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Iran-Brésil : Le régime s’apprête à accueillir Lula
06.05.2010

Les agences de presse occidentales ont annoncé hier que lors de son séjour à New York, à la suite d’une longue conversation avec Hugo Chavez, Ahmadinejad avait approuvé la proposition brésilienne d’accueillir un échange d’uranium à destination de l’Iran pour résoudre la crise sur le programme nucléaire iranien. Quelques heures plus tard, Rahim-Mashaï, le premier conseiller du président, qui accompagnait ce dernier à New York, a démenti l’annonce en y ajoutant la spécialité des mollahs : « des conditions préalables qui seront précisées plus tard ! »



En avril dernier, Washington qui ne cessait d’affirmer sa volonté de parvenir à une entente avec les mollahs a eu une brillante idée : un échange du stock iranien d’uranium enrichi contre du combustible nucléaire d’origine étrangère pour le réacteur de recherche iranien datant des années 60. L’intérêt de l’offre était que Téhéran allait se séparer volontairement de son stock d’uranium que l’on soupçonne destiné à un usage militaire. Par ce geste, les mollahs montraient leur bonne foi et cessaient d’être une menace potentielle pour Israël. De facto, Washington pouvait envisager à la fois la fin des sanctions, mais aussi un dialogue apaisé entre les deux pays, prémices à l’entente souhaitée par Washington (pour accéder à l’Asie Centrale et agiter les musulmans chinois). Or, un apaisement entre Washington et les mollahs contraindrait ces derniers à se séparer du Hezbollah, mais aussi autoriser le retour en Iran d’islamistes pro-américains pour un exercice partagé du pouvoir. C’est pourquoi Téhéran a refusé cette offre d’échange qui lui avait été soumise confidentiellement et continue à le faire alors qu’elle est parfaite.

Or, si les mollahs doivent impérativement refuser pour sauver l’intégrité de leur régime, Washington doit impérativement parvenir à une entente avec eux s’il veut contenir la Chine et cette entente nécessite une solution qui améliorerait l’image des mollahs aux yeux des Américains. C’est pourquoi, sans révéler à ses citoyens l’existence de ce projet d’échange qui pouvait améliorer l’image des mollahs, Washington a menacé les mollahs de recourir à l’embargo sur les carburants. Cette menace est sérieuse car toute l’industrie iranienne dépend de diverses variétés de carburant, la pénurie serait synonyme de révoltes populaires déstabilisatrices pour un régime fort impopulaire. Mais les mollahs ont encore refusé, d’une part parce qu’ils pensaient que Washington bluffait et d’autre part en comptant sur la disponibilité des Russes ou des Chinois pour leur fournir du carburant via la Mer Caspienne qui échappe à tout embargo américain. En septembre 2009, Washington a scellé un deal avec la Russie à propos des missiles ABM : ce pays a soudainement changé de position vis-à-vis des sanctions. Le même mois, Washington a reformulé son offre, les mollahs ont commencé à discuter, mais ils ont finalement dit non sans donner d’explication. Aussitôt, Washington a passé le bébé à l’AIEA pour rendre publique cette offre parfaite –que l’on ne peut refuser- afin de priver les mollahs d’un simple non. L’AIEA a officiellement soumis cette offre aux mollahs le 1er octobre à Genève. Ces derniers étaient coincés : à Genève, ils ont dit oui (comme Ahmadinejad après son discours contre les armes nucléaires). Mais de retour à Téhéran, la délégation iranienne est revenue sur son accord. L’AIEA a envoyé en Iran El Baradai pour les dissuader. Ils ont alors changé de position en remplaçant le non, par un oui, mais. pour inclure des conditions préalables qui étaient autant de non. En agissant ainsi, Téhéran avait deux objectifs : neutraliser les sanctions avec le oui et bloquer les négociations avec des conditions préalables (selon le principe des négociations sans fin). On ne peut également négliger la volonté iranienne de pousser Washington à bout pour déclencher une escalade susceptible de faire reculer Washington par crainte d’une guerre.

Pour mettre toutes les chances de leur côté dans cette multi-entreprise anti-détente, les mollahs ont remis en cause la quantité d’uranium échangée, le lieu de l’échange, le calendrier de l’échange et en plus, les pays fournisseurs du combustible !

Washington n’a pas réagi car cela l’aurait obligé à adopter des sanctions très fortes comme l’embargo qu’il ne veut pas adopter de peur de faire chuter les mollahs. Il a aussi gardé le silence pour éviter toute escalade verbale comme le souhaite Téhéran. En réaction, Téhéran a sans cesse cherché des mises en scène pour mettre en avant ses pré-conditions notamment en faisant valoir qu’il avait accepté l’offre américaine. Washington a continué à fuir la polémique ou l’escalade des sanctions en cherchant des solutions.

La première solution pour résoudre l’obstacle des pré-conditions a été un échange en Turquie que les mollahs ont refusé. Washington a alors érigé la Turquie, qui siège actuellement au Conseil de Sécurité, en un pays hostile aux sanctions, d’une part pour avoir un prétexte à ne pas adopter des sanctions plus fortes, mais aussi pour proposer de nouveau l’échange. En compensation, la Turquie allait renforcer son prestige pour se poser en leader régional et concurrencer l’influence régionale des mollahs eux-mêmes. Les mollahs ont évidemment refusé en envoyant balader les Turcs.

Washington a alors regardé en direction de son allié le Brésil pour reprendre le rôle de la Turquie, cette fois avec à la clé un leadership régional qui concurrencerait Hugo Chavez. Mais mis à part cela, le Brésil semble un choix plus pertinent parce qu’il a lui-même la capacité à produire du combustible nucléaire. L’espoir était permis, mais cela n’a rien donné car le cœur de l’affaire réside dans l’impossibilité pour Téhéran d’entrer dans un processus d’apaisement avec Washington.

Il le faut cependant pour Washington, c’est pourquoi il ne cesse de relancer Téhéran avec ses diverses initiatives d’apaisement notamment avec le Brésil, d’où l’affaire qui nous concerne : un oui à New York qui devient un « oui, mais » très flou à Téhéran !

Selon la version officielle délivrée par le conseiller du président, ce dernier « n’a pas dit oui à un échange. Il a donné son accord de principe aux souhaits de la Turquie et du Brésil de participer aux discussions ».

Cela n’a aucun sens. Le régime veut polémiquer. Il veut son buzz pour mettre en avant son refus à un moment où Washington est pleinement dans l’esquive pour éviter des sanctions lourdes ou les polémiques. Par amitié pour Chavez, Téhéran l’a associé à son coup en lui donnant le rôle de celui qui intervient en faveur de Lula ! Ce dernier passe pour un simplet au bénéfice de Chavez, mais surtout des mollahs avant sa « visite historique à Téhéran les 16 et 17 mai ». Le régime vient en fait de saboter par avance cette dernière mission de médiation. Quels farceurs ces mollahs !

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Article complémentaire :
- Iran : La contre-proposition inacceptable
- (4 JANVIER 2010)

Article complémentaire :
- Iran : La feuille de route des mollahs
- (8 OCTOBRE 2009)

| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |
| Mots Clefs | Institutions : Provocations |
| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Apaisement |

| Mots Clefs | Décideurs : Chavez |