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Iran : La semaine en images n°76
02.08.2009

Cette semaine, l’Iran a renoué avec son envie de se révolter. Un mois après le soulèvement de juin dernier, des dizaines de milliers d’Iraniens sont descendus dans les rues à l’appel de l’opposition au régime pour défier ce système issu de la révolution islamique. Nous pensions que le soulèvement reprendrait son cours, que le peuple serait à nouveau la vedette de l’info en Iran, mais ce régime qui a plus d’un tour dans son sac en avait décidé autrement.



La contestation contre le régime met mal à l’aise ce régime qui a toujours maîtrisé et soigné son image. Il y a désormais des images officielles figées et ceux des vidéos amateurs. Il y a un terrible décalage entre les deux, mais cela a été très visible cette semaine dans l’attente du grand rassemblement du jeudi 30 juillet à la mémoire des victimes du soulèvement de juin 2009. Les images officielles du monde où la contestation est officiellement niée ont perdu leur sérénité pour devenir la vitrine de pensées préoccupées notamment au lendemain de cette journée, pendant une conférence en mémoire d’un documentaliste disparu une semaine plus tôt…
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Ces têtes d’enterrement étaient justifiées ! La veille, le jeudi 30 juillet, sur un appel de l’opposition hostile au régime, par groupes de milliers de personnes, les Iraniens ont crié leur rejet du régime avec le slogan : « Liberté, indépendance, république iranienne » (vidéo 1).

1 Slogan | Pour le dire, ils avaient parodié le leitmotiv des révolutionnaires de 1979, un slogan choisi comme repère par Moussavi : « Liberté, indépendance, république islamique ». Le remplacement de l’adjectif islamique marquait leur hostilité au régime et à la révolution islamique. On a aussi assisté des scènes de solidarité des automobilistes qui ont arrêté leur voiture pour paralyser la circulation comme l’avait demandé les consignes. On a vu cela à Téhéran (vidéo 2), mais aussi à Ispahan (vidéo 3).
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L’Iran a renoué avec son envie de se révolter. Nous pensions que le soulèvement reprendrait son cours, que le peuple serait à nouveau la vedette de l’info en Iran, mais ce régime qui a plus d’un tour dans son sac en avait décidé autrement.

Le procès | Le régime a commencé samedi matin le procès fleuve des 100 instigateurs des troubles. Nous pensions qu’il allait mettre en scène des condamnations de jeunes révoltés, mais en fait, le régime avait préparé un scénario qui arrange ses affaires.
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Il faut d’abord préciser quelles sont ces affaires : Téhéran doit donner une réponse aux Américains sur le nucléaire et sur son rôle occulte dans le conflit israélo-arabe. Dans les deux cas, il doit cesser des activités jugées déstabilisatrices pour la région : la recherche implicite d’une bombe nucléaire et le soutien au Hamas et au Hezbollah. Or, le soutien au Hezbollah est le pilier central du régime. Il ne peut y renoncer. Pour ne faire aucun compromis, le régime a eu l’idée de mettre en scène sa propre révolution de couleur au prétexte d’une contestation électorale comme en Ukraine. Des jeunes vêtus de vert criaient dans les rues le nom de leur candidat : Moussavi grand admirateur de Khomeiny. Téhéran voulait pousser Obama à prendre le parti de ces jeunes et de ce candidat au nom de son attachement à la lutte pour la démocratie dans le monde musulman conformément à son discours de Caire. En agissant ainsi, il aurait cautionné un candidat qui a exactement le même programme nucléaire et régional qu’Ahmadinejad.

Quand le régime a initié sa révolution verte, Obama n’a pas réagi, mais le peuple a profité des conditions particulières pour descendre massivement dans la rue afin de contester l’ensemble du régime. Ce fut le soulèvement du 15 au 25 juin. Mais là aussi Obama n’a pas pris de position. La raison en est que contrairement à leur rhétorique, les Etats-Unis n’ont jamais cherché à renverser ce régime islamique : ils souhaitent uniquement être les seuls bénéficiaires de son activisme au sein des pays de l’OPEP ou encore en Asie Centrale dans les territoires pétrolifères et musulmans de la Chine et de Russie. Pour arriver à une entente, Washington doit juste avoir en face de lui une république islamique que se dirait officiellement modérée c’est-à-dire prête des compromis, rien de plus.

En initiant, sa révolution verte, le régime ne s’attendait pas cette réaction d’Obama encore moins à un soulèvement qui menacerait ses fondements, d’où ce procès avec un scénario précis ou plus exactement avec des accusés triés sur le volet. Il s’agit de personnages peu reluisant, des personnages dissuasifs porteurs de projets anxiogènes : des intellectuels modérés qui sont en fait des anciens des services secrets mouillés dans des combines pétrolières du régime et aussi des sympathisants des Moudjahiddines du peuple et de Toudeh ! Par ce montage grossier et des accusations fausses, Téhéran veut que par peur d’un régime pire, les Iraniens se démobilisent.

