le coup des sanctions adoptées en 2007 qui ont plongé son économie dans un état comateux. La journée n’a rien changé pour les mollahs, il a seulement intensifié une situation difficile pour les Etats-Unis : la gestion difficile du seuil critique des sanctions.


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| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions Ciblées en cours d’application |
| Mots Clefs | Enjeux : Apaisement |

| Mots Clefs | Instituions : Economique iranienne |