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Iran : Rafsandjani souhaite renouer avec la France
19.01.2009

Rafsandjani, le patron du régime des mollahs, a convoqué Bernard Poletti l’ambassadeur de France en Iran (ci-dessous) pour lui faire part de « son mécontentement face à la position pro-sioniste adoptée par l’Union Européenne ». En réalité, Rafsandjani n’est pas gaga, il sait que bien la France ne préside plus l’UE, mais son intention était de renouer un dialogue diplomatique avec un représentant de la France après une période marquée par des attaques et des insultes contre le chef de l’Etat français.



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Cette reprise du dialogue ne concerne pas Gaza, mais le dossier nucléaire iranien, qui retrouve une certaine actualité avec l’arrivée d’Obama qui a parlé de son intention de dialoguer directement avec Téhéran sans brandir des conditions préalables.

Dans ses négociations directes et confidentielles avec les Américains, Téhéran faisait peser sa capacité de nuisance régionale comme un atout. L’épisode de Gaza a prouvé l’absence de cette capacité de nuisance et à présent, Téhéran fuit le face à face avec les Américains. Mais puisque l’offre d’une rencontre sans conditions préalables est par définition impossible à refuser sans réveiller les soupçons sur le programme nucléaire iranien, Téhéran espère faire capoter les rencontres confidentielles avec les Américains en impliquant d’autres Etats dans le processus de négociations pour jouer les perturbateurs. D’où l’intérêt de renouer avec Paris !

La semaine dernière, c’est Jahanchahi, un lobbyiste non-déclaré des mollahs, qui a pris sa plume pour encourager la France à s’engager dans le dialogue avec Téhéran aux côtés d’Obama. Rafsandjani, le patron du régime, apporte aussi sa pierre à l’édifice puisque au cours de cette rencontre officiellement consacrée à Gaza, il a aussi parlé du dossier nucléaire iranien en des termes qui confirment notre hypothèse !

« Brandir le langage de la menace et utiliser une rhétorique inamicale n’aidera pas à résoudre le problème alors que l’Iran est prêt à résoudre ce dossier dans le cadre de négociations et sans aucune condition préalable », a déclaré Rafsandjani.

Or comme nous l’avons rappelé, Obama, le futur principal adversaire du programme nucléaire iranien, président de l’Etat qui impose à lui-seul toutes les sanctions contre l’Iran, propose justement un dialogue sans conditions préalables. Face à cela, Rafsandjani a pour souhait que la France rejoigne le processus.

Après avoir formulé cette demande, le patron non officiel du régime a évoqué les récompenses que le régime des mollahs pourrait accorder à cette collaboration de la France. Rafsandjani a parlé de l’Irak, de l’Afghanistan et du Liban ! Il a précisé que son régime était profondément opposé au terrorisme et « si les pays occidentaux tenaient vraiment à résoudre les difficultés, l’Iran pourrait être alors d’une grande aide dans la région ».

Au moins, c’est clair : soutenez-nous et nous vous laisserons agir au Liban ou demanderons à nos alliés de ne pas vous attaquer en Afghanistan. Téhéran avait déjà fait ce genre de propositions à la France en octobre dernier. Le problème essentiel est que depuis cette date le rôle régional des mollahs est remis en question. Pendant la crise de Gaza, Hekmatyar, le taliban tueur des Français, financé depuis des lustres par les mollahs, a pris ses distances avec ces derniers en appelant les Palestiniens à rompre avec Téhéran.

Quant au Liban, le Hezbollah et le gouvernement libanais n’ont pas souhaité s’engager leur force dans le conflit. Téhéran fait des promesses qu’il ne peut pas tenir.

Le plus frappant est que l’on retrouve dans cette intervention les deux thèmes développés par le lobbyiste du régime dans sa tribune dans le Figaro : le régime insiste sur sa supposée influence régionale qui n’existe plus et entend la monnayer contre un compromis sur le nucléaire.

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Poletti | Face à ces offres sous-entendues, Poletti a fait aussi une réponse codée. Il a reconnu que « l’Iran avait été l’une des victimes du terrorisme » soulignant que les menaces de terrorisme touchent de la même manière beaucoup de pays dans le monde. C’est une allusion aux Moudjahiddines du peuple, un rappel que Paris peut stopper ou relancer le processus du retrait de ce groupe de la liste Européenne des mouvements terroristes, une manière de rappeler au mollah en chef que la France avait aussi des moyens de pressions sur Téhéran. Après cette allusion, Poletti a fait part de la volonté de la France de résoudre la crise nucléaire iranienne par le dialogue et la négociation et sans avoir recours aux menaces. « La France ne ménagera pas ses efforts en ce sens », a annoncé l’ambassadeur de France en Iran. Il l’a aussi rassuré sur les efforts de l’UE et en particulier de la France pour résoudre les évènements de Gaza…

C’est donc un oui conditionné de Poletti à la demande frelatée des mollahs, une réponse qui doit néanmoins être confirmée par le président Sarkozy. Si la réponse est confirmée, elle serait le démarrage d’une nouvelle période d’impunité pour les mollahs.

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| Mots Clefs | Mollahs & co : Rafsandjani |

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Nucléaire : Négociations sans fins (Manoeuvres dilatoires) |
| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : France |
| Mots Clefs | Décideurs : Sarkozy |

| Mots Clefs | Décideurs : P5+1 (les Six) |

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |