Iran : Une cascade d’improvisations à haut risque 16.09.2009 Cette année, les initiatives du groupe des Six ont été éclipsées par les initiatives du président Obama pour attirer les mollahs à la table des négociations afin de les engager dans un apaisement forcé. Pour mettre fin à ces initiatives sans s’exposer à des sanctions, Téhéran a fait appel aux Six en leur proposant un dialogue hors-sujet. Il espérait excéder les Américains pour les pousser à claquer la porte des négociations collectives. Ces derniers ont accepté la proposition de Téhéran, ce qui pousse ce dernier à improviser un plan pour faire capoter la rencontre. Téhéran pense avoir mis au point un plan parfait, mais c’est loin d’être le cas. prétexte pour rompre | Au lendemain de l’annonce de l’accord iranien de participer à la rencontre avec les Six, a débuté à Téhéran le cinquième épisode du procès contre les contestataires, un procès où les accusés ont avoué qu’ils avaient été « pris en charge par les Etats-Unis pour renverser le régime ». Selon eux, non seulement les Etats-Unis couvraient « les frais d’une révolution de velours » (via une ONG non nommée), mais encore ils « organisaient des stages de formation tout frais payés pour les contestataires en Allemagne » (chez un autre membre des Six). Aucune preuve n’a évidemment été présentée ni exigée par le tribunal, mais les aveux ont fait la une des quotidiens iraniens (ci-dessous).
dans le cas présent | Les « aveux » (accusations) de l’ingérence américaine seront utilisés dans ce cadre précis : Téhéran ira au rendez-vous, mais en tant que victime d’une agression pour demander aux Américains des réparations énervantes, réparations exigibles avant le démarrage d’un quelconque dialogue. Le régime des mollahs, qui a été dépossédé de ses moyens d’énervement par l’accueil favorable de Washington à son offre, tente de reprendre la main avec une nouvelle exigence énervante. vers une escalade irrésistible | Cette fermeté des mollahs résulte évidemment de l’impossibilité idéologique d’un apaisement, mais elle est renforcée et encouragée par des efforts invisibles entrepris par Washington pour arriver à une entente qui lui ouvrirait les portes de l’Asie Centrale. L’Amérique deviendrait la plus grande puissance pétrolière du monde, le maître du prix du baril, le maître des milices de Téhéran, une entité militaro-pétrolière unique au monde capable de mettre KO tous ses adversaires : la Chine, la Russie et l’Europe (qui sont actuellement ses partenaires du groupe des Six). Parce que cette entente avec les mollahs lui semble vitale, ce mois-ci, alors qu’il parlait d’un renforcement des sanctions à l’encontre des pays qui investissent en Iran ou qui lui fournissent de l’essence, en cachette, Washington a autorisé 3 de ses alliés (l’Arabie Saoudite, l’Inde et le Qatar) ainsi que la Malaisie, principal partenaire de Téhéran pour contourner les sanctions, à ouvrir des banques avec des capitaux d’ordre de 400 millions de dollars en Iran afin d’éviter un effondrement précoce des mollahs. Plus proche de nous, cette semaine juste après son accord pour des négociations, Washington a aussi demandé aux autorités Irakiennes d’évoquer encore une fois une expulsion rude et rapide des Moudjahiddines du peuple (vers l’Iran ou un pays tiers). Téhéran a pris ces cadeaux pour ce qu’ils sont : des preuves de la valeur unique que ce régime représente pour les Etats-Unis. Il a accepté les cadeaux, sans dire merci, tout en exigeant plus de cadeaux. Dans un premier temps, il a passé commande auprès du père Obama en laissant courir une rumeur d’une possible livraison de 40 Boeing neufs et des pièces détachées à l’Iran avant le 1er octobre, suggérant ainsi un gel partiel des sanctions, avant d’enchaîner sur ce procès et ses aveux qui seront suivis d’une « demande d’excuses pour les ingérences américaines en Iran ». conclusions | Un dialogue selon ses règle, un gel des sanctions, des excuses : Cela ressemble à un sans faute, mais c’est loin d’être le cas. À vouloir trop tirer sur la corde, Téhéran a obtenu l’effet inverse : Washington a démenti toute livraison des Boeing, en revanche, la Russie, la seule grande alliée de Téhéran qui observait ces manoeuvres contraires à ses intérêts, a annoncé qu’elle pourrait adopter des sanctions contre l’Iran. Avec cette volte-face vengeresse des Russes, nous renouons avec un certain classicisme dans la crise nucléaire iranienne, classicisme qui avait disparu depuis février dernier quand Obama avait, par ses initiatives, éclipsé les Six. D’autres membres des Six pourraient suivre l’exemple russe pour ne pas laisser la crise se résumer à un bras de fer irano-américain où ils joueraient les alliés utiles de Téhéran ou les faire valoir de Washington. En cherchant à isoler coûte que coûte les Etats-Unis, Téhéran a focalisé ses efforts sur les Américains, excluant ses partenaires mais néanmoins adversaires. Il contribue à relancer les Six et le processus pour de nouvelles sanctions.
| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions (du Conseil de Sécurité) |
| Mots Clefs | Pays : Alliance IRAN-RUSSIE | | Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) | |