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Iran : Pourquoi les mollahs ont-ils parlé du « valet du sionisme » ?
25.11.2008

Alors que le dernier rapport de l’AIEA évoque des quantités suffisantes de l’uranium enrichi par l’Iran pour fabriquer une bombe, et que le ministre britannique des affaires étrangères sillonne le monde pour parler de la menace iranienne, Washington a encore réitéré officiellement son invitation au dialogue aux mollahs de Téhéran.



L’invitation a été formulée par le très versatile Gregory Schulte, le représentant américain à l’AIEA. Schulte a regretté l’absence d’une volonté de dialogue de l’Iran malgré les demandes répétées. Il a dit que peut-être les dirigeants du régime avaient peur, mais en ajoutant que la période de transition était idéale pour entamer le dialogue avec Washington et résoudre leur problème sous Bush ou immédiatement après avec Obama [1].

L’Amérique continue donc à poursuivre sa stratégie de sanctions ciblées suivies par des offres de dialogue sans se laisser perturber par les conclusions de l’AIEA qui sur la base d’informations publiées par les Britanniques en février 2008 continue à évoquer des progrès iraniens vers la bombe.

Comme nous l’avons expliqué précédemment, les Américains utilisent les accusations contre le programme nucléaire iranien pour imposer de lourdes sanctions économiques contre les mollahs afin de les forcer au dialogue pour aboutir à une large entente stratégique. Pour cette raison, ils se gardent d’aller loin dans les accusations et d’évoquer l’imminence d’une bombe nucléaire iranienne, car cette hypothèse rendrait l’entente avec l’Iran politiquement incorrecte auprès de l’opinion américaine.

L’entente souhaitée par Washington est vitale pour les Etats-Unis, mais elle nuira à la suprématie actuelle des compagnies pétrolières britanniques sur les marchés pétroliers. C’est pourquoi afin de ruiner cette entente, les Britanniques ont diffusé des preuves d’activités nucléaires militaires de l’Iran, via le pro-britannique El Baradei, qui a par ailleurs toujours inclus des documents britanniques dans ses rapports.

Alors que Washington continue de contrer le dernier rapport d’El Baradei en renouvelant ses invitations aux mollahs, Londres est passé à la vitesse supérieure en demandant l’application de nouvelles sanctions économiques contre Téhéran. D’habitude, Téhéran se moque de l’adoption de nouvelles sanctions à son encontre, mais cette fois, le régime des mollahs a réagi rapidement et très violemment contre l’initiative de David Miliband, le ministre britannique des affaires étrangères, en le traitant de « valet des sionistes ».

Cette référence aux « sionistes » n’est pas sans à propos. En fait, au lieu de demander de nouvelles sanctions onusiennes que personne n’applique dans les délais ou encore des sanctions européennes qui ne risquent pas d’être appliquées, Miliband s’est adressé à l’ancien protectorat britannique, les Emirats Arabes Unis qui sont le 1er fournisseur de l’Iran, mais aussi son premier banquier et même la dernière place financière à résister aux sanctions américaines contre l’Iran. Miliband a tapé dans la bourse : là où ça fait mal.

Dans un discours à Abu Dhabi devant le Centre pour les études et la recherche des Emirats Arabes Unis, Miliband a parlé de la menace iranienne pour la région et de la nécessité des sanctions. Il a cependant laissé une ouverture à Téhéran en affirmant que son pays cherchait un compromis et non un changement de régime.

Il n’est pas certain que les Emirats accepteront de s’aligner sur cette demande. Ils dépendent aussi des Etats-Unis et sur leur demande, ils avaient participé à une mission de médiation en Iran pour proposer aux mollahs un renforcement des investissements en échange d’une entente avec Washington. Cependant, ils pourraient aller dans le sens de la demande britannique, uniquement si les Etats-Unis les laissaient faire pour intimider ponctuellement Téhéran.

Ce serait alors une véritable catastrophe pour les mollahs. Non seulement le pays serait privé de ses derniers investissements étrangers basés à Dubaï, mais encore les mollahs pourraient être séparés de leurs chers économies déposées dans les banques arabes, suisses et britanniques basées également dans les Emirats, place reliée à l’Iran par 13 vols quotidiens !

D’où la réaction rapidissimo de Téhéran et l’insulte de « valet des sionistes » qui s’adresse non pas à David Miliband, mais aux Emirs banquiers des Emirats Arabes Unis !

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Des Emirs sionistes, c’est un des miracles de la révolution islamique ! On comprend que les mollahs puissent attendre l’Imam caché, il est réputé revenir quand le monde ira sans dessous dessus.

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Pour en savoir + sur le dernier rapport de l’AIEA :
- Iran – AIEA : Réécriture révélatrice
- (21 NOVEMBRE 2008)

| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les relations avec les USA & Négociations directes |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA |

| Mots Clefs | Pays : Grande-Bretagne |

| Mots Clefs | Pays : Emirats Arabes Unis |

| Mots Clefs | Nucléaire 2 : AIEA : inspections, actions et rapports |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Israël |

[1L’invitation a été formulée par Gregory Schulte | source : Associated Press
US official urges Iran to seize chance for amends
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AP : US official urges Iran to seize chance for amends.pdf