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Iran : Ebadi récompense un défenseur de la Charia
12.12.2009

A l’heure où l’on parle de Nobel d’Obama, l’organisme présidé par Shirin Ebadi a attribué son prix de défenseur des droits de l’homme à l’Ayatollah Montazeri, premier lieutenant de Khomeiny, partisan d’un état islamique basé sur la charia. Ce choix très politisé a été totalement occulté en Occident. | Décodages |



Cet été, pour bloquer les négociations avec les Six, Téhéran a imaginé le Mouvement Vert, une opposition soi-disant populaire qui contestait la légitimité de la personne chargée des négociations, c’est-à-dire Ahmadinejad. Un soutien international aurait légitimé cette contestation et invalidé de facto Ahmadinejad rendant impossible toute négociation. Téhéran espérait évidemment Obama comme soutien. Mais ce dernier n’est pas tombé dans le panneau.

Si Obama n’a pas bougé, en revanche, les Iraniens ont profité de l’occasion pour descendre dans la rue et contester le régime dans sa totalité. On a alors entendu 2 chefs du Mouvement Vert, Moussavi et Khatami, appeler le Guide suprême à châtier avec la plus grande sévérité « ces agitateurs et ces casseurs » ! Ce soulèvement n’a guère été soutenu non plus par l’Occident qui voit en les mollahs de très bons partenaires économiques.

Malgré le manque de soutien étranger, ce soulèvement a mis le régime dans l’embarras. Il a décidé de continuer la promotion du Mouvement Vert sans rassemblement populaire où il y avait un grand risque de dérapage.

Le régime des mollahs a alors changé d’approche en mettant en scène des arrestations suivies par une sortie très médiatisée de l’un de ses patrons, Karroubi, dans le rôle de dénonciateur de viols à l’encontre des prisonniers du Mouvement Vert dans un centre occulte de détention dont il n’existe aucune image (vue que tout ceci était de la prestidigitation). Du jour au lendemain, cet ex-patron ripoux de l’organisme chargé de rémunérer les opérations terroristes ou les assassinats ordonnés par le régime est devenu le héros du Mouvement Vert !

Dans le même temps, les 400 animateurs Twitter du Mouvement Vert se sont mis en branle pour proposer le courageux Karroubi pour le Prix Nobel de la Paix. Des faux opposants que le régime a « placés » ici et là en Occident ont rejoint le concert des louanges pour mettre le comité Nobel dans l’embarras afin qu’il récompense le vieux mollah Karroubi, récompense qui aurait légitimé le Mouvement Vert et sa contestation si utile au régime. Téhéran avait bon espoir car les médias donnaient beaucoup de publicité à la demande et 6 ans plus tôt, le comité Nobel proche du pétrolier norvégien Statoil avait attribué son Prix pour la Paix à Shirin Ebadi, une grande partisane de la révolution islamique et de l’application de la charia.

Or, en attribuant ce prix à Ebadi, le comité Nobel ne faisait qu’aider Téhéran à améliorer son image et les Européens à améliorer leurs relations avec Téhéran, une opération bénéfique aux affaires. Là, il n’y avait rien à gagner : en aidant Karroubi on aurait provoqué le blocage des négociations, ce qui est très mauvais pour les affaires. Il n’y eut donc pas de Prix Nobel pour le mollah vert.

En fait, en lui accordant une belle couverture médiatique (malgré son passé) puis en refusant finalement le Prix, les Occidentaux entendaient signaler aux mollahs qu’ils appréciaient le Mouvement Vert comme l’expression d’une évolution démocratique du régime (bonne pour les affaires), qu’ils étaient prêts à dissimuler le passé de ses dirigeants, mais n’appréciaient guère le mécanisme de blocage qu’il contient.