Comment le régime a réussi à établir un lien entre ces personnages hétéroclites ? Les mollahs accusent les Etats-Unis d’avoir fomenté une révolution de couleur en Iran ! Deux binationaux (ci-dessous) servent de ciment à cette affirmation : Kian Taj-baksh (à gauche), un lobbyiste irano-américain qui depuis des années cherche à promouvoir l’entente avec l’Iran au sein de l’organisation de Soros. Il doit sa présence dans la boxe à sa décision de se rendre en Iran malgré les consignes de Washington (il est probable qu’il ne se doutait pas de ce qui l’attendait). A ses côtés, le régime a placé Maziar Bahâri (à droite), le journaliste irano-canadien arrêté en marge de l’arrestation des employés iraniens de l’ambassade britannique.
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Les images nous apportent leur lot de vérité. Il y a là des gens du régime (ci-dessous) amaigris qui ont l’air hagard et abattu : on leur donnerait le bon dieu sans confession. Il ne fait pas s’y tromper : d’autres issus de ce régime comme Ganji ou Sazgara ont joué la même comédie dans des procès aussi médiatiques pour gagner leurs galons de dissident après quoi, le régime leur a donné un passeport, un visa illimité et un budget confortable pour s’installer à Washington et y plaider la cause du dialogue bilatéral. Ces personnages qui n’ont jamais étaient des menaces pour le régime, mais une partie du mensonge sont de bons comédiens, l’air grâce sur la banquette, ils se lâchent devant le micro pendant le tribunal ou après pendant la conférence de presse organisée par le régime pour qu’ils répètent leur répliques pour la presse !
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Voici Abtahi, le vice-président de Khatami, un mollah membre du clergé combattant qui est depuis des années basés à Beyrouth et sert d’agent de liaison avec le Hezbollah…
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A sa droite avec son air si gentil est Atrianfar, un ancien n°2 du ministère de l’intérieur au début de la révolution sous la direction de Mohtashami-pour l’un des fondateurs du Hezbollah, le n°2 du ministère de l’intérieur est chargé de l’élimination des opposants.
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Celui-ci est Ebrahim Nabavi, preneur d’otages, co-fondateur des services secrets, co-fondateur des comités (organisme charger d’arrêter, dépouiller et exécuter les contre-révolutionnaires)…
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Seul, les soi-disant partisans des Moudjahiddines qui sont des vrais accusés promis à une fin triste et le journaliste irano-canadien Maziar Bahâri, qui doit sa présence parmi ces monstres à sa nationalité, ont l’air très affecté voire éteint d’un bout à l’autre de cette parodie de l’Aveu de Costa Gavras.
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Sur le fond. Si Maziar Bahâri n’avait pas grande chose à dire, étant là par hasard, les autres, ceux du régime, ont beaucoup parlé : ces « membres éminents des partis réformateurs » ont en bloc rejeté avoir jamais parlé de fraude électorale ! Ils ont accusé Moussavi d’avoir été un mauvais candidat, un mauvais joueur qui a agi par manque de soutien au sein du courant réformateur qui a vu en lui un usurpateur imposé par Khatami et Rafsandjani !

C’est un nouveau scénario : la division cellulaire dans le camp des modérés ! Le régime évoque deux courants : d’une part des vieux comme Khatami, Rafsandjani et Mohtashami-pour qui seraient des adeptes d’alliances tordues, que l’on peut qualifier de modérés pragmatiques, de l’autre, des intellectuels modérés puristes qui privilégient la survie du régime et de la révolution en refusant tout compromis. Ce régime adore les scénarii à double objectif et celui-ci lui permet deux choses : diviser en deux le soutien à Moussavi pour diminuer les raisons de poursuivre des manifestations, mais aussi faire indéniablement de Khatami, Moussavi et Rafsandjani, les porte-parole de la contestation.

Le jeudi 30 juillet, nous avons cru assister à la résurrection du soulèvement, à la résurrection d’un peuple combattant qui était son propre porte-parole et ce samedi le régime inverse totalement la situation !

Les Iraniens se trouvent bien seuls à l’issue de ce procès scénarisé. Pour brider la contestation, le régime va plus loin encore car le réquisitoire du procureur de la révolution islamique accuse en bloc tous les personnages que nous qualifions de faux opposants comme ayant été les artisans de cette révolution de velours : les fausses féministes (Shadi Sadr, Parvin Ardalan...), Shirin Ebadi et les cinéastes appréciés à l’étranger ! Ainsi le régime promeut aux rangs de porte-parole du soulèvement tous ceux qui ont toujours et surtout ces derniers temps au sein du Mouvement Vert pris violemment position contre un changement de régime.

Le régime croit avoir écrasé le soulèvement puisqu’il le prive de parole et recentre l’action sur ses pions. La partie n’est pas finie car le peuple est au bout du rouleau et trouvera des motifs pour descendre dans la rue, à ce moment-là ces porte-parole devront parler ou disparaître. En attendant, le régime et ses acteurs au teint frais, à la barbe bien taillée avec de belles chemises bien repassées occupent l’arène et assurent le spectacle !
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