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Anousheh Ansari a déclenché une polémique en Iran
18.09.2006

Elle rêve de voir l’Iran depuis l’espace. Ce rêve a un prix : 20 millions de dollars. Cet argent ne vient pas d’elle car la demoiselle n’est qu’un prête-nom pour un vaste réseau iranien mis en place dans les années 2000 pour financer les politiciens américains favorables au dialogue avec les mollahs.



Ainsi Anousheh Ansari, d’origine iranienne, est devenue une riche Américaine ! Anousheh et Hamid, son mari, vivent au Texas et les news nous apprennent que le couple a fait fortune grâce à une invention technologique. Laquelle ? Personne n’en sait rien et personne n’a posé la question. Tout le monde est fasciné par le parcours de cette femme que personne ne connaît. Dans le domaine où elle est censée avoir brillé avant de devenir une millionnaire, personne ne la connaît ou n’a entendu parler de son invention ou de ses sociétés. Le site de sa société Prodea a été créé il y a 5 mois, en avril 2006. Ce qui est surprenant pour une société de télécommunication axée sur le net qui existerait depuis 6 ans (même date de création pour sa blog).

Officiellement, l’adolescente a quitté l’Iran en 1982 à l’âge de 16 ans. En arrivant aux Etats-Unis, elle ne parle pas un mot d’anglais. Pourtant, elle passe et réussit son bac puis obtient en quelques années un diplôme d’ingénieur (une license). Elle s’installe au Texas, se lance dans les télécommunications, monte sa première entreprise, Telecom Technologies Inc., fait une très bonne affaire en la revendant, puis crée une deuxième firme de technologie, Prodea Systems Inc, basée à Plano, qu’elle dirige encore.

De notre côté, nous n’avons trouvé aucune trace de cette Telecom Technologies Inc. : les trois composants du nom étant des mots génériques. C’est une technique de base pour les sociétés écrans pour passer inaperçu ce qui n’est pas l’objectif premier de jeunes entrepreneurs. Il n’existe aucune trace de cette société (lire le complément d’enquête ajouté en bas de ce texte, le 23 janvier 2007)

Idem pour Prodea Systems Inc, elle est aussi discrète que sa grande sœur et le site Web de la firme ne nous apprend rien sur le produit révolutionnaire qu’elle vend.

Anousheh Ansari et ses sociétés sont uniquement répertoriées sur le site d’un organisme pro-mollahs : la SiliconIran® qui a axé sa communication sur les femmes chefs d’entreprises irano-américaines (lien).

Le voyage spatial | L’affaire du départ intergalactique d’Anousheh Ansari est devenu un sujet de polémique quand cette femme a donné une longue interview à la Télévision d’état du régime des mollahs et a annoncé sa décision d’emmener un grand drapeau « iranien » dans l’espace.

Le problème a été le choix du drapeau : le drapeau islamisé par Khomeiny et non pas le lion et le soleil dont l’origine remonte à l’empire perse. Dans un premier temps, elle a cousu une version miniature de ce drapeau islamiste sur son bras droit. Après les nombreuses protestations, elle a mis du blanc sur le symbole central que les Iraniens ont surnommé « la tarentule » et gardé une version hybride qui pourtant reste ornée de 21 Allah Akbar.

Notre petite Anousheh avait donc l’intention de faire de la publicité pour le régime des mollahs. Après une semaine d’intense polémique, il semblerait qu’elle ait renoncé à cette marque d’allégeance et dit ne vouloir plus déployer de drapeau iranien dans l’espace. L’affaire a pris des proportions gigantesques pour les Iraniens non-expatriés très sensibles au respect de l’identité persane préislamique et d’ores et déjà de nombreux iraniens s’intéressent au parcours invisible d’Anousheh Ansari. On se demande comment elle a pu payer d’abord une somme de 10 millions de dollars pour lancer un Prix à son propre nom, et ensuite débourser 20 millions pour ce voyage. Anousheh Ansari n’existe qu’à travers ce récit de voyage (le même article est repris sur une quarantaine de site).

SiliconIran® | Anousheh Ansari est promue par le réseau Silicon Iran. Une société ou association qui s’est distinguée en finançant généreusement la campagne de Kerry. Menée par 3 personnages « sans passé » la campagne de financement (fund raising) en faveur de Kerry s’est vite transformée en une campagne pour demander une inflexion de la politique de sanctions technologiques américaines vis-à-vis de la république islamique.

