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Iran-Cannes : Les supercheries de Bahman Ghobadi révélées par lui-même
19.05.2009

A l’occasion d’un entretien accordé à la section persane de la chaîne publique américaine Voice Of America, Bahman Ghobadi a tenu des propos radicalement opposés à ces déclarations à la presse française. Ce document vidéo disponible sur Youtube montre aussi des images de son film qui révèlent des supercheries dans le discours de Ghobadi.
| Arrêts sur images |



Le support | Il faut d’abord situer le décor : la chaîne VOA Farsi est un média dédié à l’amélioration des relations avec les mollahs pour permettre la grande entente entre les Etats-Unis et les mollahs. Elle est la seule chaîne étrangère à ne pas être la cible des appareils de brouillage achetés il y a plusieurs années à la firme suédoise Ericsson. Tout le monde en Iran peut capter cette chaîne dont les commentaires ne heurtent pas les mollahs. D’ailleurs, pour plaire à ces derniers, cette chaîne financée par le Département d’Etat a engagé de nombreux journalistes iraniens issus de la section estudiantine de la milice Bassidj, sous ensemble des Pasdaran chargée entre autres de fliquer les universités. Ces personnages ont une vision particulière des violations des droits de l’homme en Iran : ils ne parlent jamais de ce qui peut être un obstacle à la normalisation des relations entre les deux pays (le traitement infligé aux ouvriers, la pédophilie dépénalisée, les droits sociaux des femmes…). Pour évoquer les violations des droits de l’homme en Iran, ces journalistes bassidjis ne parlent que de la persécution de leurs collègues en Iran, ces faux opposants qui prétendent que le régime est fondamentalement bon, mais peut s’améliorer !

C’est pourquoi la journaliste iranienne de cette chaîne n’a pas sursauté devant les déclarations très choquantes de Bahman Ghobadi et a même insisté sur ses qualités de militant pro-kurdes alors qu’il n’a jamais dénoncé un seul cas de persécution des mollahs contre un kurde iranien !

Interview | Les deux documents (EN PERSAN) que nous avons téléchargés sur Youtube méritent d’être sous-titrés et diffusés pour les journalistes français ainsi que pour les membres du jury de Cannes.
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Avant de vous exposer ces propos, nous tenons à évoquer les extraits du film (D1 : minutes 7.20) et extraits du tournage avec Roxana Saberi (D2 minutes 0.58) contenus dans ces documents, car ces extraits qui ne demandent aucune traduction contiennent un élément visuel qui contredit les circonstances de tournage de ce film. Regardez les images de ces deux séquences. (cliquez sur les images pour les agrandir)
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17 jour en hiver | Selon Bahman Ghobadi, en raison des difficultés qu’il a eu avec le ministère de la culture, ce film a été tourné l’hiver dernier en 17 jours, quelques jours avant l’arrestation de Roxana Saberi, la co-scénariste du projet.

Or, sur ces images, les filles sont très couvertes selon les normes de l’habillement islamique, mais tous les acteurs mâles ainsi que le réalisateur et son script sont vêtus de T-shirt ! Cela suppose une température proche de 22°C : le film n’a donc pas pu être tourné en hiver 2008, mais en avril 2009.

Pour preuves, nous présentons des bulletins météo de la ville de Téhéran extraits d’un site qui archive les bulletins de météo de tous les pays sur une cinquantaine d’années.

Le début de l’hiver étant le 21 décembre, nous avons capturé les pages concernant la ville de Téhéran depuis décembre 2008 jusqu’en mai 2009. La colonne n°1 désigne la température moyenne de la journée, la n°2 la température maximale et la n°3 la minimale. Pour plus de confort, nous nous sommes basés sur la seconde colonne (TM).
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En novembre, décembre, janvier et février [1], les températures ne sont pas celles où l’on porte des T-shirt ! C’est à partir de mars qu’il y A parfois des journées au-dessus de 22° où l’on peut porter des T-shirts.

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Couac | Le fait que le film ne soit pas tourné en hiver, mais en mars-avril 2009, prend de l’importance car sur des extraits de tournage présentés par Ghobadi dans l’interview, on voit Roxana Saberi qui était officiellement en prison à ce moment.

En d’autres termes, au moment où son père, très proche du régime, prétendait qu’elle était dans un état de santé gravissime, Roxana Saberi n’était pas en prison, mais elle s’est bien gardée de le dire pour aider le régime à faire pression sur les Etats-Unis !

Il faut remercier Ghobadi qui tenait absolument à impliquer Roxana Saberi dans ce jeu, c’est pourquoi il a tourné les images où la journaliste irano-japonaise est exhibée sur plusieurs plans, l’air absent et complètement inintéressée par ce qu’il se passe.

Déclarations de Ghobadi | Si l’artificialité visible de cette scène n’a pas choqué la journaliste de la VOA, c’est bien parce que cette chaîne est formatée pour aider la normalisation des relations avec le régime des mollahs.

Nâzi Biglari, la journaliste de la VOA, a fait ce qu’elle sait faire : ne pas être choquée et présenter toutes les insanités qui viennent d’Iran comme des évidences à accepter au nom de la différence culturelle.

C’est pourquoi, avec une désarmante bêtise, elle a laissé parler Ghobadi, allant jusqu’à lui souffler ce qu’il oubliait de dire. Le résultat est 15 minutes de propos incroyables. Nous avons choisi d’évoquer quelques-unes des énormités de Ghobadi proférées à la gloire du régime des mollahs !
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Document 1 | Premières minutes : La journaliste présente Ghobadi comme un défenseur des kurdes, alors qu’il n’a jamais dénoncé la moindre exaction du régime contre un Kurde iranien. Puis, elle évoque son nouveau film : une docufiction underground !

