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Iran : Mansour Ossanlou, un Lech Walesa iranien !
10.08.2007

Hier à Paris, une trentaine de militants de la CGT se sont réunis à proximité de l’ambassade de la République Islamique d’Iran afin de réclamer la libération de Mansour Ossanlou qui est désormais officiellement qualifié de Syndicaliste indépendant. Il n’y a pas que la CGT qui s’intéresse à Ossanlou, la chaîne Voice of America qui dépend du Département d’Etat s’intéresse aussi à ce monsieur, en qui l’administration Bush espère un futur Lech Walesa, aussi agitateur et cul béni que le premier. Mais les Américains ne sont pas les seuls officiels à s’intéresser à cet oiseau rare. | Décodage explosifs



Ce n’est pas la première fois que les militants de la gauche en France se trouvent sur la même longueur d’onde que les néo-conservateurs Américains. En juillet 2005, c’est presque simultanément que George (Bush) et Marie Georges (Buffet) avaient soutenu un autre célèbre prisonnier des mollahs, Akbar Ganji, emprisonné et laissé pour mort lors d’une grève de la faim aussi interminable que médicalement impossible... Après cette mise en scène Fellinienne de la victime faible entourée de méchants comme Ahmadinejad, cet ex-milicien des Pasdaran a quitté le pays avec un visa délivré par les mollahs et depuis qu’il vit en dehors de l’Iran, il n’a rien fait de contraire aux intérêts du régime et il a même déclaré que le régime des mollahs n’avait rien de Fasciste.

De passage à Paris, il a eu droit aux honneurs de la chaîne Voice of America et dès son arrivé au pays de l’oncle Sam, il a également été reçu et écouté sur le plateau de cette chaîne qui est par ailleurs diffusée en Iran sans qu’elle ne fasse l’objet d’un parasitage afin que les Iraniens soient à l’abri de sa propagande américaine et soi-disant hostile aux mollahs. Il y a bien une raison à cet étrange échange de dissidents et d’informations entre les Etats-Unis et la république Islamique Iran.

La raison essentielle est que les Etats-Unis aimeraient se lier avec la république chiite de l’Iran afin de prendre le contrôle des réseaux (d’agitateurs) dont dispose ce régime au Moyen-Orient et en Asie Centrale. Pour parvenir à cet objectif, les Etats-Unis ont d’abord décidé d’encercler le territoire iranien en prenant le contrôle de l’Afghanistan et de l’Irak, et ce afin d’affaiblir le régime des mollahs et de l’inciter à accepter leur offre qui n’a rien d’hostile. Le peuple et les opposants laïques iraniens ont alors cru que l’encerclement de l’Iran résultait d’une volonté d’en finir avec les mollahs. Mais l’unique objectif des Américains était et reste une « entente ». Les Américains aimeraient normaliser leurs relations avec les mollahs afin de les contrôler pour les instrumentaliser contre les Russes et surtout contre les Chinois, mais les mollahs espèrent rester des agitateurs indépendants.

Des deux côtés, on cherche cette entente régionale, et chacune des deux parties sait que la condition sine qua non pour une normalisation (des relations) acceptable par l’opinion américaine est une ouverture politique du régime des mollahs et des réformes qui rendraient le régime politiquement fréquentable. C’est dans ce but suprême que le régime des mollahs et les Etats-Unis font une promotion commune de ceux que nous appelons les faux opposants mais qui sont de vrais agents chargés de nouer des contacts et lancer le processus de la mutation pour une normalisation applaudie.

Ainsi nous avons des étudiants dissidents (tous membres du BCU) qui sont pour une démocratie mais islamique, nous avons aussi des féministes locales qui ne sont aucunement tentées par la laïcité, mais très convaincues de la compatibilité de l’Islam politique avec la démocratie (très inspirées par leur idole Khatami), nous avons aussi et désormais des gays et lesbiennes musulmans et fiers de l’être et bien évidemment des syndicalistes de la même espèce qui ne parlent pas de l’exclusion des femmes du monde du travail. Ainsi, ces personnages remplissent les normes exigées par le régime des mollahs qui veut rester islamique et par les Etats-Unis qui veulent un allié chiite puissant dans la région.

Ramine Parham, un iranien de la bande à Timmerman, a d’ailleurs consacré un nouvel article dans le Figaro à certains de ces « dissidents » « si injustement persécutés par les mollahs », sans toutefois préciser en quoi consiste cette dissidence qui ne remet jamais en cause la charia en vigueur en Iran ou encore l’ingérence des mollahs au Liban via le Hezbollah ou encore leur ingérence en Palestine via le Hamas.

L’ensemble de ces personnages produisent des discours qui doivent attester de la capacité de réformabilité du régime des mollahs, mais ils doivent éviter de parler des réalités du régime qui pourraient lui donner une image pénalisante le rendant irrémédiablement infréquentable. L’exemple le plus fort de ce genre d’autocensure est l’absence de toute référence chez nos dissidents étudiants, féministes, gays ou autres à ces lois de la république islamique qui dépénalisent la pédophilie.

D’autres sujets sont absents des discours lisses de ces opposants islamo-américains : la complicité du régime dans la diffusion de la toxicomanie, sa complicité dans l’organisation des réseaux de prostitution, et par conséquent son rôle dans le développement du SIDA…

Plus l’entente est retardée et plus ces faux opposants se trouvent en porte-à-faux, prisonniers dans cette auto censure qui les isole du peuple et finalement en fait des opposants dépourvus d’appui populaire et incapables de mobiliser les masses.

Pour pallier à ce mutisme gênant, le régime organise des mises en scène d’emprisonnement à répétition pour donner une actualité à ces éléments. À chaque fois, les faux opposants sont fabriqués à Téhéran à coups d’arrestations de complaisance et ils arrivent aux Etats-Unis pour squatter les médias américains afin de délivrer ce message uniforme : la seule opposition légitime est à l’intérieur. Ce discours a également la faculté de décrédibiliser les vrais opposants laïques qui dénoncent les réalités de ce régime depuis leur exil et qui parlent des sujets frappés d’autocensure par ces faux opposants très nombreux.

Le cas Ossanlou | Cette année, avant cette nouvelle campagne médiatique internationale en sa faveur, dès le mois d’avril 2007, Ossanlou a obtenu plusieurs visas pour se rendre dans plusieurs capitales Européennes et finalement le 17 juin à Londres à une conférence sur ses activités de dissident ! Il existe des traces de ces voyages. Tout de suite après cette tournée publicitaire assaisonnée de discours enflammés, Ossanlou est rentré au pays et le régime est revenu à son spectacle favori de persécutions d’un dissident.

L’an dernier, Ossanlou exhibait sa langue coupée sur Youtube, officiellement on la lui avait partiellement coupée pendant une séance de torture, mais quelques jours après, il hurlait devant les micros tendus des médias du régime...

C’est un spectacle permanent, retransmis tantôt par les médias du régime et tantôt par la télévision Voice of America et désormais Youtube est également instrumentalisé pour cette propagande qui vise uniquement à séduire l’opinion occidentale et plus particulièrement les milieux de gauche. C’est elle qui doit être convaincue de l’existence d’une dissidence en Iran et plus tard devra gober la mutation interne du régime et applaudir la normalisation de ses relations avec les Etats-Unis.

Nous sommes donc en droit de craindre une surmédiatisation du cas d’Ossanlou, notre Lech Walesa musulman iranien. Quel est le projet social de ce syndicaliste ? Dans un prochain article sur la bande à Timmerman, nous vous exposerons ce projet.

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