Accueil > News > Iran : Jeu d’échec entre Obama et Poutine



Iran : Jeu d’échec entre Obama et Poutine
15.02.2009

Washington serait disposé à revoir son projet d’installation de missiles à proximité du territoire russe si Moscou l’aidait à éliminer les menaces balistiques émanant de la Corée du Nord et de l’Iran, a déclaré hier le sous-secrétaire d’Etat américain pour les affaires politiques, William Burns (interlocuteur des mollahs au sein des Six).



Dès son élection, Barack Obama a proposé un dialogue direct et sans conditions préalables aux mollahs, ce que ces derniers ont refusé car ils ne s’estimaient pas à la hauteur pour négocier une entente dans laquelle leurs exigences seraient entendues. Dès lors, l’administration Obama a décidé de renforcer les sanctions contre les mollahs pour les faire plier. Pour cela, Washington a besoin de priver Téhéran de ses alliés comme la Russie et pour y parvenir il lui propose un règlement à l’amiable du différent qui les oppose depuis près de deux ans.

La proposition américaine est logique : Washington avait prétexté la menace balistique iranienne pour installer ce système de défense par missile et surtout un puissant radar en Europe de l’Est pour surveiller la Russie. Il propose à la Russie de l’aider pour éliminer la soi-disant potentielle balistique de Téhéran ce qui de facto rendrait le projet sans utilité. Cependant, la demande n’est pas anodine, car l’alliance avec l’Iran est vitale pour la Russie : elle lui permet de bloquer l’accès à l’Asie Centrale et ainsi d’être le seul territoire en paix qui relie ce formidable réservoir de gaz à l’Europe. En effet, Téhéran et Moscou s’opposent en tandem à des projets de pipeline subaquatique reliant l’Asie Centrale à l’Asie Mineure (Azerbaïdjan) via la mer Caspienne. Il y a donc peu de chance que Moscou réponde favorablement à cette demande.

Il est néanmoins clair que cette demande pose un problème à la Russie. Elle succède à deux autres demandes similaires formulées par la France. Pour faire patienter tout le monde sans s’engager vraiment, Moscou avait salué le projet de dialogue entre Obama et les mollahs. La Russie restera sans doute sur cette position médiane en se déclarant uniquement en faveur d’une coopération avec Washington pour le dialogue et uniquement pour le dialogue. On entendra sans doute également Moscou rappeler que selon ses estimations, Téhéran n’a pas de capacités de nuisance balistique.

Signe avant coureur d’une réponse russe négative, Anatoli Serdioukov, le ministre de la défense du gouvernement Poutine, a invité son homologue iranien Najjar à Moscou pour des négociations, des visites d’usines russes d’armement, pour un élargissement des relations bilatérales conformément aux ententes enregistrées auparavant entre les deux pays en matière de coopération militaire technique.

C’est de la bonne diplomatie : en effet, la Russie a conscience que les mollahs sont aussi à la recherche d’une entente avec le pays qui les sanctionne depuis 30 ans. Elle leur rappelle qu’elle est en mesure de les protéger et en même temps elle prend une option de grand frère qu’elle peut justifier comme une prise d’ascendance sur Téhéran pour limiter sa capacité balistique.

Ce n’est pas ce que veut Washington. La partie d’échec continue par des coups brillants, mais qui ne font pas avancer le jeu.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG
| Mots Clefs : Alliance IRAN-RUSSIE |
| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : RUSSIE |

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les rel. avec les USA & Négociations directes |