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G20 - Obama : Ce que lui dira Medvedev sur l’Iran
31.03.2009

Depuis son installation à la Maison-blanche, Obama a tendu la main aux mollahs à plusieurs reprises. Suite à leurs refus, il a à deux reprises alourdi les sanctions à leur encontre. Le sujet de l’augmentation des sanctions reste donc très actuel pour Washington, mais aussi pour les adversaires de cette politique : en première ligne la Russie dont le président rencontrera bientôt Obama à Londres en marge du sommet des G20.



L’Amérique doit augmenter sa pression sur l’Iran si elle veut faire capituler les mollahs. Ces sanctions sont économiques et technologiques : l’Iran est privé de capitaux étrangers, de services bancaires pour financer ses importations, mais aussi de machines-outils, d’avions ou d’armes pour se défendre. De nombreux pays qui ont de bonnes relations commerciales avec les mollahs ne jouent pas ce jeu et contrarient les projets américains. Certains sont des alliés des Etats-Unis et doivent se conformer à leurs demandes bien qu’elles soient des sanctions non onusiennes, mais d’autres refusent et c’est le cas de la Russie.

Sous Bush, les Etats-Unis ont adopté des sanctions contre la Russie, sans trop de succès. Obama a changé d’approche en laissant entendre que les Etats-unis seraient disposés à revoir leur projet d’installation de missiles à proximité du territoire russe si Moscou les aidait sur le dossier iranien en rejoignant le groupe des pays qui sanctionnent l’Iran en dehors des mesures adoptées par le Conseil de Sécurité.

La Russie a immédiatement refusé car l’Iran est son allié stratégique dans la région. Elle a besoin de l’Iran pour bloquer l’accès à l’Asie Centrale afin de garder avec la Chine l’exclusivité des richesses gazières de cette région. Elle doit également, avec la Chine, faire barrage à l’arrivée des Américains dans cette région d’où ils pourront surveiller l’ensemble de la Russie et les régions musulmanes et instables de la Chine.

Les dirigeants russes ont donc été surpris en voyant dans les médias occidentaux des rumeurs sur un deal entre Obama et Medvedev sur un échange Iran-ABM. Ils y ont vu une tentative de semer la zizanie dans leurs relations avec l’Iran pour intimider l’Iran ou le convaincre que la Russie n’est pas un allié fiable.

La Russie a réagi immédiatement pour démentir par la voix de son président Medvedev qui a saisi l’occasion pour rappeler l’attachement de la Russie à une démarche onusienne.

« Je ne pense pas qu’un marchandage soit admissible. Nous entretenons des rapports plein format avec cet Etat (l’Iran) et notre position s’appuie sur les résolutions connues de l’Organisation des Nations Unies et les approches préconisées par l’AIEA, nous l’avons toujours dit aux Iraniens », a déclaré Medvedev dans une interview accordée à la BBC.

Cependant, Washington a toujours légitimé le maintien de ses sanctions unilatérales par l’adoption de nouvelles résolutions du Conseil de Sécurité. C’est pourquoi, immédiatement dans la foulée des déclarations de Medvedev, Vitali Tchourkine, le représentant permanent de la Russie auprès de l’ONU, a convoqué une conférence de presse pour faire savoir que son pays n’envisageait l’adoption d’aucune nouvelle résolution à l’encontre de l’Iran.

« Pour le moment, personne ne propose de sanctions supplémentaires et ne prévoit de nouvelles discussions au sein du Conseil de Sécurité sur ce volet », a déclaré Tchourkine qui a également insisté sur l’arbitrage de l’AIEA.

Au cours de cette conférence de presse qui préfigure les réponses de Medvedev à Obama, Tchourkine a parlé d’un « dialogue constructif entre les Etats-Unis et l’Iran » en précisant que cela nécessiterait « que la question ne revienne plus au Conseil de Sécurité » et soit « réglée via des mesures politiques et démocratiques », conformément à ce qui a été préconisé par la Russie depuis le début.

Chaque expression a une signification précise : l’« arbitrage de l’AIEA » veut dire la fin des interventions américaines dans le dossier, le « retrait du dossier du Conseil de Sécurité » veut dire la fin de la procédure des sanctions, et enfin, des « mesures politiques et démocratiques » correspondent à une reconnaissance politique du régime par les Américains, donc à la levée de toutes les sanctions à l’encontre de l’Iran.

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Les Russes ont bien saisi que la stratégie de dialogue direct utilisée par l’administration Obama finirait par contraindre les mollahs au dialogue et à des compromis. C’est pourquoi, ils ont adapté leur discours à cette nouvelle réalité afin d’utiliser la même rhétorique du dialogue pour neutraliser la stratégie américaine dont l’objectif est de soumettre les mollahs afin d’accéder à l’Asie Centrale.

Il y a 10 jours, Sergueï Lavrov nous donnait la primeur de ce nouveau discours qui s’enrichit au fur et à mesure. Dans son face à face avec Obama, Medvedev enrichira ce discours.


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Pour en savoir en peu + :
- Iran : La Russie attend le bon moment pour livrer les S-300
- (23 MARS 2009)

| Mots Clefs : Alliance IRAN-RUSSIE |
| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : RUSSIE |
| Mots Clefs | Décideurs : Lavrov|Ivanov|Poutine|Medvedev |

| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions (du Conseil de Sécurité) |

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les rel. avec les USA & Négociations directes |