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Iran : Les Américains le félicitent, Téhéran sort les missiles
28.09.2009

C’est désormais une provocation par jour : un second centre d’enrichissement, des tirs de missiles, courte, moyenne ou longue portée et l’annonce de l’arrestation d’un « groupe de terroristes lié à des puissances étrangères basées dans un pays voisin ». Téhéran fait tout pour faire capoter la rencontre qui doit avoir lieu dans 4 jours, le 1er octobre à Genève.



Comme nous l’avons précisé dans toutes nos dernières analyses, Téhéran ne peut en aucun cas avoir un dialogue apaisé avec les Six car cela suppose de facto un apaisement avec les Etats-Unis, l’allié et le protecteur par excellence d’Israël. Cet apaisement est contraire à l’engagement d’être le porte-parole de la rue arabe dans ses revendications anti-israéliennes. Non seulement, Téhéran doit repousser la main tendue par Obama, mais encore il doit le faire avec rudesse pour montrer qu’il n’est pas le faible mais le fort. Toujours pour mériter le soutien de la rue arabe, il doit aussi exagérer sa force avec des sous-entendus balistiques ou nucléaires contenant la promesse d’une défaite d’Israël.

Ces sous-entendus, qui présagent une déstabilisation régionale ou encore une course à la prolifération, ont un coût pour Téhéran : des sanctions économiques qui le privent de devises et pénalisent lourdement son économie. Le dernier résultat de ces sanctions pourrait être la cessation annoncée de paiement des salaires de plusieurs ministères.

Téhéran va au devant des révoltes sociales, il lui faut mettre fin à ces sanctions. La solution serait que le régime montre sa volonté d’entente en acceptant le dialogue sur son programme nucléaire.

Parce que sa relation avec la rue arabe ne lui autorise pas ce dialogue, Téhéran a eu l’idée d’une ruse : accepter le principe d’une rencontre, preuve de sa volonté de dialogue (et non d’apaisement), mais avec la ferme intention d’excéder les Américains pour les pousser à rompre les négociations afin qu’ils se retrouvent à l’origine de l’échec du processus multilatéral. Téhéran espérait bloquer ainsi l’adoption d’une nouvelle résolution nécessaire pour mettre en place des sanctions énergétiques, l’arme fatale contre son économie.

Nous avons alors assisté à une déferlante de provocations, mais à chaque fois Washington a soit dit oui soit évité tout commentaire. L’une des dernières tentatives a été l’annonce par Téhéran le 21 septembre de son intention d’ouvrir un nouveau centre d’enrichissement, qui au demeurant est un bâtiment vide pour l’instant. Loin de prendre la mouche, Washington a affirmé qu’il était au courant et s’est simplement contenté de demander l’ouverture de ce centre aux inspecteurs de l’AIEA. On a alors entendu le responsable de l’organisation atomique d’Iran se montrer très coopératif à ce propos, ce qui lui a valu les félicitations des Américains. Aussitôt Téhéran a annoncé des tirs de missiles !

Certains médias comme le journal Le Monde n’ont pas compris ce qui s’était passé et ont dit que Téhéran soufflait « le chaud et le froid ». C’est une mauvaise lecture : Téhéran a agi conformément à sa ligne. En annonçant un second centre d’enrichissement, Téhéran voulait énerver Washington pour qu’il quitte la table des négociations, ce qui n’a pas fonctionné. Dès lors, Téhéran a accepté l’inspection car il ne voulait pas que ce plan raté se transforme en une raison valable pour l’adoption de la nouvelle résolution qui l’effraye. Il ne s’agissait pas d’un geste d’apaisement (souffler le froid), mais d’un recul tactique. Tout de suite après, Téhéran a enchaîné sur une nouvelle provocation : les tirs de missiles, un classique de la provocation anti-américaine.

C’est le samedi matin, après les félicitations énervantes de Washington que Téhéran a évoqué des tirs de missiles pour ce dimanche. Dans un premier temps, le régime avait d’abord annoncé une seule journée d’essais de missiles courte portée. Cette menace contre les Etats arabes du golfe Persique n’a déclenché aucune réaction énervée américaine : Téhéran a alors rallongé la durée des essais (à lundi et mardi) et la longueur des portées (pour insinuer une menace contre Israël). Nous aurons sans doute droit à des discours enflammés pour donner plus de relief à ces tirs d’une authenticité contestable.

Prévoyant un silence de Washington voire la contestation de la réussite des tirs, Téhéran a d’ores et déjà prévu une première provocation de rechange avec l’annonce de l’arrestation d’une « cellule terroriste liée à des Etats étrangers basés dans un pays voisin ».

L’accusation d’ingérence est un autre classique de la provocation anti-américaine. Mais dans ce cas précis, c’est une provocation inappropriée car le but n’est pas de trouver un prétexte pour boycotter le rendez-vous, mais un moyen pour pousser Washington à rompre les négociations via les Six.

Encore une fois, ce ne sera pas suffisant pour provoquer une rupture au sein des Six. Téhéran semble piégé. A moins de tenter une action exceptionnelle pour décréter l’état d’urgence afin de reporter le rendez-vous, il devra s’asseoir à une table de négociations avec les Américains. Dans ce cas, il lui faudra un nouveau slogan choc à Genève ou un coup d’éclat du Hezbollah au Liban pour sauver son histoire d’amour avec la rue arabe !


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