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Iran : Des problèmes à la bourse iranienne du pétrole
15.07.2011

Il y a une semaine, le régime, qui se trouve en difficulté, évoquait sa capacité de fermer le détroit d’Ormuz pour rassurer les siens et intimider Washington. La possibilité d’une guerre n’avait pas rassuré les siens car on a assisté à des problèmes du côté de la bourse de Téhéran. Le mercredi 13 juillet, avant-dernier jour de la semaine en Iran, le régime a changé son fusil d’épaule, en inaugurant en grande pompe et en présence de nombreux officiels sa propre bourse du pétrole avec ses propres réserves pour devenir le principal décideur du prix du baril et ainsi remplir ses caisses en faisant plier Washington.



Cela fait des années que Washington bloque la signature de contrats pétroliers avec le régime des mollahs, il cherche à l’épuiser économiquement, pour mettre ses dirigeants face au risque de pénurie et d’émeutes afin de les forcer à céder légalement leur pouvoir à ses pions via une révolution de couleur. L’objectif est de disposer d’un allié capable de chasser les chinois de l’Asie Centrale puis du pays Ouïghours riches en pétrole et en minerais.

L’embargo a été adopté en 1996, mais Washington a autorisé certains de ses alliés ou concurrents à signer des contrats pétroliers de longue durée en 1997 car le régime était alors économiquement très faible. La compagnie pétrolière Total qui est partiellement contrôlée par les Américains a proposé la formule de buy-back qui consiste à vendre des droits d’exploitation aux compagnies étrangères pour recevoir en échange plusieurs milliards de dollars ainsi qu’un tiers de la production pour les besoins internes du pays en kérosène pour alimenter les centrales de production d’électricité. Washington a ainsi injecté rapidement beaucoup de devises dans l’économie iranienne tout en prenant le contrôle de la production pour limiter la vente directe qui génère des bénéfices, mais aussi pour limiter l’autosuffisance en matière de carburants pour forcer les mollahs à dépenser leurs devises pour importer du kérosène.

Les hauts dirigeants du régime, conscients de leur faiblesse, mais incapables d’accepter le moindre compromis en raison de leur passé sanguinaire ou terroriste, ont empoché les dollars et se sont mis simuler une forte activité économique pour stimuler les investissements étrangers, parallèlement, ils se sont mis à évoquer la menace d’une fermeture du détroit d’Ormuz et d’une guerre régionale pour faire reculer Washington.

Washington a alors évoqué le danger du programme nucléaire iranien pour renforcer ses sanctions. Les mollahs ont continué à menacer Washington puis Israël pour contourner la promesse impossible de fermeture d’Ormuz. Finalement, ils ont lancé le Hezbollah puis le Hamas dans des guerres épiques contre Israël, mais en agissant ainsi, ils ont vidé leur cartouchière sans parvenir à faire reculer Washington. Ce dernier a même encouragé indirectement Téhéran à agir ainsi pour les pousser à la dépense, mais aussi épuiser sa capacité terroriste dans la région et en Irak. Au passage, Washington a utilisé le prétexte de cette nuisance pour vendre des quantités massives d’armes aux Saoudiens et aux Qataris et aussi pour maintenir sa présence militaire en Irak pour préserver sa mainmise sur le pétrole, l’agriculture et tous les autres marchés irakiens. Washington a gagné des marchés fabuleux grâce aux mollahs. Il parle même occasionnellement de leur menace chaque fois que se rapproche l’échéancier pour quitter l’Irak avant d’oublier ses griefs pour ne pas être contraint d’aider les partisans d’un changement de régime.

Contrairement à Washington, les mollahs n’ont rien gagné : ils ont épuisé leurs réserves en devises des contrats-cadeaux de 1997 dans des actions futiles. Les années ont filé dans l’espoir incertain d’une capitulation américaine. Ils se sont finalement retrouvés plus tôt que prévu dans l’incapacité financière d’importer du kérosène nécessaire pour faire fonctionner toute la machine sur-stimulée de l’économie iranienne. Ils ont connu des pannes monstrueuses d’électricité qui ont anéanti la production iranienne, les forçant à dépendre encore plus de l’importation, à dépenser davantage de devises alors qu’ils n’en gagnaient plus. Pour tenir le choc, il fallait baisser les dépenses en devises : les mollahs ont commencé à baisser régulièrement le pouvoir d’achat des Iraniens pour les habituer à vivre de rien (en pénurie partielle) avant de passer à la vitesse supérieure en supprimant tous les prix subventionnés. Des millions de gens sont passés sous le seuil de pauvreté, le Bazar qui génère plus 10 millions d’emplois a été ruiné.

