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Iran : 4 jours, 3 revirements
05.10.2009

Après la conférence Genève 2, les mollahs ont nié avoir pris des engagements nucléaires dans leurs discussions avec les Six. Cette remise en cause a inquiété les Six. Ils ont expédié en Iran Mohammad El Baradai, le directeur sortant de l’AIEA, pour confirmer les engagements de Téhéran. 24 heures après, Téhéran est revenu sur ses démentis. | Décodage d’un week-end chargé |



Episodes précédentes | En juillet dernier, les Six (les 5 membres permanents du Conseil de Sécurité plus Allemagne) ont menacé les mollahs de nouvelles sanctions, si ces derniers ne cessaient pas leurs activités nucléaires le 25 septembre 2009. Début septembre, Téhéran a perdu le soutien indéfectible de la Russie qui lui permettait de contrer l’adoption de nouvelles sanctions. Il a alors accepté de dialoguer avec les Six pour échapper à de nouvelles sanctions cautionnées par le Conseil de Sécurité, c’est-à-dire des sanctions que tous les Etats sont tenus d’appliquer.

Les Six qui ont tous des intérêts en Iran ont accueilli cette demande avec satisfaction et ont tenu des discours d’apaisement, notamment en renonçant à leur discours alarmiste sur le danger immédiat du programme nucléaire iranien, afin de permettre un compromis. Dès que les Six ont ramolli leur position et ont interrompu le processus de renouvellement des sanctions, Téhéran a commencé à multiplier les provocations pour faire capoter la rencontre prévue pour le 1er octobre à Genève.

Jeudi 1er octobre | Les Six ont esquivé toutes les provocations et les mollahs ont dû finalement envoyer une délégation à Genève. Sur place, ils ont joué le jeu pour la même raison qui avait présidé à la tenue de la rencontre : geler le processus des sanctions. Ils ont dû accepter de coopérer sur certains points avec l’AIEA.

Vendredi 2 octobre | Cependant, le régime des mollahs se présente comme le leader virtuel de la rue arabe, le caïd régional qui ne courbe pas l’échine devant les Etats-Unis et ses alliés, c’est pourquoi le vendredi 2 octobre, une fois que la délégation iranienne a regagné le pays, Téhéran a remis en cause tous ses engagements.

Samedi 3 octobre | Les Six n’ont pas réagi à cette mauvaise nouvelle, synonyme de sanctions dont ils ne veulent pas. Ils ont décidé d’envoyer un avertissement à Téhéran tout en lui laissant la chance de rattraper le coup.

Le samedi 3 octobre, le New York Times a publié un article faisant état de l’existence d’un nouveau rapport confidentiel sur le programme nucléaire iranien, rapport affirmant que Téhéran avait « suffisamment de connaissances pour pouvoir élaborer et fabriquer » une bombe atomique « fonctionnelle ». L’AIEA étant au service du Conseil de Sécurité, un tel rapport annoncerait l’adoption immédiate de nouvelles sanctions très dures contre l’Iran.

Au même moment, Mohamed El Baradai est parti en Iran. Il aurait pu à cette occasion s’adresser aux journalistes pour démentir les allégations du New York Times. Il n’a rien fait, il a attendu 24 heures. On a observé la même attitude du côté de l’AIEA ou encore des Américains. Chacun a laissé mijoter les mollahs sur le feu de cette rumeur inquiétante.

Dimanche 4 octobre | Nos amis barbus ont jugé plus prudent de revenir sur leurs démentis. Aussitôt, le ciel de leurs soucis s’est éclairci : non seulement El Baradai a démenti les allégations du New York Times, mais encore un responsable américain pour la sécurité nationale, le général James Jones, a exprimé des réserves sur les chances de l’Iran de fabriquer une bombe atomique ! Les deux ont dit qu’ils s’en tenaient aux rapports déjà publiés par le AIEA qui ne parle d’aucune information sur la fabrication de composants d’armes atomiques par l’Iran. Cerise sur gâteau, notre Bernard Kouchner national a félicité Téhéran.

Conclusions | Les Six ont agi adroitement et Téhéran a plié sous la menace très virtuelle d’une rumeur évoquant la possibilité de nouvelles sanctions. Cette mince probabilité qui a effrayé les mollahs est un indice supplémentaire et précieux sur la déliquescence économique du régime. Ce genre d’indice peut inciter des désertions au sein du régime notamment du côté du Bazar qui ne veut pas couler avec ce régime.

Les Six, qui voulaient avertir Téhéran pour le remettre dans le droit chemin, viennent peut-être de lui administrer le coup de grâce. Dans ces conditions, le régime doit se montrer fort. A cet effet, il a commencé à affirmer l’existence d’une forte adhésion au système en place avec les confidences de Rafsandjani sur son amitié avec le Guide et aussi une annonce remarquée de fidélité de Moussavi au régime de la tutelle du Guide Suprême. Sur plan international, Téhéran devra sous peu renouer avec les provocations nucléaire et balistique. Il vient d’ailleurs d’annoncer « la production d’une version améliorée de son missile Sejil, déjà capable d’atteindre Israël ! »

Il n’y a aucune possibilité d’avoir de négociation constructive avec ce régime.

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| Mots Clefs | Nucléaire 2 : AIEA : El Baradei |
| Mots Clefs | Décideurs : P5+1 (les Six) |
| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions (du Conseil de Sécurité) |

| Mots Clefs | Enjeux : Apaisement |

| Mots Clefs | Instituions : Economie iranienne |
| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |

| Mots Clefs | Résistance : Menace contre le régime |