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Iran-Afghanistan-USA : Superbe changement de tactique
27.03.2009

Après avoir entretenu le doute à propos de sa participation à la conférence internationale sur l’avenir de l’Afghanistan et même confirmé son absence, le régime des mollahs a annoncé sa présence pour le 31 mars à La Haye. L’annonce donne lieu à des spéculations un peu hâtives sur la possibilité d’une rencontre irano-américaine en marge de la conférence : erreur ! On n’est pas face à l’évolution attendue par les Américains : il s’agit d’un superbe changement de tactique.



Le 5 mars 2009, Hillary Clinton avait suggéré que la république islamique d’Iran figure parmi les 80 Etats invités de la prochaine conférence internationale sur l’Afghanistan. L’objectif était évidemment d’inclure Téhéran dans un dialogue général, prélude à un dialogue bilatéral, lui-même prélude à des négociations bilatérales pour résoudre l’ensemble des problèmes qui opposent les Etats-Unis aux mollahs depuis 30 ans. Cela suppose que Téhéran fasse d’importants compromis en renonçant à certains comportements qui lui ont valu toute une série de sanctions américaines depuis 30 ans. Ce que les mollahs ne peuvent accepter car ils marchent en permanence sur les lignes rouges pour rester un facteur de trouble dans la région en particulier au Moyen-Orient. Ils estiment que cette capacité de nuisance est leur police d’assurance contre les Etats-Unis. Face à la moindre menace contre leur régime, ils promettent de provoquer des guerres via leurs milices, le Hamas et évidemment son modèle le Hezbollah. Dans ces conditions, faire un compromis serait l’équivalent d’une capitulation, c’est pourquoi avant tout dialogue Téhéran exige la levée de toutes les sanctions contre l’Iran, dont la grande majorité est liée au Hezbollah.

Quand Téhéran a entendu la suggestion d’Hillary Clinton, il a compris que les Américains voulaient provoquer une rencontre pour couper court aux marchandages sur le Hezbollah. Une fois le dialogue engagé, Téhéran ne pourrait plus exiger quoi que ce soit et il serait obligé de faire des concessions. C’est pourquoi, Téhéran a d’abord ignoré l’appel, avant d’exiger une « invitation officielle américaine ». Il voulait se faire prier par les Américains et poser ses conditions, c’est-à-dire neutraliser la ruse anti-marchandage.

En l’absence d’une invitation, dès le lendemain [1], Téhéran a essayé de la provoquer en envoyant Ali-Asghar Khaji son ambassadeur en Belgique, au Luxembourg et dans l’UE à la rencontre du secrétaire général adjoint de l’OTAN, Martin Erdaman pour faire état d’une possible coopération avec cette organisation. C’est la nouvelle révélée aujourd’hui par les Américains. Toujours en l’absence de la réaction attendue, le régime était reparti en mode provocations, refusant toutes les médiations américaines.

En réponse, Washington a alourdi ses sanctions contre l’Iran, lancé des opérations occultes contre les Pasdaran et incité ses alliés régionaux, le Qatar, la Turquie et l’Afghanistan à saluer le rôle régional des mollahs avant d’exiger leur présence à La Haye. Cette dernière approche a eu raison des mollahs qui cèdent également pour ne pas encaisser une nouvelle sanction économique. C’est une petite défaite concédée pour éviter une plus grosse déroute comme l’ouverture d’un dialogue aux conséquences désastreuses. En cela, Téhéran revient à l’attitude qu’il avait adoptée quand Condoleezza Rice avait suggéré une participation iranienne à la première conférence internationale sur l’Irak qui s’était tenue le 28 mai 2007 à Bagdad : à cette date, des diplomates iraniens non décisionnaires ont rencontré leurs homologues et il ne s’est strictement rien passé. Ils se sont même rencontrés à plusieurs reprises par la suite sans avancer d’un pouce. Téhéran a seulement acquis le statut d’interlocuteur officiel sur l’Irak. A défaut d’une « invitation officielle américaine », les mollahs partent à l’assaut d’un statut similaire sur l’Afghanistan pour engager ce dialogue anti-marchandages dans un train-train contraire à sa stratégie initiale.

Il est de ce fait déplacé de spéculer sur la tenue ou pas d’un dialogue irano-américain en marge de cette conférence : Téhéran a opté pour une nouvelle tactique avec des rencontres aussi bien à Moscou qu’à La Haye. Les mollahs ont vaincu leurs craintes ou envies, laissant tomber la demande directe d’une « invitation officielle américaine » pour revenir à des méthodes de fonctionnement plus traditionnelles qu’ils maîtrisent parfaitement : d’interminables rencontres préliminaires via des diplomates de bas rang et des ruptures imprévues. Le régime a même commencé à implanter le décor en maintenant le doute sur le rang des deux diplomates qui le représenteront à La Haye.

Pas étonnant que la Russie, farouche adversaire d’une capitulation iranienne face aux Etats-Unis, ait applaudi ce changement tactique pour se dire volontaire pour organiser une rencontre entre diplomates américains et iraniens en marge de sa conférence sur l’Afghanistan prévue pour ce vendredi à Moscou.

Dans un retournement inédit et fort compréhensible, le Département d’Etat (ministère américain des affaires étrangères) vient d’exclure toute rencontre à La Haye entre ses deux hauts diplomates de la délégation américaine (Clinton+Holbrooke) et les émissaires iraniens. Pas de rencontre : pas de statut spécial d’interlocuteur régional privilégié ! Match nul !

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| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Enjeux : Rôle régional de l’Iran |

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| Mots Clefs | Décideurs : Hillary Clinton |
| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les rel. avec les USA & Négociations directes |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Afghanistan |

| Mots Clefs : Alliance IRAN-RUSSIE |
| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : RUSSIE |

[1The meeting took place on March 9 between NATO’s Assistant Secretary General for Political Affairs and Security Policy Martin Erdmann and Iran’s Ambassador to Belgium, Luxembourg and the European Union, Ali-Asghar Khaji, NATO deputy spokeswoman Carmen Romero told Xinhua |