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Iran : Roxana Saberi, otage américain des mollahs !
09.04.2009

D’une manière très inattendue, le régime des mollahs vient d’annoncer que la journaliste irano-américaine Roxana Saberi avait été inculpée pour espionnage, alors que précédemment, elle a été emprisonnée pour « exercice illégal de journaliste sans accréditation officielle ». Il y a depuis deux ans de nombreux cas d’irano-américains arrêtés et accusés de faits graves : ces arrestations sont directement liées à l’état des relations entre Téhéran et Washington.



Roxana Saberi est une Iranienne établie aux Etats-Unis qui est rentrée en Iran après sa majorité pour y travailler comme journaliste. Elle se disait portée par l’amour du peuple iranien, mais en cherchant bien on ne trouve aucun article d’elle sur la dureté de la vie de ce peuple aimé sous le régime des mollahs.

Son profil professionnel peut être comparé à celui de Delphine Minoui : rédactrice de nouvelles sur la vie quotidienne en évitant tous les sujets rugueux qui fâchent le régime comme la pauvreté, la toxicomanie ou les droits des femmes. Roxana a même si bien travaillé que le régime des mollahs lui a accordé des visas pour aller travailler à Beyrouth où elle n’a évidemment rien de palpitant à raconter sur les mollahs actifs dans ce pays ou encore sur le Hezbollah. Elle a aussi eu droit de poser sur une photo avec Khatami, ce mollah au verbe fleuri qui est le recordman des lapidations en Iran et à l’origine des seules grandes arrestations de juifs en Iran durant ces dernières années.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

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Autant dire qu’elle n’était pas étouffée par un sens aigu de l’éthique. Elle était heureuse de vivre ainsi sans jamais dénoncer les défauts du régime des mollahs ou même évoquer ce que l’on peut lire dans la presse iranienne. Elle se voyait sans doute promue à un avenir aussi brillant que celui de Delphine Minoui, mais elle avait quelque chose qui la différenciera toujours de ce modèle parfait de journaliste à la botte : la citoyenneté des Etats-Unis, ce pays qui est engagé dans un marchandage sans fin avec les mollahs, un marchandage où il a le dessus grâce à ses sanctions contre l’Iran.

Ce n’est pas la première fois que les mollahs marchandent fermement avec les Occidentaux pour obtenir la levée de certaines sanctions : le cas s’est présenté dans les années 80 au Liban et le choix de Téhéran s’est porté sur des prises d’otages via le Hezbollah. Aujourd’hui, Téhéran renoue avec cette méthode de pression médiatique via ces arrestations des Iraniens ayant la citoyenneté américaine.

Comme dans les années 80 au Liban, les meilleurs alliés de cette méthode de pression sont les médias : le régime compte sur eux pour chauffer à blanc l’opinion afin qu’elle force les responsables américains à agir. Il s’agit de les forcer à faire le premier pas en direction de Téhéran et les faire venir aux mollahs en position de faiblesse. L’objectif est de priver l’adversaire de sa supériorité obtenue grâce à des sanctions économiques. C’est ce qui explique aussi la molle réticence des Américains d’aller au contact pour sauver ces sortes d’otages.

La question de savoir « qui fera le premier pas » est actuellement le principal souci du régime. Récemment, le régime a accepté une participation à la conférence sur l’Afghanistan qui se tenait à La Haye pour excéder les Américains et les pousser à faire ce premier pas. Ces derniers ont été piégés et ont fait ce pas, mais Téhéran n’a pas pu exploiter l’affaire car Washington a le premier salué la volonté d’ouverture de l’Iran, insinuant que les mollahs avaient fait le premier pas. Téhéran a démenti, mais aussi tôt reparti à la chasse aux « premiers pas ». Il a décidé de mettre en œuvre divers projets pour parvenir à faire bouger les Américains dont l’un est cette prise d’otage.

Ces nouvelles prises d’otages sont nettement plus faciles à gérer que le modèle libanais car il n’y a rien de caché. Le mode opératoire est légal : le régime ne reconnaît pas la double citoyenneté et estime agir en son plein droit en arrêtant un citoyen de la république islamique d’Iran. La personne ciblée est cependant comme par hasard une personne publique liée à des milieux médiatiques, une appartenance indispensable pour maintenir la pression.

