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Iran - Genève 2 : Le régime qualifie Solana de menteur !
03.10.2009

Il y a peu de nouvelles sur ce qui s’est réellement passé jeudi dernier à Genève entre les négociateurs du régime des mollahs et les Six. Ces derniers qui ont d’importants intérêts commerciaux présents ou futurs en Iran se montrent prudents et surtout réservés, voire pessimistes. Cette attitude est justifiée car à peine arrivée à Téhéran, un membre de la délégation iranienne a remis en cause l’ensemble des accords auxquels les Six prétendent être parvenu avec l’Iran.



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topo pour les mollahs | En juillet dernier, les Six ont menacé les mollahs de nouvelles sanctions, si ces derniers ne cessaient pas leurs activités nucléaires le 25 septembre 2009. Le 9 septembre, Téhéran a accepté le principe d’une rencontre pour désactiver cette date limite et les sanctions promises. Il n’avait pourtant pas l’intention de s’y rendre car en tant que défenseur de la rue arabe il ne peut pas avoir un dialogue apaisé avec les Etats-Unis, dialogue au cours duquel il accepterait les demandes de cet Etat qui est le protecteur par excellence d’Israël.

Téhéran a le soutien de la rue arabe, talon d’Achille des Alliés Arabes des Etats-Unis, car justement il refuse tout compromis et laisse entendre qu’il pourra un jour lui offrir une bombe nucléaire qui neutralisera la dissuasion israélienne. Pour préserver cette promesse utile, Téhéran doit sans cesse exagérer ses capacités militaires ou nucléaires et des slogans anti-israéliens.

Il faut cependant préciser que sur un plan concret, les actions médiatiques de Téhéran ne visent pas la sécurité d’Israël, mais celle des Alliés arabes des Etats-Unis, Etats dont les dirigeants ne peuvent satisfaire les attentes belliqueuses de la rue arabe. Ainsi Téhéran a un levier de pression extraordinaire sur Washington.

Comme toute forme de dissuasion, ce système exige un entretien permanent. Téhéran doit sans cesse fouetter la colère et les frustrations de la rue arabe ! Il doit aussi garder ses milices actives, de chaînes de propagande en effervescence et son programme nucléaire le plus opaque possible, sinon il ne serait pas menaçant. C’est pourquoi, il ne peut pas accepter des compensations purement économiques offertes par les Six en échange d’un apaisement ou une suspension de ses activités nucléaires.

topo pour les Américains | Ce refus permanent de compromis est vital pour le régime. A l’inverse, les Américains utilisent leur politique de main tendue pour engager Téhéran dans un apaisement forcé. L’objectif est de discréditer le régime auprès de ses fans de la rue arabe. Ils espèrent ainsi isoler les mollahs pour les contraindre à devenir leurs alliés régionaux. Le régime ne veut pas cette alliance qui peut lui être très lucrative car cela suppose qu’il renoue les relations diplomatiques avec les Etats-Unis. Cela permettra le retour en Iran de certains personnages, islamistes modérés (pions des Etats-Unis) qui pourront prendre le régime de l’intérieur lors de ses élections pour le transformer en une république islamique du modèle afghan ou irakien.

conséquences | Il n’y a rien qui fasse plus peur aux mollahs qu’un réchauffement avec les Etats-Unis : ils risquent d’y perdre la rue arabe, puis le pouvoir. C’est pourquoi, le 9 septembre, quand Téhéran a accepté une rencontre pour désactiver les sanctions promises en juillet, il s’est aussitôt mis en action pour faire capoter ce projet de dialogue apaisé qui est un véritable danger pour sa survie [1].

concession et provocation | Etant à l’origine de l’invitation, pour faire capoter la rencontre de la dernière chance, Téhéran ne pouvait pas se désister : cela aurait déclenché les sanctions. Il a donc entrepris une série de provocations pour énerver les Américains afin de les pousser à rompre leur politique de « main tendue » et à claquer la porte des négociations multilatérales. Téhéran aurait réussi un tir groupé en se débarrassant de cet apaisement qui lui pèse, de la rencontre du 1er octobre et aussi de l’unité des Six, nécessaire pour la poursuite des sanctions. Il aurait aussi comme il le souhaite provoqué une escalade avec un risque de confrontation en espérant que par la peur d’une guerre touchant le Golfe Persique, les alliés des Etats-Unis les poussent à abandonner leur politique hostile à l’encontre de Téhéran.

L’une de ces provocations a été de prétendre que le régime allait inaugurer une 2nde usine d’enrichissement pour pallier à une éventuelle destruction militaire de Natanz par des frappes aériennes. Les Américains qui depuis plus d’un an souhaitent l’attirer à la table des négociations (pour l’engagement dans un réchauffement forcé) ont esquivé la provocation en affirmant qu’ils étaient au courant et qu’il suffirait aux mollahs d’ouvrir cette usine aux inspecteurs de l’AIEA.

Genève 2 | Cette provocation ayant échoué, Téhéran a accepté les inspections, avant d’enchaîner sur des tirs de missiles pour excéder Washington. Mais tous ses efforts ont finalement échoué : Téhéran a dû envoyer une délégation à cette conférence qu’il avait lui-même proposée. Sur place, cette délégation a fait ce que le régime avait fait le 9 septembre, c’est-à-dire une concession tactique pour garder les sanctions en sommeil.

