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Iran : La feuille de route des mollahs
08.10.2009

Dans ses dernières déclarations, Ahmadinejad a réaffirmé sa volonté de coopérer avec l’AIEA, qui a qualifié Genève 2 de « pas en avant », mais en précisant que ce dialogue n’avait aucun lien avec la crise nucléaire. Ces propos contiennent la feuille de route des mollahs. | Décodages du programme des réjouissances selon Téhéran |



En juillet dernier, en marge du sommet du G8, les Etats-Unis ont tapé du poing sur la table et ont donné deux mois à Téhéran pour cesser ses activités nucléaires ou du moins accepter le dialogue, sinon ils menaçaient d’adopter des sanctions très lourdes à son encontre. Malgré des problèmes économiques très lourds dus aux sanctions déjà appliquées qui privent l’Iran de capitaux étrangers, à ce moment-là, Téhéran a ri de cet avertissement car il bénéficiait alors du soutien indéfectible de la Russie. Début septembre, Washington a acheté la neutralité russe en échange d’un allègement du bouclier antimissile ABM. Bien avant que l’affaire ne soit connue, Moscou a cessé de s’opposer ouvertement à de nouvelles sanctions, ce qui a poussé Téhéran à revoir sa stratégie : il a accepté non pas la suspension de ses activités, mais le dialogue pour geler les menaces de nouvelles sanctions.

Cependant, en acceptant de dialoguer par peur des sanctions, Téhéran reculait face aux Américains. Il mettait ainsi en péril son image de plus sérieux adversaire des Etats-Unis dans le monde, une prétention qui lui vaut le soutien de la rue arabe, soutien essentiel pour qu’il puisse se déclarer l’arbitre de la région. Pour ménager la chèvre et le chou, les mollahs ont alors déclaré qu’ils se rendaient au dialogue non pas pour négocier sur le nucléaire mais pour représenter les revendications de la rue arabe.

Les Américains n’ont pas contrarié cette demande car ils savaient que malgré ce beau discours additif fourni pour la rue arabe, le pas en avant serait coûteux pour l’image du régime des mollahs. Ils espéraient que ce trouble rendrait Téhéran plus malléable et qu’ils pourraient ainsi obtenir de lui l’entente qu’ils attendent depuis 30 ans pour contrôler le Moyen-Orient, mais aussi l’Asie Centrale.

Ce calcul s’est avéré erroné. Le régime des mollahs a envoyé une équipe à Genève pour s’engager sur des broutilles : il a ainsi obtenu un calendrier des coopérations mineures qui a immédiatement gelé les sanctions promises en juillet dernier. Les Six qui ne souhaitent pas de sanctions ont accepté cette base. Aussitôt que les Six ont confirmé ce gel provisoire, Téhéran a prétendu que les engagements avaient été pris avant Genève 2 et que sur place, son équipe avait seulement abordé les revendications de la rue arabe.

Ainsi, Téhéran a trouvé le truc pour contrebalancer la stratégie qui visait à le discréditer aux yeux de la rue arabe, tout en respectant des engagements à minima acceptés comme base à Genève 2 par les Etats-Unis et leurs alliés. Ceci lui permettra de se vanter d’avoir coopéré avec l’AIEA pour demander au passage un gel plus long des sanctions. Il ne faut donc pas s’étonner d’entendre Ahmadinejad parler de la volonté de coopération de la république islamique avec l’AIEA tout en niant l’existence d’un lien entre Genève 2 et le programme nucléaire iranien. Téhéran joue le jeu tel qu’il est joué par les Américains (en trichant avec les règles) et se paie le luxe de plaider un plus grand rôle de l’AIEA pour remettre en cause le traitement même de ce dossier par le Conseil de Sécurité.

C’est parfaitement malhonnête, mais les mollahs ont en face d’eux des Etats occidentaux qui le sont tout autant en acceptant des bases à minima uniquement pour éviter des sanctions à ce régime qu’ils dénigrent, mais qu’ils apprécient pour des raisons commerciales ou stratégiques.

Les dernières déclarations américaines évoquant des retards dans l’adoption de nouvelles sanctions et l’incertitude quant à leur application par Obama ont évidemment une valeur d’encouragement à la tricherie pour Téhéran.

Paris a aussi un rôle négatif quand il qualifie de « précisions » sa position imprécise et pour retarder des sanctions elle évoque « des divisions entre ses ministres » des Affaires étrangères et de la Défense.

La France ne gagne rien à imiter les mollahs qui feignent les divisions internes avec des soi-disant modérés ou conservateurs. Ce n’est pas à un singe qu’on apprend à faire des grimaces. Les propos de Guéant ont simplement convaincu Téhéran de l’improbabilité des sanctions françaises. Comme d’habitude, quand on recule face à ce régime, il durcit sa position. Après la prestation de Guéant, Téhéran a encore diminué le champ de ses futures coopérations mineures avec l’AIEA : via son ministre des affaires étrangères Mottaki, il a annoncé qu’il n’avait aucune intention d’adhérer au protocole additionnel qui autorise les inspections inopinées. Si par hasard, les Etats-Unis et leurs alliés faisaient mine de vouloir adopter des sanctions, Téhéran rappellera à nouveau sa volonté de coopérer avec l’AIEA !

Ce jeu trouble continuera tant que les Etats-Unis (et leurs alliés) n’appliqueront pas eux-mêmes les règles qu’ils décrètent au reste du monde ou qu’ils continueront de nourrir le projet d’une entente avec les mollahs. En fait, il faut qu’ils redéfinissent leur propre feuille de route s’ils souhaitent un autre jeu.


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