Là nous avons droit à la première surprise : Ghobadi affirme qu’il n’a jamais dit que son film était une production underground ! Il affirme que ce sont les journalistes français qui ont mal compris le mauvais Anglais. Il cite d’ailleurs le Monde qui prétend qu’il aurait dit que l’Iran (des mollahs) était un asile de fou. Selon Ghobadi, tout serait faux : l’Iran n’est pas un asile de fou, c’est lui qui pourrait y devenir plus fou qu’il ne l’est (naturellement) !

Ce discours n’est pas là par hasard : on est sur VOA, la chaîne vouée à célébrer le mariage entre les Américains et les mollahs, une chaîne où l’on doit écarter tous les obstacles à une entente. Le mot « underground » laisse supposer un régime oppressant, il est supprimé sans que cela ne dérange la journaliste iranienne !

Ghobadi affirme même qu’il a tourné en toute liberté ! Mais sentant la contradiction, il tente une fuite en avant en évoquant des problèmes qu’il a eu pendant 3 ans. Tout n’est pas clair, mais régulièrement, il est coupé par la journaliste de la VOA quand elle sent qu’il patauge.

Au cours de cette conversation au cours de laquelle on a perdu le sujet, on évoque aussi les acteurs qui sont, selon le réalisateur, l’emblème de la jeunesse iranienne. A son habitude, Ghobadi tergiverse et perd le fil conducteur de la réponse, c’est pourquoi la journaliste de la VOA intervient pour dire qu’il s’agit d’une jeunesse qui ne se drogue pas. En fait, ceci est le message du film : on doit insister sur l’existence d’une jeunesse épanouie et pieuse (comme le dira Ghobadi à la minute 8 de la seconde partie). Au regard de la situation désastreuse des jeunes en Iran, c’est de la désinformation pure ! Les deux compères dissimulent de leur mieux cet obstacle à une entente irano-américaine. Pour illustrer ces propos, la chaîne diffuse alors l’extrait du film des jeunes en T-shirt en plein hiver sur un toit !
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Document 2 | La seconde partie débute à propos du rôle de Roxana Saberi. Ghobadi affirme qu’elle a été la consultante rap sur le film en raison de ses quinze années de piano classique !

Sourire admiratif de la journaliste visiblement amateur de rap ! Elle évoque alors les critiques sur une possible exploitation médiatique de leur liaison pour lancer la carrière du film à Cannes. Le cinéaste affirme par insinuations que ce sont là des propos qui sont œuvres de crétins, signalons que le père de la fille avait dénoncé l’authenticité de liaison avant de se taire sur le sujet. Suivent alors les images censées établir un lien entre Roxana et le film, les images de jeunes gens en T-shirt dans une cave en plein hiver !

Après ces images, Ghobadi évoque sa liaison avec Roxana : c’est loin d’être un langage gentleman. Il insinue qu’ils couchaient ensemble, mais il précise qu’il l’avait épousé en mode sigheh ! C’est le mariage temporaire pour le sexe ! Autant dire qu’elle est une prostituée ! Ce langage n’a pas le moindre du monde choqué la journaliste de la VOA ! La raison de cette indulgence est que pour une normalisation des relations avec les mollahs, il faut banaliser leurs coutumes.

Dans cette partie consacrée à Saberi, on apprend qu’elle a supervisé le final cut et que c’est elle qui l’a supplié d’aller à Cannes pour faire entendre la voix de la jeunesse Iranienne ! Cette affirmation permet aux deux compères d’enchaîner sur le film : à cette occasion, Ghobadi évoque un autre malentendu : le problème est que le ministre iranien de la culture n’a pas écouté les paroles des rappeurs du film car, selon le cinéaste, ces paroles sont parmi les plus islamiques du monde. Ce n’est pas ce qu’il avait dit au journaliste français ! Pour finir, il a conclu en évoquant à nouveau le premier malentendu des journalistes français sur ses propos : Ghobadi retournera en Iran !

Il ne faut donc pas s’attendre à ce qu’il fasse des déclarations sur les violations des droits de l’homme au Kurdistan ou ailleurs en Iran !

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Les images sont explicites : il n’a pas tourné son film en hiver, mais après l’affaire Saberi pour surfer sur cette vague médiatique. Ses aveux sont là en plus des paroles très pro-régime de ses rappeurs et la volonté de dissimuler la détresse de la jeunesse iranienne. Si malgré tout, Cannes adopte le mutisme sur son cas ou lui attribue un prix, cela ne laisserait plus de doute sur l’absence d’éthique chez les organisateurs et les membres du jury.

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Pour en savoir + :
- Iran : Un certain regard !
- (15 MAI 2009)

| Mots Clefs | Resistance : Lobby Cinématographique des mollahs |

| Mots Clefs | Resistance : Lobby pro-mollahs en France et ailleurs |

| Mots Clefs | Resistance : FAUSSE(s) OPPOSITION(s) |

| Mots Clefs | Institutions : Désinformation et fausses rumeurs |

| Etre Jeune en Iran ou violence contre les mineurs |
| Mots Clefs | Fléaux : Pauvreté (et Disparité) |
| Mots Clefs | Fléaux : Chômage |

[1bulletins météo de la ville de Téhéran
Novembre, Janvier & Février

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