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Iran confidentiel : Licenciement en masse
17.03.2009

Récemment, les médias ont évoqué le licenciement collectif de 2000 salariés d’une importante entreprise iranienne. Ces salariés avaient au moins deux mois de salaires en retard, perdus à jamais par la faute de ce licenciement. Le procédé est très courant sous le régime des mollahs.



Au lendemain de la révolution islamique de 1979, les entreprises privées ont été placées sous la tutelle de l’Etat ou plus exactement des mollahs qui venaient de se substituer à l’Etat. Ces mêmes mollahs que l’on retrouve aujourd’hui réunis au sein de l’Assemblée des Experts ou encore du Conseil du Discernement du Régime ont également partagé entre eux les entreprises publiques (compagnie nationale de pétrole, la sidérurgie, les mines, les forêts) via des nouvelles institutions Etatiques dont ils prenaient la direction qu’ils conservent jusqu’à aujourd’hui. La production iranienne a alors basculé dans une économie maffieuse entièrement tournée vers un profit immédiat. L’un des effets immédiats de l’abandon du culte de la productivité pour celui du profit rapide a été de baisser les salaires ou de distancier les paiements.

Au fil du temps, les nouveaux hommes d’affaires du régime (mollahs et pasdaran) ont pris l’habitude de ne pas payer en temps et en heure les salaires, processus précédant les licenciements ou le démantèlement des usines. C’est très économique car l’ouvrier qui attend plusieurs mois de salaire en retard acceptera une réembauche, à n’importe quel salaire ou condition de travail. Les entreprises soi-disant publiques qui sont gérées par des clans issus du clergé ont ainsi façonné une classe ouvrière sous pression qui accepte tout.

Le procédé de salaire retardé a également réussi à évincer la majorité des salariés avec un contrat (bénéficiant d’une couverture sociale) pour les remplacer par des salariés intérimaires (sans couverture sociale). Aujourd’hui, même cette forme dominante de travail précaire (83% des salariés) est prise pour cible par les adeptes de du paiement retardé car au-delà d’un an de salariat intérimaire, l’entreprise est contrainte de proposer un contrat au salarié, mais le salarié n’atteint jamais cette date fatidique, car l’employeur cesse de le payer avant de le licencier. Ce licenciement est généralement programmé à la veille de la fête de Nowrouz. C’est ce qui est arrivé aux 2000 salariés d’ARPCO d’Ahwaz, entreprise de production de tubes d’oléoduc fondée en 1966 sous le Chah, une entreprise vraisemblablement destinée au démantèlement car il occupe un site de 900.000 mètres carrés.

L’un des problèmes des salariés face à ce procédé est un manque de visibilité. Les entreprises gérées par les mollahs appliquent ce procédé de manière régulière à l’encontre de tous les salariés, qu’ils soient en contrat ou sans contrat, au point que les salariés touchés ne savent jamais s’il s’agit d’un retard passager, d’un plan pour licencier les intérimaires ou encore une situation de pré-démantèlement. Tous les abus sont permis et les entreprises gérées par les mollahs ne s’en privent pas : certains ouvriers ont un an de salaires non payés.

Les cas les plus connus sont :
les 5000 ouvriers de la sucrerie de Haft-Tapeh (15 à 18 mois de salaires en retard),
les Pneus Alborz (9 mois de salaires en retard),
les menuiseries Kish Tchoub (4 à 6 mois de salaires en retard),
les ateliers de tissage de la région de Mazandaran (2 mois de salaires en retard),
les Charbon Denbo (3 mois de salaires en retard),
les mines de la région de Gharaveh (3 mois de salaires en retard),
Aazam, fabricant de cuir, (3 mois de salaires en retard), et enfin,
tous les salariés de l’école de la médecine de Mazandaran (1 mois de salaires en retard)…

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Au fil de l’info, quand le régime daigne en parler, on apprend aussi des licenciements collectifs comme celui des 2000 salariés intérimaires d’ARPCO d’Ahwaz.

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Voici une sélection sur les trente derniers jours :
les menuiseries Kish Tchoub (300 ouvriers),
une entreprise inconnue de la ville de Ghazwin (120 ouvriers),
dans la même ville, Action co. (cessation d’activité, 27 ouvriers licenciés),
toujours à Ghazwin, les porcelaines Mina (cessation d’activité, plus de mille ouvriers licenciés),
la branche iranienne de Volkswagen a licencié tous ses ouvriers intérimaires,
à Khorram-abad, 40 ouvriers du secteur automobile ont été placés en retraite forcée,
une entreprise iranienne nommée METAL a dû cesser ses activités étant dans l’incapacité de payer la facture de l’électricité (481 ouvriers licenciés),
les huiles Ghoncheh ont fermé (1200 licenciés)…

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Le dernier en date est le cas des ateliers de tissage de la ville de Boroudjerd, victime des importations de produits chinois bon marché. Les ateliers étaient depuis un mois en cessation d’activité car dans l’incapacité d’écouler les marchandises produites. Les ateliers ont donc décidé de mettre les 1200 ouvriers en vacances pour 45 jours, mais on pense qu’ils ne pourront pas reprendre leurs activités car le régime privilégie l’importation à la production nationale.

Alors que sous l’effet d’une forte inflation, le coût de la production est en hausse, le régime vient d’abaisser à presque zéro les droits de douanes des produits en difficulté comme le textile. Parallèlement, il a encore baissé le taux de conversion du dollar pour renforcer le pouvoir d’achat des importateurs de produits bon marché d’origines étrangères. Deux mesures qui assènent le coup de grâce à la production iranienne et à l’emploi dans une totale indifférence des candidats présidentiels.


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Pour en savoir + :
- Iran : Main basse sur le lucratif marché du Thé
- (3 JANVIER 2009)

Article complémentaire :
- Iran : Le tabac iranien ne tuera plus personne
- (16 JUILLET 2008)

Article complémentaire :
- Iran : Passeports pour big business
- (5 DÉCEMBRE 2008)

| Mots Clefs | Institutions : Politique Economique des mollahs |

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