La Russie s’était toujours opposée à un dialogue direct entre Téhéran et Washington. Elle a pu désamorcer plusieurs tentatives irano-américaines pour un dialogue direct par des pressions sur l’Iran via son refus d’achever les travaux de la centrale de Bouchehr ou de livrer le très sophistiqué système de défense de missiles anti-missiles S-300. Ces pressions ont jusque-là toujours fonctionné car Téhéran a vraiment besoin de la centrale de Bouchehr, elle est son alibi pour le maintien de son soi-disant programme d’enrichissement nucléaire. Téhéran a besoin de cet alibi pour refuser la suspension de l’enrichissement pour pousser Washington à bout et obtenir la levée des sanctions à son encontre.

Très récemment, Moscou a repoussé à une date indéfinie la livraison de Bouchehr, il estime donc qu’il domine les mollahs pour un certain temps. Par ailleurs, Téhéran se montre très intransigeant face à Obama. Moscou estime donc qu’il dispose d’une double garantie que la situation est totalement bloquée. Il se montre magnanime en saluant l’initiative d’Obama.

1. | Il a opté pour ce consentement inoffensif vis-à-vis de l’« approche nouvelle » d’Obama à un moment où il espère obtenir le même genre de nouveauté à propos de la suspension du projet ABM. 

2. | Ce consentement inoffensif lui permet aussi de se montrer mollement solidaire avec la France qui a multiplié les initiatives pour l’inclure dans un plan pour augmenter la pression sur Téhéran.

3. | Cela lui permet également de faire peur aux mollahs en esquissant une rupture de leurs relations privilégiées. Moscou agit donc de manière très calculée dans la pure tradition opportuniste de la diplomatie russo-soviétique.

Cependant, hier, via la chaîne Arte, Washington et ses alliés Européens ont envoyé un message d’apaisement en direction de Téhéran, message évoquant à demi-mots une possible reconnaissance du droit à l’enrichissement pour les mollahs, auquel cas l’alibi de Bouchehr deviendra caduc. Même si l’entente est loin et difficile, on pourrait s’attendre à un brusque changement de cap de Moscou si Téhéran s’approchait trop d’Obama car l’Iran compte plus que tout pour la Russie.

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