Le 10 février, le régime des mollahs célébrait les 30 ans de la révolution islamique. La mobilisation populaire n’a jamais été aussi faible, mais toujours à la recherche d’une entente, les médias occidentaux ont, à l’instar de France 2, évoqué une foule immense. Dans la foulée, pour amadouer encore plus les mollahs, Arte a diffusé 14 heures de documentaires à la gloire de la révolution, de son fondateur et ses successeurs et surtout à la gloire d’une entente avec ce régime qualifié de très représentatif du peuple iranien et de sa culture persane. Il est évident que les mollahs ont immédiatement ressenti ces avances comme la preuve qu’une entente irano-américaine est incontournable, et définitivement à l’ordre du jour chez les Américains et leurs alliés européens.

Alors que la veille, alerté par la faible mobilisation populaire en Iran, Téhéran avait tenté de renouer le dialogue avec les Américains via les Irakiens, le régime a regagné en confiance : son ministre des affaires étrangères est rentré de Bagdad en affirmant que le régime était désormais opposé à toutes nouvelles discussions avec les Américains (sur l’Irak).

Pour afficher son assurance, le régime a invité Obama à faire le premier pas pour saisir la chance qu’il lui offre d’accepter le dialogue ! Pour montrer le sens de cette invitation, Téhéran a fait un pas en arrière en renouvelant la fatwa lancée par Khomeiny à l’encontre de Salman Rushdie. Pour parachever cette série de coups, le régime a même lancé une invitation à Obama pour accorder un dialogue direct avec ses journalistes miliciens de l’agence IRNA !

« Fondamentalement, nous voulons savoir quelles vues différentes nous pouvons attendre de la part du président Obama, par rapport à l’administration précédente », a expliqué Maghsoud Amirian, le chef du bureau d’IRNA à New York. C’est plutôt habile : c’est le principe de l’arroseur arrosé ! Obama est invité à dialoguer avec le peuple iranien, une invitation difficile à refuser pour le messager d’espoir qu’il est ! On imagine la rencontre et les questions pièges !

On peut dire que les mollahs ont poussé le bouchon un peu trop loin. Le verdict américain est tombé doublement : à Washington, Hillary Clinton a qualifié ce régime d’Etat voyou et plus proche des mollahs, au Baloutchistan, le Jundallah, groupuscule armé financé par les Américains, a détruit par une bombe artisanale un autre convoi des Pasdaran tuant encore 9 membres de cette milice dont la première mission constitutionnelle est d’assurer non pas la sécurité du territoire, mais la sécurité du régime. C’est un coup dur pour un régime qui a du mal à mobiliser ses partisans.

La réponse offensive de Washington a été à juste titre vue comme une menace contre la sécurité du régime. Cette réponse, légitime sans doute pour la diplomatie américaine, est néanmoins regrettable pour nous Iraniens car le régime des mollahs a immédiatement annoncé trois nouvelles pendaisons pour le faux attentat de Chiraz, une affaire classée pour laquelle il avait déjà pendu trois innocents. Si cette annonce de représailles (sur fond d’assistance américaine aux auteurs d’attentats en Iran) nous rappelle d’autres souvenirs, on peut néanmoins observer que Téhéran ne veut pas s’engager dans une confrontation directe car il tient à préserver son idée incroyable de piéger Obama dans un dialogue télévisé.

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Pour mieux comprendre la situation :
  Pourquoi l’Iran qualifie de tactique l’ouverture d’Obama ?
 (10 FÉVRIER 2009)