Accueil > News > Iran : Que veut Moscou en échange de Bouchehr ?



Iran : Que veut Moscou en échange de Bouchehr ?
26.02.2009

Pendant longtemps, la Russie a retardé l’achèvement de la centrale nucléaire de Bouchehr pour faire pression sur les mollahs afin qu’ils cessent de chercher une entente avec les Etats-Unis. Chaque tentative de dialogue secret a été sanctionnée par un retard sur Bouchehr. L’annonce russe de l’achèvement de Bouchehr rime donc avec la certitude des Russes que l’entente entre Téhéran et Washington est à l’eau.



Il y a trois semaines, Téhéran sollicitait le soutien de l’Europe pour relancer de nouvelles négociations interminables afin d’encourager la nouvelle administration Obama d’accepter un compromis. La Russie avait alors évoqué des retards à prévoir dans l’achèvement de Bouchehr. Sergueï Kirienko, le PDG de l’agence russe de l’énergie atomique (Rosatom) avait parlé de possibles incompatibilités entre les équipements russes et les installations trop vétustes fournies en 1974 par Siemens.

L’annonce présente de l’achèvement des travaux confirme donc qu’il s’agissait d’un mensonge et d’un moyen de pression sur Téhéran. Le changement d’attitude des Russes résulte des péripéties qui ont entouré la publication du dernier rapport de l’AIEA.

Le dernier rapport de l’AIEA a été conçu pour priver les Etats-Unis de leur mainmise sur la gestion des intimidations et des sanctions afin que les Américains ne puissent pas utiliser ces pressions sur Téhéran pour imposer une entente séparée aux mollahs. Le rapport est donc allé plus loin que les accusations de Washington pour devenir la principale source de pression sur Téhéran pour forcer les mollahs à accepter une entente multilatérale, c’est-à-dire avec le Conseil de Sécurité et non avec les Etats-Unis. Si une entente irano-américaine devenait de ce fait plus difficilement réalisable, il en ressortait que Téhéran se trouvait d’un coup face à deux sources de pressions et donc en détresse.

Immédiatement, les Russes avaient laissé entendre qu’ils seraient du côté de Téhéran pour l’aider à préparer sa riposte. Ils ont alors évoqué un achèvement de Bouchehr et une possible adhésion à l’Organisation de Coopération de Shanghaï, l’Otan sino-russe. Cette adhésion est idéale pour les mollahs car c’est une protection militaire qui leur accorderait une certaine impunité pour se livrer à leurs provocations anti-occidentales. Mais cette adhésion n’est pas en sens unique car elle empêcherait l’Iran de loucher du côté des Américains et neutraliserait sa participation à des projets de l’Otan en Afghanistan.

Téhéran n’a pas sauté sur l’occasion car il cherche avant tout une entente avec les Etats-Unis et une reconnaissance américaine de ses milices, le Hamas et le Hezbollah. Pour convaincre Téhéran, Moscou est passé à l’action en réalisant la première partie de son offre afin de mettre réellement aux mollahs l’eau à la bouche. Si Téhéran ne se montre pas réceptif aux attentes de la Russie, on entendra à nouveau parler de l’incompatibilité entre les équipements russes et les installations de Siemens pendant les tests de réglage et de nouveaux retards sanctionneront l’attitude non coopérative de Téhéran.

On peut d’ores et déjà pronostiquer ce genre de retard car dès la réception de sa centrale, Téhéran a annoncé l’installation de nouvelles centrifugeuses pour augmenter sa production d’uranium faiblement enrichi afin de disposer d’une source autonome de combustible ! C’est une manière de relancer les soupçons sur son programme nucléaire et le bras de fer avec les Américains pour amplifier la crise afin que par la crainte d’une escalade guerrière, l’opinion américaine pousse Obama à accepter un compromis.

Cela ne convient pas aux Russes. Moscou qui a réellement besoin d’une alliance avec l’Iran pour empêcher la pénétration américaine en Asie Centrale est intervenu pour calmer le jeu en annonçant un contrat de livraison de combustible russe à Bouchehr pour une durée d’au moins dix ans. L’un n’empêchera pas l’autre : Téhéran signera ce contrat, mais il continuera à faire des annonces nucléaires anxiogènes à propos de ses travaux d’enrichissement.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG
La centrale Bouchehr est presque terminée, mais en sursis, nous aurons bientôt des complications à son sujet car cette centrale est la pointe visible d’un iceberg géopolitique. Les Israéliens s’inquiètent de l’usage frauduleux que pourraient faire les mollahs des combustibles irradiés d’une centrale qui ne fonctionne pas encore, mais le plus inquiétant est l’usage polémique que fait Téhéran de son autre programme nucléaire, en vue d’obtenir une entente irano-américaine qui privera Israël de son rôle de l’allié privilégié de l’Amérique.


© WWW.IRAN-RESIST.ORG
La Russie a besoin des mollahs :
- Attaquer l’Iran équivaut à attaquer la Russie !
- (19 SEPTEMBRE 2007 )

| Mots Clefs | Nucléaire : Equipements & Centrales |

| Mots Clefs : Alliance IRAN-RUSSIE |