Ce choix cynique a convaincu les gens de base que les dirigeants ne pensaient qu’à leurs propres intérêts : ils ont commencé à rompre avec le régime en boycottant les manifestations officielles. Les derniers à franchir le pas ont été les Pasdaran : le 12 février dernier, ils ont boycotté l’anniversaire de la révolution islamique, puis le 15 mars 2011, ils ont refusé de réprimer une manifestation en faveur d’une monarchie laïque. Leur conduite a réduit le régime à ses 130 dirigeants et leurs 25,000 collaborateurs et convaincu ces derniers que le régime était condamné. Ces gens qui représentent les clans au pouvoir ont paniqué et se sont rués vers la bourse pour vendre les actions de leurs clans afin d’acheter de l’or ou des dollars vidant de facto les réserves en devises ou en or de la banque centrale iranienne, exposant le régime à la banqueroute boursière et financière.

Depuis, le 15 mars, le régime a connu plusieurs vagues de panique boursière : en particulier après le boycott de la journée d’hommage en Khomeiny, elle avait perdu 18% de ses investisseurs. La semaine dernière, après le boycott de l’anniversaire de la révélation de l’Islam à Mahomet, la baisse a été supérieure à 20%. Selon nos estimations, la bourse de Téhéran (club des investisseurs du régime) aurait alors perdu plus de la moitié de ses membres, le régime est alors revenu à des menaces très réalistes de guerre pétrolière avec des détails ne laissant aucune place à un flou artistique. Nous avions tablé sur un désaveu de ses derniers collaborateurs qui veulent sauver leur pactole, mais certainement pas une guerre car elle est synonyme de leur ruine. Nous pensions que son choix radical allait encourager la fuite de ses derniers associés. Il semble que nous ayons vu juste car ce jeudi, la presse iranienne a rapporté que la bourse de Téhéran a connu une semaine de résultats déficitaires et la baisse de toutes les valeurs !

Comme par hasard, on n’a pas entendu le régime parler de ses missiles ou de sa capacité à fermer Ormuz, mais plutôt du lancement à la bourse de Téhéran de la Bourse Iranienne du Pétrole (Bip) qui ambitionne de provoquer des flambées monstrueuses pour faire plier Washington tout en enrichissant le régime qui fournit le pétrole et les chanceux qui auraient misé leurs dollars dans l’aventure. Le régime a en quelque sorte inventé une section boursière très rentable dans l’enceinte de la bourse de Téhéran pour regagner ses associés paniqués.

Le régime a ouvert cette section de manière illimitée aux ayants droits des investisseurs étrangers ou acheteurs étrangers, une nouveauté pour le marché iranien, et a mis en vente 600 000 barils pour le premier jour au prix de 105 dollars soit 10% de moins que le prix du baril à Londres, le principal marché pétrolier mondial. La veille il avait envoyé un émissaire à Vienne pour accepter le dialogue afin de se donner l’image d’un partenaire fiable. Cela devait suffire à déplacer les clients industriels comme les spéculateurs. Téhéran espérait un raz-de-marée qui aurait incité ses collaborateurs paniqués à réinvestir leurs dollars en Iran. Il pouvait récupérer plusieurs centaines de millions de dollars voir des milliards en peu de temps tout en rassurant les siens.

Mais il n’y a eu aucun client étranger même en assouplissant les critères de vente en cours de la journée d’une part parce que ce régime n’incarne pas la confiance et d’autre part, parce que les acteurs du marché savent qu’il ne produit pas directement son pétrole, mais qu’il dépend des compagnies étrangères liées à Washington.

Chacun a conclu que les 600 000 barils provenaient des réserves de sécurité du régime et que ce dernier n’était pas capable de remettre d’autres barils en vente de manière illimitée et qu’il ne pouvait s’agir que d’une ruse pour gagner beaucoup des milliards de dollars avant de provoquer une crise d’approvisionnement aiguë pour obtenir la levée de sanctions à son encontre.

En l’absence de clients étrangers, les associés paniqués n’ont pas bougé. La bourse de Téhéran a connu une nouvelle journée de déficit et de désolation. Les hauts responsables présents pour l’inauguration et l’accueil des investisseurs ont passé une journée éprouvante à attendre les clients devant des dizaines de journalistes invités pour l’occasion.
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Le régime a arrêté l’opération et pour limiter les rumeurs de sa faillite politique et économique, il a évoqué une journée-test pour un futur lancement de sa bourse de pétrole avec une offre plus limitée de 45 000 barils par jour. Mais au lendemain du fiasco, c’est-à-dire hier, la salle vitrée de la bourse des mollahs est restée totalement vide pendant toute la journée. Le régime des mollahs n’a plus la cote.


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une porte de sortie pour le régime :
- Iran-Nucléaire : Changement de priorités, risques de conflits
- (14 JANVIER 2011)

| Mots Clefs | Instituions : Politique Economique des mollahs |

| Mots Clefs | Résistance : Menace contre le régime |

| Mots Clefs | Fléaux : Pauvreté (et Disparité) |

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