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Iran : Aucun dialogue, ni avec les Six, ni avec Obama
26.05.2009

Les présidents du Pakistan et de l’Afghanistan, c’est-à-dire, des deux plus importants alliés des Etats-Unis face aux Talibans étaient à Téhéran. A l’examen des sujets abordés, on s’aperçoit que le véritable objet de leur visite était une nouvelle offre américaine d’entente à Téhéran.



Cette semaine se tenait à Téhéran une conférence tripartite entre le président iranien Ahmadinejad, son homologue afghan Hamid Karzaï et le pakistanais Asif Ali Zardari. Selon le ministère afghan des affaires étrangères, l’objectif de cette réunion était de créer un « mécanisme de consultation régulier à haut niveau entre les trois pays pour une lutte commune contre le terrorisme et le trafic de drogue ».

Cette lutte commune est le projet de coopération américaine proposée aux mollahs au moment de la conférence de La Haye, conférence qui devait être le déclencheur d’un dialogue direct et sans condition préalable entre Téhéran et Washington. Téhéran avait refusé à la fois cette coopération restreinte, mais aussi le principe d’un dialogue informel avec les Etats-Unis. Avec cette conférence Tripartite à Téhéran, cette semaine, Washington a en fait repris là où les choses étaient tombées à l’eau.

Pour cette reprise, Washington a renoué avec les efforts qu’il avait déployés en mars 2009 pour attirer les mollahs à la rencontre de La Haye. Il a fait appel à ses alliés régionaux qui ont hypocritement insisté sur le rôle positif des mollahs sur la scène internationale afin de les coincer dans cette coopération régionale politiquement correcte qui les obligerait à dialoguer avec les Etats-Unis. Pour inciter les mollahs à accepter, Washington a encore levé son veto sur la coopération gazière avec l’Iran en autorisant le Pakistan à évoquer une possible finalisation du pipeline Iran-Pakistan-Inde bloqué depuis des années par les différentes administrations américaines (Clinton, Bush et maintenant Obama).

Cette fois aussi, le résultat a été le même. Téhéran a appliqué la solution qu’il avait trouvée en mars 2009 après un mois de tâtonnements pour éviter le compromis avec Washington. Il a joué le jeu en acceptant les honneurs, la signature d’un préaccord de finalisation du pipeline IPI, et même, –nouveauté- la possibilité d’une participation américaine au prochain sommet tripartite Iran-Pakistan-Afghanistan ! Mais immédiatement après le départ de ses hôtes, il a organisé une conférence de presse internationale pour faire savoir qu’il ne parlerait en aucune façon du nucléaire iranien pendant ses participations à différentes conférences internationales.

« Nous l’avons déjà dit et nous disons que nous ne discuterons pas du dossier nucléaire en dehors de l’AIEA. La question nucléaire est terminée en ce qui nous concerne... Les discussions en dehors de l’AIEA porteront exclusivement sur la participation à la gestion des affaires du monde et aux moyens d’apporter la paix dans le monde », a expliqué Ahmadinejad. Iznogoud a également renouvelé son offre d’un débat télévisé avec Obama !

C’est une réponse extrêmement complexe. Le refus inclut évidemment la prochaine conférence sur l’Afghanistan qui se tiendra fin juin à Trieste en Italie en marge de la conférence des G8. Téhéran affirme son intention d’y aller, mais pour récolter les honneurs et se poser en égal des grands afin d’y afficher son aise, et non pour y faire des compromis.

Par cette intervention matinale, le régime des mollahs a aussi mis un terme brutal à l’envoi des émissaires amicaux des Etats-Unis en Iran. Il y a donc une forte dose d’impertinence, mais ce n’est pas tout, la réponse est bien plus astucieuse qu’il n’y paraît. Jusque-là Téhéran jouait toujours les Américains contre les Six ou vice-versa. Pour la première fois, il exclut le dialogue avec les deux. C’est un choix risqué, mais avisé comme en témoignent les réactions molles des intéressés.

Cette réponse particulière impertinente des mollahs a déclenché une réaction typique de la diplomatie américaine : l’amiral Mike Mullen, chef d’état-major interarmées de l’US Army, a fait part d’informations laissant entendre que l’Iran serait vraisemblablement doté de la bombe atomique d’ici trois ans, ce qui réduirait les délais pour une solution diplomatique. Washington a ainsi sous-entendu un éventuel recours à la force à une date lointaine, mais n’a évoqué aucune sanction économique, mesure incompatible avec sa diplomatie de dialogue. Il n’y eut également rien de la part des Six dont une moitié (Russie, Chine, Grande-Bretagne) est hostile aux sanctions et l’autre moitié soumise aux Etats-Unis, eux-mêmes opposés à de nouvelles sanctions.

Téhéran a joué finement. Il refuse le dialogue et le compromis, mais ne récolte aucune sanction. Il vient donc de bloquer le processus et maintiendra cette position risquée mais osée pour pousser ses adversaires à accepter un arrangement.

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C’est dans ce contexte très délicat que Silvio Berlusconi a fait bruyamment savoir que l’Italie était prête à jouer un rôle d’intermédiaire, pour parvenir à un accord avec l’Iran sur son programme nucléaire. Ces propos confirment notre analyse consacrée à la récente agitation des Italiens, mais le problème est que Téhéran ne veut pas de ce troisième larron ou tout autre intermédiaire pour parvenir à un accord. Il veut le contraire.

Dans cette affaire dont l’enjeu est la survie du régime, le seul regret des mollahs sera un nouveau report de la signature définitive de l’accord pour l’exportation quotidienne de 21,5 millions de m3 de gaz iranien vers le Pakistan via le futur pipeline IPI.

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article complémentaire :
- Iran - les Six : Téhéran cherche uniquement un tremplin
- (14 AVRIL 2009)

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