La période a été marquée par une quarantaine médiatique du Mouvement Vert pour calmer Téhéran. Puis la tendance a changé récemment car l’administration Obama a décidé d’utiliser l’argument d’un « chaos politique interne » pour reporter des sanctions susceptibles de renverser les mollahs qui peuvent lui être utiles dans le régime. Dans ce cadre, les Occidentaux ont accordé une grande couverture médiatique aux activités microscopiques de ce mouvement en Iran. Les Américains ont fait plus fort en classant Zahra Rahnavard, l’épouse de Moussavi, à la troisième place du classement des plus grands penseurs du siècle malgré un palmarès d’oeuvres ultra-islamistes et un poste de directrice du centre de formation terroriste réservé aux Occidentales et le magazine Time a révélé qu’il pourrait déclarer personne de l’année : les manifestants iraniens !

Téhéran s’est adapté aux changements. Exit Karroubi et bienvenu à Montazeri qui est très apprécié en Occident. Les mollahs se sont également retournés vers leurs alliés historiques les Britanniques qui accompagnent le Mouvement Vert depuis ses débuts pour ruiner les chances d’une entente irano-américaine, opération très mauvaise pour leurs intérêts pétroliers notamment en Asie Centrale. Les Lords britanniques ont illico attribué leur prix Global Defence of Human Rights à Shishi Ebadi le mercredi 9 décembre 2009. Le lendemain, l’organisme des droits de l’homme présidé par cette élue de l’Occident a attribué son Prix annuel d’hommage à un défenseur des droits de l’homme à l’Ayatollah Montazeri, officiellement très apprécié par les Occidentaux pour engager ces derniers dans la voie de l’éloge comme une forme de légitimation.

Le choix n’est pas anodin car Montazeri est reconnu comme étant l’auteur du système islamique au pouvoir (la tutelle du guide suprême), sa légitimation serait la confirmation d’une reconnaissance occidentale de ce système totalitaire. D’ailleurs, ce vieux mollah partisan de la mise à mort des musulmans convertis au christianisme et des infidèles a fait un discours d’éloges à Khomeiny, au régime en place et à la charia comme vecteurs de liberté ! Cependant, l’objectif étant d’obtenir un soutien de l’Occident, ce discours a été remplacé par un autre moins hard dans les dépêches des médias inféodés aux mollahs comme la branche iranienne de RFI.

Malgré ces efforts, nous n’avons trouvé nulle trace de ce Prix dans les médias occidentaux. C’est le black-out face à cette dernière ruse de Téhéran car l’Occident ne veut pas légitimer un Mouvement politique conçu pour bloquer les négociations afin de provoquer une escalade guerrière susceptible de le faire reculer face aux mollahs. Même les Britanniques sont restés silencieux pour ne pas faire bande à part.

Dépité par ce silence, le régime a tenté un buzz avec l’annonce d’une restitution de la médaille de Shirin Ebadi afin d’attirer à elle les micros des journalistes. Encore une fois, ce fut le boycott. Bientôt Téhéran inventera une nouvelle affaire ayant pour victime Shirin Ebadi pour quelle ait droit à une couverture des médias.

Les Occidentaux se mordent sans doute les doigts en attendant cette affaire, mais ils le doivent à leur choix d’utiliser le Mouvement Vert pour reporter leur sanction en espérant un compromis avec Téhéran. Il n’y a aucune possibilité d’apaisement avec ce régime ou l’un de ses employés (Ebadi, Montazéri, Khatami ou autres).


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Pour en savoir + sur Shirin Ebadi :
- Iran : La double mystification de Shirin Ebadi
- (30 AVRIL 2009)

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| Mots Clefs | Réformateurs & dissidents : Shirin Ebadi |
| Mots Clefs | Mollahs & co : Montazéri |

| Mots Clefs | Réformateurs & faux dissidents : Le Mouvement Vert |
| Mots Clefs | Réformateurs & dissidents : Zahra Rahnavard |

| Mots Clefs | Resistance : FAUSSE(s) OPPOSITION(s) |

| Mots Clefs | Resistance : Lobby pro-mollahs en France et ailleurs ! |

| Mots Clefs | Resistance : Lobby Cinématographique des mollahs |

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