L’embargo technologique dont souffre l’Iran est l’un des obstacles pour le progrès du programme nucléaire clandestin du régime des mollahs et ce régime essaie par divers moyens d’obtenir cette technologie aux Etats-Unis mais aussi en Europe. C’est dans ce cadre que les activités de Silicon Iran revêtent un caractère particulier et inquiétant. Les 3 personnages clefs de Silicon Iran refusent de prendre en compte le caractère particulier du régime iranien et se réfugient dans un discours opaque en faveur de la réconciliation entre les deux peuples et de la reprise des investissements.

« Réconciliation entre les deux peuples » est d’ailleurs le slogan utilisé par la transparente Anousheh Ansari qui prête son joli minois à cette opération publicitaire de 30 millions de dollars qui auraient pu contribuer à reconstruire la ville de Bam de fond en comble.

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John Kerry & Susan Akbarpour, l’émissaire de Rafsandjani aux USA

Parmi ceux qui au sein de Silicon Iran étaient en charge de lever des fonds durant la campagne de Kerry pour les présidentielles américaines, figuraient trois irano-américains : Hassan Namazi (une aide de 100.000 $), Faraj Alaï (50 à 100.000 $ de fonds ramassés pendant la campagne pour Kerry) et son épouse Susan Akbarpour (également apporteuse de 50 à 100.000 $ pour Kerry).

Hassan Namazi s’appelle en réalité Namazi-pour ou Namazi-khah : il se fait appeler Namazi pour s’approprier le nom d’un célèbre homme d’affaires d’avant la révolution. Le faux Namazi s’était approché de Clinton qui contre services rendus (une aide de 80.000 $) lui avait promis de le nommer ambassadeur des USA en Argentine, un pays où les mollahs ont perpétré un attentat contre un centre juif faisant 86 morts. La nomination d’un iranien à ce poste aurait sans doute été important pour étouffer cette affaire définitivement. Cette nomination a été déprogrammée suite aux démêlés de Namazipour avec l’administration fiscale et la NYSE.

Faraj Alaï venait officiellement de la Silicon Valley où il avait, lui-aussi fait fortune dans les « télécoms ». Alaï a épousé au début des années 2000 Susan Akbarpour, la troisième personne du groupe.

Arrivée quelques années auparavant avec un simple visa touristique, Susan Akbarpour a ouvert successivement un magazine, puis un magasin et enfin une association commerciale ayant pour but d’obtenir un allégement de l’embargo américain à l’égard de Téhéran et un développement des investissements US en Iran. Susan Akbarpour se présentait comme journaliste. Elle était connue pour être une intime de Faezeh, la fille de Rafsandjani, elle même membre du Parlement islamique jusqu’aux dernières élections. A cette époque Susan avait faisait partie de ces journalistes présentés comme « réformateurs » puisque favorables au resserrement des liens économiques avec les USA. En fait elle défendait seulement (comme bien d’autres) les intérêts financiers du clan Rafsandjani, demi frère de Khomeiny [1].

Le dernier effort des Akbarpour en la matière a été la création de Silicon Iran, à Orange County, la banlieue où résident les iraniens ex-patriés de Los Angeles. Son objectif était de réunir les iraniens ayant réussi dans les nouvelles technologies aux USA (qui officiellement sont plusieurs dizaines de milliers dans le cas) afin de créer un lobby pro iranien.

Ceci est la présentation officielle de l’affaire car en réalité c’est le régime des mollahs qui allait lui-même distribuer de l’argent sous de faux noms, à la place de ces fameuses dizaines de milliers d’entrepreneurs. Ainsi les mollahs ont pu créer des sociétés écrans (avec des noms génériques), sociétés qui devaient par la suite investir leurs capitaux dans les projets du régime : financements des politiciens hostiles aux sanctions ou des projets médiatiques comme ce voyage spatial.

En l’absence d’une participation de ces fameuses dizaines de milliers d’entrepreneurs iraniens, à l’heure actuelle, le lobby fonctionne au ralenti puisque Silicon Iran semble quelque peu mal engagé et que les principales locomotives du secteur n’y ont pas adhéré. Pour bien s’implanter dans ce secteur, les investisseurs mollahs ont même acheté des sociétés phares Comme Quark Xpress qui 5 ans après est aujourd’hui au bord de la faillite.

