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Iran : Main basse sur le lucratif marché du Thé
03.01.2009

La production du thé en Iran serait en train de vivre ses dernières heures d’existence. Il ne resterait qu’une seule usine rentable sur les 180 que comptait l’Iran il y a 6 ans. Selon le régime, ce serait la faute des importations étrangères de thé. La réalité est plus complexe et rappelle le cas de l’industrie sucrière iranienne.



Il y a un an, le régime a annoncé la faillite de l’usine de Haft Tappeh, la plus grande raffinerie de canne à sucre du pays, soi-disant en difficulté face à l’importation étrangère. Or, cette usine a une capacité de produire et exporter 11 millions de tonnes de sucre par an, plaçant le pays au second rang mondial des exportateurs de sucre. La canne est un produit magique ; on peut en faire du sucre, mais aussi du papier ou encore du biocarburant à partir des résidus fibreux des raffineries de sucre. D’ailleurs, à proximité de l’usine mise en faillite, il y avait une usine de production de papier (Karoun) qui a aussi été déclarée en faillite, étape indispensable pour la mise en vente aux gros bonnets du régime et à prix d’amis les joyaux de l’industrie iranienne qui avaient été nationalisés au lendemain de la révolution.

Nous assistons à des manœuvres similaires concernant le thé. Le régime affirme que le thé iranien n’est pas compétitif, c’est pourquoi pour servir correctement le peuple, il n’en achète pas aux cultivateurs et producteurs de thé et s’oriente vers des pays tiers comme le Sri lanka qui a une production industrielle plus abordable que la production artisanale iranienne.

Or, le thé le plus recherché est justement le thé produit à l’ancienne et non industriellement. C’est le premier mensonge (d’une longue série) du régime qui a ainsi sorti le thé iranien du marché iranien pour le destiner à l’exportation. Ainsi en 2005, cette production que l’on prétend non compétitive a décroché avec 65,000 tonnes de thé vendu la 6ième place mondiale des pays exportateurs de thé.

La même année, le comité international du thé a relevé que l’Iran avait produit 45,000 tonnes de thé et importait 20,000 tonnes pour compléter ses besoins de la consommation intérieure qui est de 110,000 tonnes par an. Malgré les apparences, il n’y a pas de contradiction entre ces chiffres.

En fait, avec seulement 45,000 tonnes de thé produit, le régime a pu exporter 65,000 tonnes (soit 8 fois plus que l’année précédente) car il n’a pas vendu le thé produit cette année, mais du thé stocké en dépôt pour être vieilli et gagner en valeur. Ce thé de grande valeur (estimé à plus de 6 milliards de dollars) provenait de dépôts très vieux constitués depuis des années par les producteurs iraniens, thé que le régime leur a enlevé au prétexte qu’il était pour des raisons sanitaires impropres à la consommation. Dans le même temps, au motif de 182,000 tonnes de stocks de vieux thé qu’il a prétendu détruire, il a donné la priorité à l’approvisionnement du marché iranien avec du thé sri lankais bon marché (et bas de gamme).

Il a ainsi doublement ruiné les producteurs de thé, d’une part en les dépouillant de leurs précieux stocks de vieux thé et d’autres part par les importations non déclarées qui arrivaient en profusion via des « ports invisibles » ou les terminaux d’aéroports contrôlés par les Pasdaran, ou carrément via l’aéroport international Payam, situé à proximité de Téhéran à Karaj qui est totalement destiné à l’importation au black.

Les difficultés des producteurs de thé ont déteint sur les agriculteurs de thé qui se sont retrouvés avec des feuilles qui ne trouvaient pas d’acheteurs. Cependant, le régime était lucide : son objectif n’était pas de détruire la production iranienne de thé -connu pour qualité- mais de s’en emparer d’où son intention de ruiner les producteurs et les agriculteurs. Pour parachever ce plan simple, le régime a lancé un programme traître : la création d’une coopérative rurale pour subventionner cette production en difficulté. Aujourd’hui, cette coopérative (c-à-d le régime) est la principale créancière des agriculteurs que le régime a endettés par les importations déréglementées du thé bas de gamme. Dans le même temps, les producteurs et agriculteurs iraniens ont été victimes de l’inflation qui résulte de la politique du dollar à taux bas mise en place par le régime pour favoriser les affaires d’importation des amis du régime.

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Aujourd’hui, les producteurs de feuilles de thé sont rétamés. Ils sont prêts à céder la moitié de leur production annuelle (tombée de 60,000 en 2004 à 22,000 tonnes en 2008) pour effacer leur dette, mais la coopérative refuse car elle prétend qu’il n’a pas de local pour stocker les feuilles. 130 usines et exploitations sont menacées. Il y a 5 ans, elles étaient 180, certaines ont fusionné avec d’autres pour résister et d’autres ont disparu, mais aujourd’hui elles sont toutes au pied du mur, 58,000 foyers, face à un créancier de très mauvaise foi qui veut récupérer leurs précieuses terres. L’enjeu est énorme, il y a le thé, mais aussi 34,000 hectares de terres très recherchées dans l’incroyable région de Guilan, en bordure de la Mer Caspienne, qui intéressent les bétonneurs du régime des mollahs.

La production du thé iranien et l’industrie hôtelière sortiront transformées de cette épreuve. Les mollahs seront toujours plus riches, les Iraniens toujours plus pauvres et l’Iran et la verte région de Guilan, de plus en plus méconnaissables.

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