Cette concession a été de confirmer l’inspection de son second centre d’enrichissement qui au demeurant était selon toutes les informations des bâtiments vides. Téhéran a aussi donné un accord de principe à une proposition franco-américaine de faire enrichir de l’uranium par un pays tiers pour le réacteur de recherche de l’université de Téhéran. Il a enfin promis une prochaine rencontre fin octobre.

Solana et d’autres représentants ont alors parlé de percées décisives, du début d’un dialogue constructif. Ils ont précisé que l’on oubliait les sanctions pour l’instant pour permettre à l’Iran de mettre en œuvre ses engagements d’ici fin novembre selon l’accord franco-américain de livraison de combustible. Washington a rallongé le délai d’un à plusieurs mois supplémentaires quand il a annoncé que d’éventuelles sanctions sur le carburant, adoptées par la Chambre ne seraient opérationnelles qu’après la ratification par le Sénat courant 2010. Le ton a alors changé du côté des mollahs.

démentis | A peine les 3 négociateurs iraniens étaient rentrés au pays que le régime a renoué avec les provocations en faisant démentir par l’un d’eux (qui a souhaité garder l’anonymat) l’authenticité des annonces faites par Javier Solana au nom des Six à propos des de concessions iraniennes.

Dans une interview accordée à l’agence Mehr, organe de presse de l’organisation de la propagande pour l’image de la république islamique dans le monde, ce membre anonyme de la délégation iranienne à Genève 2 affirme que la république islamique d’« Iran n’a signé aucun accord sur aucun sujet nucléaire avec les Six. »

Selon ce personnage, « Solana a menti pour dissimuler que les Six n’avaient aucune carte gagnante dans leur jeu face à Téhéran qui est dans son droit. A Genève, on n’a conclu aucun accord sur les inspections pour l’usine d’enrichissement de Fordo près de Qom, car Téhéran avait déjà donné son accord sur le sujet à l’AIEA et en discutera le moment venu avec cet organisme. La délégation iranienne a fait le déplacement uniquement pour exposer ses propositions pour la paix dans la région ! »

Selon cette source officielle, Téhéran n’aurait également « aucun accord sur l’échange de 1200 kg d’uranium iranien enrichi à 3,5% contre la même quantité d’uranium enrichi à 19,7% ! Le projet ne concerne pas les Six, ou encore les Américains, mais encore l’AIEA ! De fait, la rencontre du 18 octobre encore évoquée par Solana n’aura aucun lien avec les Six. » Ce serait également « une réunion prévue depuis longtemps avec des pays membres de l’AIEA qui ont exprimé le souhait de vendre ce combustible à l’Iran. »

Le négociateur anonyme affirme que de ce fait, les Six devront se garder de tout triomphalisme : « ils ne peuvent pas revendiquer une victoire unilatérale. Si une partie peut le faire, elle ne peut que l’Iran. »

Et enfin en réponse à Obama qui a dit que les Etats-Unis n’allaient pas accorder des délais illimités à Téhéran, cet officiel anonyme a précisé que « l’Iran serait évidemment présent à la rencontre du fin de mois d’octobre avec les Six, mais n’accepterait aucune date limite ! »

Concession tactique (dialogue anti-sanction) et provocations (slogans régionaux pan-arabes) ! Nous le disions hier, on ne peut avoir de négociation constructive avec ce régime car il agit uniquement de manière ponctuelle pour désactiver des sanctions. On peut lui accorder tous les délais possibles, il ne saisira aucune main tendue car sa survie dépend de son refus.

On peut évidemment vivre avec cette saleté car il ne représente pas de menace majeure pour la région, tout n’étant que slogans. En revanche dans sa logique de chantage permanent, il bloque le développement de la région en s’opposant à tous les projets de pipelines et parallèlement vend à des concurrents Chinois les gisements convoités par les Européens pour influer sur leurs décisions au sein des Six. Le pétrole qui fait notre malheur fera peut-être notre bonheur si les Américains qui en sont si avides décidaient de se débarrasser de cette verrue en faisant appel à la seule force qui peut le faire : le peuple iranien (à ne pas confondre avec le Mouvement Vert, fausse opposition ouvertement pro-régime, partisane du Hezbollah et par conséquent totalement incapable de mobiliser).

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| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Nucléaire 2 : DROIT à l’enrichissement et Maîtrise du cycle |
| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |

| Mots Clefs | Réformateurs & faux dissidents : Le Mouvement Vert |

| Mots Clefs | Décideurs : P5+1 (les Six) |
| Mots Clefs | Pays : Europe (UE, UE3, union européenne) |
| Mots Clefs | Enjeux : Intérêts Européens en Iran |

| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions (du Conseil de Sécurité) |
| Mots Clefs | Résistance : Menace contre le régime |

[1Il y avait aussi une raison supplémentaire assez drôle pour faire capoter la rencontre. Le 9 septembre, quand Téhéran a fait un pas en arrière pour désactiver les sanctions, il a fixé comme condition que l’ordre du jour soit défini par lui-même et non les Etats-Unis. Ainsi il n’allait pas vers les Etats-Unis par peur d’éventuelles sanctions, mais il allait à leur rencontre comme le porte-parole de la rue arabe notamment avec le projet d’un référendum en Israël avec la participation des Palestiniens. A ce moment, ses médias se sont immédiatement mis en branle pour affirmer que le temps des 5+1 était révolu, le 1er octobre, Téhéran allait « donner naissance aux 6+1, équipe idéale pour résoudre les problèmes de la région ». En cherchant à faire capoter la rencontre, il voulait éviter ce sommet imaginaire aux promesses difficiles à tenir…