« L’AIEA évoque les progrès rapides et préoccupants du programme d’enrichissement iranien, dont chacun sait qu’il n’a aucune finalité civile. Le moment approche où un choix devra être fait par les dirigeants iraniens : soit ils provoquent une grave confrontation avec la communauté internationale, soit, ce que la France souhaite, on arrive enfin à une solution dans la négociation », a déclaré le président.

Le chef de l’Etat s’est dit persuadé de la volonté des Six (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne) d’avoir « un dialogue ouvert et direct » avec Téhéran. « La recherche d’un accord est possible, ce sont les dirigeants iraniens qui doivent maintenant choisir ».

Il y a un 1 an et demi, le 27 août 2007, à l’occasion du traditionnel discours annuel du président aux ambassadeurs français, Nicolas Sarkozy avait fait sensation en évoquant « la bombe iranienne ou le bombardement de l’Iran ». Un an après, en août 2008, il reprenait le même discours avec quelques bémols, mais avec cette formule très forte. Cette fois, si l’on évoque une confrontation, on a enlevé cette formule choc pour insister sur le dialogue, plus approprié à la ligne qu’entend adopter Barak Obama.

Cela ne veut pas dire que la France suit la ligne tracée par Washington, mais qu’elle entend ne pas être semée sur place par les Etats-Unis qui courent après des négociations directes et confidentielles avec les mollahs pour une entente géopolitique très exclusive qui risque de bouleverser les intérêts européens en Iran. La France veut rester au contact du processus des négociations afin d’éviter un accord irano-américain qui nuirait aux très nombreux intérêts français en Iran. D’où sa subtile allusion à « un dialogue ouvert et direct » entre les Six et Téhéran.

Il n’est pas d’ailleurs le seul à s’être exprimé aujourd’hui sur ce sujet. Sergueï Lavrov, l’inamovible ministre russe des affaires étrangères, en a fait de même, mais en se montrant plus explicite quant à la nécessité de la présence des Six à différents niveaux du processus, processus qui doit selon lui être calme, réfléchi et comportant de nombreuses réunions entre les Six et avec Téhéran.

C’est le retour du panier de crabes, le système stérile inventé pour empêcher toute entente séparée. Téhéran a longtemps privilégié cette solution avant d’essayer d’expulser les Six quand il estimait que la situation était favorable pour une entente irano-américaine. Ce retournement a eu lieu dans les six derniers mois de la présidence de Bush : les mollahs estimaient que pour aider McCain, Bush allait accepter une entente sur la base d’un compromis. A présent qu’ils se retrouvent avec une administration nouvelle qui a beaucoup de temps devant lui, les mollahs espèrent revenir à leur stratégie initiale de négociations sans fins, manœuvres qui se pratiquent avec un ensemble de partenaires aux intérêts opposés.

Dans ce groupe, les Russes ont une position à part : l’entente irano-américaine peut détruire leur économie. Ils seront membres du panier de crabes, mais aussi des crabes très actifs. D’ores et déjà, Lavrov a déclaré que les Six devaient accorder encore plus de temps à l’Iran afin qu’il étudie les dernières propositions des Six et avant de donner ses réponses, réponses dont il faudrait débattre entre les Six puis avec les mollahs. « Nous souhaitons que les Six multiplient les signaux positifs en encourageant l’Iran à coopérer et en lui montrant les avantages économiques, les nouvelles technologies et la sécurité dont il pourrait bénéficier s’il adoptait une attitude constructive lors des pourparlers », a déclaré le ministre russe.

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Pour en savoir + :
 Iran : Les Six dans l’impasse !
 (20 SEPTEMBRE 2008)