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Iran : Le cas ambigus des 2 médecins putschistes
21.01.2009

Selon les médias du régime, Arash et Kamiar Alaei, médecins iraniens arrêtés en juin, font partie d’un groupe de quatre personnes condamnées pour avoir participé un soi-disant complot de la CIA pour renverser le régime...
| Décodages d’une double manipulation des médias par le régime des mollahs |




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Le fond de l’affaire est que Téhéran veut trouver un prétexte pour refuser d’accepter l’offre des négociations bilatérales d’Obama et sa proposition d’ouvrir un bureau des intérêts américains à Téhéran. D’où cette accusation qui incrimine ces deux frères, mais surtout les Etats-Unis. Cependant, parallèlement, le régime manipule les médias car ces deux frères ne sont pas uniquement des médecins mais des lobbyistes du régime qui ont longtemps évolué aux Etats-Unis avec un passeport et des visas fournis par les mollahs pour promouvoir une image positive du régime dans les universités américaines.

Les deux frères sont présentés par les ONG ou les médias américains comme des médecins internationalement connus pour leurs travaux sur le Sida. On parle des frères Alaei ou Alayi, mais tout tourne autour d’un seul homme Kamiar Alaei (ci-dessous), le plus jeune des deux, qui serait âgé de 31 ans. Kamiar Alaei ne fournit pas de date de naissance précise, mais selon ses propos il avait 9 ans au moment des attaques de Téhéran par des missiles irakiens pendant la guerre Iran-Irak, c’est-à-dire en 1987. Né vraisemblablement en 1978, il prétend exercer comme médecin depuis 11 à 22 ans ! Ce prodige précoce serait également auteur de 67 articles sur le traitement du sida. Le problème est d’un côté son âge et de l’autre les informations concernant ses études qui restent très vagues.

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Il n’y a aucun élément qui permet de le relier à des connaissances en immunologie. Kamiar Alaei affirme avoir appris le « traitement du sida » d’un médecin iranien spécialiste en la matière et formé en France du nom de Mansouri, sans préciser son prénom. Nous n’avons pas pu prouver l’existence de ce mentor made in France et deviner son nom complet. En revanche, cette référence à ce nom est due au fait que Kamiar Alaei et son frère Arash ont travaillé au Centre iranien des études sur la tuberculose (Iranian National Research Institute of Tuberculosis) et ont écrit quatre études pour ce Centre sur des recherches concernant la tuberculose chez les malades du Sida en collaboration avec Seyed Davoud Mansouri. Cet autre Mansouri est un chercheur vedette d’Iranian National Research Institute of Tuberculosis et il est l’auteur de nombreuses études destinées à une diffusion internationale.

Kamiar Alaei prétend également codiriger des cliniques dans 67 villes iraniennes et 57 prisons d’Iran et d’Asie Centrale, mais il n’y a pas une seule adresse précise ou encore des images qui prouvent cette activité clinique. En revanche, le Iranian National Research Institute of Tuberculosis où il a travaillé est lié à la PARSA Community Foundation, un des faux nez du réseau de lobbying « Silicon Iran » chargé de verser de l’argent à des politiciens Américains. La PARSA Community Foundation [1] est l’établissement payeur pour créer des liens entre les chercheurs iraniens du Centre de la tuberculose et des chercheurs ou universités américains. Autre indice intéressant : Silicon Iran a été fondée par un certain Faraj Alaei !

Quelques soient les liens entre ces deux Alaei ou encore le vrai cursus médical de Kamiar Alaei, cela fait deux ans que ce personnage au profil fluctuant ne fait plus de médecine, mais des conférences aux Etats-Unis sur la qualité des traitements pour le sida et la toxicomanie en Iran. C’est hallucinant, quand on connaît le vide sidéral dans ces deux domaines en Iran. Mais aussi bien dans ses conférences que des interviews, Alaei parle d’une situation exemplaire en Iran et en plus il élude les questions sur les chiffres de la contamination en recentrant le débat sur la qualité des soins.

Ce médecin au parcours flou et au discours très carré est en fait un lobbyiste formé en Iran et envoyé aux Etats-Unis pour intégrer le programme de lobbying pour effacer les points noirs et améliorer l’image du régime des mollahs et ainsi dédiaboliser une normalisation des relations avec l’Iran.

L’objet des conférences données par Alaei aux Etats-Unis confirme cette hypothèse : à chaque fois, il insiste sur la nécessité pour les Américains d’origine iranienne de rentrer au pays pour servir les Iraniens dans des programmes si exemplaires de la lutte contre le Sida. Ces programmes en faveur d’une entente avec les mollahs ont aussi l’approbation des Etats-Unis. C’est ainsi que les médias comme Radio Free (contrôlé et financé par le département d’Etat) ont mis leurs moyens au service de la promotion de la carrière de Kamiar Alaei aux Etats-Unis, médias qui relèvent aucune des incohérences sur la véritable situation de la lutte contre le sida en Iran ou encore sur ses études et sa biographie.

Cependant, tous les lobbyistes envoyés par Téhéran et promus par les médias américains ne donnent pas satisfaction, certains sont mauvais communicants ou manquent leur cible. Ceci a été le cas de Kamiar Alaei qui n’a jamais réussi à rassembler des foules : de rares images de son activité de drague des milieux universitaires montrent des réunions très confidentielles.

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Cette affaire de fausse arrestation, qui arrange les affaires diplomatiques des mollahs face à Obama, est également supposée relancer la carrière du médecin lobbyiste. Il bénéficiera cette fois d’une étiquette de dissident qui donnera encore plus de poids à une future recommandation de sa part à Obama d’engager le dialogue avec les mollahs en évitant de leur faire une quelconque pression.

Cette affaire s’apparente à deux autres cas bidons : d’un côté le cas l’arrestation d’Esha Momeni et de l’autre la condamnation de Haleh Esfandiari.

Scénario de l’arrestation. Esha Momeni est une étudiante iranienne pro-régime inscrite dans une université américaine qui a été arrêtée en Iran pendant ses vacances. L’arrestation d’un étudiant inscrit aux Etats-Unis est une technique des mollahs qui leur permet d’enrôler tous les étudiants et les profs de l’université concernée comme des membres involontaires de la campagne de médiatisation de leur agent. Comme Esha Momeni, notre ami, le médecin Kamiar Alaei s’est aussi inscrit à un cycle de doctorat à SUNY Albany School of Public Health (NY) peu avant d’aller en vacances en Iran.

Scénario de la condamnation. Haleh Esfandiari est une pseudo-universitaire iranienne qui fut arrêtée, condamnée pour tentative de révolution de velours et relâchée après des confessions télévisées où elle dénonçait les autorités américaines de l’avoir manipulée pour nuire au régime de son pays. Ces aveux déloyaux n’ont provoqué aucun rejet de la part des Américains, car ces derniers plébiscitent ces personnages qui servent de passerelles pour renouer le dialogue avec les mollahs. Comme dans son cas, les « confessions » des deux frères Alaei seraient déjà en boîte et prêtes à être diffusées à la télévision iranienne.

C’est ainsi que la boucle sera bouclée. Le régime remplit ses deux objectifs :
Taper sur Washington tout en fabricant un nouveau faux dissident.

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| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Resistance : FAUSSE(s) OPPOSITION(s) |
| Mots Clefs | Resistance : Lobby pro-mollahs en France et ailleurs |

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |

[1PARSA Community Foundation & le Centre pour la tuberculose

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Parsa Foundation