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Iran – Grande-Bretagne : Chantage contre chantage
06.07.2009

Le torchon brûle entre Téhéran et Londres. Les mollahs ont expulsé le correspondant de la BBC, arrêté 9 employés iraniens de l’ambassade britannique à Téhéran et menacent à présent de condamner l’un d’entre eux et un journaliste irano-canadien (donc moitié britannique) à de lourdes peines de prison pour « action contre la sécurité nationale » iranienne.



Le régime des mollahs a une certaine expérience en matière d’arrestation des ressortissants étrangers pour « action contre sa sécurité nationale » ou encore pour espionnage. On se souvient de l’arrestation en mai 2007 de Haleh Esfandiari, une lobbyiste irano-américaine pourtant en faveur d’une entente entre Téhéran et Washington. Dans la même période, le régime a arrêté pour « action contre la sécurité nationale » d’autres irano-américains avec ou sans ce profil de lobbyistes. La dernière affaire de ce genre a été l’arrestation de la journaliste irano-américaine Roxana Saberi.

Au moment des premières arrestations en mai 2007, toutes sortes d’hypothèses ont été émises sur les personnes arrêtées, leurs liens avec le pouvoir, des déclarations qui auraient déplu… Mais les choses sont devenues claires avec l’arrestation de Saberi. En fait, Téhéran ne ciblait pas les personnes pour leur personnalité, mais en raison de leur lien avec les Etats-Unis et leur exposition médiatique.

Il s’agissait du choix purement pragmatique du meilleur outil de chantage : une personne connue susceptible de mobiliser l’opinion pour aider Téhéran à faire pression sur les Etats-Unis pour les pousser à agir selon les attentes de Téhéran.

Par exemple dans le cas de Saberi, le régime espérait une intervention diplomatique américaine pour crier à l’ingérence dans ses affaires internes afin de repousser la main tendue par Obama qui entend l’engager dans un processus d’apaisement contraire à sa vocation régionale. Mais l’administration Obama n’a pas cédé au chantage malgré la pression médiatique.

Cette fois-ci, vu les personnes mises en cause par Téhéran, la cible est Londres. Cependant le cas est différent de celui de Saberi car le régime ne fait pas chanter la Grande-Bretagne pour la pousser à faire quelque chose, mais riposte à une mesure perçue comme un chantage britannique contre la république islamique. Il s’agit du gel des avoirs personnels du Guide Suprême en Grande-Bretagne d’un montant de 1 milliard et 600 millions de dollars : un avertissement britannique aux mollahs afin qu’ils ne flirtent pas de trop près avec une entente irano-américaine car cette entente sonnerait la fin de la mainmise historique de la Grande-Bretagne sur le marché pétrolier mondial via leurs compagnies Shell, BP et Vitol.

Affaire inversée | Pour résumer, Téhéran est dans la position de la victime et non dans celui du maître chanteur qui a l’initiative de l’action. C’est une situation dangereuse. S’il enquiquine trop Londres, ce dernier peut saisir d’autres avoirs du régime dans ce pays. Si Londres prend cette décision, les mollahs n’auront plus rien à perdre et alors tout peut arriver comme une prise de l’ambassade britannique à Téhéran dans une fuite désespérée en avant. C’est loin d’être ce que souhaitent les deux parties, c’est pourquoi vraisemblablement les mollahs trouveront une solution pour clôturer cette crise.


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| Mots Clefs | Pays : Grande-Bretagne |

| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Terrorismes : Prise d’otages |