En avril dernier, dans le cadre de sa politique d’apaisement, Washington a proposé à l’Iran le projet d’un échange de 90% de son stock d’uranium enrichi à 3,5% contre du combustible à base d’uranium enrichi à 20%. En fait, Washington proposait aux mollahs de se séparer volontairement du volume d’uranium faiblement enrichi qui pourrait à l’issue d’un enrichissement plus poussé fournir à l’Iran la matière fissile nécessaire pour une bombe nucléaire. Téhéran montrait ainsi qu’il ne cherchait pas à avoir en sa possession un stock laissant supposer des ambitions nucléaires militaires menaçantes pour Israël. Par la même occasion, en acceptant le principe de faire enrichir son uranium par d’autres pays, il renonçait à la revendication du droit à l’enrichissement : de facto la crise nucléaire se résolvait.

Téhéran a refusé l’offre en remettant en cause les quantités à échanger afin de préserver en sa possession un volume conséquent d’uranium lui permettant d’affirmer le potentiel d’une capacité nucléaire militaire car la menace potentielle contre Israël est un moyen efficace pour s’assurer le soutien de la rue arabe, ou l’opinion publique musulmane, un allié indispensable pour se poser en leader du monde musulman.

Ce refus aurait dû déclencher les foudres de Washington, mais ce dernier n’est pas passé à l’adoption des sanctions très dures car en proposant cette solution à Téhéran, son objectif était de mettre fin à ses différents avec les mollahs pour parvenir à une entente régionale avec ces meneurs du monde musulman. Téhéran a profité de ce délai accordé par Washington pour augmenter son stock d’uranium faiblement enrichi : il est à présent de 2.065 kg. En moins de trois mois, c’est-à-dire le temps nécessaire pour un Etat étranger à fabriquer le combustible réglé pour son réacteur, il aura 2500 kg d’uranium faiblement enrichi. L’offre d’un échange prend une autre tournure puisqu’en 2009, en se séparant de 1200 kg de son stock, Téhéran perdait toute la potentialité d’être menaçant vis-à-vis d’Israël, alors qu’à présent, il lui restera toujours une quantité suffisante pour continuer à jouer l’agitateur anti-occidental pour avoir l’estime et le soutien de la rue arabe.

Accepter une telle offre serait synonyme d’accepter le potentiel militaire des mollahs ou plus exactement le droit des mollahs d’avoir ce potentiel. Il est évident que les Américains ne peuvent pas cautionner une telle offre et devront la refuser. Washington devra remettre en cause sa propre proposition dans le sens des intérêts d’Israël. Téhéran place ainsi Washington devant deux choix insupportables : capituler ou se discréditer (un peu plus) auprès de l’opinion publique arabo-musulmane. Téhéran n’a pas reculé, il est passé à l’offensive.

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A travers cette offensive, Téhéran cherche évidement à provoquer l’escalade.