Le cas de Susan Akbarpour | La citoyenneté de Susan est aussi sujette à caution, « je suis une actrice de la politique des USA », a t-elle dit lors de la campagne de Kerry, « je lève des fonds pour tous les candidats qui nous écoutent et s’intéressent à nos soucis ».

Pourtant elle a dit qu’elle n’était pas citoyenne des USA, qu’elle était venue en 1997 (c’est-à-dire toute suite après l’élection de Khatami) en touriste et avait changé plusieurs fois de statut. Elle avait d’abord eu un visa H-1 puis en se mariant avait obtenu sa carte verte.

Et c’est en vertu des lois fédérales électorales qui permettent aux résident d’apporter une contribution aux candidats qu’elle agissait. Mais il semble bien qu’elle ait commencé à aider le sénateur Kerry dès 2002 c’est-à-dire avant d’être devenue résidente permanente. Selon un avocat de l’immigration, les doutes sont nombreux : on ne peut obtenir un visa H-1 si son visa touristique a expiré, le visa H-1 est réservé aux employés étrangers recommandés par des sociétés américaines ayant besoin de leurs qualifications et on ne voit pas en quoi les qualifications de Susan pouvaient être intéressantes. Et les services de l’immigration étant particulièrement stricts en matière de H-1 avec les citoyens iraniens, les interrogations demeurent d’actualité.

Il est notoire que le FBI s’oppose à la délivrance de ce genre de visa, parce que le ministère iranien de l’information (espionnage) s’est fait une spécialité pour envoyer ses agents (et même ses assassins) à l’étranger comme réfugiés ou immigrés juridiques etc... C’est d’ailleurs comme cela que des agents de la république islamique ont pu s’attaquer au centre juif de Buenos Aires faisant 86 morts. Et Susan sur ce sujet a osé cette incongruité : « je ne pense pas que le ministère de l’information d’Iran soit très bon, vous lui donnez trop d’importance, ses membres n’ont pas cette intelligence »… Ces mots, nous les avons trouvé dans la bouche de Fakhr-Avar un faux dissident qui essaie d’infiltrer l’opposition iranienne en ce moment.

Complément d’enquête ajouté le 23 janvier 2007

En effet, Anousheh est en tête d’une vaste fortune gagnée avec la vente de son entreprise. L’entreprise d’Anousheh Ansari aurait atteint un prix astronomique car elle aurait détenu des brevets d’une valeur inestimable. Cependant lors de la première enquête (ci-dessus), nous avons découvert qu’Anousheh Ansari ne possède aucun brevet aux Etats-Unis, elle a seulement créé une 1ère société (Telecom Technologies Inc.) dont le nom ou les initiales ressemblaient à celle d’une autre société américaine (TTI) qui elle est la détentrice de ce brevet de télécommunication. Après cette supercherie (cas similaire de sociétés homonymes), Anousheh Ansari a vendu cette société en 2001 à la société Sonus (appartenant à un Pakistanais - nous allons bientôt publier notre mini-enquête sur Sonus car d’après ses bilans, cette dernière n’aurait pas pu acheter TTI).

L’argent d’Anousheh Ansari vient de cette vente très lucrative qui pourtant n’aurait pas été possible car la TTI d’Ansari ne possédant pas le brevet, on se demande pourquoi Sonus lui aurait versé plus de 500 millions de dollars. La société Sonus a même intégré Anousheh Ansari pour deux ans en qualité d’ingénieur alors qu’elle n’a rien inventé et pire encore elle a contrefait des documents pour prétendre le contraire.

N’empêche que du jour au lendemain, Anousheh Ansari s’est trouvé à la tête d’une vaste fortune dans une opération qui ressemble à du blanchiment d’argent à une très vaste échelle. Cet argent, Anousheh Ansari l’a investi dans son rêve de voyager dans les étoiles mais aussi dans une organisation caritative et culturelle iranienne. Notre recherche sur le site de cette ONG nous a conduit vers un Think Tank américain, The New America Foundation, axé sur la nécessité d’ouverture de dialogue avec l’Iran et un dialogue basé sur l’écoute et le respect !

[1La famille de Rafsandjani règne sur un vaste empire financier. Il a le monopole de la vente de pistaches (770 millions de $/an), d’immenses compagnies pétrolières, des lignes aériennes, des hôtels au Canada et en Californie, un casino à Las Vegas, des produits comestibles, le marché du Téléphone portable : sa fortune est supérieure à 15 milliards de dollars.