Le premier cas de cette nouvelle forme de prises d’otages est apparu début mai 2007, au moment où les Etats-Unis espéraient forcer Téhéran à faire le premier pas en leur direction à la conférence sur l’Irak à Charm El Cheikh. A l’époque, Téhéran a fait arrêter Haleh Esfandiari, l’une de ses propres lobbyistes aux Etats-Unis, mais aussi la personne disposant du plus grand réseau car son but était d’avoir la plus grande couverture médiatique.

Cette fois-ci, le régime a également fait le même choix en jetant son dévolu sur Roxana Saberi. Son nom avait été cité par les médias dans le cadre des dépêches consacrées à la brève rencontre entre les délégations iranienne et américaine à La Haye. Hillary Clinton avait cité son nom et sa préoccupation à propos de sa détention. Mieux encore, les parents de la journaliste ont reçu leur visa pour Téhéran il y a deux jours ce qui a refait parler d’elle.

Il est très probable que son arrestation ait été programmée après les premières dépêches où l’on évoquait l’intérêt d’Hillary Clinton pour elle. C’est pourquoi, Téhéran a autorisé la visite des parents et promis la libération de leur fille pour donner lancer le buzz et aussi injecter plus de pathos sur ce cas.

Pour préparer l’ambiance, le régime avait également annoncé de nouvelles inculpations, mais cette fois des faux opposants intérieurs comme les deux frères Alayi, qui étaient « déjà condamnés » !

Le reste tient à la fantaisie du régime : du jour au lendemain, Roxana Saberi est devenue une espionne déjà jugée et inculpée alors que deux jours auparavant on avait informé ses parents de sa libération prochaine ! Selon l’adjoint du procureur de la révolution islamique, « les preuves sont mentionnées dans son dossier et elle a reconnu les charges ».

Cependant, ce n’est que le début de la prise d’otage. C’est maintenant que le régime espère forcer les Américains à faire le premier pas. Très malhonnêtes, les mollahs utiliseront cette affaire comme un moyen pour prétendre que leur régime est une démocratie transparente : nous aurons donc droit à un feuilleton médiatico-juridique autour de Roxana Saberi et de son avocat qui remettra en cause la procédure ! Ce sont des astuces du régime pour donner une actualité permanente à ce genre d’affaires. Ainsi on maintient la pression sur les médias étrangers et aussi on en profite pour donner un peu d’actualité aux faux dissidents du régime qui sans cela seraient au chômage technique.

La première audience devant le tribunal devra avoir lieu d’ici 20 jours à un mois, ce qui montre que le régime veut situer les évènements encore autour de l’élection présidentielle où l’un des thèmes est le dialogue avec les Américains, un dialogue que l’on pourrait refuser en raison des efforts américains pour renverser le régime via des personnes comme Roxana Saberi. Le prétexte est mince, mais ce régime n’est pas de bonne foi et son objectif est clair : refuser le dialogue pour excéder les Américains qui ont besoin de l’Iran pour pacifier l’Afghanistan et accéder à l’Asie Centrale afin de les pousser à faire le premier pas.

Ce genre d’affaire est une véritable mine d’or d’exploitations médiatiques tous azimuts pour le régime des mollahs. C’est pourquoi, elle risque de durer un certain temps pour le plus grand désagrément de Roxana Saberi et ses proches d’autant plus qu’Hillary Clinton s’est juste contentée d’exprimer « sa profonde préoccupation » à propos d’elle. C’est désolant pour elle et ses proches, mais si elle avait dénoncé ce genre de comportements dans ses articles, elle aurait été virée du territoire iranien : elle serait libre, mais aussi reconnue pour son éthique.


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Un autre type de prise d’otage made in Téhéran :
-  Iran : Stéphane Lherbier sera rejugé pour espionnage
- (12 JUILLET 2006)

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |

| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les rel. avec les USA & Négociations directes |

| Mots Clefs | Décideurs : Hillary Clinton |

| Mots Clefs | Terrorismes : Prise d’otages |