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Iran – Durban 2 : Israël, une obsession utile !
22.04.2009

La conférence de Genève a été marquée par un nouveau discours d’Ahmadinejad sur Israël et le boycott des nombreuses délégations en protestation à ce discours obsessionnel. Ne pas analyser ce discours serait une erreur : ce discours n’est pas une obsession idéologique, mais une nécessité tactique pour un projet plus vaste.



Les médias occidentaux restent obnubilés par la « haine des mollahs à l’encontre d’Israël » sans prendre en compte le fait que cette menace est avant tout un moyen de pression contre les Etats-Unis, et aussi un moyen facile pour se poser en meneur charismatique de la rue arabe.

Israël est un outil de survie pour le régime des mollahs. Mais la force de sa démarche réside dans sa capacité à faire peur, mais uniquement à faire peur dans le but d’obtenir des concessions pour lui-même et pas pour la rue arabe : Téhéran utilise Israël mais aussi la rue arabe pour ses propres besoins : survivre.

Actuellement, cette survie est menacée par les Américains qui sanctionnent lourdement Téhéran pour l’impliquer malgré lui et au nom de son soi-disant intérêt pour la stabilité de la région dans un processus de dialogue et d’apaisement afin de le forcer à accepter des compromis sur le plan nucléaire et géopolitique. le régime des mollahs a le choix entre des terribles sanctions ou un apaisement qui l’empêcherait d’être l’agitateur qui menace.

Il se trouve que les deux choix contrariants proposés par Washington sont liés au Conseil de Sécurité des Nations unies. Washington tire la légitimité de ses sanctions des résolutions onusiennes qui courent contre le programme nucléaire iranien et les compromis géopolitiques que Téhéran fuie concernent le Hamas et le Hezbollah, deux organisations qui ont maille à partir avec 3 des 5 membres permanents du Conseil de Sécurité.

Téhéran a décidé d’attaquer ces deux non-choix à la racine en critiquant les privilèges du Conseil (dont le droit de veto) pour initier un débat qui remettrait en cause la légitimité du Conseil et donc la légitimité de ses résolutions passées. Or, il se trouve que parmi ses résolutions passées, il y a celles qui protègent Israël, un sujet plus fédérateur que le programme nucléaire iranien. Encore une fois, Téhéran entendait utiliser Israël et la rue arabe pour ses propres besoins de survie.

Ces ambitions complexes ont été contrariées par le départ des délégations européennes. Personne n’a plus écouté le discours d’Ahmadinejad, certains ont même écrit leur article en supposant qu’il avait encore nié l’holocauste ou appelé à détruire Israël. Or, Téhéran avait pris le soin d’expurger ses points conflictuels du discours pour le formater à son ambition pour la remise en cause du Conseil de Sécurité. Sa déception a donc été immense d’être privé d’une aussi formidable occasion d’initier le débat devant toutes les caméras du monde entier.

Nous avions pronostiqué que le régime se lancerait dans une quête de nouvelles occasions de ce genre, Ahmaghinejad a vendu la mèche et confirmé ce besoin. Dans un discours « improvisé » devant une foule d’« étudiants » venus l’accueillir, il a annoncé qu’il se rendrait « désormais personnellement à toutes les conférences internationales pour ne pas laisser un petit nombre d’Etats parler à la place de la communauté internationale comme ils le font depuis plus de 50 ans ! » Il a néanmoins ajouté que s’il était régulièrement boycotté, il organiserait les conférences nécessaires en Iran.

Cependant, les choses ne sont pas aussi simples que le laisse entendre « Ahmaghinejad ». S’il est vrai que Téhéran a envie de squatter les rencontres internationales pour faire son numéro, il ne peut qu’initier le débat dans un cadre onusien en présence d’une forte majorité des pays membres. Par ailleurs, Ahmadinejad s’est rendu à Genève parce qu’il y était indésirable. Quand il s’agit d’une conférence où sa présence est souhaitée, Téhéran tergiverse pour ne pas participer car il retrouve ses deux non-choix : accepter et faire des compromis ou refuser et être sanctionné.

On peut donc dire que malgré la promesse d’Ahmadinejad dans son discours improvisé, le régime a perdu une occasion rarissime pour lancer sa grande riposte contre les adversaires de son programme nucléaire. A moins qu’il n’organise sa conférence avec des membres musulmans acquis à sa cause (ce qui n’est pas évident en raison de l’hostilité des Saoudiens à son leadership), il est à nouveau pour l’instant comme à la veille de Durban 2 face à ses deux non-choix contrariants.

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et ensuite ? | Nous aurons donc droit à une résurgence des attaques obsessionnelles contre Israël pour ameuter la rue arabe et ainsi pousser les Etats réticents à participer à une prochaine conférence à Téhéran. Le premier geste des mollahs a été de proposer aux 200 juristes issus des Etats membres de l’Organisation de la Conférence Islamique la création d’un Tribunal Pénal islamique international « pour lutter contre les crimes de guerre et génocide perpétrés par le régime sioniste dans la bande de Gaza ».


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| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Mollahs & co : Ahmadinejad |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : ONU |
| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions (du Conseil de Sécurité) |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Israël |
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