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Iran : Londres, comme Moscou, ne veut plus de sanctions
02.04.2009

Il y a quelques jours, l’homme fort de l’administration Obama, Robert Gates avait évoqué la nécessité d’un renforcement des sanctions contre l’Iran pour attirer les mollahs à la table des négociations. David Miliband, le ministre britannique des Affaires Etrangères pense que cela nuirait à la volonté affichée par l’Iran de normaliser ses relations avec les Etats-Unis.



Ce n’est pas la première fois que la Grande-Bretagne s’affiche dans une position opposée à celle des Etats-Unis en ce qui concerne l’Iran. Il y a peu, au nom du même esprit de dialogue qu’est prêché par Obama, les Britanniques avaient établi le contact avec le Hezbollah, ce qui est une reconnaissance implicite de ce mouvement, instrument politique et militaire du rôle régional des mollahs. Les Etats-Unis qui cherchent à isoler le Hezbollah pour isoler les mollahs avaient alors vivement protesté. La Grande-Bretagne avait évoqué un dialogue avec la branche politique du Hezbollah redoublant les critiques de Washington. Pour calmer le jeu, les Britanniques ont invité à Londres le fils Hariri, on a alors cru à un retour à la normale, ils viennent de recevoir en grande pompe Monsieur Hajj Hassan, un député du Hezbollah, visiblement peu impressionné par les critiques de Washington.

Dans un autre domaine, il y a peu, ils évoquaient, par l’intermédiaire de Jack Straw, le ministre britannique de la justice, la nécessité de demander pardon aux mollahs pour réparer des erreurs passées de l’Occident. C’est également le thème développé dans le documentaire qu’ils ont consacré au 30e anniversaire de la république islamique, où ils critiquaient l’absence de volonté de compromis chez Bush. Puis plus récemment, par l’intermédiaire du PM Gordown Brown, ils évoquaient la nécessité d’un droit à l’enrichissement accordé par le Conseil de Sécurité, ce qui va à l’encontre de la démarche américaine et enfin, dernier acte de ce positionnement pro-mollahs, ils appellent à un gel des sanctions, quelques jours après que Gates ait évoqué la nécessité de les renforcer.

En réalité, ces positions ne sont pas pro-mollahs, mais anti-américaines. Les deux puissances occidentales presque complices en Irak ont des vues divergentes sur l’Iran. Washington sanctionne Téhéran pour soumettre les mollahs et en faire des alliés dociles. Si les deux parties aboutissent à une entente, quelle qu’elle soit, via l’Iran, l’Amérique trouvera un accès privilégié vers l’Asie Centrale et ses compagnies pétrolières deviendront les leaders du marché pétrolier mondial dominé depuis un siècle par les compagnies Britanniques.

L’enjeu est énorme pour la Grande-Bretagne : elle doit, comme la Russie, empêcher cette entente par tous les moyens. Les deux évoquent d’ailleurs les mêmes arguments : un gel des sanctions, un dialogue à outrance et une reconnaissance du rôle régional des mollahs qui suppose une reconnaissance du Hezbollah et de facto la levée de toutes les sanctions américaines pour terrorisme. Il s’agit de priver les Etats-Unis de leurs moyens de pressions sur Téhéran.

Les deux Etats ont également un autre point commun : ils doivent empêcher les mollahs de s’approcher de Washington. Les Russes ont plusieurs moyens de pression sur Téhéran (la livraison de Bouchehr ou des S300). Ils alternent des refus de livraison avec leurs déclarations très pro-mollahs.

Les Britanniques en revanche manquent de moyens de pression directe sur Téhéran (leurs relations étant indirectes). Toutes les fois que Téhéran montre des signes de rapprochement avec Washington, comme en novembre 2008, Londres n’hésite pas à évoquer la nécessité des sanctions très lourdes contre les patrons du régime. Comme les Russes, il doit alterner punition et gratification : il s’est ainsi rattrapé en décembre en invitant Ahmadinejad sur la 4e chaîne publique britannique pour présenter ses vœux du nouvel an aux anglophones du monde entier. Les Britanniques, comme leur alter ego Russes, passent ainsi d’un extrême à l’autre dans le sillage des Américains et des mollahs qui ne cessent de changer de position.


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Pour en savoir + sur ces tangos à 3 :
- Iran : Les Six se transforment en 3+2+1
- (28 FÉVRIER 2009)

Pour en savoir + :
- Iran-EU-GB : Le renard est dans le poulailler
- (19 FÉVRIER 2009)

| Mots Clefs | Pays : Grande-Bretagne |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : RUSSIE |

| Mots Clefs | Décideurs : Robert Gates |
| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les rel. avec les USA & Négociations directes |
| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions (du Conseil de Sécurité) |
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| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions (unilatérales) en cours d’application |